L’EMOJI DRAPEAU BRETON A ENCORE BESOIN DE VOUS !

Le 19 septembre 2019, l’association Point BZH, qui assure la gestion et la promotion du territoire numérique dédié à la Bretagne (.bzh), avait lancé une campagne de communication à destination du consortium Unicode afin que l’émoji drapeau breton soit officiellement reconnu et adopté par les géants du Web. Malgré le succès retentissant de l’opération #EmojiBZH, le Gwenn ha Du s’est une nouvelle fois vu refuser l’entrée dans le panthéon du numérique. Mais l’espoir de voir un jouer flotter ce jeune drapeau sur les claviers de nos objets connectés n’est pas encore perdu puisque l’association continue le combat en lançant aujourd’hui le hashtag #WhatMoreDoYouNeed. Explications.

Les émojis : une nouvelle manière percutante de communiquer

Et oui, les émojis ne sont pas si vieux que ça ! Le tout premier a été créé en 1999 par un codeur employé par NTT DoCoMo, un opérateur mobile japonais. Cet informaticien a ensuite conçu les 180 premiers, d’abord disponibles pour les SMS au Japon uniquement. Le mot « émoji » est lui-même issu du japonais et signifie littéralement « image » (e) + « lettre » (moji). C’est seulement en 2010 que les émojis ont été incorporés et normalisés par Unicode, un système de codage utilisé pour l’échange de contenus à l’échelle internationale qui fait fi de la langue, de la plateforme ainsi que du logiciel utilisés. En mars 2019, 3019 émojis, utilisables tout autour du monde, figurent sur la liste des standards Unicode.

emoji gwenn ha du

Avec toutes les possibilités d’émojis qui s’offrent à vous aujourd’hui, vous ne nous ferez donc pas croire que vous n’en avez jamais utilisés ! ;-) Que ce soit pour adoucir le propos de vos messages, par manque de temps d’écrire des phrases entières, ou tout simplement parce que ces petits dessins numériques représentaient parfaitement ce que vous vouliez exprimer, il y a de grandes chances pour que vous fassiez partie de cette grande communauté des utilisateurs d’émojis. Selon David Lesvenan, le président de l’association Point BZH, plus de 5 milliards de personnes possèdent des portables connectés sur la planète. Et parmi elles, elles sont 92% à utiliser des émojis dans leurs messages.

Quoiqu’il en soit, si ce n’est pas votre cas, vous ne devriez pas vous en priver plus longtemps : les émojis augmentent vos chances de devenir une star de la toile ! Selon un rapport de la firme d’analyse de données numériques, Quintly, les publications Instagram qui contiennent au moins un émoji voient leur nombre de likes augmenter de 47,7%. Une récente étude du blog Hubspot, révèle également que plus de 50% des marques constatent que leurs clients ouvrent davantage leurs courriels lorsque des émojis sont inclus dans les intitulés.

emoji breton

Le parcours du combattant de l’émoji Gwenn ha Du

Afin de faire éclore un nouvel émoji, il faut envoyer un dossier auprès du Consortium Unicode : une instance composée d’une vingtaine de personnes représentant les grandes plateformes du net telles que Facebook, Twitter, Instagram, Apple, Netfix, etc. Ces géants du web se réunissent annuellement aux États-Unis et à partir de trois critères que sont : le caractère distinctif, la durabilité et la fréquence d’utilisation, ils déterminent les nouveaux émojis à diffuser. Cette année, ce conseil se tiendra à la fin du mois d’avril 2020. Concernant le nombre d’émojis acceptés, il n’existe pas de limites prédéfinies. En 2018, 157 ont vu le jour et 59 en 2019.

émojis
Emojis sortis en 2019

Point BZH avait déjà déposé un dossier en 2019, mais sans succès… Et ce, malgré les 25 000 signataires de la pétition de soutien pour l’émoji drapeau breton, lancée depuis plus de deux ans sur le site emoji.bzh. Leur dossier n’avait pas été catégoriquement refusé, mais plutôt soumis à un défi. Le Consortium Unicode était prêt à revoir son jugement si l’association était en mesure de prouver que l’émoji breton pouvait être « massivement utilisé » sur une des grandes plateformes du web, avant sa validation générale. Afin de convaincre un titan du web d’adopter le petit Gwenn ha Du numérique, Point BZH prévoyait de déployer une importante campagne de communication dès début 2020. C’est donc pour mener à bien cette campagne que la cagnotte participative a été officiellement ouverte le 19 septembre dernier ! Et qui d’autre que Kengo.bzh, une plateforme 100% bretonne pour abriter cet argent ?

