Ancien reporter de guerre, Stéphane Allix se consacre depuis une dizaine d’années à l’étude d’expériences inexpliquées ou extraordinaires, souvent qualifiées communément de « phénomènes paranormaux ». Il résume ainsi son ouvrage Le Test, une expérience inouïe : la preuve de l’après-vie ? : « Lorsque mon père est décédé j’ai placé des objets dans son cercueil. Je n’en ai parlé à personne. Puis j’ai interrogé des médiums qui affirment communiquer avec les morts. Découvriront-ils de quels objets il s’agit ? C’est le test. » Selon Stéphane Allix, l’humanité serait au seuil d’une « révolution scientifique » qui mettra en lumière la part immatérielle et spirituelle essentielle de la commune réalité.
« Que les choses soient claires : aujourd’hui, je suis convaincu que mon frère et mon père sont vivants quelque part. J’assume complètement. Mais, à l’époque (NDLR : avant la réalisation de ce livre), je doutais. »
Février 2016. Librairie Cheminant à Vannes. Stéphane Allix ne tourne pas autour du pot. À l’annulaire gauche, il porte la bague de son frère, mort en 2001, et nous en raconte l’histoire, comme un récit initiatique de l’aventure qu’il a entamée alors.
Mais avant cet événement fondateur, « Stéphane Allix est devenu journaliste en rejoignant clandestinement, à 19 ans, en 1988, les résistants afghans en lutte contre l’occupant soviétique. Durant les années 90, il a voyagé à travers le monde, couvert plusieurs guerres, réalisé des films, et écrit plusieurs livres. »
Quand son frère, Thomas, meurt dans un accident de voiture en Afghanistan alors que Stéphane Allix se trouve à proximité dans un autre véhicule, sa vie change. Le journaliste décide d’utiliser ses compétences dans d’autres domaines.
Depuis 2003, il s’est engagé dans l’étude et la recherche sur les conséquences de la révolution scientifique en cours, avec une approche comparée de disciplines telles que la psychiatrie, la physique quantique, la biologie, l’astrophysique, ainsi que les expériences inexpliquées et les connaissances traditionnelles… Il veut appliquer, au sein de l’Institut de recherche sur les expériences extraordinaires (INREES) qu’il a fondé en 2007, « des méthodes d’enquêtes rigoureuses aux sujets inexpliqués et aux phénomènes extraordinaires ».
Dans son dernier livre, Le Test, une expérience inouïe : la preuve de l’après-vie ? (Albin Michel, novembre 2015), Stéphane Allix relate ses rencontres avec 6 médiums pour des tests qu’il définit ainsi : « Lorsque mon père est décédé, j’ai placé des objets dans son cercueil. Je n’en ai parlé à personne. Puis j’ai interrogé des médiums qui disent communiquer avec les morts. Découvriront-ils de quels objets il s’agit ? C’est le test. »
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Mai 2016 — Entretien.
Unidivers : Qu’est-ce qui est à l’origine de ce livre ? Des doutes ?
Stéphane Allix : Bien sûr. Je me méfie des gens pleins de certitudes. Notre société vit sa relation à la réalité de façon particulière : la méthodologie scientifique nous fait croire que l’on sait tout sur tout ; or, lorsqu’on interroge des scientifiques, c’est plutôt l’inverse que l’on constate. La science nous confronte à des questionnements incessants, des incertitudes, notamment sur la mort, « sujet-frontière » s’il en est. Et aujourd’hui, je suis en mesure de faire le constat que la vie est bien plus vaste que notre existence biologique. Et elle se poursuit après notre mort, je suis arrivé à cette évidence de façon rationnelle. Par contre, mille questions demeurent sur la façon dont ça se passe.
U : Votre enquête a-t-elle été déterminante pour parvenir à votre conviction qu’il y a « une après-vie » ?
Stéphane Allix : Après le test, je n’ai plus eu aucun doute : comment un médium est-il capable de fournir tous les détails sur des défunts dont il ignore tout ? J’ai été très vigilant. J’ai étudié toutes les autres explications possibles, mais elles ont volé en éclat. Les résultats de cette enquête sont bouleversants : j’ai été en communication avec mon père après sa mort.
U : Diriez-vous qu’il y a une part suffisamment forte d’intime et de personnel dans la certitude qui vous a envahi pour que la retranscrire ne convainque pas forcément tout le monde ?
Stéphane Allix : Un sujet si intense, si émotif, nous fait souvent nous comporter et réagir de façon illogique. J’ai observé, d’abord en moi-même, combien devant des évidences, l’esprit peut refuser de voir. Aussi, je comprends que l’on doute. C’est légitime et le cheminement de chacun est personnel et intime. Mais quelqu’un qui ferait la même enquête journalistique et rationnelle que moi, et cela m’a pris des années, arrivera aux mêmes conclusions.
