Finistère. Des expositions célèbrent le bicentenaire de la naissance de Yan’ Dargent

yann'dargent

À l’occasion du bicentenaire de la naissance du peintre Yan’ Dargent, né le 15 octobre 1824, le parcours Sur les pas de Yan’ Dargent invite le public à découvrir ses œuvres dans différents musées, églises et lieux publics du Finistère ainsi que différents sites qui ont inspiré l’artiste. Neuf communes participent à ce bel événement : Quimper, Landerneau, Morlaix, Saint-Pol-de-Léon, Loctudy, Brest, Plounéventer, Plouvien et Saint-Servais.

  • les 200 ans de Yann'Dargent
  • les 200 ans de Yann'Dargent

Yan’ Dargent (1824-1899), illustrateur renommé, s’est fait le chantre, l’ambassadeur des paysages de son Léon natal et aussi de la presqu’île de Crozon, car il a consacré la majorité de son œuvre à la Bretagne. Il a peint les légendes de son enfance et a décoré de nombreuses églises. Créateur prolifique, il a également conçu des vitraux et des objets décoratifs. 

Yan’ Dargent est né Jean-Édouard Dargent le 15 octobre 1824 à Saint-Servais (29). Claude, son père, originaire de Lorraine, est tanneur. Jean-Edouard est orphelin de mère quand il a deux ans et est confié à son grand-père et à ses oncles maternels, dont l’un d’entre eux est instituteur à Plouaret. Il va ensuite au collège de Landerneau puis rejoint en 1836 l’institution Notre-Dame du Kreizker de Saint-Pol-de-Léon. Alors que la famille souhaite en faire un marin, le jeune Jean-Édouard Dargent préfère les mathématiques et le dessin…

Jean-Édouard Dargent entre dans la vie active en 1840, d’abord dans une entreprise de travaux publics de Brest, en qualité de dessinateur. Après un bref passage aux Ponts-et-Chaussées, il obtient un poste à la Compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest : son travail consiste à faire des relevés topographiques sur la ligne en construction : Morlaix – Brest. En 1946, il a 22 ans et est inspecteur des travaux à la construction de chemin de fer de Montereau-Fault-Yonne en Seine-et-Marne ; il fait la rencontre d’un professeur de dessin qui l’encourage à développer ses talents de dessinateur ! sa vie va s’en trouver bouleversée…

En 1950, Yan’Dargent donne sa démission à la Compagnie des Chemins de Fer pour se consacrer à son art d’illustrateur. Il s’installe à Paris. En parfait autodidacte, pendant dix ans il poursuit sa production artistique et expose tous les ans au Salon de Paris, sans vraiment rencontrer le succès ! Il faudra attendre 1861 et la présentation de quatre réalisations pour atteindre la renommée : Les Lavandières de la nuit ; Souvenir de collège ; Les Pilleurs de Mer à Guissény ; Pâtres des plaines de Kerlouan.

En tant qu’illustrateur, Yan’Dargent exprime tout son talent, plus particulièrement dans le domaine des sciences. Chaque dessin est une mise en scène de personnages en mouvement ou dans des attitudes de la vie courante.

  • les 200 ans de Yan'Dargent
  • les 200 ans de Yan'Dargent

À partir des années 1870, il va consacrer son temps à la décoration, à l’embellissement des édifices religieux bretons, et particulièrement du Finistère, où il est chargé par le clergé de la décoration de plusieurs églises et surtout de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper dont il réalise l’ornementation de toutes les chapelles latérales : un chantier qui lui prendra sept ans de travail. Il peint aussi les paysages du Léon, les couchers de soleil sur les grèves de Roscoff, la mairie de Saint-Pol-de-léon avec La Petite Roscovite, etc.

200 ans de yan'Dargent

Le 8 février 1877, il est nommé chevalier de la légion d’honneur et en 1898, il est le premier président de la section des Beaux-Arts, lors de la création de l’union régionaliste bretonne. Yan’Dargent meurt le 19 novembre 1899 à Paris des suites d’une embolie pulmonaire. Il est enterré à Saint-Servais à sa demande.

