Rennes. Rayons d’action œuvre pour une ville à vélo

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© Hipstamatic

Rayons d’action milite pour le vélo à Rennes et dans sa métropole. Fondée en 2005, l’association défend les intérêts des usagers du vélo auprès des collectivités publiques. Elle promeut aussi ce moyen de transport décarboné comme un facteur de transition écologique, d’apaisement urbain et de santé publique. En bref, Rayons d’action vous invite à pédaler vers le futur !

Le 3 juin, c’était la journée mondiale de la bicyclette. En 2018, l’ONU décide de dédier cette journée à la petite reine, « un moyen de transport durable simple, abordable, propre et respectueux de l’environnement », peut-on lire sur le site Internet des Nations Unies. Celles-ci invitent donc, à cette occasion, à « organiser des promenades à bicyclette, à l’échelle nationale et locale, afin de fortifier la santé et le bien-être physiques et mentaux et de développer une culture du cyclisme dans la société ». Fort heureusement pour la défense et la promotion du vélo, les activités d’une association comme Rayons d’action ne se limitent pas à organiser des balades.

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Armande Cocquerez, coordinatrice de Rayons d’action dans le local technique de l’association à la Maison de la consommation et de l’environnement de Rennes.

« On est surtout connus pour le Bicycode », commence Armande Cocquerez, coordinatrice de Rayons d’action. En effet, pour lutter contre le vol, « un véritable enjeu pour la pratique du vélo », l’association propose régulièrement des ateliers de marquage, lors d’événements extérieurs et une fois par mois à son local technique situé à la Maison de la consommation et de l’environnement. Un numéro unique gravé sur le cadre permet de restituer à leur propriétaire les vélos retrouvés. Vous pouvez aussi consulter sur le site Internet de Rayons d’action des conseils sur les antivols et sur les stationnements sécurisés dans les espaces privés. Mais ce n’est pas tout.

Fondée en 2005 par une dizaine de cyclistes rennais, après plusieurs manifestations à vélo, Rayons d’action est venue combler un vide. « À l’époque, les revendications étaient tournées principalement autour de la sécurité », rappelle Armande Cocquerez. « C’est encore central aujourd’hui. C’est pour ça qu’on travaille beaucoup sur l’aménagement cyclable et piéton », continue-t-elle. Car oui, en 2020 Rayons d’action a ajouté la dimension piétonne à ses statuts. « Aujourd’hui, on est sur une vision globale d’apaisement de l’espace public », explique la coordinatrice de l’association. La défense et promotion du vélo s’articulent désormais à un enjeu environnemental d’une part et de santé publique d’autre part. Non seulement le vélo ne pollue pas, mais il est aussi le moyen d’un exercice physique régulier à une époque de sédentarisation et de déclin des capacités respiratoires et cardiaques.

Rayons d’action se présente comme une association de plaidoyer auprès des pouvoirs publics et de sensibilisation des individus. En 2020, elle publiait un plaidoyer pour une métropole cyclable. « C’est une métropole où on peut se déplacer à la fois dans les cœurs de commune et entre les communes à vélo. Où on a aussi des aires de rabattement vers les transports en commun. Au niveau d’une ville, on peut y faire du vélo sans crainte, tout est facilité, les infrastructures et les services. Un enfant de 8 ans doit pouvoir rouler à vélo en sécurité. Ce sont des endroits agréables à vivre, où on peut respirer », décrit Armande Cocquerez.

La militante du vélo souligne en ce sens la nécessité de faire appliquer les réglementations en vigueur. « Il y a pas mal de choses dans le Code de la route (sas vélo aux feux, panneaux M12, doubles sens cyclables dans les zones à 30) qui existent depuis un certain temps déjà, mais qui ne sont pas sues ou pas respectées. » En ce qui concerne les infrastructures, la loi LOM, votée en 2019, oblige à prévoir des aménagements cyclables quand on fait des travaux sur une voirie ou qu’on en construit une autre. « On sait ce qu’il faut faire, mais force est de constater qu’il reste des grands axes où les voitures roulent très vite et il n’y a pas d’infrastructures dédiées aux cyclistes », déplore Armande Cocquerez.

À ce titre, Rayons d’action s’est donné pour mission de dialoguer avec les services techniques de Rennes et sa métropole, d’enquêter auprès des usagers pour faire remonter leur expertise de terrain et proposer des aménagements. Avec à ce jour une moyenne de 900 adhérents, l’association a créé des antennes dans tous les quartiers de Rennes et se déploie depuis 2016 dans les communes de la métropole. Elle est régulièrement sollicitée par des collectifs d’habitants qui souhaitent faire bouger les choses dans leur commune. Elle organise aussi des temps d’animation autour du vélo et de la marche, avec traditionnellement une fête du vélo en juin, des balades, des conférences, des campagnes de sensibilisation. 

