Une expérience est menée à Sarzeau dans le Morbihan. Professeure à la retraite, Marie-France Quenouille a formé sa chienne de race Golden Retriever, prénommée Roxane, à aider les enfants à lire à voix haute sans appréhension et à s’exprimer plus facilement. L’expérience, encore au stade de balbutiements en France, est très convaincante aux États-Unis.
Le chien est le meilleur ami de l’Homme, pour lequel il est si dévoué ! Au-delà de son simple et premier rôle d’animal de compagnie, il nous épaule dans de nombreux domaines professionnels : chiens d’assistance médicale, chiens de recherche de personnes disparues (armée, gendarmerie, police), chiens employés en justice (pour les fouilles, les douanes) et même en médecine thérapeutique. Les vertus apaisantes et rassurantes des chiens accompagnent de nos jours les enfants dans leurs apprentissages à la lecture, une nouvelle mission !
En 2017, une étude menée à l’université Tufts dans le Massachusetts aux États-Unis a démontré que les aptitudes des enfants qui lisaient à voix haute devant des chiens auditeurs étaient en forte augmentation. En douze séances, l’équipe de la médiathèque a vu s’accomplir des progrès inespérés. Depuis, à Chicago dans le Minnesota, une des plus grandes villes des États-Unis, mais aussi dans l’Iowa, différents programmes proposent aux enfants, dans les bibliothèques, de faire la lecture à voix haute. Plutôt qu’un adulte pour juger de la rapidité de déchiffrage et des erreurs commises par les enfants, c’est un chien qui écoute la lecture. L’enfant a moins de timidité, moins de gêne et perd son appréhension à lire devant l’animal, qui pour le coup devient un thérapeute.
À Chicago, le programme avec des chiens de race Lévriers s’appelle Paws to Read et Read to a Dog dans l’Iowa. Avant d’être opérationnels auprès des jeunes lecteurs, les chiens suivent un programme d’entraînement pour être à même de les écouter attentivement. Le résultat est bluffant ! Les enfants n’ont alors plus peur de se lancer, et tant pis s’ils se trompent de mot ou s’ils mettent un certain temps à le prononcer, ce n’est pas le chien qui va les réprimander, ni les juger. Il est là pour les écouter ! Ce programme de lecture, de nos jours, est si prisé partout en Amérique, que certains chiens sont retenus plusieurs mois à l’avance.
À Sarzeau, Marie-France Quenouille, professeure d’anglais à la retraite, est convaincue des bienfaits de cette méthode d’apprentissage à la lecture. Au début de sa retraite, alors qu’elle vit encore en Seine-Saint-Denis, elle s’inscrit dans l’association Lire et faire lire, pour laquelle elle aide des collégiens de 5e et 4e en grande difficulté. Passionnée par la grammaire, la prononciation et l’énonciation, c’est en lisant un article en 2011, qui relate une expérience menée aux États-Unis dans une école de Washington, qu’elle a l’idée de se lancer dans l’aventure de cette méthode pédagogique hors du commun avec Tara, sa chienne de l’époque. Aujourd’hui avec Roxane, sa chienne Golden Retriever de même race que Tara, elle aide les enfants à lire à voix haute sans appréhension et à s’exprimer plus facilement. Ces derniers peuvent buter sur chaque mot sans craindre d’être jugé. Roxane conserve toujours son attitude bienveillante.
Les initiatives personnelles et bénévoles de Marie-France Quenouille lui ont valu d’être contactée par une employée de l’Agence nationale de la recherche (ANR) qui étudie la médiation canine en milieu scolaire et plus encore auprès des enfants qui rencontrent des difficultés scolaires. Une réflexion est en cours avec la médiathèque de Sarzeau qui pourrait accueillir l’enseignante retraitée avec Roxane pour des séances de lecture avec les écoliers de la commune, dès janvier 2024. Marie-France Quenouille déplore cependant les années de retard de notre pays concernant cette pratique, car seulement quelques établissements scolaires française l’expérimentent en France. Toutes les races de chiens de toutes tailles conviennent à cet apprentissage, à l’exception des chiens très nerveux.
Peut-être que les plus anciens d’entre nous se souviennent des méthodes proposées par les instituteurs français des années 1960/70 à leurs élèves de l’école primaire ? Ils les encourageaient à réviser leur récitations, à s’entraîner à parler à voix haute devant une glace. L’objectif était le même qu’aujourd’hui : celui de vaincre la timidité et les appréhensions, avant de se retrouver debout devant le tableau noir et la classe toute entière. La méthode était aussi testée devant une poupée ou l’ours en peluche préféré de l’enfant.
Pour plus de renseignements :
Médiathèque Marie Le Franc – Centre Culturel L’Hermine, rue du Père Coudrin à Sarzeau (56)
02 97 48 29 42