Le Triangle – cité de la danse ouvre sa saison 2022-2023 avec sa rentrée Waouh dimanche 18 septembre 2022 dans le cadre de Dimanche à Rennes. Universel, intergénérationnel et éclectique dans ses propositions artistiques, l’événement reflète la première programmation conçue par le directeur Patrice Le Floch depuis sa prise de fonctions en octobre 2021.
La nouvelle identité visuelle du Triangle – Cité de la danse est à l’image de sa nouvelle saison. De la couleur, du mouvement et du dynamisme – voilà ce qui attend le public. Après sa prise de fonction en octobre 2021, Patrice Le Floch livre la première application de son projet « Croisons la danse » qui lui a valu d’être retenu au poste de directeur.
La nouvelle programmation colorera les salles de spectacle de la scène conventionnée d’intérêt national – art et création du pluralisme de la création chorégraphique et de son universalité. Dans une volonté de défendre toutes les formes de danse, l’équipe a pensé une saison qui dialogue entre les cultures et les disciplines, crée des ponts entre les esthétiques et implique les habitants du quartier et toutes les générations. La structure sortira de ses murs, mais incitera également la population à pénétrer dans l’enceinte du bâtiment rouge avec des propositions hétéroclites, « dans une volonté de réenchanter et de proposer des spectacles à l’énergie positive, non sans s’autoriser toutes les traversées et les sujets de société », déclare le directeur.
Fondée sur une logique de partenariats, la programmation 2022-2023 est née des rencontres du directeur et des acteurs culturels rennais. Cette dernière s’annonce un voyage à la découverte de nouvelles cultures, notamment africaines, continent bouillonnant de créativité, avec un arrêt dans les départements d’outre-mer. « À mon arrivée, j’ai rencontré tous les partenaires pour trouver des désirs communs qui permettent la valorisation de ce type de projets et ce risque porté par des projets à l’extérieur », commente-t-il. Dans le cadre du festival TNB, le Triangle accueillera ainsi We wear ou wheels du Sud-africain Robyn Orlin (22 au 24 novembre 2022). Six jeunes issus d’une des premières compagnies de danse non raciale de Johannesburg se métamorphoseront en rickshaws, conducteurs de pousse-pousse qui ont marqué l’enfance du chorégraphe. Baignée de couleurs, la création évoquera cette période sombre de l’histoire de l’Afrique du Sud et de l’Apartheid, dénonçant le passé colonial d’un pays scindé entre oppresseurs et opprimés.
Fruit du cumul des rencontres de Patrice Le Floch, les propositions inviteront à entrer dans l’histoire qui a construit les appétences du directeur pour le croisement. À l’instar de Re : incarnation du Nigérien Qudus Onikeku (17 au 19 novembre 2022), création repérée par le directeur au Réseau Escale danse alors qu’il en était président. « Ces questions de la diversité et de l’ailleurs sont nées des rencontres et des discussions avec les partenaires », précise-t-il. « Et de ce regard aussi sur des projets venant de ces horizons lointains desquels nous avons été empêchés durant ces années covid. »
« J’ai à cœur de défendre toutes ces formes d’écriture quelLES qu’elleS soiENt. »
Au croisement des cultures s’ajoute celui des disciplines et des esthétiques, révélateurs de la porosité, du métissage et de la complexité des écritures chorégraphiques que l’on aurait tendance à enfermer dans des catégories. « Je veux montrer ce qui me semble être la création chorégraphique aujourd’hui et tous ces endroits de croisement que l’on retrouve dans la programmation », ajoute Patrice Le Floch. Certains chorégraphes resteront dans une écriture du mouvement sans aller chercher cette porosité, même si elle est présente par petite touche.
Là où la Cité de la danse programme Les Yeux Fermés du Français Mickaël Le Mer (09 et 10 décembre 2022), plongée dans l’univers de Pierre Soulages dans le cadre des Transmusicales, elle traversera également le travail chorégraphique du Franco-Sénégalais Amala Dianor avec Ma Rec, création de 2014, et Wo-man de 2022 (7 mars 2023). « J’ai à cœur de promouvoir et de faire connaître des œuvres du répertoire qui marquent la danse de manière plus ancienne que récente, car la difficulté du secteur chorégraphique porte sur sa diffusion », confie le directeur. « Elles sont très peu diffusées par rapport à d’autres disciplines. »
Le premier spectacle explorera l’œuvre du peintre, dompteur du noir, dans un spectacle très visuel dans lequel les interprètes dessineront l’espace et sculpteront la lumière de leurs mouvements saccadés. Le second donnera quant à lui à voir des créations à la croisée des styles, mêlant sa pratique du hip-hop à d’autres esthétiques dans une écriture aussi élégante que singulière. Reflet de ce métissage omniprésent, la soirée Amala Dianor, bonne représentation des couleurs de la programmation, permettra d’aller voir au-delà d’un potentiel classement pour mieux comprendre l’art chorégraphique dans sa globalité. Les deux chorégraphes proposeront ainsi des univers perçus de prime abord comme contemporains, mais dont l’ancrage demeure pourtant dans les danses urbaines.