Parcours Sur les pas de Yan’ Dargent

La cathédrale Saint-Corentin (QUIMPER)

En 1870 Monseigneur Sergent, l’évêque du diocèse de Quimper, confie à Yan’Dargent la décoration des chapelles latérales de la cathédrale. C’est la plus grande réalisation en peinture religieuse réalisée par l’artiste. Les neuf chapelles de la cathédrale qui comportent chacune deux parois à orner et deux autres chapelles qui ne comprennent qu’une seule paroi, élèvent à vingt le nombre des murailles livrées au pinceau de l’artiste Yan’Dargent. Leur dimensions sont de quatre ou cinq mètres de haut sur deux ou trois de large.

Dans le cadre d’un second programme, l’artiste réalise Le Père Maunoir recevant le don de la langue bretonne, la Nativité et l’Adoration des mages de 1881 à 1883.

  • les 200 ans de Yan'Dargent
  • les 200 ans de Yan'Dargent
  • les 200 ans de Yan'Dargent
  • les 200 ans de Yan'Dargent

D’autres œuvres sont à découvrir au Musée de la faïence ; au Musée départemental breton où les visiteurs pourront prendre connaissance avec les dessins préparatoires au crayon de Yann’Dargent, avec ses encres et ses peintures à l’huile ; au Musée des Beaux-Arts où on peut admirer Les Lavandières de la nuit, demeurée la plus grande œuvre de l’artiste.

L’église Saint-Houardon (LANDERNEAU)

Treize œuvres de Yan’Dargent sont accrochées dans l’église Saint-Houardon, dans le chœur et dans la nef : elles sont classées Monuments Historiques. Des panneaux explicatifs apportent quelques éléments de compréhension sur la construction du bâtiment et permettent d’éclairer les liens de Yan’Dargent avec Landerneau et plus particulièrement l’histoire pleine de péripéties de ces toiles.

L’exposition Sublimes paysages autour de Yan’ Dargent, sur l’histoire de l’artiste avec la ville, est à découvrir à la Galerie de Rohan. 

Le musée de Morlaix

Pour l’occasion du bicentenaire de la naissance de Yan‘Dargent, le musée de Morlaix expose les œuvres de sa collection dans la maison à pondalez du 9 grand’rue. L’exposition met en évidence les dessins, rarement montrés, de La Divine Comédie de Dante qu’il illustre en 1879 au service d’un grand texte de la littérature universelle que les éditions Garnier publient en 1874. Yan’Dargent réalise des planches qui affichent des mises en scène grandioses et de vastes décors, où campent des personnages déchirés et anéantis dans des paysages tour à tour crépusculaires ou lumineux.

Le collège du Kreisker (Saint-Pol-de-Léon)

Yan’ Dargent a été élève à l’institution de la commune de 1837 à 1839, devenu Collège du Kreisker en 1911. Le peintre a réalisé deux toiles pour l’établissement : Le Petit Poucet et Enfants jouant sur une falaise. Il s’établit à Saint-Pol-de-Léon en construisant une villa sur la côte entre Saint-Pol-Léon et Roscoff. Les bords de mer des environs l’ont beaucoup inspiré. L’hôtel de ville de Saint-Pol-de-Léon expose le tableau La Fillette léonarde, également connue sous le nom de La petite roscovite ou encore La coureuse des grèves. Le tableau et son cadre sont inscrits aux monuments historiques depuis 2014. Le tableau est visible aux jours et horaires d’ouverture de l’hôtel de ville.

Le manoir de Kerazan (Loctudy

La famille Astor, propriétaire du manoir de Kerazan à Loctudy, expose dans son grand salon, une marine de Yan’ Dargent, Le soir aux Grèves de Roscoff. Il s’agit d’une petite huile sur bois peinte autour des années 1865-1870. Elle serait une étude préparatoire à un projet plus vaste, inconnue encore à ce jour ! L’ambition des paysages de l’artiste est partagée par les propriétaires du manoir de Kerazan. Ce tableau a été restauré en 2011

Le musée des Beaux-Arts (Brest)

Le musée des Beaux-Arts présente deux œuvres de Yan’ Dargent : Enfants sur la falaise de Pen-Hir est une vue imaginaire d’une falaise mettant en scène des enfants aux grands yeux et aux visages ronds, occupés à jouer. L’œuvre a été présentée au Salon de 1889 sous le titre Falaise dans l’anse de Dinan, pointe de Crozon. Dans La falaise de Pen-Hir, le fusain permet des jeux d’ombre et de lumière qui donnent un caractère dramatique à ce paysage, entre réel et imaginaire.

