Le Salon des Expérimentations et Innovations Solidaires revient à Rennes les 9 et 10 octobre 2019 pour sa quatrième édition (SEIS#4). Cet événement est organisé par ASKORIA, une école bretonne qui propose un large panel de formations professionnalisantes dans le travail social. Le salon – gratuit pour les visiteurs et les exposants – a lieu dans les locaux de l’antenne rennaise au 2, Avenue du Bois Labbé. Le SEIS#4 a pour objectif de « contribuer à l’exploration de ce que seront les solidarités de demain, de préparer les futurs professionnels à l’invention de nouvelles réponses et au traitement des nouvelles questions posées par le vivre-ensemble. »
Les 9 et 10 octobre 2019 un village des exposants réunira plus de 50 stands, 34 temps de rencontres autour de projets innovants (mini conférences), 14 ateliers, 4 tables rondes, 2 films, 1 émission de radio et 1 exposition pour répondre à la curiosité légitime de tous les visiteurs. L’énergie qui fédère tous ces citoyens à Rennes est fondée sur le partage autour des versants suivants : la culture, l’entrepreneuriat social, handicaps, numérique, l’emploi, la formation, l’insertion, l’accès aux droits, la citoyenneté et la participation, des personnes âgées et l’intergénérationnel, ou encore, la santé et du bien-être. Aussi le SEIS#4 constitue-t-il une opportunité sans égale d’explorer la galaxie de l’économie sociale et solidaire (ESS) puisque la majorité des structures présentes inscrivent leurs activités en son sein.
Malgré une reconnaissance législative récente (loi du 31 juillet 2014), l’Économie Sociale et Solidaire existe depuis les années 80. Associant organisme social et initiative économique, elle régit par des principes fondamentaux tels que l’égalité, le partage et la démocratie et regroupe six grandes familles : associations, coopératives, mutuelles, fondations, organismes d’insertion, structures du commerce équitable. L’ESS constitue une autre façon de concevoir l’économie et tente de répondre aux problématiques sociétales contemporaines : la protection de l’environnement, l’emploi, le développement économique dans les territoires, la santé et l’égalité des chances. L’ESS permet de définir une organisation nationale et régionale, favorise le travail avec les pouvoirs publics et ouvre la voie à de nouveaux financements. Des structures comme Réso Solidaire (pour ne citer qu’un grain de sable dans l’océan !) à Rennes montent des projets utiles à un territoire, à des usagers ou à la société, à travers de modes de gestion démocratiques et participatifs.
Entièrement gratuit pour les exposants, comme pour les visiteurs, ce Salon des Expérimentations et Innovations Solidaires est coordonné depuis trois ans par Marion Eslinger, salarié d’Askoria. Pour se faire aider dans l’organisation du salon, Marion sollicite chaque année des étudiants et des formateurs d’Askoria afin qu’il intègre le « staff », une petite équipe qui aide à la préparation du salon et qui veille à ce que tout se passe bien sur les deux journées. Etudiant en troisième année d’éducateur spécialisé, Antoine Leroyer fait partie de cette équipe. Unidivers est allé à la rencontre d’Antoine et de Marion pour en savoir plus sur les raisons d’être de ce salon. Ainsi que pour se rendre compte quels projets concrets et palpables se cachent derrière « expérimentations et innovations solidaires« .
Unidivers – Tout d’ abord, que signifie « expérimentations et innovations sociales et solidaires » ? J’imagine que les appropriations de tels concepts sont variées d’une personne à une autre…
Marion Eslinger et Antoine Leroyer – Pour moi, l’innovation sociale, c’est l’envie de couvrir des besoins non-couverts sur un territoire, en inventant des nouvelles formes de réponses. Afin de répondre aux besoins actuels des citoyens, il existe un éventail de réponses, qu’elles soient associatives ou ordonnancées par l’Etat, qui correspondent plus ou moins à des besoins, mais qui, de toutes façons, ne sont pas exhaustives. L’innovation sociale regroupe des personnes, des collectivités et des entreprises qui tentent d’apporter de nouvelles solutions, toujours avec l’idée de créer du lien social afin d’améliorer le « vivre ensemble ».
Par exemple, cette année, le CCAS du pays de Morlaix est présent au salon avec un projet qui s’intitule « Roul’paniers« . Ses membres se sont simplement rendus compte que nombre de personnes n’avaient pas accès à des épiceries à cause de leur éloignement géographique. Aussi ont-ils décidé de mettre en place une tournée quotidienne pour venir en aide à ces personnes. Au delà de l’utilité de ce petit « camion-épicerie », il nous rappelle agréablement la tournée des boulangers et des laitiers naguère dans nos campagnes. Aller à la rencontre des habitants, leur offrir dix minutes de contact et d’échanges qui contribuent à diminuer leur sentiment d’isolement.
