Fulgence Bienvenüe (1852-1936) était originaire de Uzel, un petit bourg dans le département des Côtes du Nord (Côtes d’Armor aujourd’hui), situé à une trentaine de kilomètres en dessous de Saint Brieuc. Devenu ingénieur, il a laissé son empreinte éternelle dans la capitale française, car il est à l’origine de la création du métropolitain. Surnommé « le père du métro de Paris », Fulgence Bienvenüe lui consacra toute sa carrière.
La naissance du métro parisien remonte a la fin du XIXe et c’est le premier projet d’un Armoricain qu’il convient de raconter l’histoire. « Aucune œuvre n’est plus indispensable et d’intérêt plus général que le métropolitain !« , pensait Fulgence Bienvenüe.
Fulgence Bienvenüe vient au monde le 27 janvier 1852 à Uzel (22). Il est le treizième enfant d’une famille de notables très pieuse. Il reçoit le prénom de Fulgence, qui issu de fulgentius d’origine latine signifie brillant : étrange destinée ! Alors que son grand-père paternel est magistrat, juriste et écrivain, le goût pour l’Histoire, l’archéologie et la littérature lui est transmis par son père, un notaire très cultivé. Fulgence Bienvenüe obtient son baccalauréat en philosophie à l’âge de quinze ans. En 1870, il intègre l’École Polytechnique à seulement 18 ans. Passionné de lettres, le jeune Fulgence embrasse pourtant une carrière scientifique ! Classé 5e sur 18 candidats au concours d’entrée, il devient ingénieur et polytechnicien des Ponts et Chaussées en 1872.
Pour sa première mission, il a en charge l’exploitation de 197 kilomètres de routes nationales, puis supervise les lignes de chemin de fer dans la région d’Alençon (61) en Normandie et la construction du chemin de fer de Fougères (35) à Vire (14). Le 25 février 1881, il est victime d’un accident et se retrouve amputé du bras gauche : il a 29 ans. Le 2 mars suivant, il est fait chevalier de la Légion d’honneur pour son travail et son investissement !
À partir de 1884, Fulgence Bienvenüe continue sa carrière d’ingénieur dans les chemins de fer pour la ville de Paris. Dans le 14e arrondissement, Montparnasse est le quartier où de nombreux bretons émigrent à la fin du XIXe siècle ; Fulgence Bienvenüe aussi !
L’ingénieur met son talent au service des Parisiens en modernisant la ville avec de nombreux travaux : la construction de la ligne de train Paris-Strasbourg ; des travaux d’aménagement et d’équipement en égouts pour les quartiers populaires du 19e et du 20e arrondissements ; Il s’intéresse également aux problèmes de transports dans les quartiers hauts de Paris et conçoit le tramway funiculaire de Belleville en 1890. En 1891, il est promu ingénieur en chef afin de résoudre les problèmes d’alimentation en eau potable.
En 1900, alors que cinq ans plus tôt il a réalisé avec l’ingénieur Edmond Huet (1827-1906) un avant-projet et qu’il trace des plans du futur métro en 1896, Fulgence Bienvenüe commence à travailler sur ce qui sera le chef-d’œuvre de sa vie : le métropolitain souterrain parisien ! Son souhait est d’améliorer les transports publics en vue de l’Exposition universelle de l’été 1900 à Paris. Les travaux débutent en octobre 1998 et mettent deux ans pour construire la première ligne du métro : la ligne 1 est longue de quatorze kilomètres, elle relie la porte de Vincennes à la Porte-Maillot , un grand axe qui traverse Paris d’Ouest en Est.
En cinq ans, 42 kilomètres des lignes 2 et 3 sont établis. Le tracé de la ligne 4 est adopté en 1903 : elle nécessite une traversée sous-fluviale de la Seine, ce qui représente un important défi technique (déjà réalisé pour le métro de Londres sous la Tamise en 1869 !)
Fulgence Bienvenüe recrute dans les campagnes bretonnes ; les registres d’embauche de la compagnie Nord-Sud constate en juin 1908 combien les Bretons sont nombreux à travailler sur le chantier du métro parisien…
La ligne 4 est ouverte le 21 avril 1908 entre la Porte de Clignancourt et Châtelet. L’année suivante, le tronçon entre la Porte d’Orléans et le boulevard Raspail s’ouvre le 30 octobre 1909. Le tronçon central, avec la traversée de la Seine, est mis en service, il y a juste 115 ans, le 9 janvier 1910. Hélas, il ferme très vite, en raison des inondations qui débutent le 21 janvier 1910.
Alors que la décrue s’amorce le 29 janvier, la Seine ne retrouve son cours normal que le 16 mars et le métropolitain ne rouvre que le 4 avril…
En 1932, Fulgence Bienvenüe, cet ingénieur polyvalent, part à la retraite à 80 ans. Au total, au cours de sa carrière il aura fait construire un réseau de douze lignes de métro de 115 km.
En juin 1933 la station Maine est rebaptisée Montparnasse-Bienvenüe par le conseil municipal de Paris afin de rendre hommage à Fulgence Bienvenüe.
Fulgence Bienvenüe, cet ingénieur modeste qui ne recherchait ni la lumière ni la gloire, s’éteint le 3 août 1936 à l’âge de 84 ans. Il renonce même, pour ses obsèques le 7 août 1936, aux honneurs militaires auxquels il avait droit. Il repose depuis au cimetière du Père-Lachaise de Paris, où il arrive encore aujourd’hui que sa tombe soit parsemée de tickets de métro !
En 1987, un timbre est édité en la mémoire de Fulgence Bienvenüe, considérant qu’il a révolutionné le quotidien des Parisiens.
Dans les Côtes d’Armor, à Loudéac, un lycée porte son nom ; à la gare de Saint-Brieuc, un médaillon à son effigie a été réalisé…
A la station de métro Montparnasse-Bienvenüe, le buste de Fulgence Bienvenüe a été offert par la commune d’Uzel en 2000. En réalité, le sculpteur armoricain Bernard Potel, de Saint-Alban, en a réalisé deux exemplaires : le premier buste pour Paris, l’autre buste pour Uzel.
Le métro parisien représente de nos jours 226 kilomètres de lignes, 309 stations, où plus d’un milliard et demi de voyageurs sont transportés tous les ans. Ce réseau où transitent chaque jour plus de quatre millions d’usagers doit tout à la ténacité et au génie d’un seul homme : Fulgence Bienvenüe !