200 ans de Yan'Dargent

À Plounéventer, Yan’ Dargent a dessiné les cartons du grand vitrail du chœur de l’église, Crucifixion de Notre Seigneur sur le calvaire, et du vitrail de la Transfiguration. Et à Plouvien, dans l’autel néogothique de l’église, se trouve enchâssée l’huile sur toile Les âmes du Purgatoire de Yan’Dargent. Ce tableau rappelle les illustrations de La Divine Comédie.

Saint-Servais est la commune à l’origine de la mise en place d’un parcours itinérant pour commémorer le bicentenaire de la naissance de l’artiste. Les habitants de Saint-Servais ne sauraient trop témoigner de leur reconnaissance à Yan’Dargent. C’est grâce à l’amour que le peintre avait pour son pays natal et aux encouragements du recteur de l’époque qu’ils possèdent dans l’enclos paroissial, l’église et l’ossuaire réunis, un ensemble de ses œuvres. Si ces dernières sont dépassées en nombre par la cathédrale de Quimper et l’église Saint-Houardon de Landerneau, leur variété est cependant incomparable ici : l’intérieur de l’église (avec le Christ en majesté dans le chœur ; la Vierge au Rosaire, dans la chapelle côté de l’Epître et le Baptême du Jourdain aux fonts baptismaux) et de l’ossuaire (avec La Saint Famille à Nazareth ; l’Ecce Homo dans un décor à la façon byzantine ; La Prière et la Charité soulagent la Peine des Trépassés) sont devenus l’écrin de plusieurs des œuvres de Yann’Dargent. Des peintures et des vitraux ont été réalisés spécialement pour Saint-Servais et mises en place pour la plupart par l’artiste lui-même (certains ont été acquis après sa mort). Ces œuvres illustrent les thèmes les plus fréquents de l’Ancien Testament. Le public découvre avec respect l’approche qu’avait l’artiste des mystères chrétiens.

les 200 ans de Yan'Dargent

Un circuit de randonnée au départ du bourg passe devant la maison natale de Yan’Dargent. Installé dans l’ancienne école des garçons du village, le musée Yan’Dargent expose un large éventail d’œuvres peintes et une grande collection de livres illustrés de l’artiste. Il présente toues les facettes du talent de Yan’Dargent pour le découvrir, à la fois paysagiste, portraitiste, peintre du légendaire, peintre du sacré et illustrateur, un des plus grands de son temps.

Quant à sa tombe, elle est cependant bien modeste. Le peintre avait demandé qu’après sa mort sa tête soit conservée dans une boîte à crâne comme cela avait été fait pour sa mère et pour son oncle, alors que l’on avait cessé de le faire dans la région depuis une cinquantaine d’années. La demande fut honorée, non sans mal, en 1907, huit ans après son décès.

INFOS PRATIQUES

Le programme complet se trouve ici

Musée Yan’ Dargent, 9 Le bourg à Saint-Servais (29)

Contact :Tél : 02 98 68 15 21 (mairie) et/ou museeyandargent@gmail.com
musee-yandargent.bzh

Autre moyen pour découvrir Yan’ Dargent : suivre une chasse au trésor numérique mise en place à l’occasion du bicentenaire de sa naissance. Rendez-vous sur l’application Geocaching, direction les caches mises en place par FinistAirGeocaching, nom de code SLPDYD (sur les pas de Yan’ Dargent).

200 ans Yan'Dargent
Ronan Hirrien, premier guide du musée Yan’ Dargent et actuel président des Amis du musée éponyme (3e à droite), en compagnie de quelques partenaires de l’événement,

Article connexe :

Article précédentPapillomavirus en Bretagne. Nouvelle campagne de vaccination au sein des collèges
Article suivantSauf mon cœur, tout va bien. Le dernier roman d’Héctor Abad
Marjolaine Tanguy
Marjolaine Tanguy est correspondante de presse dans le Finistère

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici