Qui a lu Astérix sait que les voyages ne lui faisaient pas peur. Il a trainé ses guêtres à Lutèce, à Rome et en Ibérie… On sait moins que nos ancêtres les Celtes ont planqué un trésor à Jersey. Cette exposition permet de remettre à jour nos fiches de culture G en préhistoire.
Au temps des dinosaures, les iles anglo-normandes étaient reliées au continent. Avant J.C, la tribu des Coriosolites chassait le sanglier dans le secteur actuel de Saint-Malo et Saint-Brieuc. Quand Jules César conquiert toute la Gaule (toute ? Non, bien sûr, mais c’est une autre histoire…), il établit sa capitale gallo-romaine à Corseul où l’on peut voir d’admirables ruines. Les relations allaient bon train entre l’Armorique, la Normandie et les iles, comme en témoignent divers éléments de cette exposition : les restes d’un char romain en provenance de la sépulture gauloise d’Orval dans la Manche, les éléments d’une galère romaine trouvée dans le port de Guernesey il y a 10 ans, et aussi des statuettes de Paule (56) prêtées par le Musée de Bretagne.
Qui est allé planquer ses économies à Jersey ? Mystère. Un premier lot de 15 000 pièces avait été déterré. Mais celui de Richard Miles et Reg Mead dépasse leurs pronostics. Les deux découvreurs, archéologues amateurs, savaient qu’un magot reposait quelque part dans le sol, alors munis de leur détecteur de métaux, ils ont arpenté la campagne jersiaise – une parcelle restée secrète ! Ces pièces furent-elles enterrées là par sécurité, pour les protéger de l’envahisseur romain ? Réponse (peut-être) dans la BD Asterix et le Chaudron magique, dans lequel l’irréductible gaulois propose au chef du village d’enterrer leur trésor afin de le soustraire au questeur romain. Le Chef lui répond : « ça leur prendra des années avant de le trouver ! » (LOL, dirait-on maintenant). En l’occurrence, çà a pris 2000 ans !
Depuis, les pièces se sont compactées dans l’argile. Le Jersey Museum a fait le choix intéressant d’intégrer dans l’exposition l’atelier de décorticage du trésor. Le visiteur assiste donc en direct à ce travail minutieux qui va prendre trois ans. Des écrans numériques et une application 3D complètent la visite interactive. Dans le bloc, on entrevoit des éléments d’or. Les pièces portent sur une face un cheval, sur l’autre un profil de dieu grec. Pas de reine d’Angleterre bien sûr. Mais Sa Majesté est (très) intéressée par la question : en tant que propriétaire de toute découverte faite sur l’île, elle va toucher une belle part des 12 millions d’euros, valeur estimée du treasure. Çà fait combien en livres ? Tais-toi et creuse !