Autre exemple, l’année dernière, une structure qui s’appelle Globe conteur était présente sur le salon. Celle-ci recueille, grâce à des vidéos face caméra, des témoignages de personnes âgées qui ressentent le besoin de s’exprimer avant de disparaître. Et nous, si nous sommes des travailleurs sociaux qui travaillent avec des personnes âgées, nous pouvons créer du lien entre les personnes que nous accompagnons au quotidien et ce type de structures.
Quand on travaille dans l’innovation sociale, on ne réinvente pas forcément la poudre, mais disons que nous la réorganisons en fonction des besoins actuels. Autrement dit, l’innovation sociale, ce n’est pas toujours la nouvelle application qui vient de sortir, même si parfois il est nécessaire de faire appel aux nouvelles technologies pour mettre en place ce que nous avons envie de créer.
Unidivers – Comment est née l’idée de ce Salon des Expérimentations et Innovations Solidaires ?
Marion Eslinger – C’est le souhait politique des administrateurs d’Askoria. Montrer au public une fois par an les innovations sociales sur les territoires. La première édition du Salon des Expérimentations et Innovations Sociales et Solidaires a eu lieu en janvier 2016 puis, dès la deuxième édition, elle s’est déroulée en octobre (octobre 2017 – octobre 2018). La quatrième édition se déroule les 9 et 10 octobre 2019.
Unidivers – Quels sont les objectifs de ce salon ?
Marion Eslinger – Tout d’abord, il permet la mise en relation entre les étudiants, les formateurs et des professionnels qui agissent sur le terrain. Il offre également la possibilité à ces professionnels de découvrir Askoria sous un angle différent et à nos étudiants de se rendre compte qu’il existe d’autres moyens que le parcours très scolaire et formel de se former et d’alimenter leur réseau. Il faut en effet garder en tête qu’Askoria est une « grosse machine » qui emploie plus de 250 salariés et forme 10 000 étudiants par an sur 5 sites différents ( Lorient, Morlaix, Rennes, Vannes-Saint-Avé et Saint-Brieuc). Ensuite, ce salon est une mise en lumière des différentes solidarités portées par des individus et des structures.
Le SEIS#4 est une opportunité concrète pour tous les exposants d’être vus, soit par le biais de stands, soit par le biais de minis conférences, d’ateliers, etc. Et cela, quelque soit le statut des exposants. Nous accueillons des collectifs qui n’ont pas encore de statut particulier, mais aussi des entreprises, des associations, des fondations et des collectivités territoriales. Pour être présent sur le salon, l’unique clé d’entrée est celle des solidarités et de l‘innovation sociale. Ce salon est également différent de ceux des autres années dans le sens où nous avons légèrement modifié son organisation. Pour cette 4e édition, nous proposons un salon qui se déroule sur deux journées complètes, mais seule la journée du 10 est ouverte au public. La journée du 9 octobre sera réservée à la rencontre entre les exposants. Sauf le soir où une pièce de théâtre ouverte à tous se jouera.
Nous avons souhaité réserver la journée du 9 aux exposants afin qu’ils prennent le temps de venir s’installer. Nous leur avons même organisé un temps de rencontre entre eux. C’est à dire qu’en amont, nous avons préparé pour chaque structure un petit carnet de bal dans lequel nous leur conseillons d’aller à la rencontre de telle ou telle structure en fonction soit d’affinités des projets, soit de liens géographiques ou économiques. Par exemple, si nous savons qu’untel a besoin de lever des fonds, ce petit carnet le guide pour aller à la rencontre de potentiels financeurs.
La dernière ambition du SEIS#4, c’est aussi de susciter la curiosité et l’engagement des étudiants, comme simples citoyens. Le salon a également cette vocation-ci que de pousser chacun à se dire « et si finalement moi, à mon échelle, en ne m’engageant rien qu’un tout petit peu, je pouvais contribuer à améliorer quelque chose… » Ainsi, le salon permet cette réflexion autour de l’engagement et se donne comme objectif de réveiller la fibre citoyenne chez chacun.
Unidivers – À qui s’adresse ce salon ?
