Dans l’exposition Entre terre et mer : les moulins à marée, l’Hôtel de Limur à Vannes dans le Morbihan invite les visiteurs à découvrir les moulins à marée, patrimoine emblématique du Golfe du Morbihan. Les populations ont su générer une énergie renouvelable et durable, en utilisant les rythmes naturels de la mer.
La riche histoire des moulins à marée et l’ingéniosité de leur mécanisme se dévoilent à Limur. Permettre d’explorer leur histoire, de comprendre leur fonctionnement est l’objectif porté par Golfe du Morbihan Vannes Agglomération, en partenariat avec le Parc Naturel régional du Golfe du Morbihan.

C’est en Bretagne que se concentrent les deux tiers des moulins à marée du littoral français ; le phénomène est lié à l’ampleur de ses marées et à sa géographie très découpée. Petite mer intérieure, le Golfe du Morbihan en compte encore une douzaine.


Témoins du passé, les moulins à marée étaient construits au niveau de l’estran, dans de petites anses où la marée montante se trouvait retenue par une digue. Ils utilisaient la force de la marée descendante pour actionner un mécanisme composé d’une roue et d’une meule, pour moudre des grains et produire de la farine. Ces moulins à marée étaient accessibles autant de la terre que de la mer, car des petites embarcations venaient accoster pour décharger du grain et embarquer des sacs de farine.


Le meunier avait une place importante dans la société, car son travail de transformation du grain de farine était indispensable ; le pain, c’est la vie, la seule alimentation de la population d’hier. Son logement et le moulin se trouvent toujours très proches l’un de l’autre, parfois même sur place au rez-de-chaussée. Quatre éléments s’imposent dans le cadre naturel d’un moulin à marée : l’étang, la digue, ses vannes en granit, le moulin, et la mer. Le plan du moulin à marée est rectangulaire ; la toiture est à quatre pans ; la toiture est faite en chaume, puis en ardoise à partir de la fin du XIXe siècle.
Le moulin comprend trois niveaux : un sous-sol vaseux où se trouve le mécanisme ; un rez-de-chaussée réservé au travail des meules ; un grenier pour le stockage des sacs de grains et de farine. Les façades comprennent des ouvertures liées aux sorties d’eau sous le moulin. Des portes hautes avec escalier permettent aux bateaux le déchargement des sacs de grains, puis le chargement des sacs de farine…
Jadis, beaucoup plus nombreux, les moulins à marée sont devenus pour la plupart des résidences secondaires, des lieux associatifs et d’exposition, ou encore des commerces et des brocantes. Restent encore visibles dans le Golfe du Morbihan : le moulin de Pomper à Baden ; celui de Pen Castel à Arzon ; le moulin du Berno sur l’île d’Arz ; celui de Kervilio sur la rivière du Bono ; le moulin Lindin à Sarzeau ; celui de Campen à Vannes ; le moulin du Hezo de Noyalo ; celui du Paluden à Arradon.

(1) Le moulin de Pomper, après avoir appartenu au Moyen Âge au Duc de Bretagne Jean V qui en fait don au chapitre de Vannes en 1430, est reconstruit au XVIIIe siècle. Il est situé entre la retenue alimentée par le ruisseau de Kernormand et le ruisseau de Pont de Lohac qui se déverse dans le Golfe du Morbihan. Comme pour de nombreux moulins à marée du Golfe, le bâtiment est réalisé selon un plan rectangulaire de treize mètres par sept mètres ; sa toiture est à deux pans. Une cheminée est présente, ce qui indique que le moulin servait d’habitation au meunier avant que sa maison indépendante ne soit construite sur la rive. Aujourd’hui, le moulin abrite un commerce.

(2) Le moulin de Pen Castel se situe sur la presqu’île de Rhuys à Arzon. Établi au fond d’une anse formée par les pointes de Saint-Nicolas et de Beninze, il fait face à l’Île-aux-Moines, et à d’autres îles du Golfe du Morbihan. Attesté en 1186, il est construit par un seigneur local ; il serait ensuite échangé en 1380 par le duc de Bretagne Jean IV. Le moulin est ensuite rénové en 1786, date qui figure sur le pignon sud-est. L’ensemble est composé d’une digue de 100 mètres de long. Le bâtiment en moellons de granit et en pierre de taille est composé de deux bâtiments mitoyens : le moulin du XVIᵉ siècle est accosté d’une longère ajouté au XIXe siècle. Plusieurs éléments décoratifs sont à noter sur ce moulin. Aujourd’hui, il est la propriété de la commune d’Arzon et ouvert au public.

(3) Le moulin du Hézo se situe entre un bras de mer du Golfe du Morbihan et l’étang du Hézo en limite de Saint-Armel et à proximité d’un ancien marais salant. Le moulin du Hézo est signalé en 1475. C’est l’abbé de Saint-Gildas-de-Rhuys qui en est à l’origine. Il demeure sous l’égide de religieux jusqu’à la révolution française où il est vendu ! Reconstruit au XVIIIᵉ siècle, il est couplé à un moulin à vent entre 1810 et 1844.

(4) Le moulin du Paluden est situé dans l’anse du Paluden face à la Pointe d’Arradon. Le moulin a été érigé une première fois en 1390, puis reconstruit sur une digue de 120 mètres de long au XVIIIe siècle : la date affichant 1791 le certifie au bout de la digue. Il a cessé ses activités au début du 20e siècle.

Moulins à marée sur les rivières : autrefois Étel et sa région faisaient vivre les moulins à vent et/ou à marée, sur la rivière d’Étel.
Belz était dotée de nombreux moulins à marée, qui avaient la particularité d’être parfois couplés à un moulin à vent. Ils étaient destinés à moudre le blé pour la fabrication du pain. De Brandérion à Locmariaquer, 150 moulins étaient dénombrés sur les rivières d’Étel et du Loch. Quatre subsistent en totalité ou partiellement. Le moulin du Sach était cité dans l’Édit De Moulins, écrit par le roi de France Charles IX, en février 1566.

Infos pratiques
Exposition Entre terre et mer : les moulins à marée, jusqu’au dimanche 28 septembre 2025
Hôtel de Limur – 31 rue Thiers à Vannes (56)
Exposition gratuite, accessible à tous
Aux horaires d’ouverture du Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine.
Contact : 02 97 44 52 02 ou/et ciap-limur@gmvagglo.bzh