Dominoes au Tombées de la Nuit, le jeu grandeur nature (entretien avec la Station House Opera)

Dans le cadre du festival Les Tombées de la nuit, la compagnie Station House Opera présente sa performance Dominoes le dimanche 5 juillet à partir de 10h (installation) et 16h30 (pour la tombée). Le Mail François Mitterand va transformer alors en un vaste espace de jeu. Une ligne de 7000 dominos en béton cellulaire : entre installation jubilatoire, performance collective et parcours fusionnel. 

 

Compagnie britannique, la Station House Opera explore le rapport à l’espace, qu’il soit géographique, scénique ou psychologique. Depuis plus de trente ans, elle réalise des performances in situ dans l’espace public ou des spectacles connectant plusieurs continents grâce à Internet. Cette idée de grandeur et de collectivité dans leur projet semble être une des clés de voûte de la compagnie.

Londres - Photo de Simon CordelDéjà défini comme l’événement majeur de cette édition 2015 des Tombées de la Nuit, Dominoes, dont la première date de 2002, est avant tout un beau projet collectif qui questionne l’architecture urbaine d’une ville. Pour cette performance monumentale et éphémère, des dominos d’un mètre de hauteur, en béton cellulaire, sont mis en place les uns à la suite des autres sur plusieurs kilomètres (distance qui varie selon l’emplacement). La chute du premier entraîne une cascade en chaîne dans tout le quartier détruisant ainsi les parpaings un à un, jusqu’au dernier.

En opposant le jeu d’enfants et la grandeur nature, la performance s’immisce, au sens propre du terme, dans chaque recoin du quotidien et bouscule la routine de la ville, ses voitures, ses vélos, et ses piétons, ses petites ruelles et jardins… Avec Dominoes, la compagnie cherche à créer un mouvement collectif et de ce fait, une mémoire collective autour de cette « chaîne de cause à effet à la fois physique et symbolique ». Les habitants participent, curieux, sans connaître précisément le déroulement et la durée de la performance, là n’est pas le plus important.

Dijon - Photos Jonas Jacquel HIDEFAprès avoir parcouru de nombreuses villes et continents, les dominos de Julian Meynard Smith débarquent à Rennes dans l’intention d’envahir notre cher Mail François Mitterrand, tout beau, tout neuf, tout ce qu’il y a de plus contemporain. Les habitants, spectateurs ou participants, rennais ou des alentours, vont assister à cette nouvelle aventure, assez unique en son genre. Une expérience artistique et urbaine à l’état pur.

Unidivers a interviewé Julian Maynard Smith à propos de la performance Dominoes dans notre ville.

Unidivers : Dominoes, performance in situ et interactive, est un travail sur l’architecture de la ville et donne l’occasion aux habitants de s’approprier le lieu. De ce fait, comment avez-vous appréhendé le quartier du Mail Mitterrand, fraîchement  rénové ?

dominoesJulian Maynard Smith : Il était clair pour moi que la zone autour du Mail Mitterand avait un caractère très différent et plus diversifié que le centre historique, qui a aussi été considéré comme un emplacement possible pour le projet. On m’a dit qu’une certaine attention était donnée par la ville au rajeunissement de cette partie de la ville, particulièrement le Mail, avec l’espoir d’y amener plus de vie et plus d’activité. J’ai été intéressé par ce quartier car c’était en quelque sorte un exemple typique d’un genre particulier de développement urbain, dans ce qu’il a de plus singulier, avec une grande variété d’utilisations et d’immeubles. La tâche du projet tel que je le vois était de faire apparaître cette diversité.

U. : La Station House Opera n’est plus à son premier coup d’essai avec DOMINOES. Rennes constituera votre onzième performance  dans l’espace public. Qu’est-ce qui vous motive à renouveler cette expérience ?

Julian Maynard Smith : C’est la onzième, ou douzième version de Dominoes, selon comment vous comptez. Chaque endroit où nous nous installons à sa propre spécificité, et ça fait partie de notre intérêt de trouver ce que sont ces différences. Pour Rennes, par exemple, le centre historique partage de nombreuses caractéristiques avec les vieux centres qui sont largement préservés et inchangés, avec beaucoup de touristes – tandis que le quartier autour du Mail est quelque chose de nouveau pour nous.

Julian Maynard Smith
Julian Maynard Smith

U. : Légèrement différent en terme de chiffres (Londres: 8000 dominos sur 11 km), le procédé reste néanmoins le même. Avez-vous pu constater une évolution ou des différences au fil des performances réalisées ?

Julian Maynard Smith : Il y a des différences spécifiques pour la pièce à Rennes. Par exemple, les blocs vont rejoindre par bateau un point, particulier, et la route va faire une boucle complète, ce qui constitue une première. Chaque fois, nous sommes ouverts à la possibilité de développer la portée que la route peut couvrir.

dominoesU. : Dominoes est la seule proposition de ce dimanche 5 juillet, comment résumeriez-vous cet événement majeur des Tombées du la Nuit pour ceux qui ne connaissent pas le projet ?

Julian Maynard Smith : Vous voulez dire comment parler aux gens à propos du projet pour qu’ils soient motivés à venir et à voir ça ? C’est en grande partie grâce à l’équipe des Tombées de la Nuit, qui a fait beaucoup pour promouvoir l’événement. Nous avons trouvé que l’idée semble se communiquer facilement au public – une fois que vous avez décrit ce dont il s’agit tout le monde peut le comprendre, sauf que, bien sûr, chacun aura sa propre idée, légèrement différente, de ce dont il s’agit réellement.
Mais quand vous dites aux gens qu’ils visiteront beaucoup de lieux tout autour de la ville, ils sont immédiatement curieux.

Petit conseil pour la route : Pour en profiter pleinement, il est conseillé de se promener le long du parcours afin de contempler l’avancée de ce déferlement de dominos et, ainsi, voir l’oeuvre se faire, de défaire et prendre forme dans notre ville.

Rendez-vous avec la Station House Opera pour sa performance Dominoes le dimanche 5 juillet au Mail François Mitterand à 10h du matin.


Crédit photo : Thomas Seest, Jonas Jaquel, Simon Corder, Elsa Levecot

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