Une récente étude* rapporte que le Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, entraînerait de graves perturbations au sein de différents secteurs, notamment celui du tourisme, de la pêche, et de l’exportation agroalimentaire. La région Bretagne doit-elle s’inquiéter ?
Un Brexit sans accord préalable avec l’Union européenne risquerait d’avoir de lourdes conséquences, non seulement pour l’économie britannique, mais aussi pour celle des régions françaises qui lui sont voisines telle que la Bretagne. Le Cac 40 a d’ailleurs exprimé sa défiance vis-à-vis du Brexit et indique clairement qu’il n’est pas seulement une affaire britannique.
Le 30 mars 2019, le Royaume-Uni se retirera définitivement de l’Union européenne. Afin d’anticiper et d’appréhender au mieux les conséquences sur son économie, le Conseil régional de Bretagne a consulté le Conseil Économique Social et Environnemental Régional (CESER). Ce dernier a identifié plusieurs secteurs et industries de l’économie bretonne qui pourraient être fortement impactés.
Tout d’abord, l’industrie du tourisme et le transport transmanche, dont le CESER rappelle que 80 % du chiffre d’affaires représente le transport de passagers. Les Britanniques constituent effectivement la première clientèle étrangère de l’hôtellerie en Bretagne, notamment dans la région du Finistère et de la baie du mont Saint-Michel.
Or, la parité monétaire, avec la chute de la livre, pourrait provoquer non seulement une diminution de la fréquentation touristique, mais aussi une baisse importante du pouvoir d’achat des Britanniques sur place.
D’autre part, la compagnie maritime Brittany Ferries indique que les vacanciers britanniques, dont le chiffre représente plus de 80 % des voyageurs, retardent déjà leurs réservations de traversées pour l’été prochain, en raison des inquiétudes concernant les conséquences du Brexit. Parmi celles-ci, on retrouve une incertitude générale de l’impact de ce dernier sur les voyages pour les animaux de compagnie, sur l’assurance maladie, mais aussi sur les permis de conduire.
Le cas d’un Brexit sans accord avec l’Union européenne pourrait également être catastrophique pour l’industrie de la pêche. Le Royaume-Uni aurait en effet la possibilité de renationaliser ses eaux territoriales, entraînant une restriction d’accès à certaines zones pour les pêcheurs bretons. En cas d’interdiction de pêche dans les eaux britanniques, les bateaux devraient alors se reporter ensemble sur d’autres zones, provoquant la pêche massive d’une seule et même espèce de poisson.
Le Premier ministre français Édouard Philippe travaille dès à présent sur la négociation d’un accord de pêche entre le Royaume-Uni et l’Union européenne afin d’éviter ce cas de figure qui s’avérerait désastreux, pour l’environnement comme pour l’économie.
Enfin, le secteur de l’exportation agroalimentaire se verrait lui aussi fortement altéré, le Royaume-Uni étant le septième fournisseur de la Bretagne et son cinquième client à l’exportation. De nombreuses craintes se rassemblent autour de la dépréciation de la livre sterling, du rétablissement des formalités douanières et des contrôles, ainsi que la fin du traitement simplifié de la TVA et des contrôles sanitaires. Les entreprises bretonnes entreprenant des rapports commerciaux avec la Grande-Bretagne doivent donc indéniablement se préparer aux effets du Brexit et anticiper les changements inévitables à venir.
Les conséquences économiques, sociales, environnementales et territoriales du Brexit s’avèrent donc considérables pour la Bretagne, qui est un partenaire important du Royaume-Uni et dont les échanges commerciaux sont ancrés historiquement. L’industrie touristique, de la pêche, et de l’exportation agroalimentaire seront les premières à devoir s’adapter aux nouveaux enjeux induits par le Brexit. Néanmoins, un accord juste et équitable est toujours possible par le dialogue et la négociation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.