Autrefois, pour ouvrir un restaurant, il fallait un chef talentueux, une carte alléchante et une passion pour la cuisine. Ensuite, il y a eu l’arrivée des investisseurs, notamment à Rennes, lesquels ne connaissent rien à la bonne bouffe, mais tout aux marges. Aujourd’hui, il suffit d’une bonne connexion Wi-Fi, d’une caméra, d’une dark kitchen et d’une phrase culte répétée en boucle sur YouTube. Eh oui, les influenceurs se lancent dans la restauration. Leur particularité, c’est que leurs burgers se ressemblent peu ou prou. Pourtant, le phénomène est tellement grand que de nombreux jeunes clients délaissent Mac Gerbald Donald pour un « Zack Nani XXL », un « Mohammed Henni Sauce Andalouse » ou encore un « Michou Cookie Crunch ». Plongeons dans cette tendance où la bouffe est moins importante que le storytelling derrière chaque bouchée.
Le fast-food 2.0 : entre hype et storytelling
Désormais, un burger ne se vend plus pour son goût, mais pour l’histoire qui l’entoure. Exemple concret avec MrBeast, le magnat du giveaway et de la frite croustillante, qui a lancé MrBeast Burger. Le concept ? Des ghost kitchens, c’est-à-dire des cuisines invisibles qui préparent ton repas sans même avoir une devanture. En gros, vous commandez un burger préparé dans un coin de cuisine partagée entre un sushi bar et un kebab (attention, si vous êtes allergique, par exemple, aux arachides), en priant pour que le cuistot, en pleine confusion existentielle et anti-gastonomique, ne se trompe pas de sauce.
Amixem et Fast Good Cuisine : les rois de la bouffe YouTube
Si vous êtes du genre à regarder des vidéos de burgers à 3h du matin, Fast Good Cuisine est votre influenceur préféré. Avec ses recettes ultra-caloriques et ses collaborations avec des enseignes comme Big Fernand et Domino’s, il s’est imposé comme le chef cuisinier des gourmands qui préfèrent mater une vidéo plutôt que de se mettre aux fourneaux.
De son côté, Amixem a eu la bonne idée de se lancer dans la pasta avec Past à l’ancienne, une marque de pâtes inspirée par son amour pour la cuisine et les plats rapides à préparer (parce qu’on n’a pas tous le temps de faire mijoter une sauce tomate pendant 8 heures).
Tibo InShape et Ophenya : manger fit, mais gourmand
Tibo InShape a prouvé qu’on peut vendre des burgers tout en prônant un mode de vie healthy. Avec Tibo Food, il propose des burgers protéinés pour que ton cheat meal ressemble à une séance de muscu. La question demeure : peut-on vraiment être fit en avalant un burger signé Tibo ? Les survivants pourront témoigner.
Dans le même esprit, Ophenya, influenceuse fitness et lifestyle, s’est lancée dans le snacking healthy avec B(hug)er, avec des produits protéinés qui permettent de grignoter sans culpabiliser (ou presque). Et une dimension de tendresse à laquelle on ne comprend rien…
Michou, Valouzz et Zack Nani : cookies, burgers et street-food
Le duo Michou & Inoxtag s’est fait plaisir en lançant MCookies, une marque de cookies premium qui a provoqué une ruée plus rapide qu’une annonce de concert de Jul. Le concept est simple : des cookies ultra-gourmands livrés partout en France, pour que vous puissiez prendre 500 calories en une seule bouchée, mais avec le sourire.
Valouzz, lui, n’a pas fait dans la dentelle : il a carrément ouvert un fast-food avec Le Fat Valouzz Burger, un concept qui promet des burgers aussi généreux que ses live Twitch. Et désormais, leur nom est Burgouzz et le dernière né est arrivé à Rennes (voir plus bas).
Et que dire de Zack Nani, qui s’est lui aussi lancé dans la food game avec une enseigne street-food où chaque burger porte le nom d’un de ses punchlines cultes ? À quand un menu qui te propose « Le Meilleur Call de Ta Vie » ?
Mohammed Henni : la sauce, c’est la base
Impossible de parler de food et d’influence sans mentionner Mohammed Henni, qui pourrait vendre une bouteille d’eau en l’annonçant comme « un truc de fou malade ». Il a décidé d’exploiter son talent inné pour la hype en lançant une gamme de sauces, parce que dans la vraie vie, « sans sauce, c’est sec », et ça, Momo l’a bien compris. On attend avec impatience la « sauce Andalouse Officielle de la Team Sauce » en rayon.
Léna Situations et l’expérience gastro-influence
De son côté, Léna Situations a compris que manger, c’est bien, mais manger dans un endroit instagrammable, c’est mieux. Son Hôtel Mahfouf Café n’est pas qu’un lieu où l’on déguste un plat, c’est une expérience de vie, un moodboard Pinterest en 4K. La clientèle ? Des fans patientant 3h pour un matcha latte « aesthetic » servi dans une tasse qui coûte probablement plus cher que la table.
Jojo Bernard et la restauration terroir
Pendant ce temps, Jojo Bernard a décidé de réconcilier la street food et l’humour avec Jojo’s Burger. Son concept ? De la bouffe généreuse, des jeux de mots douteux et une communication 100% ch’ti. Un burger qui vous fait marrer en même temps qu’il te nourrit vaut-il de faire un détour par Lille ?
Pourquoi ça marche ?
Si ces concepts fonctionnent, c’est parce que les influenceurs ont un superpouvoir : celui de te convaincre d’acheter n’importe quoi avec une punchline bien placée. Ils n’ont pas fait 10 ans d’école hôtelière, mais ils ont un truc en plus : une audience ultra-fidèle prête à commander n’importe quel produit estampillé de leur nom, même un gâteau dégeu au goût de vidéo sponsorisée.
Et, pour certains (qui n’ont pas éduqué au bon goût des produits de la nature), manger un burger signé par son YouTubeur préféré en regardant sa dernière vidéo, c’est une expérience immersive ultime Bientôt, on pourra même faire une soirée dégustation avec un menu complet sponsorisé par YouTube :
- Entrée : un snack healthy d’Ophenya
- Plat : un Fat Valouzz Burger avec une sauce Mohammed Henni
- Dessert : un cookie Michou/Inoxtag
- Boisson : un shake protéiné signé Tibo InShape
Et si, après ça, vous n’avez pas pris 3 kilos, c’est que vous avez mal dosé la sauce.
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