Argentine. 80 caisses d’archives nazies exhumées du sous-sol de la Cour suprême

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Buenos Aires, mai 2025 – Une trouvaille d’ampleur historique vient de faire surface au cœur même des institutions judiciaires argentines. Plus de 80 caisses remplies de documents liés à l’Allemagne nazie ont été découvertes dans le sous-sol de la Cour suprême de justice d’Argentine, ravivant les soupçons et les débats sur les liens de longue date entre le pays et les réseaux nazis réfugiés après la Seconde Guerre mondiale.

Un trésor d’archives intactes

Selon les informations relayées par Al JazeeraReutersNPRAP NewsBBC ou encore 20 Minutes, ces caisses contenaient des milliers de documents, parmi lesquels :

  • Des cartes postalesphotographies et livres de propagande nazie
  • Des carnets d’adhérents au parti nazi
  • Des correspondances officielles entre membres de l’organisation
  • Des documents administratifs originaux datant de la période du IIIe Reich

La Cour suprême a annoncé que ces archives n’avaient jamais été consultées ou cataloguées depuis leur dépôt, probablement dans les années 1950. Leur conservation, dans des caisses en bois stockées dans des conditions relativement stables, a permis leur remarquable préservation.

Une portée historique mondiale

La Cour elle-même a qualifié ces documents de « valeur historique mondiale ». Leur découverte intervient dans un pays dont le passé controversé vis-à-vis des exilés nazis est bien connu des historiens. Des figures notoires du régime hitlérien, telles qu’Adolf EichmannJosef MengeleErich Priebke ou encore Klaus Barbie, ont trouvé refuge en Argentine dans les décennies qui ont suivi 1945, souvent avec l’appui de réseaux clandestins appelés ratlines. La découverte pourrait fournir de nouvelles preuves de l’aide active apportée par des membres de l’administration argentine de l’époque à ces criminels de guerre, mais aussi éclairer des pans entiers de leur activité post-exil, jusqu’ici peu documentée.

Une enquête historiographique en cours

La justice argentine a annoncé qu’un comité d’historiens, archivistes et spécialistes de la Shoah sera constitué pour étudier, numériser et contextualiser les documents. Cette tâche sera délicate : plusieurs documents comportent des noms de citoyens argentins ou des pistes bancaires et logistiques liées à des transferts de biens et de fonds nazis. Des institutions internationales, notamment le Musée de l’Holocauste de Washingtonle Centre Simon Wiesenthal, et Yad Vashem ont d’ores et déjà exprimé leur volonté de collaborer.

L’Argentine, carrefour de l’exil nazi

Cette découverte vient raviver une page sombre de l’histoire argentine. Sous la présidence de Juan Domingo Perón, l’Argentine fut l’un des principaux refuges pour les nazis en fuite, dans un contexte de guerre froide où les priorités politiques ont souvent supplanté les impératifs de justice. En 1992, un rapport officiel commandé par le président Carlos Menem — le « rapport Verdad y Memoria » — avait déjà révélé que plus de 180 officiers nazis s’étaient installés en Argentine grâce à des complicités locales et internationales.

Perspectives et controverses à venir

Outre son intérêt historique, la trouvaille pourrait rouvrir des dossiers judiciaires dormants et relancer les débats sur l’impunité des criminels de guerre nazis et les responsabilités des États hôtes. Elle suscite aussi des interrogations sur les zones d’ombre dans les archives officielles et le degré de connaissance – voire de complicité – de certaines institutions argentines. Certains juristes et ONG appellent désormais à un inventaire complet des archives judiciaires et diplomatiques du pays pour éviter que d’autres pans du passé ne demeurent enfouis.

Eudoxie Trofimenko
Et par le pouvoir d’un mot, Je recommence ma vie, Je suis née pour te connaître, Pour te nommer, Liberté. Gloire à l'Ukraine ! Vive la France ! Vive l'Europe démocratique, humaniste et solidaire !