Rennes Exporama 2024. Bienvenue au Salon des refusé.e.s de Rasmus Myrup à La Criée

rasmus myrup salon des refusé.es

La Criée centre d’art contemporain invite, en collaboration avec 1646 – Experimental Art Space, l’artiste danois Rasmus Myrup pour sa première exposition personnelle en France. Jusqu’au 8 septembre 2024, Le Salon des refusé.e.s rassemble une vingtaine de sculptures, êtres singuliers produits en 2023, pour la 12e édition de la biennale de Göteborg ou spécialement pour La Haye et Rennes. La famille singulière de l’artiste danois a trouvé refuge à Rennes le temps d’une exposition. Et si nous faisions connaissance ?

« Le Salon des refusés ». Le terme fait référence au salon parisien qui s’est tenu en marge du Salon officiel, le 15 mai 1863. Pendant le second empire, un salon d’art était en effet organisé, on y présentait les œuvres picturales appréciées par un jury composé de membres de l’Académie des beaux-arts. Plusieurs peintres – Gustave Courbet en 1846, Édouard Manet en 1863, etc. – ont été recalés, car pas au goût d’un jury encore trop académique. En 1863, l’empereur Napoléon III autorisa la création d’un deuxième salon, à côté du premier : « Le Salon des Refusés ». Les artistes refusés ont ainsi été réunis dans cette contre-exposition qui marquera l’histoire de l’art comme l’événement qui a ouvert la voie aux avant-gardes du XXe siècle. L’événement a été l’occasion pour le public de découvrir des créations originales, en marge des peintures académiques de cette deuxième moitié du XIXe siècle. On retiendra notamment le « scandaleux » Déjeuner sur l’herbe d’Édouard Manet, aux origines de l’impressionnisme…

Le Salon des refusé.e.s. Choisir ce titre pour une exposition n’est pas anodin. Son histoire et sa signification imprègnent les murs du centre d’art contemporain La Criée. En écriture inclusive de surcroît : cette spécificité enracine l’art de Rasmus Myrup dans notre société contemporaine…

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Déplacer un événement historique tel le salon des refusés, et ce à quoi il fait référence, pousse à s’interroger sur l’emploi du mot « refusés », devenu ici « refusé.e.s ». La différence a son importance. Qui sont les refusé.e.s d’aujourd’hui ? Myrup nomine avec ce mot les êtres qui, comme les artistes qui percevaient la peinture différemment et prônaient une originalité picturale, s’émancipent des sentiers normés que l’on a inculqués à tout un chacun.

« Mes personnages ont des histoires fluides et en mouvement. Ce sont des êtres Queers dans leur essence. »

Dans ce safe space (espace protégé), comme le nomme l’artiste, à mi-chemin entre le gala mondain et la soirée en club, évoluent « des personnages enveloppés de mythes, amalgames du présent et du passé ». Le réemploi du terme anglais – qui garantit un environnement où l’on se sent en sécurité, protégé de toute agression physique ou verbale -, confirme l’ancrage de l’art de Rasmus Myrup dans les questionnements actuels. « Cet espace est conçu comme un endroit sûr, où iels peuvent se retrouver, échanger et s’émanciper », déclare d’ailleurs l’artiste. Ces êtres anthropomorphes, conçus à partir de matières hétéroclites, tirent leurs apparences du folklore danois et suédois autant que de la mythologie nordique et des légendes orales locales. De cette pratique, il se dégage la poésie caractéristique des pratiques artistiques scandinaves qui donnent à découvrir une mythologie nouvelle créée à partir d’un ensemble de mythologies, fictives ou réelles, et d’expériences personnelles. Accoutrés de manière originale avec des habits contemporains, ils représentent ces marginaux et ces minorités qui ont été mis sur le banc de touche par la civilisation humaine. Dans un écho à des sujets qui agitent notre société, Hervard, la figure faite à partir d’os, fait référence à un héros scandinave. Né femme autour de l’an 1 000, il est considéré comme l’un des premiers personnages trans.

Suite à deux résidences de création, Rasmus Myrup a réalisé une dizaines de nouvelles pièces à partir de matériaux glanés à Rennes et en Bretagne. Si ces figures restent issues de l’imaginaire nordique, des roses du cru forment le corps de Freyja, du houx du Bois du Houx matérialise la silhouette d’Agrippe ou un peu d’eau de la fontaine de jouvence de Brocéliance a servi à la création de La Demoiselle à la source.

La Criée, centre d’art contemporain
Place Honoré Commeurec
35000 Rennes

Ouvert du mardi au dimanche, de 13h à 19h. Fermé le lundi. Entrée gratuite

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