Soïg Sibéril, pionnier de la guitare celtique, s’est éteint à 70 ans

Soig Sibéril
Soig Sibéril

Il était de ces musiciens qui tracent une voie là où il n’en existait pas. Le guitariste breton Soïg Sibéril, figure tutélaire de la guitare DADGAD et ambassadeur inlassable des musiques celtiques, est décédé samedi 5 avril 2025 à l’âge de 70 ans. La nouvelle de sa disparition a rapidement traversé les cercles musicaux et culturels, tant il avait marqué les esprits par la singularité de son jeu, la profondeur de ses arrangements et l’élégance de sa présence sur scène.

Né en 1954 à Lorient, Soïg Sibéril découvre la guitare à l’adolescence et s’y consacre avec une rigueur passionnée. Dans les années 1970, alors que la musique bretonne connaît un renouveau, il s’impose comme un artisan d’un genre encore balbutiant : la guitare d’accompagnement en accord ouvert DADGAD au service du répertoire celtique. En alliant les sonorités modales de cette guitare alternative à la richesse rythmique et ornementale des airs traditionnels, il donne naissance à un langage musical nouveau, d’une pureté et d’une modernité inouïes.

Sa carrière est intimement liée à celle de groupes mythiques : il fut membre fondateur de Gwerz, puis de Kornog, deux ensembles phares de la musique bretonne contemporaine. Il collabore également avec Skolvan, Pennou Skoulm, Didier Squiban, Gilles Servat, Yann-Fañch Kemener, et tant d’autres. À travers ces compagnonnages, il construit une œuvre collective vibrante, enracinée et généreuse.

Mais c’est aussi en solo que Soïg Sibéril brille. Ses albums GwenojennEntre Arzur et LuciferCelti’c Touch ou encore Awen sont devenus des références pour les guitaristes du monde entier. Son style, précis sans jamais être démonstratif, lyrique sans emphase, témoigne d’une sensibilité rare. Il y a chez lui ce mélange de ferveur intérieure et de rigueur formelle que seuls possèdent les plus grands.

Homme discret, profondément attaché à sa terre de Carhaix, Soïg Sibéril était également un pédagogue respecté, qui partageait volontiers son savoir auprès des jeunes musiciens et dans les stages de musique traditionnelle. Il a contribué à faire de la Bretagne un carrefour vivant des musiques acoustiques et a inspiré toute une génération de guitaristes en quête de sens et d’authenticité.

Sa guitare désormais silencieuse laisse un vide immense. Mais son héritage, lui, continue de vibrer dans chaque arpège, chaque modulation, chaque silence habité de ses compositions. Soïg Sibéril ne jouait pas simplement de la musique : il la transmettait, comme un souffle venu de loin, qu’il savait faire danser dans le présent.

Qu’il repose en paix, parmi les légendes celtes qu’il aimait tant faire résonner.

Photo de une par Kergourlay