Rennes. La Traviata au Couvent des Jacobins les 16 et 17 mars 2024

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On se souvient que l’Opéra de Rennes donna La Traviata en 2013 pour commémorer le bicentenaire de la naissance de Giuseppe Verdi avec cette originalité de retransmettre l’œuvre en direct sur un écran géant placé sur la place de la Mairie. À nouveau, les Rennais vont pouvoir assister à une nouvelle représentation en mars prochain, cette fois dans la salle de concert du Couvent des Jacobins dans une mise en scène de Flavien Maléval.

Parmi les opéras du Maître, La Traviata trouve son origine d’un moment particulier de la vie de Verdi : le 2 février 1852, Giuseppe, aux côtés de Giuseppina Strepponi, sa maîtresse, cantatrice elle-même et femme à la vie amoureuse foisonnante, assiste à une représentation de La Dame aux camélias, adapté au théâtre par Alexandre Dumas fils, auteur du roman. Cette pièce met en scène une héroïne – inspirée de la courtisane Marie Duplessis, maîtresse du romancier – « rachetée par l’amour » nous dit Albert Bensoussan dans la belle et limpide biographie de Verdi qu’il a publiée en 2013.

Le compositeur italien, immédiatement touché par le personnage, jeta sur le papier, dès sa sortie du théâtre, les premières notes d’un opéra, d’abord intitulé par le librettiste attitré du Maître Amore è morte, comme un rappel du poème ainsi nommé de Giacomo Leopardi. Verdi en modifie le titre qui devient La Traviata, en français La Dévoyée.

Le parallèle entre la liaison de Dumas fils avec Marie Duplessis, devenue sur scène La Dame aux camélias, et celle de Verdi avec Giuseppina, s’impose au compositeur, sévèrement critiqué à l’époque par sa propre famille et ses amis pour ce qui est considéré à son endroit comme une inconduite sentimentale, morale et sociale insupportable. Verdi répondit vivement à ces critiques et reproches, ceux de son beau-père en particulier, Antonio Barezzi, dans une lettre, nous dit Albert Bensoussan, qui « explique bien mieux que ne le ferait aucune critique le sens que Verdi donne à son œuvre, qui apparaît toujours comme l’expression d’une rébellion et la revendication d’une liberté essentielle ».

La Traviata a aussi déclenché, souligne Albert Bensoussan, « une véritable révolution dans sa conception de l’opéra : loin des hymnes patriotiques, des grands sujets historiques, […] Verdi conçoit d’emblée un opéra [débarrassé] de la grandiloquence et du verbiage, [et] remplacé par des paroles succinctes qui sonnent bien plus juste, par la suggestion musicale, le dramatisme des scènes courtes et efficaces ».

À la différence d’Alexandre Dumas fils qui ne met pas en scène le père du jeune amant demandant pardon du sacrifice amoureux dramatiquement consenti et tragiquement vécu par La Dame aux camélias, Verdi, lui, le convoque au dernier acte « pour régler un compte avec ces pères guindés et exigeants dans leur morale étroite et leurs préjugés » écrit notre biographe. Le plus bel hommage rendu à cet opéra, chant d’amour et de liberté, l’a été par Alexandre Dumas lui-même, nous dit Albert Bensoussan, rappelant les propres mots du romancier : « Dans cinquante ans, qui se souviendra de La Dame aux camélias ? Verdi l’a rendu immortelle ».

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La Traviata de Giuseppe Verdi, dans une mise en scène de Flavien Maléval.

Couvent des Jacobins Place Sainte-Anne
35000 Rennes, le 16 mars 2024 à 18h et le 17 mars 2024 à 16h.

Billetterie


Verdi par Albert Bensoussan. Éditions Gallimard, coll.Folio-Biographies. 336 pages. Parution : 2013. 10 €.

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