La figure mythique de Lawrence d’Arabie est inscrite à jamais dans l’histoire et l’imaginaire grâce à ses récits et son implication dans la révolte arabe entre 1916 et 1918. Cependant, bien avant d’être un officier extrêmement médiatisé, Thomas Edward Lawrence fut un jeune étudiant solitaire encore inconnu du grand public. Durant l’été 1908, l’année de ses 20 ans, il sillonna à vélo les régions françaises et notamment la Bretagne. Porté par le désir de mettre en lumière ce passé breton méconnu, Kevin Lognoné, passionné d’histoire, lance un appel à tous ceux qui pourraient l’aider à retrouver les traces de ce périple.
Retrouver les traces oubliées d’un officier mythique ? Un travail d’enquête digne d’un roman d’aventure. Kevin Lognoné, guidé par sa passion pour l’archéologie et l’histoire, tente de ressusciter les souvenirs de cette période initiatique largement méconnue. Ce désir est né lors de l’expatriation de ce passionné à Doha au Qatar puis au Royaume de Bahreïn dans le Golfe Persique. Ce séjour de plusieurs années au Moyen-Orient a réactualisé un désir d’en savoir plus sur ce grand aventurier qu’est Lawrence d’Arabie ainsi que d’en découvrir davantage sur son passage en Bretagne : « J’ai commencé mes recherches en m’appuyant sur des publications de l’université d’Oxford ainsi que sur le travail de Guy Pénaud, qui a cartographié le parcours de Lawrence d’Arabie dans le Pays de Lamballe. Je voulais savoir avec plus de minutie où est-ce qu’il était allé en Bretagne, les modalités de son périple, ses découvertes et ses rencontres. »
Le passionné breton, originaire de Saint-Malo, s’était déjà intéressé au circuit Lawrence d’Arabie à Dinard, station balnéaire réputée où s’était établie dès le début du XVIIIe siècle une grande communauté britannique. Dans son enfance, Lawrence y passa des vacances dans les villas de ses parents. Les paysages bretons lui sont déjà familiers lorsqu’il décide d’y revenir en 1908, afin d’en étudier l’histoire et le patrimoine riche. Lawrence réalise un tour de France de près de 4 000 km avec comme seul moyen de déplacement un vélo de course. À la clé de ce périple d’une cinquantaine de jours : un travail de recherche universitaire. Étudiant en archéologie, il réalise une thèse sur l’influence des croisades sur l’architecture militaire européenne à la fin du XIIIe siècle. Il y compare en détails la construction d’édifices et de fortifications d’Orient avec ceux d’Occident. Un travail alors unique en son genre qui sera accueilli avec la mention First Class à l’université d’Oxford.
Sur sa route, Lawrence se rend auprès d’un grand nombre de vestiges présents à Fougères, à la baie du Mont-Saint-Michel, à Dinan et dans les Côtes d’Armor. Un itinéraire riche en joyaux d’architecture médiévale, comme le château de la Hunaudaye et la cité médiévale Moncontour chargée de protéger Lamballe, capitale du Penthièvre. Des villes extrêmement riches de leurs contacts avec des communautés marchandes grâce à la présence historique d’une communauté juive médiévale en Bretagne. Il s’intéresse, en plus de ses recherches universitaires, à des reliques en lien avec la présence des Templiers, un ordre médiéval extrêmement important dans le financement des croisades.
Dans sa démarche, Lawrence d’Arabie s’approprie le paysage religieux et historique qui l’entoure, jusqu’à créer un lien entre la Bretagne et l’Orient. Un environnement où baigne une forte présence des pays du levant, grâce au commerce florissant des toiles de lin et de chanvre ainsi que l’importation de la fleur de blé noir. Ce brassage a fortement contribué à l’éveil orientaliste de Lawrence d’Arabie et marqué profondément par la suite ses aventures au Proche-Orient notamment dans le redécoupage des frontières qui restent aujourd’hui, toujours d’actualité.
« Cette période marque la naissance d’un intérêt qu’il découvre directement sur le terrain et qui va réveiller un personnage opiniâtre et déterminé, désireux d’être une tête chercheuse. À ce moment-là, il y a déjà dans sa personnalité une grande indépendance de créativité, d’action et un dévouement qui sans doute, va l’aider à préparer mentalement sa traversée du désert. »
Kévin Lognoné.
À l’issue de ce premier travail, Lawrence d’Arabie choisit un nouveau sujet de recherche : la poterie médiévale glacée au plomb du XIe au XVIIe siècle. Cette direction marque l’inspiration forte de la richesse culturelle et artistique bretonne sur le jeune étudiant, « Lawrence touche alors à des sujets qui ont été exploités par d’autres intellectuels et artistes, comme Mathurin Méheut, artiste breton célèbre. Tout un cercle de savoir qui fait largement écho au rayonnement de la région », souligne Kévin Lognoné.
Appel aux lecteurs…
Afin d’avancer dans ses recherches, Kevin Lognoné lance un appel aux érudits locaux, lecteurs passionnés du patrimoine, sociétés savantes et archéologiques qui pourraient faire remonter de nouvelles informations et les partager au plus grand nombre. Ces renseignements permettraient d’en savoir plus sur les étapes précises du circuit de Lawrence d’Arabie et les fleurons du patrimoine qui ont influencé sa quête : « Je cherche à savoir comment Lawrence d’Arabie s’est associé aux légendes et aux vestiges bretons. Il y aussi l’influence d’un certain nombre de personnages orientalistes de l’époque. Je pense en particulier à une Marie, ou Madame de Lamballe, princesse de la Maison de Savoie. Elle avait inspiré la constitution d’une loge d’inspiration féminine associée au Grand Orient. Il a pu s’intéresser à cette femme importante évoquée comme la rose mystique, un symbole fortement attaché au Moyen-Orient. »
Pour contacter Kévin Lognoné : tél. 06 25 50 39 97 ou kevin.lognone[@]e-ismapp.com