En février 2025, alors que Paris accueillait le Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle du 6 au 11 février, une controverse majeure a éclaté dans le monde de l’art. Plus de 6300 artistes ont signé une pétition exigeant l’annulation d’une vente aux enchères d’œuvres créées par intelligence artificielle (IA), organisée par la maison Christie’s à New York, prévue pour le 20 février.
« Christie’s est heureux d’annoncer Augmented Intelligence, une vente aux enchères composée uniquement d’œuvres d’art créées avec de l’IA. Cette vente est la première vente dédiée à l’intelligence artificielle jamais organisée dans une grande maison de ventes. Les offres comprennent plus de 20 lots d’artistes pionniers travaillant à l’intersection de l’art et de la technologie, notamment Refik Anadol, Harold Cohen, Pindar Van Arman, Holly Herndon & Mat Dryhurst, Alexander Reben, Claire Silver, et bien d’autres. Les supports varient de la sculpture, la peinture, les estampes, les œuvres sur papier, les œuvres nativement numériques, les écrans, les œuvres interactives, aux boîtes lumineuses. La vente présente également une sélection d’artistes de la galerie d’art AI de NVIDIA. La vente sera ouverte aux enchères du 20 février au 5 mars 2025. La vente complète sera visible dans les galeries de Christie’s au Rockefeller Center du 20 février au 5 mars 2025. »
Les signataires de la pétition dénoncent ce qu’ils considèrent comme un « vol de masse » de leur travail. Ils accusent les modèles d’IA générative d’utiliser leurs œuvres protégées par le droit d’auteur sans autorisation ni compensation pour créer de nouvelles images. Selon eux, cette pratique constitue une exploitation injuste du travail des artistes humains au profit de produits commerciaux fondés sur l’IA. Parmi les voix critiques, Ed Newton-Rex, un artiste et compositeur, a déclaré : « Vendre de l’art généré par l’IA revient à soutenir implicitement l’exploitation du travail des artistes humains. »
En réponse à ces accusations, Christie’s a défendu sa position en affirmant que la vente, intitulée « Augmented Intelligence », vise à montrer comment l’IA peut être utilisée pour enrichir la créativité humaine plutôt que de la remplacer. La maison de vente aux enchères a souligné que les artistes participants sont reconnus pour leur utilisation innovante de l’IA dans leurs processus créatifs. La vente aux enchères d’art IA de Christie’s devrait rapporter plus de 600 000 $, avec des œuvres d’art évaluées entre 10 000 $ et 250 000 $.
Cette controverse intervient dans un contexte plus large de débats sur l’impact de l’IA sur les industries créatives. Lors du Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle à Paris, des discussions ont eu lieu sur la manière de réglementer l’utilisation de l’IA tout en encourageant l’innovation. Le président français Emmanuel Macron a déclaré : « L’intelligence artificielle représente une révolution technologique qui préoccupe de nombreux citoyens tout en représentant une source d’innovations positives majeure. »
La question de l’utilisation des œuvres protégées par le droit d’auteur pour entraîner des modèles d’IA reste un sujet brûlant. Les artistes demandent une meilleure protection de leurs droits et une réglementation plus stricte pour éviter l’exploitation non autorisée de leur travail par des technologies émergentes. Cette affaire pourrait bien marquer un tournant dans la manière dont le monde de l’art et les industries créatives abordent l’intégration de l’IA dans leurs pratiques.
La question juridique et économique du droit d’auteur dans l’art généré par l’IA
L’un des principaux problèmes soulevés par l’utilisation de l’IA dans la création artistique est la difficulté à respecter le cadre juridique et économique du droit d’auteur. En effet, les modèles d’intelligence artificielle, tels que ceux utilisés pour générer des œuvres, s’entraînent souvent sur de vastes ensembles de données contenant des œuvres souvent protégées par le copyright, sans que les artistes originaux soient consultés ou rémunérés. Contrairement aux créateurs humains, qui peuvent s’inspirer d’influences diverses tout en apportant une contribution originale identifiable, les œuvres générées par l’IA mélangent et recomposent des fragments de styles et d’idées, rendant difficile l’attribution des droits aux auteurs d’origine. Cette dilution des sources pose un défi majeur en matière de respect des ayant-droits et de monétisation équitable. Les artistes réclament donc une réglementation plus stricte et des solutions comme des licences payantes ou des outils de suivi des œuvres utilisées dans l’entraînement des IA, afin d’assurer une juste rémunération des créateurs (humains).