Etrelles. La mobilisation pour les salaires chez Thalès entre dans sa septième semaine

Depuis la mi-janvier, une gronde sociale secoue le site de Thales à Étrelles, une petite commune située à proximité de Vitré en Ille-et-Vilaine. Tous les jeudis, un nombre croissant de salariés se rassemblent pour exprimer leur mécontentement face aux propositions d’augmentation salariale insuffisantes de la direction. Ce mouvement de protestation, qui dure désormais depuis six semaines, a vu se rejoindre plusieurs organisations syndicales de la CGT à la CFDT, en passant par la CFTC, la CFE-CGC et le syndicat maison Supper.

Les revendications des employés de Thales à Étrelles sont claires : des augmentations salariales plus conséquentes pour 2025. Depuis le début de l’année, la direction a proposé des hausses salariales jugées trop faibles au regard de l’inflation et de l’augmentation du coût de la vie. Le jeudi 27 février marquera la septième journée de débrayage consécutive, et il ne semble pas question de relâcher la pression tant que la direction n’aura pas réagi.

Sur les 950 salariés que compte l’usine d’Étrelles, environ une centaine d’entre eux, principalement issus des différentes organisations syndicales, prennent part à ce mouvement. Chaque jeudi, ces travailleurs se retrouvent pour manifester leur désaccord.

Estelle Loisel, déléguée syndicale centrale CGT et secrétaire du comité social et économique (CSE), ne cache pas sa détermination : « Depuis janvier, la direction ne bouge pas, nous non plus. On sera donc là ce jeudi et encore après s’il le faut ». Un message sans équivoque qui montre que les travailleurs ne comptent pas céder tant qu’ils n’obtiendront pas des augmentations salariales jugées à la hauteur de leurs efforts et de leurs attentes.

Ce mécontentement ne se limite pas au site d’Étrelles. Il fait partie d’un mouvement national mené par les syndicats de Thales dans plusieurs autres usines du pays, dont Brest. Les revendications sont partagées à travers les différents sites de production, témoignant d’une mobilisation générale qui prend de l’ampleur au sein de l’industriel français.

Le géant technologique, impliqué dans des secteurs stratégiques comme la défense, l’aérospatial et la cybersécurité, semble se retrouver sous pression sur plusieurs fronts : les salariés jugent leurs efforts insuffisamment récompensés et estiment que l’entreprise, qui réalise des bénéfices conséquents, pourrait offrir de meilleures compensations salariales. Les syndicats unissent leurs forces pour peser sur la direction, avec une solidarité croissante parmi les travailleurs de différents sites, et notamment à Étrelles, où l’atmosphère reste résolue.

La principale source de mécontentement réside dans les propositions d’augmentation de salaire insuffisantes. Selon les syndicats, l’augmentation annoncée pour 2025 ne prend pas en compte l’inflation ni l’augmentation des coûts de la vie, et encore moins l’évolution des charges de travail des salariés. Alors que l’entreprise continue de prospérer, les employés estiment qu’ils méritent une juste reconnaissance pour leurs efforts.

« La direction nous propose une hausse de salaire de quelques pourcents, mais c’est bien en-dessous de ce que nous espérions », précise une salariée sous couvert d’anonymat. D’autres travailleurs pointent également des conditions de travail de plus en plus difficiles et une pression constante pour augmenter les performances, tout en constatant un décalage avec les propositions de la direction.

En question notamment : l’indexation des dividendes sur les augmentations de salaire, le plafonnement des salaires par un écart maximal de 1 à 20 dans l’entreprise, l’augmentation de la représentation des salariés au conseil d’administration…

Les cinq organisations syndicales présentes sur le site d’Étrelles se sont unies dans ce combat pour défendre les intérêts des salariés. La CGT, représentée par Estelle Loisel, est la plus mobilisée sur le terrain, avec de nombreux débrayages et manifestations organisés. La CFDT, la CFTC, la CFE-CGC, et le syndicat maison Supper apportent également leur soutien à la mobilisation, bien qu’ils s’efforcent de maintenir un dialogue avec la direction tout en exigeant des améliorations substantielles pour leurs adhérents.

Les syndicats partagent le même message : ils ne céderont pas tant que la direction ne proposera pas une offre plus conséquente. La solidarité entre les différents sites de Thales semble se renforcer au fur et à mesure de la grève, alors même que des discussions sont en cours au niveau national pour tenter de faire évoluer la situation.

La direction de Thales semble, pour l’instant, camper sur ses positions, laissant entendre que ses propositions sont les meilleures possibles dans le contexte économique actuel. Mais pour les salariés, le dialogue reste figé. « La direction nous parle d’augmentation mais refuse d’entendre nos revendications, et ce, malgré nos multiples tentatives pour engager des négociations sérieuses », explique un membre du CSE.

Jusqu’à quand le site d’Étrelles et d’autres usines de Thales tiendront-ils bon ? La situation pourrait se tendre si la direction n’apporte pas rapidement des réponses concrètes aux revendications. Pour l’instant, les salariés restent déterminés, et le soutien de leurs syndicats est plus fort que jamais.

Les débrayages continueront, avec une attention particulière pour le mois de mars, où les négociations pourraient potentiellement aboutir à une solution. Si ce n’est pas le cas, la mobilisation pourrait s’intensifier, avec des conséquences potentielles sur la production et l’image de l’entreprise.

Dans tous les cas, l’histoire de la grève à Thales Étrelles se poursuit, et la pression reste intacte sur la direction.

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