Jazz à l’Ouest fera à nouveau résonner la note bleue à Rennes et dans sa métropole du 7 au 25 novembre 2023. C’est la 33e édition du festival organisé par la MJC Bréquigny en collaboration avec différentes salles et structures locales. Au programme : 47 concerts dans 17 lieux. En plus de représenter un panorama du jazz actuel, du plus classique au plus hybride, la programmatrice, Marie Baslé, a à cœur de mettre en avant la scène féminine d’un milieu encore très en retard sur la question de la parité.
Marie Baslé nous reçoit dans son bureau à la MJC Bréquigny. Elle vient tout juste de recevoir la plaquette définitive de présentation de la programmation de Jazz à l’Ouest, qui se tiendra du 7 au 25 novembre 2023. Et pour cette 33e édition, la 3e chapeautée par la programmatrice, le menu est des plus généreux !
Missionnée pour mettre en avant le jazz et les musiques du monde, la MJC Bréquigny coordonne aussi, à travers Jazz à l’Ouest, un grand temps fort de jazz pour la métropole rennaise, étalé sur trois semaines. Aidée d’un comité de programmation composé de connaisseurs ou non en jazz, Marie Baslé propose une série de concerts à la MJC. Mais « ce qui fait le sel de ce festival, ce sont les partenariats avec les différentes salles », déclare-t-elle. Cette année, 16 salles et bars se joignent à cette longue croisière jazz en proposant une programmation propre. « C’est chouette d’avoir ce foisonnement, ça prouve qu’il y a une vraie scène jazz à Rennes et dans la métropole et un public. »
Foisonnement, le mot est bien choisi. Car le festival Jazz à l’Ouest s’attache à montrer la variété du jazz actuel, ou comment le genre se nourrit aujourd’hui de multiples influences : folk, soul, rock, hip hop, électro, musique brésilienne, africaine, orientale, manouche, etc. À titre d’exemple, le festival s’ouvre le 7 novembre à la MJC Bréquigny par un concert de Superjoy, trio rennais qui oscille entre pop, rock et influences afros. Le concert de clôture sera, lui, assuré par Tekemat, autre trio rennais en forme de mini fanfare techno instrumentale.
Suivant toujours ce principe de variété, l’affiche de Jazz à l’Ouest se compose à la fois de projets émergents, voire balbutiants, de nouveaux projets de musiciens aguerris, de nouvelles étoiles du jazz ou de vétérans. Henri Texier fera vrombir la contrebasse qui l’a fait connaître dans les années 70. « Je suis rentrée dans le jazz par sa musique », confie Marie Baslé. « C’est en écoutant ses premiers albums que je me suis rendue compte que j’adorais le jazz », continue la programmatrice. Bien connus de la scène française, les frères Belmondo feront résonner leur projet Dead Jazz, où ils revisitent le répertoire de Grateful Dead. Côté nouvelles sensations, on retrouvera la chanteuse canadienne Dominique Fils-Aimé, la guitariste anglaise Rosie Frater-Taylor, la flûtiste franco-syrienne Naïssam Jalal ou l’harmoniciste israélienne Ariel Bart. Et ne manquez pas non plus le premier concert de Suze Tonic, un trio trash house composé par trois musiciens jazz rennais bien connus du cru.
Car s’il y a bien à l’affiche de Jazz à l’Ouest quelques artistes internationaux de passage en France pour une tournée, ou des artistes parisiens, l’essentiel de la programmation est composé d’artistes locaux, rennais ou du grand Ouest. Citons à cet égard PJ5, Sarah Kay Trio, Jack & PW, Paul Andrzejewski Trio, Hippocampe, La Drave ou encore le West Jazz Orchestra, big band résident de la MJC Bréquigny.
Depuis sa prise de fonction en 2020, la ligne directrice de Marie Baslé est de proposer une affiche qui soit la plus paritaire possible. Pari difficile quand on est programmatrice de jazz, sachant que le milieu est parmi les plus en retard sur la question de la parité. En 2018, selon la dernière étude de l’Association jazzé croisé (AJC), 85 % des musiciens programmés sur des scènes de jazz étaient des hommes. Alors, quand on entend encore des hommes tenir la vieille rengaine « je ne veux pas programmer des femmes si c’est au détriment de la qualité », il faut garder la tête froide et réussir à faire entendre que « si des artistes féminines sont arrivées à un niveau de diffusion, il y a des chances qu’elles soient meilleures que des hommes parce que leur parcours entier a été plus compliqué », explique Marie Baslé.
Ce qui rassure la programmatrice, c’est que la problématique de la parité est désormais admise par les programmateurs de jazz, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années encore. « Le rôle des programmateurs est d’alimenter un cercle vertueux : donner de la visibilité aux artistes femmes pour que de potentielles futures artistes s’identifient, se disent que c’est possible », affirme Marie Baslé. Ses efforts portent leur fruit : cette année, 30 % des artistes programmés à Jazz à l’Ouest sont des femmes, y compris des instrumentistes et pas que des chanteuses.
Structure d’éducation populaire, la MJC Bréquigny inclut aussi dans la programmation de Jazz à l’Ouest des moments de médiation culturelle. Ils peuvent prendre la forme d’accompagnements artistiques (masterclass de Rosie Frater-Taylor avec le West Jazz Orchestra, masterclass de Naïssam Jallal avec les élèves du Conservatoire, résidence du groupe de lycéens Naked Frog) ou d’animations gratuites : initiation à la fanfare avec la Fanfare de la Touffe, initiation au rap pendant la Journée à l’Ouest, etc.
Avec ce programme chargé, Jazz à l’Ouest foisonne et résonne. De quoi faire swinguer Rennes et sa métropole du 7 au 25 novembre.