La série de science-fiction Stranger Things, créée par les Duffer Brothers, remporte depuis le mois de juillet un succès tant public que critique. Quoi de moins étrange ? Après The Get Down, la chaîne Netflix diffuse décidément des séries de qualité. Stranger Things n’est pas seulement un hommage sophistiqué au cinéma de genre et aux années 80, c’est aussi une splendide cartographie du visible et de l’invisible.
Des choses étranges, il s’en passe dans Stranger Things. L’action se déroule à Hawkins, dans l’Indiana, en 1983. Will Byers, un garçon de 12 ans, disparaît mystérieusement. En cause ? Une créature effrayante. Dans la petite ville, chacun le cherche à sa manière. Sa mère Joyce, interprétée par Winona Ryder, ses amis Mike, Lucas et Dustin, une étrange jeune fille nommée Onze, son frère Jonathan et le chef de la police Jim Hopper. À mesure que les enquêtes, officielles ou enfantines, avancent, tout semble converger vers le Laboratoire national d’Hawkins, géré par le département de l’Énergie…
À première vue, on pourrait se lasser d’une énième série en forme de pastiche. D’autant plus que les références à la science-fiction et au film d’épouvante des années 80 abondent. Les créateurs de la série, les jumeaux Duffer, sont nés en 1984 et leur série n’aurait pu être qu’un hommage kitsch et vintage de plus à leur enfance. Ils assument leurs influences : principalement Steven Spielberg et Stephen King. Parfois, la justesse dans la maîtrise des codes donne à voir des œuvres de qualité. Comme Twin Peaks mélangeant l’enquête policière, le soap opera et la métaphysique, Stranger Things fonde une esthétique originale sur l’harmonie du décalage. Comment ne pas reconnaître, dans cette bande de jeunes garçons, des films comme E.T ou les Goonies ? De même, les Duffer Brothers réactivent de manière stylisée la tradition américaine de l’horror show (pensons à Fais-moi peur ! ou Les Contes de la Crypte). En surface, la série ne présente que des enfants surdoués et des adolescents en crise en train de combattre des monstres ou des événements surnaturels. Mais l’utilisation des codes sert à créer un objet unique dans l’univers vaste des séries.
La première saison se compose de huit épisodes d’une durée de 48 minutes. Une des réussites consiste précisément à amener lentement mais sûrement le frisson et le climax. Comme l’histoire est relativement simple, la réalisation gagne en lenteur et se permet des plans travaillés. Série A plus que série B, Stranger Things gagne ses lettres de noblesse notamment par sa direction artistique. Les enfants sont tout simplement époustouflants de justesse. Surtout, l’irruption du fantastique et du surnaturel accompagne une réflexion, présente sur le fond comme la forme, à propos des apparences et de la profondeur. Car gît, en parallèle de la ville d’Hawkins, un outremonde que les enfants appellent « l’Upside Down ». Toute la fiction repose sur cette perméabilité entre surface et profondeur. Ce motif purement cinématographique recoupe aussi bien l’isolement et la solitude des caractères que le jeu sur le double ou les murs. Ainsi, la mère de Will, Joyce, affronte avec courage l’apparition du surnaturel, dût-elle passer pour une folle. Le chef de la police, Hopper, éprouve lui aussi les barrières de la perception. Sa vision excède les apparences : à l’enquête policière, donc, se superpose une quête d’ordre métaphysique. Devant un épisode de Stranger Things, on frissonne pour mieux réfléchir. Si nous ne connaissons pas encore la date de sortie de la saison 2, les Duffer Brothers ont annoncé sur Entertainment Weekly leur envie de s’inspirer de Harry Potter pour faire grandir et évoluer les jeunes personnages de la série. Quelle promesse !
Stranger Things, Netflix, the Duffer Brothers
Genre Science-fiction, fantastique, horreur
Création Matt Duffer
Ross Duffer
Production
Matt Duffer
Ross Duffer
Shawn Levy
Dan Cohen
Acteurs principaux
Winona Ryder
David Harbour
Pays d’origine États-Unis
Chaîne d’origine Netflix
Nb. de saisons 1
Nb. d’épisodes 8
Durée 48 minutes
Épisodes
Chapitre Un : La Disparition de Will Byers (Chapter One: The Vanishing of Will Byers)14
Chapitre Deux : La Barjot de Maple Street (Chapter Two: The Weirdo on Maple Street)
Chapitre Trois : Petit papa Noël (Chapter Three: Holly, Jolly)
Chapitre Quatre : Le Corps (Chapter Four: The Body)
Chapitre Cinq : La Puce et l’acrobate (Chapter Five: The Flea and the Acrobat)
Chapitre Six : Le Monstre (Chapter Six: The Monster)
Chapitre Sept : Le Bain (Chapter Seven: The Bathtub)
Chapitre Huit : Le Monde à l’envers (Chapter Eight: The Upside Down)