On aperçoit encore de nos jours ces enfilades de maisons identiques dans des rues droites parfaitement alignées. Ce sont les villages castors. Gros plan sur Rennes, quartier de La Binquenais, Unidivers est parti patrouiller à la rencontre de ce village à l’histoire méconnue.
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Le quartier des maisons Castors fête ses 70 ans. A cette occasion, le quartier célèbre cet événement le samedi 17 juin à partir de 16h30 à l’école Oscar Leroux (accès par le bd Gaëtan Hervé), en présence des habitants du quartier, de Nathalie Apéré et des anciens membres fondateurs de ces maisons, bâties en auto-construction dans les années 50. Au programme : expos (BD de Laurent Lefeuvre, Photos de Marc Loyon et Sylvie Lagrée), scène musicale jusqu’à 23h et vernissage de la 3e fresque Street-Art réalisée par Alexandre Bouchon (en partenariat avec l’école et l’Ehpad).
À Rennes, dans le quartier résidentiel de La Binquenais, entre la rue de Châtillon, le boulevard Oscar Leroux, rue Albert-Gérard et le boulevard Voclair, se tient le village des Castors. Baptisé en référence au rongeur constructeur, c’est au 20e siècle qu’il est littéralement sorti de terre, tel un village pionnier américain. À présent bien desservi par le réseau routier, l’alignement de maisons était alors isolé en pleine campagne par rapport au centre-ville de Rennes. Ce hameau ouvrier qui n’était pas destiné à durer survit pourtant depuis presque 60 ans…
Quand la cité se construit, la Seconde Guerre mondiale vient de se terminer. La France est meurtrie par cette page sanglante de son histoire ; une crise du logement sans précédent fait rage. Les Castors, ce sont ces habitants sans logement qui se sont réunis dans toute la France afin de construire leur propre maison. De tous horizons et toutes professions, ces Français sans habitat ont mis la main à la pâte pour loger leur famille. Fait inédit depuis l’industrialisation.
À Rennes, en février 1953, des habitants se rassemblent pour fonder la société des Castors. Débute, alors un grand chantier qui durera presque cinq ans, faisant naître de rien un petit village de presque 200 maisons. Un exploit de rapidité pour ces ouvriers amateurs qui n’avaient parfois jamais touché un outil de leur vie. Outils, terrains, matériels, tout est mis en commun par l’association nouvellement née des Castors. Un grand réseau d’entraide est né, utopie d’un monde d’après-guerre communautariste et collectiviste.
Bien que restées dans un style ancien, les maisons ouvrières des Castors sont actuellement prisées en raison leur valeur historique. Bien que désuètes, ces petites maisons étaient à l’époque l’image même de la modernité. Individuelles, elles disposaient de plusieurs chambres, d’une salle de bain et de WC séparés, luxe rare pour l’époque. Pour une plus grande égalité de chance et eu égard au nombre de familles volontaires, l’attribution de ces biens rares était soumise à un tirage au sort.
60 ans plus tard, il ne reste plus qu’une poignée de Castors. Mais les habitants suivants se sont rassemblés, eux aussi, en association afin de célébrer la mémoire de leurs prédécesseurs. Pour que l’histoire du village des Castor ne s’oublie pas.
Dans ce cadre, Henri Leborgne, doyen des Castors, nous raconte une histoire dans son livre publié en 2003, Les Castors rennais : une aventure humaine de solidarité et de fraternité. Ce témoignage retrace l’histoire du village et a permis de documenter une période peu connue de l’architecture française : quand les particuliers devaient construire eux-mêmes leur maison.
En 2013, une BD reportage est réalisée avec l’aide du doyen Henri Leborgne et son livre, par Didier teste (Inspecteur Bayard), Nicolas Rouhaud et dessiné par Laurent Lefeuvre, publié sur le site de la ville de Rennes. L’occasion de rappeler encore l’histoire des Castors et de ne pas les oublier !
Site de l’association Le village des Castors Rennais
Blog du dessinateur Laurent Lefeuvre où on peut retrouver la BD!