Malgré la situation sanitaire, la saison 2020/2021 des Champs Libres s’annonce certes adaptée, mais toute aussi diversifiée ! Le 4e étage de la bibliothèque a rouvert, le festival littéraire Jardin d’hiver reviendra dans une formule extra-large du 31 janvier au 17 février 2021, les chercheurs bénévoles de l’Espace des Sciences viendront montrer d’anciennes et nouvelles innovations, etc. Et surtout, les Champs Libres ouvrent grand leurs portes à la photographie, axe d’acquisition à part entière au sein du Musée de Bretagne et fil rouge de cette nouvelle saison et des années suivantes…
En 1851, un seul daguerréotype figure au premier registre d’inventaire du musée de Bretagne. Il s’agit d’un détail du retable de l’ancienne cathédrale de Rennes. En 1874, le premier portrait, en l’occurrence celui de Jules Aussant, premier conservateur des musées de Rennes, photographié par le Rennais Charles Mévius en 1870, entre dans ce même registre sous forme de donation. En 2020, le Musée de Bretagne conserve plus de 650 000 photographies – des tirages et surtout des négatifs – dont 123 000 sont accessibles sur le site des collections.
Et en 2021, près de 150 ans après cette première entrée photographique, un chantier de numérisation des collections photographiques (négatifs sur plaque de verre et supports souples principalement) sera mis en place afin de mettre en ligne la majeure partie de ces fonds.
Depuis la moitié du XIXe siècle, la photographie est progressivement entrée dans les collections du Musée de Bretagne (à l’époque il s’agit essentiellement de photographies documentaires), jusqu’à obtenir une très large place. Ce développement croissant est justifié par l’arrivée de Jean-Yves Veillard, conservateur en chef du musée de Bretagne de 1967 à 2000. Sous sa direction, la photographie devient un axe d’acquisitions à part entière au même titre que l’affiche, l’estampe ou le costume. Le conservateur va orienter les acquisitions photographiques vers un axe jusqu’alors absent, celui des ateliers de photographes régionaux.
Avec plus de 650 000 photographies conservées, les Champs Libres s’attache, depuis plusieurs années, à rendre visible ce fonds qui dort dans les réserves et recèle une histoire capturée de la Bretagne. À travers des projets photographiques en lien avec la création actuelle sur le territoire breton, les propositions photographiques au sein du bâtiment dessiné par Christian de Portzamparc se révèle autant patrimoniales que contemporaines, l’une complétant l’autre. Citons les expositions Bretonnes, photographies de Charles Fréger (2015), Guy Le Querrec, conteur d’images (2018) et la dernière en date, Les Frères Géniaux, la photographie, un destin (2019/2020).
« La photographie comme fil rouge, cette année et les années suivantes »
Avec la saison 2020/2021, les Champs Libres semblent vouloir se réapproprier cet ADN qui coule dans les fondations du Musée de Bretagne. Ils comptent notamment créer des liens avec des acteurs culturels du territoire, des complices « autour de cet art du regard », tels que le Frac Bretagne. Dans cette optique, un appel à projet est également prévu, en partenariat avec le festival de la Gacilly, autour des nouvelles ruralités et de ceux que l’on appelle les néo-ruraux, ces nouveaux habitants des communes rurales, originaires de communes urbaines.
Portraits et croyances avec Stéphane Lavoué
En 2020, le musée acquiert 35 photographies du photographe portraitiste Stéphane Lavoué, installé depuis quelques années en Bretagne. Ce Mulhousien de naissance s’est notamment fait connaître par ses portraits de personnalités célèbres (Loana Petrucciani, Vincent Cassel, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon etc.) et ses explorations au long cours des territoires.
Son approche humaniste inscrit des anonymes dans le territoire et ses portraits quasi sculpturaux résonnent avec les tableaux de la peinture flamande. Son traitement photographique ne fait jamais barrière à l’émotion de la rencontre avec des hommes et leurs territoires… Au cours de sa dernière exploration photographique, « Stéphane Lavoué s’est intéressé aux Monts d’Arrée en partant sur les traces de l’Ankou, le serviteur de la mort en Bretagne. » Cette résidence de création l’a mené à la rencontre des Bretons et de leurs croyances. Du 19 février au 5 septembre 2021, la salle Anita Conti accueillera cette nouvelle série « Les Enchanteurs » pour une plongée mystérieuse dans le regard de ces anonymes insolites.
Parallèlement à l’exposition, les Champs libres ont donné une carte blanche à Stéphane Lavoué. Son choix s’est porté sur Valentin Figueras, photographe originaire d’un village au cœur des terres finistériennes, et sa série « Aurel » (2017). Il y dresse le portrait du surfeur Aurélien Buffet, devenu champion de Bretagne de surf open à La Torche en août dernier. Figueras montre à voir « une jeunesse Bigoudène liée à la mer », mais le capture très peu sur la planche. Que se passe-t-il en dehors des moments où le surfeur glisse sur les vagues déferlantes ? Le photographe semble s’être interrogé et a immortalisé les instants de vie d’un jeune surfeur de 19 ans. Il dévoile un portrait intimiste et humain, entre floater (figure qui consiste à glisser sur la lèvre de la vague au moment où celle-ci se met à déferler) et roller (figure qui consiste à parcourir la vague de bas en haut, « rouleau »).
Madeleine de Sinéty et le monde paysan vu de l’intérieur
La photographie grimpera les marches des Champs Libres et élira également domicile dans les salles du Musée de Bretagne où l’œuvre de la photographe franco-américaine Madeleine de Sinéty (1934-2011) sera présentée du 25 juin au 31 décembre 2021. Cette photographe autodidacte a dépeint le monde paysan vu de l’intérieur depuis sa découverte du village de Poilley en Ille-et-Vilaine, où elle a habité de 1974 à 1981. De cette installation sont nés des relations et des liens qui perdureront après son départ du village. Elle reviendra voir ces familles qu’elle photographie inlassablement au travail ou dans leur vie quotidienne.
Plus que la photographie, le portrait semble au cœur de cette nouvelle saison. Il est tantôt révélateur d’un monde inconnu avec Stéphane Lavoué, tantôt représentatif d’une jeune Bigoudène avec Vincent Figueras. Parfois, il peut être le miroir d’une Bretagne rurale passé et aujourd’hui disparue, Madeleine de Sinéty partage cette vie avec honnêteté. Trois portraits, trois approches de la Bretagne, mais toujours un travail d’observation unique et intime.
Au XIXe siècle, le photographe Gustave Le Gray (1820-1884) a dit : « J’émets le vœux que la photographie, au lieu de tomber dans le domaine de l’industrie, du commerce, rentre dans celui de l’art. » La programmation des Champs Libres confirme que c’est chose faite au XXIe siècle. Il n’y a plus qu’à attendre que ces belles traversées photographiques commencent…
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VENIR AUX CHAMPS LIBRES
Métro ou bus : Métro Ligne A et bus C1, C2, 11 / Arrêt : Charles de Gaulle, Magenta ou Gare
En voiture : Parking Charles de Gaulle
En train : Gare de Rennes à proximité. Trouvez votre itinéraire en transports en commun avec BreizhGo
LES PHOTOS DU MUSEE DE BRETAGNE, FANTASTIQUE VOYAGE DANS LE TEMPS