Du 31 mai au 2 juin, le groupe Bukatribe était l’invité d’honneur de la sixième édition de Court-Circuit. En proposant aux artistes de se produire trois fois par jour, chaque fois dans un lieu différent, l’événement sort des sentiers battus et revisite le concept des concerts et festivals traditionnels.
En lieu et place de scènes insipides et impersonnelles, Court-Circuit fait cette année la part belle à des endroits inhabituels voire insolites dans les quartiers de Cleunay, La Courrouze, Villejean et Bréquigny. Ainsi, le festival prend-il le contre-pied des conventions et permet aux artistes de véritablement s’approprier chacun des lieux où ils se produisent, tout en cassant les barrières avec un public affranchi de toute contrainte.
Toujours à l’affût de nouveaux artistes prometteurs, c’est sur Bukatribe que s’est jeté le dévolu de l’équipe de L’Antipode pour cette sixième édition. Leur particularité : aucun instrument entre les mains. Avec des micros pour seul bagage, le quatuor rennais, qui se définit comme une chorale alternative, a suscité l’enthousiasme des spectateurs venus apprécier leurs performances vocales au cours de neuf concerts dans la ville.
C’est d’abord dans l’école Champion de Cicé que Bukatribe a fait entendre sa voix, devant une foule d’enfants qui ne masquaient pas leur émerveillement. De nombreux parents sont également venus profiter de la performance du groupe, tout comme celle de la classe de CM1 qui a eu la chance d’accompagner le quatuor sur plusieurs morceaux. Plus tard, c’est sur le chantier du métro à Cleunay que s’est levé le voile d’un lieu jusqu’alors tenu secret. Dans ce décor atypique qui n’était pas sans rappeler un univers underground, Bukatribe a fait résonner ses sons dans les souterrains du chantier, devant un public équipé de casques et de chasubles.
Ainsi, le festival s’est poursuivi dans d’autres lieux plus atypiques les uns que les autres, oscillant entre espaces verts, centres sociaux et places urbaines, jusqu’à l’écluse Moulin du Comte où s’est achevée la dernière représentation jeudi soir.
À l’origine du groupe : « Did », chanteur au goût prononcé pour le ragga, qui proposa le projet aux autres membres rencontrés sur le tremplin des Jeunes Charrues et par connaissances communes. Rapidement, le quatuor a su développer un style à la fois éclectique et unique. Bercé par de multiples influences, Bukatribe mêle la tranquillité de la soul à l’agressivité du hip-hop et au dynamisme du ragga, allant même jusqu’à emprunter des sonorités aux genres dubstep et drum’n’bass. Le tout couronné par un beat box solide et percutant. Au fil des concerts, Bukatribe enchaîne les succès à travers ses titres originaux tels que « Pause », « Irrémédiable », « Glass Walls » ou « Morning Lights », mais reprend également à sa manière des classiques comme Banana Boat Song (Day O) d’Harry Belafonte.
Au cours des trois jours de festival, la variété des lieux a fait écho à la pluralité des spectateurs qui se prêtaient volontiers au jeu. « C’est hyper bien, les gens viennent malgré le froid et le mauvais temps », se réjouit Romain. « C’est une super expérience, fatigante, mais très intéressante. » L’originalité et la diversité offertes par Court-Circuit ne pouvaient pas mieux correspondre à Bukatribe, qui a su à nouveau surprendre par l’étendue de sa palette musicale : « On est tout-terrain, et on intéresse des gens assez variés, que ce soit les enfants, les jeunes, les adultes et les personnes un peu plus âgées. C’est génial, ça correspond exactement à l’esprit du groupe et du festival », conclut Romain.
Cet été, Bukatribe sera sur les routes de France, avec déjà une dizaine de festivals inscrits au calendrier. Une chose est sûre, le « quartet buccal » – du nom de leur premier EP – n’a pas fini de nous étonner !
Court-circuit #6, Bukatribe, 31 mai-2 juin 2016
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