Une figure du jeu vidéo s’est éteinte : Satoru Iwata. PDG du groupe mythique Nintendo, le président est décédé d’un caner à l’âge de 55 ans. Sa mort marque les esprits du monde du gaming qui regrette déjà un dirigeant atypique.
Il était le premier président de Nintendo « non-héritier » du fondateur Fusajiro Yamauchi. Choisi en 2003, Satoru Iwata incarnait le renouveau et la réussite du groupe japonais. Figure respectée par les gamers et reconnue par ses pairs, il est finalement décédé d’un cancer à l’âge de 55 ans. Il laisse derrière lui une image d’excellent dirigeant, créatif, impliqué dans l’entreprise et proche de ses salariés.
Les différents sites consacrés aux jeux vidéo et de la communauté gaming ont rapidement été submergés de milliers de messages et d’hommages à cet homme, PDG de la plus emblématique multinationale du jeu vidéo. Les geeks du monde entier ont relayés leurs messages de condoléances via les réseaux sociaux. Une chose assez rare tant de nombreux dirigeants de cet univers peuvent être décriés par les fans et leurs (trop ?) grosses attentes. Une reconnaissance et des hommages qu’il doit à sa personnalité et à son parcours singulier.
Monsieur Iwata était avant tout un fan absolu de jeu vidéo et l’est resté même en devenant dirigeant. Il aimait ainsi à dire « Sur ma carte de visite, il est écrit “PDG”. Dans ma tête, je suis un développeur, dans mon cœur, je suis un joueur ». Cette passion qu’il disait ne pouvoir assez assouvir lui a indéniablement accordé une bonne cote de popularité et lui permettait de ne pas être “en décalage” avec ce public exigeant : mais ce n’était pas sa qualité la plus importante dans ce milieu. Le dirigeant de la firme de Kyoto était un expert de son monde car il est resté toute sa vie un développeur de qualité. Il s’agissait en effet pour lui d’une passion précoce. Ainsi, il a comme beaucoup de futurs développeurs, commencé à programmer sur des calculatrices programmables. Il finira major de sa promo dans ce domaine et s’y est lancé directement, conscient du potentiel de l’informatique. Il est devenu pour de nombreuses personnes « un génie de la programmation ». Il était donc un expert de l’industrie qu’il dirigeait, ce qui peut sûrement expliquer la réussite de l’entreprise sous sa direction, du moins au début.
Un an après son accession à la tête de l’entreprise nippone il va lancer l’un des plus grands succès de la firme : la Nintendo DS. C’est une réelle révolution dans le monde du jeu vidéo. La console portable est l’un des premiers appareils à utiliser le tactile et s’impose comme un des produits phares des années 2000 avec plus de 150 millions de vente au-dessus du précédent succès de la marque : l’iconique Game Boy, symbole de toute une génération de gamers. Avec une autre console dans la même veine, la Wii, il va même arriver à quadrupler les bénéfices de son entreprise.
Cette réussite tant sur le plan financier que sur le plan critique est due à la nouvelle stratégie décidée par Satoru Iwata. Ce dernier a en effet repensé tout le positionnement de la société : pour se démarquer des 2 autres grands concurrents Sony et Microsoft, il décide de se concentrer sur l’aspect ludique. Tous les jeux sont pensés dans cet aspect afin de cibler toutes les catégories d’âge. Une philosophie qu’on retrouve dans les jeux phares pensés pour la convivialité, notamment Mario Kart. Il attire ainsi de nombreux nouveaux consommateurs séduits par la facilité de la prise en main des consoles : cependant, il ne peut concurrencer les autres consoles et attirer certaines franchises attrayantes que ses consoles ne peuvent pas supporter. C’est l’un de ses premiers échecs. Échecs qui se sont quelque peu accumulés ces dernières années.
En effet si cet homme a redressé l’entreprise et l’a rendue florissante, il a semblé perdre la recette au tournant des années 2010. Il a en effet tout d’abord raté le marché du jeu sur smartphone. Sa politique de rejet de cette nouvelle plateforme qui cartonne pourtant a pénalisé la compagnie, il a donc dû changer de cap et annoncer une ouverture dans ce domaine. L’échec de la nouvelle version de la Wii, la Wii-U, qui n’a jamais su trouver son public, a aggravé la position de l’entreprise face aux consoles nouvelles générations de ses concurrents.
Mais là où de nombreux dirigeants auraient éludé ou rejeté la responsabilité de ces échecs, ce président atypique a assumé et pris des mesures concrètes. Il a ainsi affirmé qu’il ne licencierait pas les développeurs pour qu’aucun d’entre eux ne se sentent sous pression et produisent des jeux de mauvaise qualité. Il a surtout pris la décision exceptionnelle de réduire son salaire par deux pendant 5 mois. Un président atypique on vous disait.
Sa disparition à un âge prématuré laisse un grand vide dans cette communauté soudée du jeu vidéo. Cette figure respectée a reçu un nombre incalculable d’hommages sur internet par des fans mais aussi par ses différents concurrents. Il a tracé la route de Nintendo. Le challenge sera grand pour son successeur qui devra faire preuve de créativité sur un marché ultra concurrentiel et qui aura bien sûr du mal à remplacer une personnalité telle que Monsieur Iwata.