Bien sûr, comme elle l’avait été pour la pétition, la région Bretagne était partenaire de l’opération de communication. Mais selon Loïz Fily, le chef de projet #EmojiBZH, le montant nécessaire pour mener à bien la campagne était trop important pour être entièrement pris en charge par la région. L’idée était aussi de mobiliser financièrement un maximum de particuliers sur une courte période pour présenter des arguments « concrets et puissants » au Consortium Unicode.

émoji breton

L’objectif de cette campagne de crowdfunding était de récolter 20 000 € pour, entre autres, le financement de spots vidéos à destination des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). Au-delà de l’engouement des Bretons pour cette cause, Point BZH avait aussi recherché des partenaires privés pour atteindre le montant espéré. En une vingtaine de jours, plus de 8600 euros avaient déjà été collectés. Le Gwenn ha Du avait décidément le vent en poupe !

Emoji bretagne
Chronologie du parcours que l’émoji drapeau breton doit suivre avant d’éclore- site web Kengo.bzh

« Si on parvient à le faire éclore, l’émoji drapeau breton sera disponible sur plus de 5 milliards de smartphones à travers le monde. Ceci permettrait de décupler le rayonnement de la région Bretagne mais aussi des entreprises et associations bretonnes. » (Loïz Fily)

Si l’association a déployé autant de moyens pour cet émoji qui, de prime abord, peut paraître dérisoire, c’est parce qu’elle est convaincue que le petit Gwenn ha Du à toutes les cartes en main pour éclore :

  1. Il représente une population importante et supérieure à certains pays de l’Union européenne qui eux, disposent de leur drapeau en émoji.

2. Selon la norme numérique ISO 1366 (qui définit des séries de lettres et/ou de chiffres attribuées à chaque pays ou subdivision afin qu’ils soient reconnus numériquement à l’international) mise au point par le Consortium Unicode, la Bretagne y apparaît telle une subdivision régionale d’État. Au même titre que la Guadeloupe, la Martinique, La Réunion, le Pays de Galles, l’Angleterre, l’Écosse… Pourtant toutes ces régions citées ont déjà la chance de voir leur étendard représenté au bout de 5 milliards de pouces.

Emojis
De gauche à droite :  Guadeloupe, Martinique, La Réunion, Pays de Galles, Écosse, Angleterre

Plus d’un an après le lancement de la campagne de crowfunding et du hashtag #EmojiBZH sur les réseaux, le 1er décembre dernier le consortium Unicode a rendu son verdict : le Gwenn ha Du n’a pas été retenu parmi les nouveaux émojis disponibles début 2021… Une nouvelle que l’association.BZH digère avec amertume tant l’écho de son opération fut jusqu’ici retentissant. Sans parler d’une pétition qui rassemble aujourd’hui plus de 33 000 signataires, depuis début 2020 le hashtag #EmojiBZH a été mentionné plus de 405 000 fois (soit vingt fois plus que tous les autres émojis de drapeau nationaux) et s’est même retrouvé à la sixième place des tendances mondiales sur Twitter !

L’association ne compte néanmoins pas en rester là puisqu’elle a d’ores et déjà répondu sur Twitter en affichant sa volonté de continuer à faire pression sur le consortium en invitant à utiliser le hashtag #WhatMoreDoYouNeed.

hashtag WhatMoreDoYouNeed bzh bretagne drapeau breton Gwenn ha Du

Que vous faut-il de plus ?”. Une question rhétorique qui englobe un certain nombre d’interrogations relatives à la diversité culturelle sur le Web. Comme le souligne l’association .bzh, la principale condition d’activation d’un nouvel émoji est l’assurance de sa popularité et de la fréquence de son utilisation, or, au vu de l’ampleur de la mobilisation sur les réseaux, la popularité de l’émoji drapeau breton n’est plus à prouver. Se pose ainsi la question de l’égale visibilité numérique des particularismes identitaires. Ne serait-ce pas une atteinte à la diversité culturelle que de priver la Bretagne, mais aussi d’autres régions à l’identité forte, de ses couleurs sur internet ? Si pour vous la réponse est “oui”, on vous invite à partager le hashtag #WhatMoreDoYouNeed sur les réseaux et à aller faire un tour sur le site officiel, la page Facebook et le compte Twitter de l’association .bzh qui continue de défendre notre drapeau sur internet !

Un article de Julie Pialot et Hugo Doaré.

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Julie Pialot
Julie Pialot a suivi des études de Lettres Modernes. Pendant une année d'ERASMUS à Pondichéry (Inde), elle a rédigé un mémoire sur la littérature de voyage en Orient, avant de compléter sa formation à l'école de journalisme de Marseille. Passionnée de voyages et de nouvelles découvertes, c'est en Bretagne, son choix de coeur, qu'elle a choisi de mettre en valeur les initiatives culturelles locales.

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