Marion Eslinger – Dans les faits, sur les quelques 2500 visiteurs que nous avons reçu l’année dernière, une grande majorité étaient des étudiants, issus d’Askoria ou d’ailleurs. De nombreux professionnels du secteur médico-social et un grand nombre de personnes sensibilisées à la question de l’économie sociale et solidaire, étaient également présents. Cette année, en plus, un groupe d’une soixantaine d’étudiants de la Rennes School of Business viendra découvrir le salon afin d’en savoir plus sur l’économie sociale et solidaire. Des personnes du département du Doubs (Région Bourgogne-Franche-Comté) seront également présents afin d’en apprendre davantage sur l’innovation sociale.
Antoine Leroyer – Nous aimerions que des personnes hors du circuit du travail social viennent découvrir les propositions du salon. Un vrai défi. En effet quand on organise une conférence sur l’écologie, ce sont majoritairement des personnes déjà sensibilisées à l’écologie qui y assistent. De même le SEIS#4 va regrouper des structures du social et des étudiants du social. Pour autant ce salon est avant tout un vivier des solidarités qui propose des thématiques accessibles à tous. Je lance donc ici un appel à tous les curieux qui souhaitent en savoir plus sur les questions de solidarités, du médico-social, de l’égalité homme-femme, etc.
Unidivers – Comment choisissez-vous les participants à ce salon ?
Marion Eslinger et Antoine Leroyer – Nous avons déjà un classeur de demandes pour l’année prochaine. Le plus souvent les structures retenues travaillent sur des thématiques importantes à mettre en lumière. Chaque année, nous essayons d’aller explorer des champs que nous n’avons pas encore traités. Cette année, nous accueillons plusieurs exposants autour du milieu carcéral et de la petite enfance.
En outre nous travaillons à ce que l’ensemble des départements bretons soient à terme représentés sur le salon. Ce souhait guide aussi nos choix. Comme le salon est à Rennes et que nous sommes parrainés par la fondation parisienne « La France s’engage », de nombreux exposants rennais et parisiens seront présents, mais une partie de notre travail consiste à faire venir des structures des Côtes-d’Armor, Morbihan et du Finistère. Afin de brasser des territoires différents.
Pour rappel, le salon est totalement gratuit, pour les visiteurs comme pour les exposants. Les conférenciers ne sont pas rémunérés. L’objectif du SEIS#4 est de faire en sorte que chaque structure réussisse à trouver le format qui lui convient le mieux pour parler de son projet, sans que cela lui pèse trop, sans que cela ne lui coûte trop et sans que cela ne lui rajoute trop de travail. C’est un réel challenge que de réussir à jongler avec les créneaux que nous avons, les demandes des exposants et ce que nous, nous souhaitons voir sur le salon. Finalement, nous sommes fiers de pouvoir proposer cette année : 53 stands, plus d’une trentaine de créneaux de conférences et une douzaine d’ateliers. Tout ceci permet à plus de 75 structures différentes d’être présentes tout au long du SEIS#4.
Unidivers – Avez-vous des stands à conseiller à des visiteurs qui désirent en savoir plus sur l’économie sociale et solidaire ?
Marion Eslinger – Bien sûr. L’économie sociale et solidaire (ESS) en Bretagne est très développée et structurée à la fois. Il y a la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire, des pôles ESS, des incubateurs de projets collectifs qui s’appellent les TAGS dans chaque département breton, mais aussi France Active Bretagne qui aide aux financements ESS, des observatoires ESS régionaux ou, encore pas mal de coopératives d’activités et d’emplois qui se développent, comme Elan Créateur, par exemple. Tous ces acteurs du champ de l’accompagnement à l’ESS seront présents sur le salon. Y compris la France s’engage qui est la fondation de référence en France pour le soutien financier des projets en lien avec l’innovation sociale. Ensuite, de nombreuses structures présentes sur le salon ont elles-mêmes eu recours à des accompagnements proposés par les acteurs que j’ai précédemment cités. Par exemple, La Grenouille à Grande Bouche, le projet de coopérative funéraire à Rennes, ou encore, Au P’tit Blosneur, sont toutes des structures qui fonctionnent sur le modèle de l’économie sociale et solidaire et qui seront aussi présentes pour expliquer ce qu’elles font.
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Liste des exposants présents au SEIS#4 :
Les lauréats de La Fondation s’engagent ( « Quand un projet gagne le concours national La France s’engage, il intègre une promotion durant 3 ans, au sein de laquelle la France s’engage va leur donner les moyens financiers nécessaires, de 50 000 à 300 000 euros pour leur permettre d’exister, d’investir, d’embaucher ».)
La Fondation La France s’engage
Entourage
La Fabrique Opéra
Indigo
My Human Kit
ProxiDon
SOLAAL
Unis Cité
Wintegreat
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