Océane Belle, alias Sônge se produira à nouveau à la fête de l’Humanité vendredi 9 septembre 2022, après un premier passage en 2019. Cette fois-ci, la Quimpéroise d’origine proposera un DJ set dans le cadre d’une soirée féministe organisée par Les Femmes s’en mêlent. Unidivers en profite pour rencontrer cette chanteuse et productrice d’un RnB très personnel, métissé aux musiques électroniques du monde et où se glissent l’imaginaire du voyage, le rapport à la nature et à l’invisible magique dont l’a bercée la Bretagne.
Sônge fait son retour à la fête de l’Humanité le 9 septembre 2022, invitée par le festival Les Femmes s’en mêlent qui y tient une soirée féministe. La jeune Quimpéroise qui vit désormais entre Bénodet et Paris avait déjà foulé les planches de la grand-messe de la gauche politique en 2019, après le succès de son premier album, Flavourite Câlâ. Mais cette fois, c’est sa nouvelle passion pour le DJing qu’elle aura l’occasion de présenter sur scène.
Le parcours musical d’Océane Belle a commencé à Quimper, ville du Finistère où elle a grandi. D’abord avec des cours de djembé à la Maison Pour Tous, puis de chant à l’école de musique. C’est seulement au cours de ses études universitaires, pendant un stage en Allemagne, qu’elle découvre la musique sur ordinateur (MAO). « Je n’avais plus mes potes avec qui faire du son. Je me suis mise à la musique électronique un peu par dépit, et j’ai adoré ! », raconte-t-elle. Elle réalise alors ses premières compositions, qu’elle éprouvera ensuite à Amsterdam, où elle fréquente assidûment des soirées open mic. De retour de ses deux ans à l’étranger, elle décide de se consacrer à la musique et intègre l’école ATLA à Paris, puis le Conservatoire.
Son alias Sônge émerge alors. Sônge, car la jeune fille est fascinée par cet entre-deux entre le réel et le fabuleux, à l’image des créatures mythologiques pour lesquelles elle se passionne. Sônge, « la mal nommée », rigole-t-elle, pour son rapport conflictuel au sommeil et sa difficulté qui en découle à distinguer jour et nuit. Sônge, peut-être aussi parce que le rêve lui échappe et qu’elle veut le retrouver par sa musique. « C’est ma Recherche du temps perdu », s’amuse-t-elle à dire.
L’univers de Sônge se tisse à partir des figures tutélaires de Björk et Cocorosie, qui l’ont bouleversée dans sa jeunesse. « J’aimais ce grand écart entre pop et expérimental, la dimension poétique de Cocorosie, la patte aussi bien musicale que visuelle de Björk. Et puis ce sont de sacrées meufs, c’est inspirant », commente-t-elle. Sans prétendre s’inscrire dans leur registre, elle cite encore FKA Twigs et Sevdaliza, côté voix, Nicolas Jaar et James Blake pour la production électronique. Le rapport évident entre ces artistes et la musique de Sônge est leur volonté d’hybrider les genres musicaux. Chez Sônge, la voix puisant dans la pop, le RnB, le hip hop rencontre des productions évoquant le cloud rap, l’electro house, le dancehall, la trap. Son goût pour les voyages et ce qu’elle retient et digère de chacun nourrit également ses compositions, leur donnant des airs de global RnB qui n’est pas sans rappeler celui de M.I.A.
Si elle aime à créer pendant ses voyages — en Corse, à Tahiti, à Cuba —, Océane Belle admet que « pour composer, c’est bien d’être à la maison en Bretagne ». Sa région natale est en effet une source d’inspiration privilégiée qui a nourri son amour des contes et légendes. Pour elle, la Bretagne est faite d’une part d’invisible magique, à mi-chemin entre fantastique et réalité, avec la nature comme trait d’union. Y grandir a conditionné l’artiste à une sensibilité aux imaginaires du monde entier, qu’on retrouve dans nombre de ses morceaux. « Soukounian » évoque une créature magique des Antilles, « Le Crépuscule des dieux » est une réécriture de l’acte final de la tétralogie L’Anneau du Nibelung de Richard Wagner, inspirée de la mythologie nordique.
Ces sources d’inspiration se mêlent chez Sônge à une approche synesthésique de la musique, c’est-à-dire un phénomène neuronal qui associe différents sens. Dans le cas d’Océane Belle, les sonorités lui évoquent des couleurs. Comme un peintre qui travaillerait sa palette, chaque composition commence donc par la recherche, au piano, des plus belles couleurs, qui l’amènent ensuite à trouver les mélodies. C’est ce prisme multisensoriel qui est désigné dans le titre du premier album de Sônge, Flavourite Câlâ. « Câlâ » pour couleur, « flavourite », un jeu de mots entre « favourite », préféré, et « flavour », la saveur, le parfum. « C’est un album sensoriel. Bien sûr, il y a de la musique, mais aussi la notion de fragrances, et l’aspect visuel des couleurs. C’est ce qu’on a voulu faire ressortir en concevant les pochettes avec Aurélia Durand », explique la musicienne.
