Les 28 et 30 octobre 2014, Rennes accueillaient deux rendez-vous consacrés aux danses urbaines dans des lieux essentiellement dédiés à la danse contemporaine : le Triangle et le Garage du Musée de la danse. Une convergence pertinente en voie d’accélération.
Le Triangle explore depuis des années les pratiques du break et du hip-hop. Mardi 28 octobre, une soirée Sous la lumière a réuni des chorégraphes de danse contemporaine, des représentants des institutions liées à la danse en Bretagne, des programmateurs, des danseurs de hip-hop, de break et de krump pour un débat intense.
Un nombre croissant de chorégraphes de danse contemporaine intègrent les danses urbaines à leurs créations. En 2008, le Centre chorégraphique national de La Rochelle a vu sa direction confiée à un chorégraphe de hip-hop : Kader Attou. Si la pratique du hip-hop et du break est foisonnante dans la région, seules trois compagnies de danses urbaines sont officiellement répertoriées en Bretagne. La distance qui sépare ces deux pratiques si elle tend à s’amenuiser demeure encore très importante. Le monde des studios de danse et celui de la rue s’observent. Le décloisonnement gagne du terrain.
Cette soirée a montré l’intérêt du public pour ces problématiques soulevées et argumentées avec franchise. Un public totalement partie prenante dans la discussion et le partage qui ont duré au-delà des deux heures initialement prévues. La compagnie Shifts, en résidence au Triangle, a ponctué la soirée d’une magnifique démonstration de Krump – danse qui émerge depuis peu grâce à la diffusion sur la chaine Arte du film Rize de David LaChapelle (voir notre article de fond de 2013). La soirée s’est prolongée autour d’un verre, car le sujet était loin d’être épuisé. D’autres soirées « Sous la lumière » sont à venir au Triangle. Unidivers vous tiendra informé.
Dans la continuité, le Musée de la danse proposait un Tour du monde des danses urbaines en 10 villes* jeudi 30 octobre au Garage. Des vidéos de danses urbaines projetées montrent les pratiques des danseurs dans leurs rues, leur quartier. Simultanément Ana Pi, danseuse chorégraphe Brésilienne traverse la scène et agrémente cette conférence dansée d’explications et de démonstrations.
Elle change de tenue pour illustrer le Krump, le Pantsula, le Voguing, le Kudura et autres. Le vêtement amplifie les différentes expressions recherchées par les microcosmes qu’incarne Ana Pi. La fine brindille est super élancée avec sa perruque et ses talons vertigineux pour le voguing et à l’autre extrême, elle révèle une puissance que son corps frêle n’aurait pas laissé soupçonner, en baskets et survêtement oversize, pour le krump. La silhouette va de métamorphose en métamorphose, mais ce qui unit ces danses des quatre coins du globe est l’intensité de l’engagement du corps. Il dit et démontre avec ferveur que les membres de ces communautés éparses ont toutes de bonnes et belles choses à donner au monde.
La pédagogie étant l’un des maîtres mots de cette soirée, le public a pu, à l’issue de la représentation, guidé par Ana Pi, s’initier aux différentes pratiques. L’atelier ouvert aux danseurs de tous niveaux a permis d’entrevoir et d’éprouver pour le plaisir de tous la puissance de ces danses.
*Conférence dansée de François Chaignaud, Cecilia Bengolea et Ana Pi, suivie d’un atelier Danses urbaines