Oui : les demi-finales du Top 14 de Rugby se déroulent au Roazhon Park de Rennes les 17 et 18 juin 2016 ! C’est sous le regard circulaire et métallique du célébrissime bouclier de Brennus qu’Olivier Tomine, directeur général du Rennes football club, recevait le lundi 11 janvier, tout ce que le rugby compte de gens concernés, en Bretagne, comme à l’extérieur. Ladies first : Nathalie Appéré a présenté le projet de demi-finales, assistée de Paul Goze, président de la ligne nationale de rugby, de René Ruello, président du stade Rennais, et de Thomas Savare, président du stade Français.
Depuis quelques années, il est d’usage d’exporter, une fois sur deux, les demi-finales hors des frontières de cette curieuse entité appelée Ovalie. La Bretagne n’en fait pas partie, ainsi que ne manque pas de le souligner par deux fois le président Goze. N’en soyons pas agacés, mais l’absence d’équipe au niveau professionnel, comme le top 14 ou la pro D2, lui donne un peu raison. Consolons-nous, en nous rappelant que c’est un club de la moitié nord de la France qui est actuellement le gardien du précieux bouclier, symbole guerrier s’il en fut. Les valeurs défendues par le rugby, sont d’ailleurs omniprésentes dans les régions de la moitié nord et il ne faut pas aller chercher bien loin dans l’histoire pour mesurer le respect d’idéaux comme la solidarité, le partage, le combat. Pour le public breton, c’est une véritable fierté de recevoir 92 joueurs représentant les 17 des 20 nations du rugby. 4 champions du monde seront présents, comme 31 des joueurs du 15 de France.
D’autres réalités derrière le bling-bling
Le succès est clairement acquis d’avance. D’ailleurs, quel sport peut se vanter d’avoir augmenté son nombre de spectateurs de 40 % en 10 ans, avec plus de 2,5 millions de fans passionnés ? Les stades affichent fièrement un taux de remplissage de 80 % en moyenne.
Un certain esprit, régnant dans les célébrations rugbystiques, et bien souvent en dehors, après les matchs, confère au rugby une image très positive, d’où les débordements exécrables de supporters insupportables sont bannis, quand ils ne sont pas régulés avec vigueur par le groupe lui-même. Comment donc s’étonner qu’après quelques heures de la mise en vente, via internet, des deux fois 15 000 billets des matchs du mois de juin, tout était réservé, assurant cette fois, un remplissage de 100 %. Bien sûr, le Roazhon park affiche une capacité de 30 000 places, mais des quotas sont réservés légitimement aux clubs invités, ainsi qu’à un certain nombre de sponsors, de partenaires, d’invités de marque ou de représentants de la presse. Tout cela pour dire qu’il vous faudra être vigilants, car en fonction des résultats, un certain nombre de billets pourrait se retrouver sur le marché. Pour info, les prix n’en sont pas exorbitants. Il vous faudra compter 85 euros pour les meilleures places, les autres tarifs s’étalent de 25, 40 à 65 euros. Bien sûr pour une famille cela représente un budget, mais l’événement est de taille.
Le menu des festivités est prometteur. Afin de donner un vrai goût de « fiesta » au centre-ville, c’est à une véritable célébration que seront invités les Rennais sur l’esplanade Charles de Gaulle. Pour ce qui est de l’hyper- centre, gageons que les visiteurs méridionaux ne manqueront pas d’apporter avec eux leur bonne humeur et leur goût de la fête. Si Nathalie Appéré évoque les retombées économiques importantes pour l’hôtellerie et la restauration rennaise, tous pensent en même temps en ricanant dans leurs barbes… et les bars donc !
Dernière information, la finale se déroulera, au « Camp Nou » à Barcelone, le 24 juin. Bien entendu, une telle décision entraîne immédiatement la question du pourquoi de ce choix, et si le président Goze reste un peu imprécis, nous déclarant « Européens », ce qui ne convainc personne, la réponse plus technique viendra d’Emmanuelle Varron, responsable de la presse pour la ligue nationale de rugby. Il faut savoir que la jauge minimum à 60 000 places n’est pas atteinte par beaucoup d’enceintes sportives en France. À cela s’ajoute une règle de l’UEFA, qui interdit l’utilisation d’un stade avant un mois, après une manifestation majeure. Si l’on considère, que le stade de France, par exemple, doit être profondément réaménagé et modifié, dans le cas d’un changement de sport, cela ne semble pas complètement incompréhensible. D’où le casse-tête qui s’est posé à nos responsables de la ligue. La solution, d’un déplacement en terre Catalane n’est donc pas dénuée de bon sens. Il n’en reste pas moins qu’elle confère un avantage certain à la moitié sud de l’hexagone, et les derniers organisateurs du Nord, la ville de Lille, doivent regretter l’indisponibilité du stade de France. Et puis, on ne peut l’occulter, la fuite à l’étranger, d’une partie de la manne financière que représente un tel événement est un peu regrettable .
