L’auteur et illustrateur malouin Pascal Bresson raconte l’affaire Godard la bande dessinée Disparus, l’affaire Godard, parue aux éditions Petit à petit le 12 juin 2024, en coproduction avec Béatrice Merdrignac et Samuel Figuière. L’affaire Godard, c’est la disparition d’une famille qui a bouleversé la France en septembre 1999 et demeure encore un mystère de nos jours ! Le docteur Yves Godard et ses deux enfants partent en mer. Ils quittent Saint-Malo en Ille-et-Vilaine à bord d’un voilier : on ne les reverra plus ! Son épouse, restée à terre, disparaît elle aussi. Un non lieu est rendu le 12 septembre 2012.
Pascal Bresson est à la fois scénariste de bande dessinée français et auteur illustrateur de livres pour la jeunesse. Depuis 2010, il s’intéresse aux grandes affaires criminelles françaises qu’il adapte en bande dessinée : L’Affaire Guillaume Seznec et L’Affaire Dominici. Après trente ans de métier et plus d’une cinquantaine d’albums, Pascal Bresson vient de réaliser son nouveau roman graphique Disparus, L’affaire Godard, cette fois copublié avec l’autrice carhaisienne Béatrice Merdrignac et Samuel Figuière auteur et illustrateur.
La réalisation a demandé, comme à chaque fois, une lourde tâche et une grande responsabilité, un engagement de quelques mois, voire des années de travail. Pour la documentation, il s’est fait aidé par Béatrice Merdrignac. Toujours à l’écoute des actualités, le mystère de l’affaire Godard a particulièrement passionné l’auteur, du fait qu’elle se soit déroulée à quelques kilomètres seulement de son domicile à Saint-Malo.
Retour sur l’affaire Godard
Le lundi 30 août 1999, le docteur Yves Godard, 40 ans, médecin généraliste et acupuncteur de 44 ans, donne ses dernières consultations à son cabinet, situé à Caen dans le Calvados. Le mercredi 1er septembre, il quitte le port de plaisance des Sablons à Saint-Malo (35) à bord d’un voilier de 8,90 mètres baptisé “le Nick”. Il est accompagné de sa fille, Camille, 6 ans et de son fils, Marius, 4 ans. Quant à Marie-France, l’épouse et mère de famille, personne ne l’a vue ou aperçue depuis la veille, le mardi 31 août 1999. Le père et ses enfants sont en route pour une croisière côtière avec une destination prévue à Perros-Guirec dans les Côtes d’Armor et un retour pour le dimanche 5 septembre.
Quelques jours plus tard, la petite annexe pneumatique du voilier est récupérée par un chalutier près de l’Île de Batz (29), mais sans ses occupants. A l’intérieur sont retrouvés un blouson et un chéquier du médecin. L’alerte est donnée, une enquête pour disparition inquiétante est ouverte : la famille Godard s’est volatilisée !
Des témoignages sont alors recueillis : parmi eux, celui des douaniers qui, le jeudi 2 septembre, au cours d’un contrôle de routine, aperçoivent l’un des enfants assoupi dans le bateau. D’autres témoins confirment que le Nick se trouvait à Bréhec (22) entre le 2 et le 5 septembre : Yves Godard est formellement reconnu par la vendeuse auprès de laquelle il est venu acheter des gaufres le 3 septembre, avec ses enfants.
Les gendarmes retrouvent la voiture d’Yves Godard, un Combi Volkswagen dans lequel ils trouvent de larges traces de sang et des doses de morphine. Le mercredi 8 septembre, de nombreux indices sont retrouvés dans la maison familiale à Tilly-sur Seulles dans le Calvados : là aussi, les gendarmes découvrent d’importantes traces de sang dans la chambre du couple, la salle de bain et le salon. Le sang prélevé dans la voiture et dans la maison est identifié comme étant celui de Marie-France Godard.
La mer va aussi livrer des indices : on retrouve le jeudi 16 septembre un gilet de sauvetage appartenant au voilier Nick et, le jeudi suivant, son radeau de survie pneumatique, le toit de toile du radeau étant découpé. Ces deux découvertes sèment le trouble chez les enquêteurs français et l’hypothèse de la fuite du médecin après l’assassinat de son épouse apparaissent plausibles. Quatre mois plus tard, le 16 janvier 2000, un sac de toile est remonté par le chalut d’un pêcheur au large de l’île de Batz. Il contient de nombreux effets personnels appartenant à toute la famille : des vêtements, les permis de conduire du couple Godard, les cartes grises de leurs deux véhicules, des chéquiers et le sac à main de Marie-France Godard avec tout son contenu. Il y a aussi, des jumelles et un marteau;
Le 6 juin 2000, un coquillier remonte un fragment de crâne qu’il ne conserve pas, puis un crâne entier : l’expertise ADN de ce dernier révèle qu’il s’agit de celui de Camille Godard. Les enquêteurs accréditent alors la thèse du naufrage, accidentel ou non. Le 13 septembre 2006, à 70 km au nord de Roscoff, sont découverts un fémur et un tibia, des ossements appartenant à Yves Godard. La confirmation de la mort du docteur Godard éteint l’action publique à son encontre. Le mystère de la disparition de Marie-France Godard, dont le corps n’a jamais été retrouvé, perdure. Quant à la mort du docteur Godard et de sa fille Camille, ainsi que celle très probable de Marius, concluraient à un meurtre intrafamilial suivi d’un suicide maquillé en naufrage, sachant qu’à plusieurs reprises des cartes au nom de Yves Godard (des cartes de crédits et une carte professionnelle) ont été retrouvées sur la plage de la Chapelle, sur l’îlot principal des îles des Ebihens (22) à partir de 2001…
Que ce soit dans la presse écrite, à la télévision, au cinéma ou encore en BD, les faits-divers ont la cote. La fascination pour les crimes ne faiblit pas. C’est une attirance et une curiosité étonnantes : peut-être aussi la peur de la proximité, car cela peut arriver à tous, un jour. On continue de parler de ces grandes énigmes, car le mystère continue et qu’il est toujours alimenté.
