Rennes. Succombez à la programmation du service culturel de l’université Rennes 2

man ray sexe interdit
© Man Ray, Lee Miller embrassant une femme, vers 1930. Paris, Centre Pompidou - Musée national d’art moderne

Le service culturel de l’Université Rennes 2 a récemment dévoilé sa programmation du second semestre de l’année 2023-2024. Le focus semestriel est dédié à la notion de désir, il se dévoilera à travers différents supports : expositions photo, théâtre et écriture.

Dès le mois de janvier 2024, l’Université Rennes 2 s’éveillera de nouveau après les vacances de fin d’année et commencera la nouvelle au rythme des propositions du service culturel du campus. Au second semestre, la programmation amènera les différents publics « dans un autre endroit d’un point de vue des sujets et des formes. La revendication est toujours présente, mais plus dans la poésie, la contemplation », souligne Sarah Dessaint, responsable du service culturel. Mais comme chaque saison, elle invite « à poser un regard attentif sur le monde et sur les êtres, à écouter nos sensations et nos aspirations », par le biais d’une programmation de qualité qui aborde des thématiques universelles. Parmi elles, le désir se voit offrir un focus qui traversera de différentes manières la deuxième partie de la saison 2023-2024.

Linda Tuloup
© Linda Tuloup

Le fil rouge déroulera sa bobine de janvier à avril 2024. Il s’acoquinera avec la thématique 2024 de la Nuit de la lecture ; le corps. Un atelier d’écriture et de mise en voix sur le thème du désir est ainsi organisé par Juliette Thomas avant une restitution vendredi 19 janvier à 13 h dans l’Agora. Les participants seront invités à explorer le corps par le biais du désir.

Du 15 janvier au 16 mars 2024, la Chambre Claire s’empare avec onirisme de la thématique avec l’exposition photographique Vénus de Linda Tuloup. « Linda Tuloup travaille sur la femme originelle, l’état premier du corps féminin et réalise des photos magnifiques. » L’exposition réunira deux séries de l’artiste : Brûlures, une série de polaroïds, et la série issue du livre Vénus, où mènent nos étreintes, réalisé en collaboration avec Yannick Haenel, Rennais d’origine, ancien étudiant de l’Université Rennes 2. « Ces textes ne sont pas des illustrations ou des commentaires, ils répondent aux photos de Linda », précise Sarah Dessaint. Il sera d’ailleurs l’invité d’honneur du festival littéraire Jardins d’hiver du 1er au 4 février 2024. Dans une scénographie innovante, le corps dénudé, revenu à l’état primitif, s’étale dans des clichés en noir et blanc avec sensibilité et sensualité, parfois avec le loup comme compagnon. La série plonge l’observateur dans des rêveries où le corps redevient sauvage. « On aimerait jouer avec le voilage et la transparence, la vision intérieure et extérieure », un module sera aussi installé au centre de la pièce.

Le jour de l’inauguration, jeudi 1er février 2024, Linda Tuloup et Yannick Haenel prendront la parole au Tambour et échangeront en toute intimité sur leur collaboration et leur perception de la thématique du désir.

Dans la valorisation des ressources et des compétences de l’Université Rennes 2, et dans le cadre des Mardis de l’égalité, le service culturel invite les historiens Fanny Bugnon et Pierre Fournié, mardi 30 janvier, à prendre la parole afin de discuter de leur ouvrage Le Sexe interdit, la sexualité des Français et sa régression, publié aux éditions de l’Iconoclaste en octobre 2022. À partir d’archives départementales et nationales inédites, le duo a construit une enquête sur la sexualité des Français et Françaises sur 10 siècles, soit du Moyen Âge à nos jours.

De manière étonnante et passionnante, Fanny Bugnon et Pierre Fournié plongent dans l’intimité de la population hexagonale par le biais d’entrées thématiques : « Le livre balaie toutes les questions qu’on peut avoir aujourd’hui sur ces sujets-là, que ce soit l’oppression du clergé, l’homosexualité, l’avortement, toutes ces questions relatives à la liberté des femmes ». L’ouvrage donne à entendre les voix du passé qui résonnent pourtant encore avec celles d’aujourd’hui.