La trajectoire de Sônge dans l’industrie musicale est assez fulgurante. Alors qu’elle fréquente encore les bancs du Conservatoire, elle est repérée dès son premier clip par un tourneur. Puis, elle signe son premier EP sur le label Parlophone, filiale de Warner. « Je jouais au Novomax à Quimper, une salle où j’ai grandi musicalement, où j’ai fait toutes mes répétitions, suivi un accompagnement (avec le FGO Barbara à Barbès). Le directeur artistique du label a pris le train pour me voir dans ma campagne et la semaine d’après on signait ensemble », raconte Océane Belle.
Les choses s’enchaînent assez vite ensuite : un passage par les Trans Musicales de Rennes en décembre 2016, la parution du premier EP en mars 2017, puis un album en mars 2019, Flavourite Câlâ. Non contente d’avoir transformé l’essai, Sônge enterre le match en sortant l’année suivante une version augmentée de son album, avec neuf titres supplémentaires. Par l’intermédiaire de Warner, elle a l’opportunité de travailler avec le producteur de musique électronique Myd, qui l’aide à finaliser ses productions. L’album a ensuite été enregistré à Montréal avec Nikola Feve, alias Nk.F, ingé son ayant travaillé avec les plus grands de la scène hip hop française actuelle, comme PNL, Orelsan, Damso ou Booba. Des collaborations prestigieuses qui donnent au son de l’album une finesse des arrangements et une qualité de finition incontestable.
Sônge travaille actuellement sur de nouveaux morceaux. Parallèlement, elle se consacre aussi à sa récente passion pour le DJing. « Je m’y suis mise il y a trois ou quatre ans, en voulant voir comment ça fonctionnait. Je me suis fait complètement happer ». Cet exercice lui permet d’exprimer une sensibilité différente. « Mes chansons sont colorées, psychédéliques, il y a de la rêverie, de la puissance, de la douceur, des tourbillons. Quand je suis en DJ set, c’est la machine à essorer ! », affirme-t-elle. Dans ses mixes, elle joue des styles de musique électronique rapides (entre 130 et 160 BPM), principalement venus de la région caribéenne : baile funk du Brésil, bouyon des Antilles, dancehall ou reggaeton. Le DJing déborde même sur ses compositions puisqu’elle annonce que ses prochains morceaux se rapprocheront de cette énergie.
C’est en DJ set qu’on la retrouvera le 9 septembre 2022 à la fête de l’Humanité, invitée par Les Femmes s’en mêlent. Ce festival itinérant qui met les artistes émergentes à l’honneur depuis 1997 l’avait déjà programmée à la Carène de Brest en 2017, puis à la Marbrerie de Montreuil en 2021. Cette fois-ci, elle clôturera une soirée spéciale féminisme, avec un débat sur le consentement, un enregistrement du fameux podcast La Poudre et un concert de la musicienne parisienne Anaïs Rosso.
Dès le lendemain, Océane Belle reprendra sa casquette de beatmaker pour animer à la médiathèque Alain Gérard de Quimper un atelier Computer Girls. « C’est un projet d’atelier itinérant lancé à Quimper avec mon amie Marie Guénolé [animatrice de la Maison Pour Tous] à partir du constat que plein de filles chantent ou rappent mais dépendent toujours d’un gars pour faire leurs instru », explique-t-elle. Dans cette volonté d’indépendance, Sônge dispense à de jeunes artistes des initiations à Ableton Live, le logiciel phare de production de musique électronique. Une première session avait eu lieu à Quimper au Local Muzik à l’été 2021, une autre au Normandy à Saint-Lô en mai 2022. L’objectif, en s’associant à des salles de musiques actuelles, est d’ouvrir aux artistes femmes les portes de ces lieux encore majoritairement accaparés par les hommes.
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Infos pratiques
Les Femmes S’en Mêlent x Fête de l’Humanité
Vendredi 9 septembre, nous avons rendez-vous à la Fête de l’Humanité 2022 pour la soirée spéciale féminisme
Voici le programme qui vous attend au sein de l’espace #Agora :
19H15-20H – Débat « Consentement, comment sortir de la “zone grise” ? » avec Emmanuelle Dancourt, présidente de l’association #MeTooMedias et Catherine Le Magueresse, juriste, ex-présidente de l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT).
20H – Enregistrement en direct de La Poudre Podcast de Lauren Bastide sur le thème : « Eco-anxiété féministe : lutter quand même » avec Elise Thiébaut, Alizée, Fatima Ouassak
21H30 – concertde Anaïs Rosso
22H30 – DJ set de SÔNGE
Le Pass 3 jours pour la Fête de l’Humanité à 50€ est en vente sur fetehumanite.seetickets.com
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Gratuit
Samedi 10 septembre 2022 :
14:00 – 18:00
Inscription avant le 10 septembre
Français
Age du public : Tout public
Médiathèque Alain-Gérard
Esplanade Julien-Gracq 29000 Quimper