L’exposition photographique de rentrée place de la Mairie ou de l’Hôtel de Ville de Rennes se déroulera du 17 septembre au 19 octobre 2014. Les images singulières de la Libération vue par John G. Morris y résonnent d’un écho particulier. Une occasion exceptionnelle pour les Rennais de jeter un regard autre sur l’Histoire et leur histoire.
Le photoreporter a en effet immortalisé avec un œil vif et un regard doux la Libération de la Normandie et de la Bretagne, notamment de Rennes en 1944. Plusieurs clichés parmi les 38 exposés ont pour cadre la place de la Mairie et son théâtre aux vitres brisées devant lequel défilent des tirailleurs sénégalais. Un bel espace-temps de mémoire vive pour les anciens comme les jeunes Rennais.
On pourrait dire que j’étais le photographe du jour d’après. Je travaillais aux marges de la guerre, mais je crois malgré tout que mes images disent beaucoup sur la guerre.
Londres, juillet 44, le blitz frappe avec son cortège de bombes. John G. Morris est photo-éditeur à Life Magazine où il dirige la couverture photo de la guerre en Europe occidentale. Son dernier exploit : il vient de sauver onze images du reportage historique du débarquement en Normandie réalisé le 6 juin 44 par Robert Capa.
L’envie est trop forte : il prend ses cliques et ses claques et, un appareil photo en poche, il s’embarque pour la France. Pendant un mois, il suit la progression des troupes américaines en Normandie puis en Bretagne. Là, il tombe littéralement sous le charme des populations françaises qui accueillent les Américains à bras ouverts tandis qu’il découvre une armée allemande épuisée et en déroute. Devenu photographe pour l’occasion (et pour la seule fois de sa vie), ce vénérable journaliste (né en 1916 dans le New Jersey) rapporte aux Etats-Unis une douzaine de pellicules en noir et blanc.
Ces clichés, nul n’aurait jamais pu les voir sans la détermination de Robert Pledge, cofondateur de l’agence Contact Press Images à New York. C’est lui qui a convaincu John G. Morris de mettre à jour et de publier ses photos, longtemps conservées, mais rarement montrées. Le photographe d’un moment avait toujours considéré ses photos comme celles d’un simple amateur ; comment aurait-il pu se considérer comme un photoreporter, lui qui connaissait intimement l’univers du photojournalisme ?
Cette modestie constitue sans doute un point essentiel. De fait, chacune de ces photographies est composée avec simplicité par un œil qui fait comme…un pas de côté. Un œil qui regarde avec un regard neuf et bienveillant un moment de l’histoire inédit. Remarquable.