Une sympathique Saint-Patrick à Rennes

Patrick est-il le saint le plus cool de toute la chrétienté ? Suffisamment, à Rennes, pour le 17 mars supplanter le Saint-Michel et la très Sainte-Anne. L’occasion fait le biberon : comme le pauvre Sylvestre, Patrick remplit plus les fûts de Guinness que sa vocation religieuse originelle. Amen, et Sláinte !

 

Saint Patrick RennesOn l’appelle Patrick ou Patrice, mais aussi, pour les plus volubiles, Maun Succat. Patoche, pour les intimes (ne se tolère, et encore, qu’après la trois ou quatrième pinte de Guinness ou de Murphy’s). On le fête le 17 mars. Un peu partout dans le monde, en Irlande bien entendu, mais aussi aux États-Unis, au Canada, en Argentine, entre autres. À Rennes ? Pour voir les choses en grand, le Liberté proposait un Celtic Show le 5 mars et le jour même un concert du galicien Carlos Núñez. Les associations, comme Bretagne Irlande ou Majig Set, n’organisaient rien pour le 17 mars. Mais des soirées sont prévues ce week-end à base d’Irish Stew, de danses et musiques traditionnelles. Dans la capitale bretonne, mieux valait la jouer à l’irlandaise et recréer un Temple Bar fictif. Petite cartographie rapide du centre-ville : commencez au Shamrock, continuez vers l’intimiste Kilkenny’s Pub, remontez, d’une démarche encore maîtrisée vers le O’Connell’s, place du Parlement, flânez gentiment jusqu’au Westport Inn, glissez au Oan’s Pub, titubez méchamment jusqu’au Fox and Friends, testez ses capacités sur le physionomiste pour tenter, peut-être, de terminer au Pub Gallery.

Saint Patrick RennesEn soirée, parfois, on se retourne, un ami a disparu, on arrête le groupe. Le 17 mars, on pouvait se dire : mais où est Patrick ? Where’s Waldo ? Excusez-moi, vous n’auriez pas vu un homme portant une grande barbe blanche, coiffé d’une mitre et muni d’un sceptre ? Il se pourrait, dirions-nous à la police, qu’il prononce des sortes de poèmes qui ne font nullement partie d’une performance organisée pour le Printemps des Poètes : Je me lève aujourd’hui
Par une force puissante,
L’invocation de la Trinité,
La croyance en la Trinité,
La confession de l’unité
Du Créateur du monde.

Ce début de la prière de Saint-Patrick nous ramène au fait que la fête est religieuse, du moins au départ. Cet homme, né vers l’an 385, est connu pour avoir évangélisé l’Irlande et expliqué le concept de Trinité à l’aide d’un trèfle (d’où le symbole et les chapeaux décoratifs sponsorisés par Guinness). Au XXe siècle, avec l’indépendance d’une partie de l’île, le gouvernement de l’Irlande décide, particulièrement à partir des années 90, de faire du 17 mars une occasion de faire connaître la culture irlandaise et d’entretenir l’irishness. La date pouvait permettre une pause durant le Carême : désormais, de manière générale, le break vire au spring break.

La sainteté semble appartenir à Shane Patrick Lysaght MacGowan, le chanteur autrefois édenté des Pogues. Et à la musique traditionnelle où, dans les pubs, en Irlande, tout le monde, peu importe l’âge, participe. 3 pintes de Guinness, un chapeau offert : résultat, des leprechauns se baladent dans la ville en dansant d’incertaines gigues. Un nouveau drapeau tricolore flotte au vent. Les étudiants Erasmus venus d’Irlande se rassemblent. L’ambiance est bonne, bon enfant, l’heure effectivement au rassemblement. Peu importe, peut-être, que cette fête en ait remplacé une autre. Le rituel demeure. Rennes, such a dirty old town !

 

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