Journée nationale de la déportation

La commémoration en hommage à tous les déportés des camps d’extermination nazis, au cours de la Seconde Guerre mondiale, se déroulera le dernier dimanche du mois d’avril, soit le 28 avril 2024 dans les communes françaises. Cet hommage intervient dans une période à nouveau chaotique où les désordres du monde menacent la démocratie et engendrent la souffrance de populations civiles innocentes.

Au début des années 1950, les anciens déportés et les familles des déportés qui n’ont pas survécu à la déportation expriment le souhait de voir inscrite, au calendrier des commémorations, une célébration nationale destinée à préserver la mémoire de la déportation. Votée à l’unanimité par le Parlement, le dernier dimanche d’avril est consacré Journée Nationale pour tous les déportés de la Seconde Guerre mondiale sans distinction, par la loi du 14 avril 1954 sous le mandat du président René Coty (1882-1962) : elle rend hommage aux victimes des camps de la mort et à leur sacrifice. Cette date du mois d’avril a été retenue, d’une part en raison de sa proximité avec la date anniversaire de la libération de la plupart des camps de concentration, d’autre part car elle ne se confondait avec aucune autre célébration nationale ou religieuse existante.

 Journée nationale de la déportation

42 500 camps de la mort, de tailles différentes, ont été construits entre 1933 et 1945, le premier d’entre eux étant Dachau en Allemagne construit en 1933 pour les prisonniers politiques. Birkenau était le centre d’extermination le plus vaste au sein d’Auschwitz en Pologne : il devint le principal centre d’assassinat de masse des Juifs. Ce sont entre quinze et vingt millions de personnes qui ont été déportées et emprisonnées dans les camps de concentration. Aujourd’hui encore, les chiffres ne sont pas précis. Il n’existe pas de documents qui détaillent le nombre de personnes assassinées, en raison de la destruction des corps dans les fours crématoires. On sait cependant que 11 500 000 Juifs d’Europe ont été déportés, dont la moitié est décédée dont 83 000 Juifs français ; que 1 200 000 déportés ont péri dans le camp d’Auschwitz en Pologne ; 195 000 dans celui de Mauthausen en Autriche ; 70 000 à Dachau en Allemagne et 11 000 à Struthof-Natzwiller dans le département alsacien du Bas-Rhin, l’unique camp français, spécialisé dans les expériences médicales.

Les 4 départements bretons avec les départements de la Loire Atlantique et de la Mayenne totalisent 5 027 déportés, dont 462 juifs, vers les camps d’extermination. Le Morbihan compte 643 déportés, pour la plupart des résistants, mais aussi des déportés politiques, 51 juifs et également les otages des rafles : celle de soixante personnes à Morlaix dans le Finistère le 26 décembre 1943 ; les déportés de la rafle du 20 janvier 1944 à Guilliers-Loyat dans le Morbihan ; et ceux de la rafle à Le Crozon dans le Finistère le 30 juin 1944 qui en compte 42.

Le déroulement de ces événements tragiques sont rappelés chaque dernier dimanche du mois d’avril par les municipalités qui déposent en présence des associations d’anciens combattants et de la population, un traditionnel dépôt de gerbe au pied des monuments aux morts ou dans un lieu de mémoire lié à la Déportation.

Portrait de deux déportés morbihannais

Adolphe Lequitte, raflé par hasard et mort en déportation le 18 février 1945

Adolphe Lequitte est né le 13 août 1921 à Taupont dans le Morbihan. Pendant l’occupation, il est employé dans la boulangerie à Loyat. Chaque matin, il quitte Taupont à vélo et parcourt les sept kilomètres pour se rendre à son travail. Dans la nuit du 17 au 18 janvier 1944, le caporal allemand Hammes est retrouvé mort dans le bourg de la commune voisine : Guilliers. Il a été abattu d’une balle à l’arrière de la tête. La réaction de l’occupant et les représailles ne se font pas attendre : le jeudi 20 janvier, les Allemands organisent une grande rafle sur six communes dont Loyat. Adolphe Lequitte est au mauvais endroit au mauvais moment ! Il est raflé sur son lieu de travail avec les onze Loyatais et fait partie des 42 hommes retenus pour la déportation. 

D’abord prisonnier dans une ancienne caserne de cavalerie à Compiègne-Royallieu dans l’Oise, Adolphe Lequitte fabrique, pendant deux mois, des paillassons avec les autres prisonniers sans être maltraités. Mais le 22 mars 1944, il embarquent dans des wagons à bestiaux, entassés au nombre de cent personnes par wagon. Ils n’ont qu’un bidon pour faire leurs besoins et une botte de paille. Le voyage dure trois jours, dans le froid et la puanteur, sans boire ni manger. Ceux qui tombent ne se relèvent plus ! La destination c’est l’Autriche, au camp de concentration de Mauthausen. C’est le début de l’enfer. Vêtu de l’uniforme de bagnard rayé et chaussé d’une plaque de bois avec lanière de cuir en guise de chaussures, le déporté part casser les cailloux à la carrière, escorté par les mitraillettes et les chiens des SS, le plus pénible labeur du camp. Il y a aussi le travail à la mine et en usine. Affamés, les déportés ne reçoivent que 80 grammes de pain et une louche de rutabagas pour quinze heures de travail par jour. Les brimades, les menaces, les coups, les humiliations, comme celle de rester debout dans le froid sans bouger pendant l’appel pendant des heures, sont quotidiennes. Le manque de nourriture, les insomnies, l’insalubrité et le froid entraînent de nombreuses maladies : le typhus, la tuberculose et la dysenterie pour les plus fréquentes…

Adolphe Lequitte ne reviendra pas de déportation. Il meurt d’épuisement à Mauthausen le 18 février 1945, alors qu’il n’a pas atteint son 24e anniversaire…

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Emile Gabriel Audran, résistant et mort en déportation le 22 février 1945

Emile Audran est né à Hennebont dans le Morbihan le 18 mars 1904. Il est agent des services secrets de la Marine à la station de radio de Basse-Lande en Loire Atlantique quand il est muté en 1941 à l’arsenal de Lorient et recruté par André Coindeau pour entrer comme agent de renseignements au réseau Alliance sur la région Bretagne. Son travail consiste à fournir des renseignements sur les entrées et sorties des sous-marins, sur les mouvements de troupes et sur les fortifications côtières dans le département du Morbihan. Dénoncé par un agent double qui appartient à la milice, il est  arrêté le 13 mars 1944 à Vannes (56) par la Gestapo. D’abord emprisonné à Rennes (35) jusqu’au 3 août, il est déporté à Natzweiler Struthof en Alsace le 26 août 1944. Matricule 23807, il est  transféré en janvier 1945 au camp de Dachau puis au kommando de Dohren-Hannover du camp de Neuengamme en Allemagne, où il meurt moins d’un an après son arrestation, le 22 février 1945. Emile Audran était marié et père de trois enfants.

Il est déclaré « Mort pour la France » le 26 juin 1947 et reçoit le titre de déporté résistant le 22 novembre 1952, décoré à titre posthume de la médaille de la Résistance et de la croix de guerre.


Dimanche 28 avril 2024, les Français s’uniront contre le fanatisme, contre les idéologies de haine et d’exclusion et pour un même hommage pour ces êtres humains dont les vies furent broyées en raison de leur résistance, de leur croyance, de leur origine ou de leur orientation sexuelle, au nom d’un régime raciste, expansionniste et dominateur.

Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

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