La littérature ne se réduit pas aux écrivains médiatisés, aux maisons d’édition dominantes et aux best-sellers. Pierre-Alain Gasse, né en 1947 en Normandie, enseignant en langues vivantes en Bretagne, est aujourd’hui à la retraite. Il écrit en français et en espagnol depuis 1981. Après avoir publié quelques romans, il a trouvé sa voie en tant que nouvelliste depuis 1995.

Le style de l’auteur est d’une simplicité et d’une aisance qui donnent un ton de vérité supplémentaire. En bon nouvelliste, l’auteur maîtrise l’art de la chute. La plus intense de ces nouvelles est aussi la plus longue, ad patres. Il y a tant d’émotions, de nostalgie dans les pensées de cette mamie affaiblie qui entre à l’hôpital. L’auteur alterne les pensées inquiètes de cette femme malade et ses souvenirs d’une vie, ses blessures d’enfant, de femme et de mère. Là aussi, il y a une telle véracité dans les descriptions de la souffrance, de la froideur de l’hôpital et de la peine d’une famille que l’on est forcément ému.
En regroupant ces nouvelles écrites entre 1995 et 2010, l’auteur évoque les choses récurrentes de la vie comme l’amour, la filiation, le chômage, l’amitié, mais aussi certains événements inattendus comme le coup de tête de Zidane lors de la coupe du monde de football en 2006, l’accident d’avion Charm El Cheik-Paris en 2004 ou l’emprisonnement d’une Française en Amérique du Sud.
C’est à la suite d’un voyage à Singapour que Pierre-Alain Gasse reprend la forme du roman court pour témoigner de la situation des maids asiatiques, ces employées de maison qui travaillent pour de riches locaux ou expatriés.

Ratih rêve toujours de pouvoir devenir une femme capable de réaliser ses ambitions. Elle entend être raisonnable afin de pouvoir économiser des années de salaire, mais elle rêve aussi de retrouver un homme dont elle n’aura pas peur. Le calme de la nature apaise souvent les souffrances et l’ascension ardue du mont Sundoro sera le symbole de la persévérance récompensée.
Si sa vie actuelle ne valait pas grand-chose, rien ne valait la vie, ne serait-ce que pour contempler la nature, indomptable et imprévisible, mais d’une splendeur à laquelle il eut été fou de renoncer !

La médaille de bronze du 5e Concours international 2015 des Ateliers d’Art de Servon-sur-Vilaine obtenue pour le recueil de nouvelles, Amours de papier, le 9 mai dernier, semble pencher pour un talent de nouvelliste.
