Naître sous les feuilles : comment les arbres urbains favorisent la santé des nouveau-nés

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Une étude américaine publiée en avril 2025 par Geoffrey H. Donovan et son équipe dans Science of the Total Environment révèle que la présence d’arbres nouvellement plantés autour du domicile maternel est significativement associée à de meilleurs résultats de naissance : poids plus élevé, réduction des naissances prématurées et des retards de croissance intra-utérins. Ce lien éclaire le rôle méconnu de la nature urbaine dans la santé périnatale, au croisement de l’épidémiologie environnementale, de l’urbanisme et de la santé publique.

Une question de feuillage, pas seulement de fortune

Les inégalités de santé à la naissance sont bien documentées : origine ethnique, niveau d’éducation, pollution atmosphérique ou bruit y jouent un rôle important. Mais ces facteurs ne sont pas les seuls en cause. De nombreuses études récentes ont montré qu’un environnement plus « vert » — parcs, arbres, pelouses — est associé à des grossesses plus saines. La nouveauté du travail de Donovan est d’isoler l’impact de la plantation récente d’arbres, indépendamment de la végétation déjà présente.

L’étude a porté sur plus de 4 millions de naissances vivantes aux États-Unis. Les chercheurs ont croisé les données de santé publique avec les bases de données municipales de plantation d’arbres. En mesurant le nombre d’arbres plantés dans un rayon de 100 mètres autour des domiciles maternels au cours des 10 dernières années, ils ont observé des effets mesurables et constants sur les issues périnatales.

Des effets mesurables sur les naissances

Parmi les résultats notables :

  • +2,3 grammes de poids à la naissance en moyenne pour chaque arbre planté à proximité.
  • -4,3 % de risque de naissance d’un bébé « petit pour l’âge gestationnel » (SGA, Small for Gestational Age).
  • -4,9 % de risque de naissance prématurée (avant 37 semaines de gestation).

Ces résultats sont robustes : ils tiennent après ajustement statistique sur des dizaines de variables sociodémographiques (âge de la mère, revenu, origine, éducation) et environnementales (niveau de pollution, densité urbaine, couverture arborée préexistante). Le fait que les effets soient associés aux arbres plantés récemment, et non à une verdure ancienne et potentiellement liée à des quartiers plus aisés, limite fortement le risque de biais.

Quels mécanismes biologiques ?

Comment la plantation d’arbres peut-elle améliorer les conditions de grossesse ? Plusieurs hypothèses convergentes émergent :

  1. Réduction du stress maternel : La vue de la verdure et le contact avec la nature sont connus pour réduire le cortisol, hormone du stress, dont les excès pendant la grossesse sont liés à des complications (hypertension, retard de croissance fœtale).
  2. Amélioration de la qualité de l’air : Les arbres captent les particules fines (PM2.5), oxydes d’azote et ozone, qui affectent négativement le développement fœtal.
  3. Atténuation des îlots de chaleur : Les canopées arborées réduisent les températures locales, ce qui est particulièrement bénéfique pendant les vagues de chaleur, connues pour augmenter les risques d’accouchement prématuré.
  4. Promotion de l’activité physique : Les femmes enceintes vivant près d’espaces verts sont plus susceptibles de marcher régulièrement, ce qui favorise une meilleure santé métabolique.

Implications pour la santé publique et l’urbanisme

Cette étude apporte un argument de poids pour intégrer les politiques de verdissement urbain dans les stratégies de santé publique, notamment dans les quartiers défavorisés. La plantation d’arbres n’est pas simplement un embellissement paysager : c’est une intervention à bas coût, durable, et à effets multiples.

Certaines municipalités comme Portland (Oregon) ou Louisville (Kentucky) ont déjà intégré ces résultats dans leurs plans d’urbanisme. Des programmes ciblés de verdissement dans les zones à faible natalité en bonne santé pourraient réduire les inégalités dès la naissance.

Un changement de paradigme ?

L’étude de Donovan rejoint un courant plus large de recherches en santé environnementale, qui ne considère plus la nature comme un simple décor mais comme un déterminant actif de la santé humaine. Les arbres deviennent des acteurs silencieux du développement prénatal, offrant aux bébés un départ dans la vie un peu plus robuste, simplement par leur présence.

RégionPoids de naissancePrématuritéMécanismes avancés
Amérique du Nord+2 à +25 g/arbre-4 à -7 %Pollution, stress, température
Europe+20 à +44 g-4 à -6 %Inégalités sociales, accessibilité, qualité perçue
Asie+20 à +40 g-5 % env.Atténuation pollution, régulation thermique, stress
Océanie+30 à +50 g-15 à -20 %Activité physique, lien social, nature quasi omniprésente

Un levier global de santé publique

Les bénéfices du verdissement urbain sur la santé périnatale sont désormais largement confirmés à l’échelle internationale. S’ils varient en intensité selon les contextes urbains, culturels et environnementaux, tous les travaux convergent vers une même conclusion : la présence de verdure autour du domicile maternel agit comme un facteur protecteur puissant, accessible et modifiable.

L’enjeu est désormais de transformer cette connaissance en politique active, notamment dans les quartiers les plus vulnérables, en intégrant la nature dans les plans de santé publique et d’aménagement urbain.

Références :

  • Donovan, G.H. et al. (2025). Tree planting and perinatal health outcomes: A nationwide cohort study in the United States. Science of the Total Environment. DOI: lien PubMed
  • Hu, C. Y., et al. (2021). Greenspace exposure during pregnancy and birth outcomes: A systematic review. Environmental Health Perspectives.
  • Dzhambov, A. M., et al. (2020). Urban green spaces’ effects on birth outcomes: A systematic review and meta-analysis. Environmental Research.
Eudoxie Trofimenko
Et par le pouvoir d’un mot Je recommence ma vie Je suis né pour te connaître Pour te nommer Liberté. Gloire à l'Ukraine ! Vive la France ! Vive l'Europe démocratique et humaniste !