Habitants de Rennes, l’avez-vous remarqué ? En se penchant au-dessus d’un pont ou en longeant les rives : le niveau est bas. Très bas. En effet l’Ille et la Vilaine, les deux cours d’eau qui traversent la capitale bretonne, affichent une hauteur de quelques dizaines de centimètres seulement. Un niveau anormalement bas qui surprend nombre de passants. D’autant que ce phénomène a le mérite d’en révéler un autre : celui de la pollution des eaux. Et quelle pollution…
Des bouteilles, des canettes, des sachets en plastique … mais aussi des caddies de supermarché, des vélos et même des panneaux de signalisation; c’est le triste spectacle qu’offre les fonds des rivières rennaises depuis qu’ils sont visibles. La baisse du niveau des eaux a fait remonter à nos yeux la réalité d’une abondante pollution aquatique.
Ce sont là plusieurs mois de pollution matérielle, en atteste l’état “épavique” que revêt certains de ces objets : des seaux engoncés dans la vase, des outils ou encore des chaises couverts de sédiments, etc… D’autres ne sont là que depuis plusieurs jours – nous avons aperçu un masque d’Halloween presque neuf – signe que le problème de la pollution des rivières ne date pas d’hier et ne sera pas réglé demain. Sans action franche d’éducation à l’environnement, de gestion des déchets ou de récupération des détritus, comment imaginer la résurrection de l’environnement aquatique de la ville ?
D’autant que cette pollution visible (provisoirement) est doublée d’une autre, invisible celle-ci. Sur un document de l’Observatoire de l’eau en Bretagne, nous lisons en effet que “La dégradation de la qualité des eaux en Bretagne est liée principalement à des pollutions en azote, phosphore, pesticides et matières organiques.” Des altérations de qualité qui proviennent de la pollution diffuse (agriculture, eaux pluviales urbaines, assainissements individuels). La tendance est largement à l’aggravation puisque 24% des eaux douces du département Ille-et-Vilaine étaient jugées dans un état “médiocre” voire “mauvais” en 2011, contre seulement 9% en 2006, toujours selon cet Observatoire. Bien qu’indécelable à l’œil nu, ce type de pollution est la plus dangereuse pour la biodiversité.
“De grosses quantités de ces produits phytosanitaires sont utilisées par les agriculteurs,
mais aussi par les professionnels non agricoles (les horticulteurs, pépiniéristes, sociétés
d’entretien des espaces verts, les communes, la DDE, la SNCF) et par les particuliers
(jardiniers amateurs).” souligne l’association Eau et Rivières de Bretagne dans son document sur la pollution des eaux bretonnes.
Contrairement à l’ensemble de la France qui se sert principalement des nappes phréatiques, la Bretagne se sert de son réseau hydrographique très dense (rivière ou retenue artificielle) pour l’alimentation en eau potable de ses habitants. Une raison de plus pour prêter attention à la qualité de celui-ci…
Cette baisse du niveau d’eau a été dictée par la région Bretagne pour effectuer des travaux d’aménagement sur la Plaine de Baud. Elle touche les biefs (tronçons) Moulin du Comte et Dupont des Loges. Le procédé sera d’une durée de 8 semaines maximum. Un prélèvement des déchets aquatiques par les services de la Région est prévu mi-novembre. Un geste qui semble être une nécessité à court-terme. Mais comment éviter que l’histoire ne se répète ?