La concrétisation de ce dialogue entre les disciplines, entraperçue avec Mickaël Le Mer, se fera aussi par le biais des artistes associés du Triangle, à l’instar de Clédat et Petitpierre (Poufs des sentiments, 1er février 2023). Ni interprètes, ni chorégraphes, le duo est à l’image de ces artistes pluriels à la Steven Cohen et Gisèle Vienne, des artistes inclassables et qui ne veulent pas l’être. L’un est scénographe, l’autre est costumière ; et tous deux sont très proches du secteur chorégraphique mais pas seulement. Leurs collaborations sont multiples.
Accueillant temporairement les Vénus de Clédat et Petitpierre (du 18 septembre au 21 octobre 2022) après leur parade à la rentrée Waouh, le Triangle ouvrira à plusieurs reprises ses portes à des expositions (Donnez-moi une minute de Doria Belanger, du 28 janvier au 5 février 2023) dans le but – toujours – de mêler les arts à la danse, notamment les arts visuels. Dans la création du lien avec le quartier et d’un ancrage dans le territoire, l’équipe veut inciter les publics à découvrir les lieux, et la création chorégraphique, sous un nouvel angle. « Jusqu’en 2011-2012, Le Triangle avait une personne dédiée à la programmation des expositions, un poste qui n’existe plus, notamment pour des questions budgétaires. » Le lieu de spectacles que l’on connaît ambitionne de devenir un lieu de vie où la danse serait fédératrice, avec l’ouverture prochaine, normalement, d’un espace avec livres à disposition et possibilité de se désaltérer.
Dans le cadre de la présence de Catherine Diverrès est aussi envisagée une exposition photo. Ce temps dédié à cette grande dame de la danse qui fait ses adieux à la danse avec ces dernières représentations de la compagnie prendra la forme de constellations autour de l’univers de la chorégraphe en partenariat avec les Champs Libres, le Frac Bretagne et le TNB. « Il n’y aura pas de systématisation d’une approche plastique au sein la programmation, c’est aussi le fruit d’opportunités qui se créent avec les chorégraphes ou pas. » Pour chaque exposition, des ateliers ont été également mis en place afin d’approcher et de comprendre cette mixité des disciplines. Le lien avec les arts visuels naît de cette volonté de faire résonner le projet du Triangle tel que le public le connaît avec des spectacles et des ateliers artistiques, mais que les deux se fassent le reflet de l’essence de l’art chorégraphique.
Alors que la saison s’apprête à commencer, le Triangle planche déjà sur la saison 2023-2024. Ne sachant pas encore de quoi elle sera faite, elle se construira, à l’instar de celle de 2022-2023, dans la logique du partenariat. D’autres collaborations qui n’ont pas pu se concrétiser dans cette première année de prise de poste pourraient ainsi voir le jour. « Ma petite frustration serait peut-être de ne pas avoir rencontrer plus de monde, mais c’est aussi l’enjeu de demain, de pouvoir imaginer des projets avec tout un volume de partenaires que je vais continuer à rencontrer. » Parmi elles, l’association Clair-Obscur, organisatrice du festival Travelling donc l’édition 2023 portera sur le Chili. « La semaine dernière, le directeur de Travelling et moi-même avons réalisé des connexions qui auraient pu se faire, mais le rendez-vous n’avait pas pu se faire plus tôt. Ces méthodes de travail et d’interconnaissances nous permettent d’imaginer des choses », donne-t-il comme exemple. Les perspectives seront ainsi de construire ces projets qui n’ont pas pu se faire dans les limites de l’exercice qui était le leur pour pouvoir se déployer. « Mais je m’installe confortablement dans la démarche donc tous ces partenariats devraient voir le jour… », conclut-il comme une promesse que les saisons à venir seront tout aussi …
Découvrir la programmation complète du Triangle
Boulevard de Yougoslavie
BP 90160
35201 Rennes Cedex 2
02 99 22 27 27
infos@letriangle.org
HORAIRES :
mardi 14h30-18h30
mercredi 10h-18h30
jeudi 14h30-18h30
vendredi 14h30-18h30
Le Triangle est ouvert et accessible, en soirée et le samedi, sur les horaires des ateliers hebdos, et dès que nous accueillons un événement !
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