Dans cette même logique, Manon Godet, en master littérature générale et comparée, exposera une série de photographies dans la mezzanine du Tambour, du 8 janvier au 16 février. Rendre la chair à la joie interroge notre regard, notre désir. « Ces photographies vous proposent un voyage au creux de ce désir, vers un autre, plus libéré, intérieur. Cette anatomie du regard nous entraîne sur un chemin aqueux à travers des bribes de l’histoire de l’art, du désir qu’elle sculpte », informe Manon Godet dans sa présentation.

Manon Godet
Absorbant © Manon Godet

Le service culturel de Rennes 2 rapproche également le focus de la création Concha, histoires d’écoute, conçue en 2021 par Hortense Belhôte et Marcela Satender Corvalàn. Le duo interroge le terme de « concha ». Ce coquillage que l’on trouve sur toutes les plages du monde représente le plus vieil instrument du monde, car caisse de résonance naturelle, mais signifie aussi une insulte qui renvoie au sexe féminin en espagnol. « À travers l’histoire de l’art, la conférence aborde les questions queers et féministes, sur comment la communauté a amené une autre manière d’appréhender et d’être à l’écoute et de quelle manière une certaine posture au monde a été déplacée par la communauté queer. »

En partenariat avec le festival Waterproof, la danse et conférence performée d’Hortense Belhôte et Marcela Satender Corvalàn sera suivie d’un DJ set de Gérald Kurdian. Une première dans le hall du Tambour que l’équipe a hâte d’expérimenter.

Concha waterproof
Concha, Hortense Belhôte, Gérard Kurdian et Marcela Santander Corvalàn © Fernanda Tafner

Le désir enflammera les planches de l’amphithéâtre du Tambour avec la pièce D’Amour et d’eau fraîche, deuxième partie d’un diptyque de la Compagnie Compagnie À Corps Rompus. Dans ce spectacle de forme légère, le metteur en scène Mickaël Bernard adapte un corpus de textes contemporains qui ne relèvent pas du théâtre afin de les mettre au plateau et explorer leur dimension poétique, rythmique et musicale. La comédienne Chloé Maniscalco habitera le texte par la puissance de son jeu. « Le choix des textes et des extraits est assez fort », précise Sarah Dessaint.

Enfin, il jaillira une dernière fois avec l’exposition collective et participative Autoportraits dénudés, du 11 mars au 26 avril 2024 dans le hall du bâtiment L. Les photographies ont été réalisées dans le cadre d’un projet autour du concept du nude, « nu » en français. Les membres du laboratoire ERIMITMémoires, Identités, Territoires (UFR LanguesUniversité Rennes 2) se sont donné comme objectif de réfléchir aux notions d’intimité et d’extimité. Ils et elles se sont penché.e.s sur ces autoportraits intimes que l’on envoie à l’élu de son cœur ou de son corps (ou les deux) afin de questionner la pratique et de comprendre ce qu’elle peut dire de notre société et de notre rapport au corps, au désir et de notre manière de l’exprimer. « L’appel à candidatures s’est fait dans un réseau assez fermé pour être certaines que les nudes viennent vraiment des personnes et soient consenties », informe-t-elle.

Au total, 28 photos de personnes d’âges et de corps différents seront exposées. « Le seul bémol, c’est qu’on a reçu que des personnes blanches », regrette Sarah Dessaint. « Mais le panel reste large puisqu’il va de 19 à plus de 60 ans, avec des corps de toute forme et des photos rigolotes, érotiques, intimes et poétiques. »

Des textes sur le concept des nudes seront ensuite écrits par des intellectuels – chercheurs et chercheuses, photographes, galeristes, avocats ou historiens – qui auront reçu au préalable la série de clichés. L’exposition sera présentée dans un cube en forme de U, les clichés les plus pudiques seront à l’extérieur et les plus explicites à l’intérieur. Visible pendant deux mois, elle sera ensuite accueillie par la galerie l’Artère à Quimperlé.

Autoportraits dénudés Rennes 2
Un Corps, exposition Autoportraits dénudés, Université Rennes 2

Alors, vous laisserez-vous tenter par la programmation du Service culturel de Rennes 2 ?

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