Les malouinières sont un patrimoine unique en Ille-et-Vilaine. Un ensemble de vastes demeures de plaisance construites aux XVIIe et XVIIIe siècles par des négociants et des armateurs de la commune de Saint-Malo. Leurs riches propriétaires souhaitaient en faire des maisons de campagne. Des balades pour en savoir plus au sujet de ces magnifiques demeures sont organisées à travers différentes offres : circuit vélo, visite d’une malouinière en extérieur ou/et en intérieur. La Malouinière de la Chipaudière accueille le public cet été pour une visite exceptionnelle.
Les épopées maritimes de Saint-Malo prennent leur envol aux cours des guerres sous le règne du roi de France Louis XIV, le Roi Soleil. Les conflits entre nations et les richesses de Terre-Neuve enrichissent les corsaires malouins. Saint-Malo devient le premier port de France par le nombre de ses navires et la richesse de ses armateurs qui fondent la Compagnie Malouine des Indes. Les célèbres corsaires sont porteurs de « la lettre de marque », signée par le roi. Ils sont : Robert Surcouf, René Duguay-Trouin, René Auguste de Chateaubriand, Jacques Cartier, etc. Il y a trois siècles les malouinières, appelées à l’époque malouines, étaient le symbole de cette richesse bretonne.
On totalise 112 malouinières à Saint-Malo. Ces riches demeures d’armateurs et corsaires du roi de France avaient pour particularité d’être construites à la campagne, car leur rôle était de servir de lieu de repos à ces personnages puissants, en affirmant leur réussite. La plupart des malouinières ont été construites dans un rayon de 15 kilomètres autour de Saint-Malo. Les corsaires se sentaient un peu à l’étroit dans l’intra-muros de Saint-Malo, la raison pour laquelle ils décidèrent de construire ces vastes habitations de plaisance, à proximité du port. Beaucoup se situent dans le Clos-Poulet, l’arrière-pays de Saint-Malo.
C’est le granit de l’île de Chausey, au large de Granville (50), qui est utilisé pour la construction des malouinières. Leur architecture est massive et austère et se définit par plusieurs spécificités. Parmi elles, leurs constructions ne sont réalisées que sur deux siècles (entre 1650 et 1730), les toits sont hauts à pentes raides et les cheminées effilées servent de maintien pour les pignons et la bâtisse possède forcément une partie jardin à la française. La symétrie est également très militaire de style Vauban, avec une façade dite mineure et une autre majeure, recouvertes de crépi blanc pour lutter contre l’humidité et le sel de mer. La façade d’entrée se situe quant à elle au nord, nord-ouest et le jardin au sud-est et les ouvertures sont alignées.
À l’intérieur, le mobilier est fait en matériaux nobles, les boiseries sont sculptées et les tapisseries et toiles peintes sont autant de souvenirs provenant du commerce des Indes ou d’Amérique.
Aujourd’hui, les malouinières sont des résidences privées, mais certaines sont toutefois ouvertes à la visite une grande partie de l’année, principalement lors des journées du patrimoine. C’est le cas pour la malouinière de la Chipaudière, accessible au public cet été.
Elle est une maison de famille depuis 380 ans. Construite au début du XVIIIe siècle pour François Auguste Magon de La Lande, un influent armateur malouin, cette très belle demeure appartient toujours à ses descendants. De père en fils, les Magon ont contribué à l’essor économique et maritime de la France, en transportant dans leurs voyages, des tissus, des épices et du bois.
Aujourd’hui, Chloé Magon de La Giclais la propriétaire des lieux, ainsi que la guide Marie-Liesse accueillent gentiment le public et leur dispensent renseignements et explications avec beaucoup d’enthousiasme et de plaisir. Au cours de la visite intérieure, le public pourra profiter d’admirer une très belle robe à la française en indienne, probablement des années 1770, un trésor retrouvé dernièrement dans le grenier de la bâtisse. A la Chipaudière, le miel aussi est une histoire de famille ! La Malouinière gère une trentaine de ruches sur place mais aussi dans quelques autres Malouinières. Les abeilles produisent un miel de qualité, 100% malouin. Une dégustation de miel est proposée pour clore la rencontre.
Cet été 2023, trois visites par jour sont proposées : à 10h30, 14h30 et 16h30.
Également visitable, la Malouinière de La Motte-aux Chauff à Saint-Coulomb est l’une des premières malouinières construite en 1680. Son architecture est classique à trois travées. Dans le jardin, on rencontre de belles allées d’arbres et un chêne multicentenaire. Le jardin et le potager à la française sont en cours d’aménagement.
Pour les groupes, il est possible d’organiser une visite sur rendez-vous au 02 99 89 48 60.
Quant à la Malouinière de Montmarin, elle a été construite en 1760 mais transformée en 1782 en port et chantier naval où travaillaient 1200 personnes. Cette activité s’arrête avec l’arrivée de la vapeur en 1840. Le Montmarin redevient un jardin d’agrément avec des collections botaniques et un plan d’eau de plus d’un kilomètre de large. C’est la seule malouinière sur la rive gauche de la Rance. Ses jardins se composent de deux parties : le jardin à la française et le jardin romantique de 1885 avec ses bosquets, ses pelouses et ses massifs qui descendent jusqu’au fleuve côtier par quatre plans de terrasses successifs.
Présentation de l’activité du chantier naval du 18ème siècle dans le Pavillon au menu filain. Jardins classés :Jardins Remarquables. Domaine du Montmarin : visite du jeudi 3 au mardi 15 août 2023 : Journées des Agapanthes de 14h à 19h.
Infos pratiques :
Le circuit des malouinières traverse les communes de Saint-Malo et Saint-Coulomb sur 15 kilomètres. Il met en valeur les maisons de campagne des armateurs, spécificité du patrimoine local.
Contact : Office de tourisme, Espace Saint-Vincent à Saint-Malo (35) : 02 99 56 66 99