C’est la fin des chèques-livres distribués à tous les lycéens bretons afin de faciliter l’achat d’une partie des manuels scolaires. La mesure était inscrite dans le programme du candidat Le Drian lors des élections de 2004 et a été appliquée pendant 11 ans. Une erreur ?
Les « chèques-livres » de 60 euros offerts à chaque lycéen breton a représenté une dépense de 8,225 millions d’euros en 2015. Qu’ils soient dans l’enseignement général, technologique ou professionnel, les 113 000 élèves de Seconde, Première et Terminale pouvaient bénéficier, auprès de leur établissement, d’un chéquier comprenant 6 Chèques-Livres de 10 € pour acheter ou louer des manuels scolaires neufs ou d’occasion, mais aussi des cahiers d’exercices et de travaux pratiques, des dictionnaires, lexiques ou œuvres étudiés en classe, mais en ces temps de disette, la Région a décidé d’y mettre un terme. Désormais il s’agirait de développer un soutien ciblé aux familles les plus modestes, si tant est qu’elles en feraient la demande et pour le moment on ne sait pas trop selon quelles modalités. L’achat de manuels scolaires pour les familles les plus modestes serait désormais à la charge des fonds sociaux des établissements auxquels la Région contribuera.
Pourquoi ce changement de politique ? Isabelle Pellerin, vice-présidente chargée des lycées répond :
Les chèques-livres ne correspondent plus aux usages pédagogiques du fait de l’utilisation de plus en plus faible des ouvrages papier. La Région redéploiera les crédits vers le financement d’équipements numériques utiles à la pédagogie et vers le recrutement d’agents qui en assureront la maintenance.
Une plateforme numérique d’aide aux devoirs sera également mise en place (sans que l’on sache exactement quand) et proposera l’accès gratuit à un fonds documentaire, à des outils méthodologiques et à une mise en relation étudiant-lycéen pour un soutien scolaire personnalisé. Isabelle Pellerin ajoute que le nouveau système d’aide à l’achat de livres sous conditions de ressources mettra fin à un
dispositif inégalitaire, car il ne différenciait pas les familles ayant le plus besoin d’aide à la scolarité
Dans un communiqué daté du 14 mars 2016, la FSU Bretagne qualifie « d’erreur historique » le projet de la région « d’abandonner ce dispositif pour lui substituer seulement la possibilité d’un financement via les fonds sociaux des établissements, et cela uniquement “pour les familles qui en ont le plus besoin”.
Des plateformes d’aide aux devoirs en expérimentation :
Parmi les “redéploiements vers le numérique” évoqués par Isabelle Pellerin figure la maintenance des équipements informatiques en lycée, compétence des régions depuis la loi pour la refondation de l’école. Pour 2016, l’effort de recrutement de la région dans ce domaine sera de trois ingénieurs et neuf techniciens.
Autre projet de la région Bretagne, au cours du mandat 2016-2021, la mise en place de plateformes d’aide aux devoirs.
Ce projet prendra la forme d’expérimentations, avec des établissements et des équipes pédagogiques volontaires, car la région Bretagne souhaite être plus présente, plus impliquée, sur la réussite scolaire au lycée
Ces plateformes d’aide aux devoirs devraient prendre la forme d’une hotline par téléphone, mail ou tchat, qui sera assurée par des enseignants ou des étudiants, de 18 heures à 21 heures, par exemple. Les enseignants des établissements participants mettront en ligne les exercices ou documents nécessaires, pour rendre les échanges entre élèves et tuteurs plus faciles. Ces échanges permettront de faciliter la compréhension d’un concept vu en cours, ou de travailler sur un exercice non compris.
L’achat de manuels scolaires à la rentrée représente un coût non négligeable pour les familles : à titre d’exemple 8 manuels d’occasion obligatoires dans une seconde générale coûtent environ 130 euros et les chèques-livres étaient une aide bienvenue pour toutes les familles. Si la plupart du temps des bourses aux livres d’occasion sont organisées par les associations de parents d’élèves et annoncées sur les sites internet des lycées, encore faut-il pouvoir s’y rendre. Et que dire des lycéens en attente d’affectation (puisque tous les lycées n’exigent pas les mêmes manuels) ? Ceux-là seront sans doute dans l’obligation d’acheter les livres neufs … à moins de trouver des invendus sur les sites de petites annonces.
La fracture numérique en Bretagne : On peut légitimement se demander si tous les élèves sont égaux face aux outils numériques… Les établissements et les familles seront-ils dotés de manière égale à des ordinateurs et autres tablettes… sans parler de la connexion internet qui n’est pas assurée de façon homogène sur tout le territoire ? Toujours est-il que les livres restent obligatoires pour le moment et qu’ils ne sont pas empruntables à la bibliothèque des lycées.
Et puisque la région Bretagne souhaite se “moderniser”, pourquoi ne pas adopter une carte à puce comme la région Hauts de France qui propose à ses lycéens et ses apprentis la carte “Génération #HDF” (Hauts-de-France). Cette carte gratuite, qui ressemble à une carte bancaire, permet aux lycéens et apprentis d’acheter ou de louer des manuels scolaires, ou du matériel professionnel s’ils rentrent en apprentissage : les élèves des filières générales, technologiques et professionnelles percevront 100 euros pour la première année et 55 euros les années suivantes; les apprentis recevront une aide de 200 euros à leur entrée en première année pour pouvoir acheter des fournitures scolaires (y compris des manuels), et du matériel, notamment des équipements de sécurité. Ainsi chacun selon sa formation saura utiliser cette aide à bon escient…
MAJ : En octobre, les parents des élèves boursiers ont été informés qu’ils bénéficieront d’une aide à l’achat de leurs manuels si leur lycée n’avait pas pu leur offrir une aide sous une autre forme, ces élèves ont jusqu’au 9 décembre 2016 pour s’inscrire ici
N. B. Les aides pour les livres sont supprimées, mais la région Bretagne maintient, pour le moment, une aide de 15 euros aux jeunes de 16 à 19 ans pour le sport (le chèque-sport)