Les lecteurs aiment frissonner, s’interroger tout en différenciant la curiosité et le voyeurisme. A travers ces affaires criminelles, Pascal Bresson cherche à savoir, à comprendre quels mécanismes ont animé tel ou tel criminel, comment réussir à remonter une histoire où d’un seul coup l’Homme perd pied au point de commettre un acte fatal. Disparus, L’affaire Godard est un documentaire-BD, qui a réuni un maximum d’ingrédients, et qui sera certainement apprécié par un large public !
Portrait de Pascal Bresson
Pascal Bresson est né le 22 décembre 1969 à Reims dans la Marne. Enfant, il se passionne pour le dessin. En découvrant les enquêtes de Ric Hochet dessinées par Tibet dans le journal Tintin, il pense devenir dessinateur “quand il sera grand” ! A l’âge de 12 ans, soutenu par ses professeurs dessinateurs André Gascard allias Tibet, René Follet allias Ref et Mohamed Aouamri, il réalise son rêve en dessinant pour un journal Canadien : 9e Art. A 17 ans, il devient illustrateur d’articles de presse pour le quotidien régional L’Union.
En 1994, il publie une histoire de cinq planches dans le journal A Suivre. Il remporte quatre fois le concours d’affiche du Cirque Européen de Reims et se spécialise dans l’illustration jeunesse. Il publie de nombreux ouvrages chez de nombreux éditeurs tels que Hemma, Tournesol, Syros, Magnard, Ouest-France, Terre-Neuvas… C’est dans ces années 1990 que l’auteur s’installe à Saint-Malo et qu’il réalise plusieurs œuvres mettant en scène l’Histoire de la Bretagne
En 2000, il rencontre l’amitié de Nicolas Hulot et connaît le succès avec sa série Poulpia, la petite pieuvre écologique. Ami également avec Denis Seznec (le petit fils de Guillaume Seznec), il réalise en 2010, trois séries BD aux éditions Glénat sur : L’Affaire Seznec intitulé Malheur à vous, jurés bretons ! avec Guy Michel au dessin ; L’Affaire Dominici avec René Follet au dessin ; et Ushuaïa ou les aventures de Nicolas Hulot avec Curd Ridel au dessin. Pascal Bresson reçoit le prix de Vigneux-sur-Seine (91) pour l’ensemble de sa carrière.
En 2013, Pascal Bresson réalise Eko-Eko, un ouvrage pédagogique, pour sensibiliser à l’écologie. Il s’attèle ensuite à la création d’une série sur Corentin Carré (1900-1918) le plus jeune poilu de la Grande Guerre, engagé à l’âge de quinze ans et nommé sergent à seize ans.
Les oeuvres se suivent : avec en 2015 : la trilogie Entre Terre & Mer ; avec le chalutier naufragé Bugaled Breizh en 2016 : en 2017 l‘Oiseau Blanc, s’inspire de l’histoire d’un biplan disparu 90 ans plus tôt, en 1927. En 2018, l’auteur publie Elle s’appelait Sarah et Simone Veil – L’immortelle.
En 2020, Pascal Bresson s’inspire des Mémoires de Beate et de Serge Klarsfeld, des chasseurs de nazis. Il leur rend hommage dans un livre titré Un combat contre l’oubli. Après la publication du livre, Pascal Bresson est victime de certaines menaces, mais l’ouvrage reçoit cependant le prix littéraire des lycéens, apprentis et stagiaires de la formation professionnelle.
Samuel Figuière est parti en Belgique étudier la bande dessinée, après son baccalauréat à l’école Saint-Luc de Bruxelles. Il a ensuite suivi une formation avec l’auteur illustrateur Yann Valéani du Zarmatelier à Marseille (13). Passionné par l’écriture et le dessin, il est à la fois scénariste, dessinateur et coloriste. Il a collaboré à une adaptation du Roman de Renart et à participer à plusieurs adaptations des romans de Jules Verne, avant de se lancer dans des projets plus personnels. En 2016, il publie La voie des chevriers : l’album retrace le parcours d’un couple de paysans devenu bergers.
Béatrice Merdrignac est professeur de Lettres et enseigne le Français Langue Etrangère à l’université du Havre. Elle y anime aussi un atelier d’écriture de nouvelles noires et policières. Egalement auteure, elle a écrit Mémoires du France, l’équipage témoigne paru aux Editions du Havre de Grâce, un ouvrage documentaire récompensé par un prix de l’Académie de Marine en 2014. Béatrice Merdrignac a participé au 500e anniversaire du Havre en écrivant les textes documentaires parus aux éditions Petit à Petit. Depuis, elle poursuit l’aventure avec cette maison d’édition normande en sillonnant la France pour collecter l’histoire d’autres villes. Avec deux romans noirs, elle a été est lauréate 2006 du Prix des nouvelles du Polar à la Plage.