Sur la Route… du cinéma > Kerouac sans couac ?

cinéma, film unidivers, critique, information, magazine, journal, spiritualité, moviesAdapter un roman au cinéma n’est jamais chose simple. Lorsqu’il s’agit d’un mythe littéraire comme le « Sur la Route » de Jack Kerouac, cela relève de la mission impossible.

Dans cet ouvrage autobiographique inavoué, Kerouac  entraîne le lecteur dans l’après-guerre des États-Unis dans les pas de Sal (lui-même), Dean, Carlo, Marylou, Camille…. dans une errance mêlant sexe, drogue et ….jazz. Ce livre a été l’un des éléments fondateurs de ce que Kerouac appelait lui même la « Beat Generation », mais surtout les prémices des mouvements beatnik, hippies que l’on retrouvera ensuite. En revanche, on the road est souvent cité mais finalement peu connu, car difficile à lire. Son style n’a en effet rien d’agréable, entre fulgurance des idées et manque de lien entre les « aventures » de nos héros.

Après 40 ans dans les tiroirs de Copola, le projet a échoué dans les mains de l’expérimenté réalisateur brésilien Walter Salles (auteur du très intéressant Central Do Brasil). Comme bien souvent, il y a deux manières de « juger » le film :

  • Si l’on connaît le livre, il y aura de la satisfaction de retrouver l’esprit du livre et de mettre un visage sur ces personnages. Sans être trop fidèle, Salles tente de retranscrire l’esprit d’un Kerouac perdu dans ce monde, attiré comme un aimant par Dean. Oui, il y a ce côté sulfureux, profondément sexuel entre le héros et ce pays parcouru. Cette vision machiste des femmes, objets de plaisirs pour Dean ou même Kerouac. Cette froideur mêlée de fragilité jamais vraiment creusée par l’auteur. Et pourtant… Celui qui a aimé le livre ne goûtera sûrement peu le film qui démystifie un ensemble atmosphérique que lecteur peinera a retrouver ou mettre en lui.
  • Si l’on ne connaît pas le livre, il y aura de l’ennui. Ce même ennui qui l’on ressent à la lecture du livre. Il y aura de la lassitude à voir ces alternances de beuveries, orgies, et autres moments de débauche. Il y aura de l’incompréhension, même si Salles s’emploie à installer les 2 personnages principaux pour les rendre un peu plus sympathiques. Heureusement pour lui, il s’est aidé de bons acteurs : Sam Riley dans le rôle du héros, Garret Hedlund dans celui de Dean, Viggo Mortensen dans celui de Bull Lee, Kristen Stewart et Kirsten Dunst dans les principaux rôles féminins. Cela aide grandement à faire passer les 2h20…

Avec une colorimétrie chaude, Salles retranscrit bien la chaleur de l’ambiance du livre. Il y ajoute un jazz omniprésent dont on a souvent oublié l’importance dans cette époque prérock’n roll. Le rôle du film est finalement de tenter d’intéresser le spectateur à cette époque, presque comme un documentaire que le livre n’était pas loin d’être d’ailleurs. C’est un témoignage d’une transition entre la guerre et l’époque de la libération des moeurs. En cela, Salles a réussi un pari qui ne pouvait être totalement gagné. De là à en faire un grand film…

Ice

23 mai 2012 (2h 20min)
Réalisé par
Walter Salles
Avec
Garrett Hedlund, Sam Riley, Kristen Stewart
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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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