UNE ENFANT DE L’AMOUR, LE CLASSIQUE D’EDITH OLIVIER ENFIN TRADUIT

Une Enfant de l’amour, roman d’Edith Olivier, a été publié à l’origine en Angleterre en 1927, sous le titre The Love Child. Les éditions Mercure de France ont été inspirées de nous le proposer à la lecture en l’éditant pour la première fois en France dans une traduction de Constance Lacroix.

Une Enfant de l'amour Edith Olivier

Agatha Bodenham est une jeune femme de la bonne société anglaise. Elle vit dans une bâtisse loin des regards et mène une existence plutôt tranquille entourée de gens de maison qui prennent soin de son quotidien. Mais voilà, Mrs Bodenham n’est pas mariée, ne compte pas de prétendant et souvent, trouve le temps long. Dans le même temps, elle ne court pas après un mari. En réalité, ce qui lui manque le plus c’est la présence d’un enfant à chérir, à aimer.

Qu’à cela ne tienne… Mrs Bodenham ne manque pas de ressort ni de force mentale (encore que !). La jeune femme va solliciter sa mémoire et rappeler à ses bons souvenirs l’amie imaginaire de sa tendre jeunesse, de son adolescence, en la personne de la jeune Clarissa. Et Clarissa va répondre présent. Clarissa va lui apparaître et venir épauler affectivement Mrs Bodenham.

Tout au long du temps, des saisons, de la poursuite de la vie de Mrs Bodenham, Clarissa va prendre toute la place qui lui est offerte. Après un séjour dans la station de Brighton, Mrs Bodenham, décide de présenter la jeune Clarissa à ses proches, au personnel qui s’occupe de sa demeure. Car, ô magie de l’imagination comme de l’écriture, Clarissa est devenue bien réelle. Les deux femmes, comme des amies très proches, comme mère et fille, vont vivre dès lors dans une forme d’harmonie. Mais l’harmonie a ses propres limites… Clarissa grandit vite, trop vite, et elle veut s’émanciper, elle veut faire des choses par elle-même et peu à peu, Mrs Bodenham perd de son ascendance sur cette jeune personne qu’elle a adoptée. Jusqu’au jour où David, le fils d’amis voisins, s’intéresse à Clarissa et lui déclare sa flamme…

Un récit troublant autant que captivant. Pertinent, même très pertinent, car il invite également lectrices comme lecteurs à faire travailler son propre imaginaire. N’avons-nous pas en nous des personnages auxquels nous sommes attachés et qui nous accompagnent quand on perçoit, quand on ressent le vide ou une certaine forme de mélancolie ? Le roman soulève aussi la question du réel et de l’invention, les limites du cartésien comme de l’improbable. Certains analystes pourraient également évoquer la « folie » (aussi complexe soit-elle à définir) Mais c’est dans le passé de l’auteure qu’il faut aller chercher quelques réponses aux questions que pose ce roman quelque peu fantastique, car Édith Olivier, aujourd’hui disparue, n’a pas eu une enfance particulièrement épanouie, toujours sous l’autorité d’un père qui limitait toutes sortes de relations sociales hors la famille. Alors elle s’est projetée… Passionnant !

Edith Olivier, Une Enfant de l’amour [1927], traduit de l’anglais par Constance Lacroix, Paris, Mercure de France, 140 pages. Parution : mars 2019. Prix : 15,00 €.

Edith Olivier

Edith Olivier (1872-1948) avait plus de cinquante ans quand elle publia The Love Child, son premier livre, qui fit sensation en Angleterre et est aujourd’hui un petit classique, enfin traduit en français.

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Christophe Maris
Christophe Maris est journaliste et écrivain, agrégé de Lettres modernes. Il collabore à plusieurs émissions de TV et radio et conçoit des magazines pour l'enseignement où il a oeuvré une quinzaine d'années en qualité de professeur de lettres, d'histoire et de communication.

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