
Comme le synopsis peut s’écrire en une ligne, le film peut apparaître vide et simple en première lecture. À la fois court (1h27) et simple, l’œuvre semble pourtant longue avec une répétition de cambriolages entrecoupés par des scènes de boites de nuit et de défonce ; le tout, sur fond de musique pop et hip-hop diffusée par autoradios et enceintes surdimensionnées des clubs de L.A. (prononcer Hèllé).
Nombre de spectateurs sortiront déçus de The Bling Ring. Ils ne retrouveront pas la profondeur et le style bien personnel de Sofia Coppola à travers ses 4 premiers films (Virgin Suicide, Lost in Translation, Marie-Antoinette et Somewhere).
En pratique, la réalisatrice donne à voir une société en dehors de toute réalité. Des parents qui vivent dans leur monde. Lorsqu’ils sont là. Ils dopent leurs enfants aux médicaments, leur tiennent des discours artificiellement moralisateurs sans se soucier d’eux réellement. D’où des enfants qui ne communiquent plus réellement : ni avec leurs parents ni avec leurs congénères. Tous jugent une personne en un instant à travers l’image qu’il renvoie (cf. la scène de l’arrivée de Marc dans son nouveau collège). Les repères constitutifs de leur jugement sans consistance sont les images de stars, les magazines people qui nourrissent les discussions creuses du lendemain. Leurs rêves sont éloquents : devenir star, travailler dans la mode, savoir marier des vêtements de marque…
Sofia Coppola parvient à retranscrire l’imaginaire creux de cette génération du vide grâce à cette longue exposition qui n’est pas sans rappeler Gus van Sant. Elle montre aussi cette fuite en avant de nos héros qui passent de touchants à détestables, qui perdent le fil de leur « jeu », frôlent le drame à travers alcool, drogue, arme dans un crescendo désordonné.

Finalement, Sofia Coppola installe le spectateur dans la position de ces mêmes ados voyeurs qui aiment regarder les stars, veulent connaître leur intimité tout en nous proposant de nous regarder à travers eux. Pas sûr que les ados « bling bling » de la salle de projection aient compris cette lecture. Ou, au contraire, peut-être est-ce là la jouissance du vide…
Didier Ackermann
De Sofia Coppola (1h27) avec Katie Chang, Israel Broussard, Emma Watson, Claire Alys Julien …