Depuis mai 2023, vous pouvez participer aux ateliers Fresque de la mobilité dans lesquels « les participants sont invités à faire un état des lieux de leur mobilité et à réfléchir aux leviers d’action qu’ils pourraient mettre en place dans leur quotidien ». Les résultats de ces ateliers révèlent l’empreinte carbone lourde et le coût exorbitant des mobilités carbonées. « La mobilité représente 15 % du budget des ménages par an », rappelle Armande Cocquerez.

Au niveau national, plusieurs centaines d’associations militent dans le même sens que Rayons d’action. Réunies au sein de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB), elles se sont rassemblées à Rennes en mars 2023 pour leur congrès annuel. Le thème de cette réunion : le vélo, incontournable dans l’après-tout-voiture. « L’idée était de présenter le vélo comme une alternative de masse crédible pour les déplacements quotidiens », précise Armande Cocquerez. Élus et techniciens des collectivités publiques, professionnels du vélo (constructeurs, services) et associations du réseau ont ainsi pu échanger pour esquisser un futur à deux roues.

Si Rennes a accueilli ce congrès, c’est que l’année précédente elle était arrivée en bonne position dans le Baromètre des villes cyclables de la FUB (3e des villes de plus de 200 000 habitants). La capitale bretonne fait figure de bon élève à cet égard. Une Enquête ménages déplacements (EMD) de 2018 estimait que 5,3 % des déplacements à Rennes se faisaient à vélo (pour 3,7 % à l’échelle de la Métropole). Ces chiffres peuvent paraître bas, mais ils sont tout de même au-dessus de la moyenne des villes françaises, à 2 %. 

Un des aménagements marquants est la construction par Rennes Métropole du Réseau express vélo (REV), qui sera achevé à l’horizon 2030, mais dont certains tronçons sont déjà utilisables. « L’enjeu pour Rennes Métropole est de désengorger la rocade. Mais il y a aussi encore beaucoup de Rennais qui se déplacent dans Rennes en voiture pour faire 3 km », analyse Armande Cocquerez. Au début de l’année 2023, l’élue rennaise à la mobilité, Valérie Faucheux, annonçait une hausse du trafic à vélo de 50 %. « Ça va dans le bon sens, mais c’est lent. Il faut changer de braquet », affirme la coordinatrice de Rayons d’action.

Malgré ces lenteurs, la militante voit plutôt d’un bon œil les politiques publiques actuelles concernant le vélo. « On a la chance d’avoir des élus mobilité avec qui on peut dialoguer, au niveau de la ville et de la métropole. Il y a une ligne claire de la ville, quand Nathalie Appéré déclare l’objectif d’une voiture par ménage. » Armande Cocquerez signale ainsi les points positifs : de bons services dédiés aux vélos, qu’ils viennent de la ville ou du monde associatif, de plus en plus d’aménagements cyclables et de contraintes du trafic motorisé (zone à trafic limité dans le centre, vitesse réduite à 30 km/h, suppressions des places de parking). De même, au niveau de l’Ille-et-Vilaine, le département a commencé des chantiers de liaisons cyclables impressionnantes dans des zones semi-rurales.

Mais ces avancées « se heurtent à une résistance au changement très forte de la part d’une catégorie d’usagers difficilement identifiables », nuance Armande Cocquerez. « Car tout le monde a envie de se garer devant chez soi et tout le monde a envie de laisser ses enfants jouer dans la rue et de respirer de l’air pur en écoutant les petits oiseaux », continue-t-elle. Difficile de contenter tout le monde alors. En découlent des évolutions à petits pas, « quelques aménagements marquants, mais beaucoup de points noirs ». Il est donc grand temps de changer de palier.

Aussi, Rayons d’action a quelques préconisations à l’égard de la ville de Rennes. « Ralentir et diminuer le trafic automobile, séparer les flux de circulation. Sécuriser les intersections. Avoir un régime de priorité clair. Mettre en place une identité visuelle du revêtement pour vélo, des marquages au sol systématiques. Enfin, augmenter le nombre de stationnements sécurisés en ville et chez les particuliers », liste Armande Cocquerez. Rien de bien sorcier en somme.

Pas de fête du vélo cette année. Mais Rayons d’action s’associe à La Petite Rennes pour une projection du documentaire Les Roues de l’avenir de Charlotte Brunier et Romain Mercieux. Rendez-vous le 9 juin à 20 h 30 au cinéma L’Arvor, à vélo de préférence.

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Jean Gueguen
J'aime ma littérature télévisée, ma musique électronique, et ma culture festive !

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