Dans un avis publié le 24 mars 2025, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) recommande d’interdire les aliments à base de soja dans la restauration collective. Cette décision repose sur les effets potentiellement nocifs des isoflavones, des substances naturellement présentes dans cette légumineuse.
Que sont les isoflavones ?
Les isoflavones sont des phytoœstrogènes, c’est-à-dire des composés végétaux dont la structure est proche des œstrogènes humains. Une fois ingérées, ces molécules peuvent interagir avec les récepteurs hormonaux et provoquer des effets endocriniens.
On les retrouve en très grande quantité dans les produits dérivés du soja : tofu, steaks végétaux, yaourts et laits au soja, mais aussi dans certains biscuits apéritifs enrichis à la farine de soja.
Les risques identifiés par l’Anses
Dans son expertise, l’Anses souligne que l’exposition chronique aux isoflavones peut altérer certaines fonctions hormonales, notamment au cours de périodes critiques du développement (puberté, grossesse, enfance). Des études chez l’animal ont montré des anomalies du développement mammaire, une baisse du poids des organes reproducteurs, et des effets sur le cycle menstruel.
L’agence a donc défini des valeurs toxicologiques de référence (VTR) :
- 0,02 mg/kg de poids corporel/jour pour la population générale,
- 0,01 mg/kg pour les femmes enceintes, les femmes en âge de procréer et les enfants prépubères.
Une surexposition fréquente en France
Les enquêtes de consommation ont montré qu’une proportion non négligeable des Français dépasse ces seuils :
- 76 % des enfants de 3 à 5 ans consommant du soja dépassent la VTR,
- 53 % des adolescentes (11 à 17 ans),
- 47 % des adultes, hommes comme femmes.
Ces chiffres concernent uniquement les consommateurs réguliers de produits à base de soja. Ils témoignent toutefois d’un risque sanitaire réel, notamment dans les cantines scolaires, les hôpitaux ou les maisons de retraite.
Les recommandations de l’Anses
L’agence propose trois axes d’action :
- Ne plus proposer d’aliments à base de soja en restauration collective, quelle que soit la population concernée.
- Favoriser la diversité des sources de protéines végétales : lentilles, pois chiches, haricots, fèves, etc.
- Encourager l’industrie agroalimentaire à réduire la teneur en isoflavones dans les produits à base de soja transformés.
Pas d’interdiction généralisée à ce stade
Il ne s’agit pas d’une interdiction générale du soja pour la population française, mais d’une mesure de précaution spécifique aux contextes où les consommateurs n’ont pas le choix de leur alimentation, comme les cantines. À domicile, les adultes peuvent continuer à consommer du soja de manière raisonnée, dans le cadre d’un régime varié.