Après un E.P à l’énergie rock garage, mais aux compositions ciselées comme de la pop, les français de Volage remettent le couvert avec un album, Heart Healing, qui pousse plus loin encore l’art d’agencer avec une décontraction précise et une sauvage subtilité les rythmiques sixties et seventies imprégnées de blues, la hargne garage, la lunatique plasticité psychédélique et les volutes vocales de la meilleure brit’pop.
Avant leur passage à l’UBU de Rennes, le samedi 25 janvier, en première partie de White Fence, Volage, par la voix de son chanteur Paul, a répondu aux questions d’Unidivers.
Unidivers : Chris Cheveyo du groupe Rose Windows déclare que ce qui a présidé à la naissance de son groupe c’est la certitude qu’il n’y a plus grand-chose de neuf à faire musicalement et qu’il est donc plus pertinent de s’inspirer avec intelligence de ce qui existait de meilleur dans différents styles plus anciens.C’est finalement dans l’agencement, le mélange de ces différents éléments, que peut naître le nouveau ? Faire du neuf avec du vieux ? C’est ce que vous réussissez très bien avec Volage il me semble ?
Volage : Oui effectivement cet album reflète bien le fait qu’on y à mis un peu de tout ce qu’on avait en nous, et c’était d’ailleurs une des idées de base, mais de façon presque inconsciente, dans le sens où on s’est juste dit : « hey on va faire la musique qu’on a envie d’entendre sans se poser de barrières de genre ou de styles et pas de codes ». On nous dit souvent que notre musique fait référence au passé dans un certain sens, mais encore une fois c’est assez inconscient, les morceaux se composent ainsi et finalement les choses qu’on a écoutées peuvent transparaître ici et là, mais en aucun cas dans une optique revival. Ça ne nous intéresse pas de refaire un truc à l’identique.
: Ce qu’on nomme revival (et qui revient régulièrement finalement) et aujourd’hui « vintage » est souvent le fait de musiciens jeunes qui semblent trouver d’eux-mêmes plus d’originalités et plus de sensations dans des styles anciens que dans la musique « contemporaine »… Est-ce votre ressenti ? Qu’est-ce qui a présidé à la naissance de Volage ?
Volage : Oui le revival est un truc générationnel, dans toutes les musiques et dans tous les courants, j’ai l’impression. L’art en général, jusqu’aux modes vestimentaires. Ce qu’on trouve inesthétique aujourd’hui en terme de sonorité sera hyper cool dans dix ans, etc.. On le voit tout le temps. Notre musique fait forcément plus référence à des mouvements du passé, c’est dans son histoire, mais il y a des choses très bien qui se font aujourd’hui et c’est souvent pour moi la musique des gens qui ont vraiment su digérer leurs influences pour essayer d’en recracher quelque chose de novateur, quelque soit la forme. On est pas des inconditionnels des 60’s ou des 70’s, des mecs qui pensent que c’était mieux avant, pas du tout ; on n’est pas les plus progressistes non plus.
: Votre album Heart Healing présente un son d’une grande qualité, maîtrisé, et les compositions sont extrêmement variées et très précises dans l’exécution ? Comment l’avez-vous conçu ? Comment appréhendez-vous son exécution sur scène ?
Volage : Merci beaucoup. C’est une des choses auxquelles on tient beaucoup dans le groupe, la production d’un disque, le son c’est carrément une marque de fabrique, quelle qu’elle soit. Lo-fi ou super bien produit, pour moi un disque c’est un projet dont le son (pas la musicalité, mais le son) est une des composantes, c’est indissociable.
On a pris un peu notre temps avec cet album, le temps de faire les prises qui reflétaient ce qu’on avait déjà dans la tête avant le mix. On a eu la chance de passer du temps dans le studio où je travaille pour ça, en plus des prises qu’on avait déjà enregistrées dans nos piaules, etc. J’ai passé pas mal de temps sur le mixage ensuite, le choix des machines.. Je voulais vraiment trouver un son différent, celui que j’avais en tête, ça a donc pris un moment. Ce n’est définitivement pas un projet garage et pas du tout lo-fi dans la prod, mais le prochain sera très différent et celui d’après aussi, je pense. On a déjà dans l’idée de faire un son complètement différent pour le prochain disque, changer la manière de travailler. On a pas très envie de refaire la même chose, c’est vite chiant la routine ! Pour ce qui est de la scène, on garde une formule assez simple et brutale. Les deux guitares, basse, batterie. Ce n’est pas nécessaire de rejouer à la note près l’album avec exactement les mêmes sonorités, encore une fois ça change. Après je ne te dis pas que dans un an on n’aura pas un clavier ou je ne sais pas, mais pour l’instant, on se concentre sur l’efficacité et surtout l’intensité des concerts.
: De quoi le cœur a-t-il besoin d’être soigné ? La musique peut-elle être un élément de cette cure ?
Volage : Pour moi la musique est clairement un élément de cure, c’est une vraie thérapie, je sais pas fonctionner sans écrire de nouveaux morceaux des mélodies et des textes. Je fais ça depuis assez jeune, depuis que j’ai onze ou douze ans, je crois, et j’ai besoin de ça pour aller bien, ça me permet de m’aimer un peu plus, de me prouver aussi que je peux le faire. C’est un truc très égocentré je pense, mais ça me permet de mettre en évidence des choses que j’aurais eu du mal à analyser si elle n’avait pas été mise en chanson. C’est parfois assez déroutant de comprendre de quoi parle tel ou tel texte bien longtemps après l’avoir écrit. C’est souvent abstrait et une fois que le morceau est fini, les textes prennent enfin sens dans ma tête. Donc oui clairement une cure, je vois ça un peu comme une thérapie pour que la mélancolie qu’on ressent ne soit pas forcément triste, la musique permet de la rendre légère et agréable et même jouissive, y mettre un peu de poésie si ça peut s’y apparenter.
VOLAGE / WHITE FENCE, samedi 24 janvier 2015, UBU, Rennes
Tarifs : 5€ Sortir! / 10€ membre ADMIT / 12€ réduit* / 14€ plein*
* Majoration de 2€ sur place