Produit phare de la cuisine méditerranéenne, l’huile d’olive est souvent perçue comme un ingrédient santé par excellence. Mais derrière les étiquettes séduisantes de “vierge extra” ou “bio”, se cachent parfois des contaminations invisibles, des pratiques douteuses… et des risques pour la santé. Retour sur une enquête sans concession menée par 60 Millions de consommateurs mise à jour en mai 2025.
Un produit star… mais pas toujours à la hauteur
L’huile d’olive occupe une place à part dans l’alimentation française : pilier du régime méditerranéen, plébiscitée pour ses bienfaits cardiovasculaires, elle reste pourtant peu consommée (1,7 L/an/habitant) en raison de son prix élevé — entre 10 et 60 € le litre en supermarché selon les marques.
En mai 2025, 60 Millions de Consommateurs a publié une enquête approfondie sur 22 huiles d’olive vierge extra vendues en France, incluant des marques bio et conventionnelles. Objectif : évaluer leur qualité nutritionnelle, leur goût, et leur propreté chimique, à travers une batterie de tests réalisés par un laboratoire indépendant.
Des résultats contrastés : aucune huile sans contaminant
Premier constat inquiétant : aucune des huiles analysées ne se révèle parfaitement exempte de contaminants. Toutes contiennent au moins un plastifiant (type phtalate ou DEHT), et une majorité affiche aussi la présence de résidus d’hydrocarbures (MOSH/MOAH), substances issues de la pétrochimie.
- Le plastique dans l’huile ? Oui : les huiles contiennent entre un et trois plastifiants, migrés depuis les cuves, tuyaux ou contenants non conformes. Deux huiles se distinguent par des taux particulièrement élevés :
- Terra Delyssa (3,5 mg/kg)
- Carapelli (4,8 mg/kg)
- Les hydrocarbures les plus inquiétants (MOAH) ont été détectés dans 8 références sur 22. La plus polluée est la marque Eco+, avec un taux de 10 mg/kg de MOAH, soit cinq fois plus que le seuil recommandé de 2 mg/kg par l’Union européenne. Note : Ce seuil européen pour les MOAH ne sera obligatoire qu’à partir du 1er janvier 2027. D’ici là, les produits ne sont pas forcément retirés du marché, malgré des dépassements.
Défauts gustatifs : un tiers des huiles en échec
Autre mauvaise surprise : 7 huiles sur 22 présentent des défauts sensoriels rédhibitoires, malgré l’appellation « vierge extra » censée garantir une qualité gustative irréprochable.
- Goût rance : Émile Noël, Cauvin, Tramier
- Goût moisi ou terreux : Lesieur, Terra Delyssa, Eco+
- Goût « chômé » (fermentation anaérobie) : Primadonna
Des défauts qui devraient logiquement rétrograder ces huiles en simple « vierge », sans le qualificatif « extra ».
Les bons élèves : Leos, Costa d’Oro, Auchan
Malgré ce panorama sévère, quelques marques sortent du lot :
- Leos – 19/20 : Une huile française premium à plus de 50 €/L, avec un excellent profil gustatif (fruité intense), très faible acidité (0,14 %) et un bon niveau de conservation. Rien n’indique toutefois une absence totale de plastifiants ou MOAH — prudence dans l’interprétation.
- Costa d’Oro – 14/20 : Huile bio (origine UE/non UE) à 20 €/L, exempte de MOAH, bien équilibrée en bouche. Bon rapport qualité/prix.
- Auchan – 13,2/20 : Sans être parfaite, cette huile espagnole reste abordable et correcte pour un usage quotidien.
Top 5 – Les meilleures huiles d’olive vierge extra 2025
Ces huiles se démarquent par leur qualité gustative, leur équilibre nutritionnel et une contamination minimale. Idéales pour une consommation à cru, elles offrent un bon compromis entre santé, saveur et fiabilité.
Rang | Marque | Note globale /20 | Points forts | Prix indicatif /L |
---|---|---|---|---|
1 | Leos (France) | 19 | Fruité intense, excellente qualité gustative, faible acidité (0,14 %) | ~60 € |
2 | Costa d’Oro Bio | 14 | Sans MOAH, équilibrée, légère amertume, bon rapport qualité/prix | 20,35 € |
3 | Auchan (Espagne) | 13,2 | Abordable, fruité moyen, fraîcheur acceptable | 12,47 € |
4 | Puget (France) | ≈13 | Faible teneur en plastifiants (0,2 mg/kg), bonne composition lipidique | NC |
5 | Monini Classico (Italie) | ≈12,5 | Bonne composition, légère oxydation signalée | NC |
Flop 5 – Les huiles les plus problématiques
Présence marquée de contaminants, défauts gustatifs notables ou composition dégradée : ces huiles vierges extra ne respectent pas toujours les critères que leur appellation suppose. À éviter pour une consommation régulière.
Rang | Marque | Note estimée | Motifs d’alerte | Prix indicatif /L |
---|---|---|---|---|
18 | Primadonna | ≈9 | Défaut gustatif « chômé », stockage douteux | NC (marque Lidl) |
19 | Terra Delyssa (Tunisie) | ≈8 | 3,5 mg/kg de plastifiants, défaut moisi, forte saturation | NC |
20 | Cauvin (UE/non UE) | ≈7,5 | Goût rance, forte oxydation, acides gras saturés élevés | NC |
21 | Carapelli Bio (Italie) | ≈7 | 4,8 mg/kg de plastifiants, proche du seuil UV, MOAH présents | NC |
22 | Eco+ (UE/non UE) | ≈6 | 10 mg/kg de MOAH (5× seuil UE), goût moisi, très bas de gamme | <10 € |
NC : Non communiqué, variable selon les enseignes et les régions.
Ce qu’il faut retenir
Toutes les huiles testées respectent les critères nutritionnels de base (acides gras, stérols), sans fraude manifeste.
- Aucune n’est totalement indemne de contaminants, qu’il s’agisse de plastifiants ou d’hydrocarbures.
- Un tiers des marques ont un goût défectueux, incompatible avec l’appellation « vierge extra ».
Conclusion : fuyez le bas de gamme, lisez les étiquettes… et privilégiez le cru
Pour préserver les qualités de votre huile d’olive, consommez-la à cru, à l’abri de la lumière et de la chaleur. Méfiez-vous des prix trop bas (Eco+, Primadonna), dont les performances gustatives et sanitaires sont décevantes. Quant aux huiles premium, elles ne sont pas toutes irréprochables non plus.
Enfin, gardons en tête que l’huile d’olive reste un aliment bénéfique pour le cœur, à condition d’être choisie avec soin — et consommée avec modération.