U : Pourquoi alors – comme vous-même l’indiquez dans votre livre en vous en agaçant parfois – les réponses que vous attendez ne sont-elles pas claires et irréfutables de la part de votre père ?
Stéphane Allix : D’abord, parce que la communication passe par un intermédiaire : il y a des distorsions entre les médiums et les défunts. La nature de leur existence dans ce qui apparaît comme une autre dimension complique aussi cette communication. Quand vous rêvez, les choses sont confuses, distordues, étranges. Il semblerait que le monde des morts soit un peu comme notre monde des rêves. Une autre réalité émotionnelle y prévaut. Aussi, communiquer entre les vivants et les morts est très différent d’une communication comme on est en train de le faire en ce moment par exemple. C’est le « comment » de cette communication que j’explique en détail dans le livre.
U : Mais, selon vous les défunts ont-ils conscience de leurs vies terrestres ?
Stéphane Allix : Oui. Ils en donnent de très nombreux détails.
U : Y a-t-il eu dans votre enquête un basculement ? Un moment qui a été crucial ?
Stéphane Allix : Ma conviction a été plutôt progressive depuis toutes ces années de recherches, de rencontres avec des médecins, des chercheurs dans de nombreux domaines, comme les EMI (expériences de mort imminente). Voilà plus de dix ans que je travaille exclusivement sur ces sujets. Mais lorsque durant le Test les médiums me citent les objets que j’ai placés dans le cercueil de mon père, comme le pinceau, c’est vraiment bouleversant, car un seul être est au courant de ce que j’avais caché dans le cercueil, et cet être est un mort.
U : C’est la mort de votre frère qui a été décisive dans votre besoin de vous pencher sur ces sujets, n’est-ce pas ?
Stéphane Allix : Oui. Avant, on n’y pense pas forcément. Quand mon frère est mort sous mes yeux — cinq minutes avant je riais avec lui –, la question est devenue impérieuse. Ça a été pour moi un changement de vie et de parcours.
U : Vous avez fondé l’INREES (Institut de recherche sur les expériences extraordinaires) pour cette raison ?
Stéphane Allix : Le but de l’INREES est de proposer une information rationnelle et solide sur tous les sujets qualifiés de surnaturels. Les certitudes de notre société, postulant que toutes ces questions sont farfelues, sont basées sur des hypothèses et non des vérités scientifiques. Mais encore faut-il savoir ce qui existe en matière de recherches sérieuses. C’est l’objectif de l’INREES, à travers une démarche journalistique. Par exemple, des recherches tendent à démontrer que la conscience serait plutôt distincte du corps physique, et que sans doute ce que nous appelons l’âme, l’esprit, existe.
U : Notre société vivrait selon vous le début d’une prise de conscience…
Stéphane Allix : Oui, j’en suis convaincu. La science elle-même la déclenche. La physique quantique bat en brèche depuis un siècle l’idée que notre monde est fait exclusivement de matière. Les pseudo-certitudes scientifiques, comme des citadelles, s’effondrent les unes après les autres, et le constat de l’existence d’une part immatérielle, spirituelle de la réalité est de plus en plus incontestable. Ces expériences extraordinaires qualifiées de « surnaturelles » sont des « anomalies » dans la vision du monde matérialiste qui est en train de s’effriter. Mais elles se produisent — je pense aux EMI, à la médiumnité, à l’action de l’esprit sur la matière, au travail énergétique des guérisseurs, etc. — et leur réalité ne peut plus être niée. Face à ce constat, on a deux options possibles : le déni ou l’élargissement de la recherche scientifique. C’est la science qui dans quelques années fera la preuve de l’existence de cette dimension spirituelle, immatérielle de notre vie. C’est le mouvement naturel des choses. Je suis convaincu de la même façon que la médecine du futur combinera avec intelligence, et pour le bénéfice des patients, la technologie de pointe avec l’énergie et le magnétisme des guérisseurs. Cette complémentarité est une richesse.
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La lecture du Test de Stéphane Allix résonne différemment selon les lecteurs : certains y voient une avancée majeure, voire un début de preuve de la vie après la mort ; d’autres pointent le manque de protocole scientifique, des raccourcis et autres approximations. Devant ce grand écart et troublé par la lecture du livre de Stéphane Allix, Grégoire Laville a décidé d’enquêter par lui-même, sans scepticisme moqueur, mais avec une attention ouverte et honnête. Il va donc procéder à son tour à un « test » auprès de médiums en Bretagne. La suite dans quelques semaines dans Unidivers…
Stéphane Allix Le test : Une expérience inouïe, la preuve de l’après-vie ? Albin Michel, 28 octobre 2015, 19,50 €. E-book : 13,99 €
Crédit photo : Olivier Seignette