Jeudi 14 juillet, les Vieilles Charrues ont lancé le 25e coup d’envoi à Carhaix dans le Finistère. Plus de 100 000 billets avaient été vendus dès décembre en 48 h, c’est dire si l’événement sait répondre à l’attente des festivaliers, voire les devancer. Édition 2016, édition anniversaire, c’était parti pour quatre jours de musique et de fête populaire. L’équipe tient à cet engouement largement partagé. Elle a bien raison. Le festival affichait complet
Premier jour de festival : sous un soleil bienveillant, l’espace se remplit sans précipitation, chacun prend ses repères, découvre la nouvelle scénographie du site. Ils seront plus de 278 000 festivaliers à venir partager ces moments d’exception et un heureux anniversaire.
Lors de la conférence de lancement, Jean-Luc Martin et Jérôme Tréhorel, respectivement président et directeur du plus grand festival de France, ont rappelé le caractère atypique de ce rendez-vous porté par des valeurs, un modèle économique, une ligne artistique et une conception du partenariat qui ne laisse rien au hasard, à l’improvisation, sans jamais se prendre trop au sérieux. La magie Charrues, c’est le partage, la joie communicative, la rencontre entre toutes les générations. C’est ce pari réussi d’autofinancer l’aventure grâce au plébiscite du public et au soutien de mécènes qui comprennent et acceptent les conditions de l’équipe, une équipe qui n’a pas changé depuis plusieurs années et qui s’est largement étoffée.
Pendant le festival, 200 entreprises sont présentes. L’espace VIP voit passer plus de 5000 personnes par jour. Ça non plus, ça ne se fait pas par un claquement de doigts, surtout quand l’équipe veille — et c’est le cas — à ne pas perdre de vue le sens de ses valeurs, celles d’un festival à but non lucratif.
À Carhaix, souligne Jean-Luc Martin, vous ne verrez jamais de grandes marques sur les scènes. Par contre, vous pouvez venir partager comme certains de nos 6500 bénévoles le repas des laboureurs en janvier. C’est un des moments importants dans la vie du festival, pour être ensemble, pour que l’information circule bien
Et Jérôme Tréhorel de compléter sur les changements qui attendent artistes et festivaliers présents pour ce 25e anniversaire :
On a mis le paquet sur les conditions d’accueil sur le site, la déco, la scénographie. C’est un an de boulot qui mérite bien que l’équipe prenne aussi le temps d’un bon bain de foule, pour saisir les sourires, les regards. On veut que chacun trouve son bonheur, chaque jour, chaque soir
Depuis 1992, date de la toute première édition, 1285 artistes et formations se sont succédé sur les différentes scènes à Kerampuilh, cette belle prairie qui retrouve chaque année avec le festival des airs de ville éphémère, une ville de lumière où il fait bon garder les pieds sur terre. En 2016, les Vieilles Charrues rendent hommage à Jean-Philippe Quignon en donnant son nom à l’espace où l’équipe a ses bureaux. Co-président de 2001 à 2012, avant que la maladie ne l’emporte, il était de ceux qui ont permis que le festival garde son cap et devienne la référence internationale que l’on sait, sans perdre de vue l’essentiel : la convivialité de l’accueil et le plaisir d’abord. C’est ça aussi l’esprit Charrue, toujours aller de l’avant sans jamais oublier d’où l’on vient. Partager avec le plus grand nombre la plus belle part du rêve, l’euphorie du présent, sans se laisser dépasser par les événements ou perdre la mesure de ce qui fait la raison d’être d’un projet fou, mais gagné encore aujourd’hui.
Les magnifiques concerts de Her et Jeanne Added ont transporté les ondes vers des espaces plus calmes que le rock enlevé et furieux de Last train qui a ouvert le bal en début d’après-midi. Sur la scène Gwernig, la Colonie de vacances a fait monter le son jusqu’à son paroxysme, avant que les Insus ne fassent chavirer la foule dans une folle envie collective d’entonner tous les tubes qui ont marqué la belle époque de Téléphone. Un moment de pur bonheur. La découverte sonore du jour 1 des Charrues : les publics de Gwernig au centre d’un dispositif sound system quadriphonique totalement atypique ! Et ça dépote, c’est le moins qu’on puisse dire.
La Bretonne du jour : Orianne Marsilli, alias Ladylike Lily, une habituée du festival, originaire de Scaër. Elle y a joué déjà deux fois en solo avant de revenir avec son nouveau projet, en français cette fois. Elle est accompagnée par deux musiciens. La complicité du trio transpire pendant le concert. À la rentrée, retour à la formule solo, l’artiste rejoint la tournée de Miossec dont elle assure la 1re partie (pour la 3e fois également), mais l’aventure collective de Ladylake Lily ne s’arrête pas pour autant et promet encore de beaux moments.
Les Bretons du jour : les Rennais du groupe Her. Après leur Tape#1 plus écouté aux Etats-Unis que chez nous (Apple vient d’ailleurs de choisir « Union » un des titres de l’album pour un spot publicitaire), le groupe prépare son Tape#2, toujours sur le principe d’une histoire qui se déroule au fil des morceaux. Leur plaisir d’être aux Vielles Charrues se lit sur leur visage, la beauté de leur musique s’affiche dans les sourires d’un public conquis.
Le plus beau show : celui des Insus, jusqu’au bout de la nuit, après deux heures de concert, ils donnent, ils donnent…de la joie à perte d’horizon. Touchantes retrouvailles sur scène comme avec le public, infiniment reconnaissant d’être aux premières loges. Ce ne sont pas des stars qui s’en racontent, ils vivent l’instant à fond comme des gosses qui s’amusent avec leur jouet préféré. Quel talent, quel génie, quelle générosité et quelle puissance !
La meilleure idée déco écolo : le soleil radieux toute la journée puis un ciel crépusculaire fabuleux en fond de scène. Oui, la magie Charrue est bien au rendez-vous de ce 25e anniversaire.
Festival des Vieilles Charrues #25, Carhaix-Plouguer, Finistère, juillet 2016
Photos officielles des Vieilles Charrues : Mathieu Ezan, Nico M
https://www.youtube.com/watch?v=2SKXyjezoao