Intéressés par la réjouissante perspective de ces demi-finales, nous sommes allés rencontrer, l’ancien président du R.E.C., Loïck Le Brun, afin d’avoir un regard plus distancié sur l’événement, mais aussi plus argumenté. Maintenant pris par le monde des affaires, notre ex-président n’en reste pas moins un authentique passionné. Il nous brosse d’abord un rapide historique du rugby en Bretagne, soulignant sa naissance à Vannes, un peu grâce à la présence d’un régiment d’infanterie, puis du glissement vers Saint-Nazaire, où de nombreux marins anglais et les dockers du port organisent des joutes amicales. Mais il ne manque pas de souligner la prédominance des clubs liés aux universités. C’est peut-être dans cette ambiance plus éduquée que s’est forgé l’esprit de respect de l’adversaire, qui donne au rugby cette image de sport plutôt viril, mais joué par des types bien. Il rappelle que la Bretagne est en troisième position, en nombre de licenciés. Mais à Rennes alors ?
Le REC, né en 1961, est le club de la capitale bretonne. En 80, il crée sa propre école de rugby et continue son développement. Suite à une scission naît le club du Rheu. Il évolue en fédérale, et récolte des résultats plutôt flatteurs. Seulement voilà, et Loïck Le Brun pose clairement la question, y avait-il nécessité de créer deux clubs dans un espace aussi restreint ? Réussir à amener une équipe bretonne au niveau professionnel ne suppose-t-il pas de regrouper les énergies et d’oublier les antagonismes de triste chapelle, où quelques-uns, accrochés à leur petit pouvoir local, n’arrivent pas à penser en grand. Il pousse plus loin sa réflexion en nous invitant à cogiter en terme de retombées. Des dizaines de jeunes Rennais, vont à l’occasion de ces demi-finales, découvrir un sport plutôt attirant et se dirigeront vers les clubs locaux et que vont-ils trouver ? Première constatation des structures insuffisantes. Le stade vélodrome, à la contenance très limitée, ne permet pas d’envisager beaucoup de progrès, il est vétuste, et paraît être à l’image de l’ambition locale.
La solution ne se situe pas uniquement à la mairie, c’est plutôt vers Rennes métropole qu’il faut se tourner puisque c’est cette assemblée, qui peut le mieux mener une réflexion sur la qualité des infrastructures.Là encore, le constat n’est pas réjouissant. Si on regarde attentivement les sports les plus regardés en France, seul le football est solidement représenté à Rennes. Mais quid du basket, du volley, du hand, malgré les louables efforts de Cesson-Sévigné. Il est vrai que pour une grande ville comme la nôtre, ces fanions sportifs sont assez confidentiels. Se pose donc la question de savoir s’il y a une profonde ambition en terme de sport, ce qui suppose l’accession au plus haut niveau, ou si l’on préfère le sport de masse, le sport populaire, excluant toute tentation pour l’élite. La réponse est clairement politique, sport de masse ou sport d’élite ? Loïck Le Brun, membre de l’opposition locale, ne manquera pas de poser la question prochainement lors d’une réunion de Rennes métropole. La réponse sera un message très clair pour les présidents des différents clubs locaux, ils sauront sans équivoque, la position des pouvoirs publics.
En attendant, préparons-nous avec enthousiasme à recevoir ces demi-finales, elles sont un événement majeur de la vie sportive rennaise. Il appartient à chacun, à l’aune de ses possibilités, de concourir à la réussite d’une telle fête… populaire ?
De nombreuses animations seront proposées tout au long du week-end, esplanade du Général de Gaulle
Dates et horaires : Vendredi 17 juin à 20h45 et Samedi 18 juin entre 15h et 20h45
http://www.dailymotion.com/video/x3g9zmy_les-demi-finales-du-top-14-au-roazhon-park_sport