Lindsay Stirling, Mirage de la modernisation du violon

C’est l’une des découvertes du marché musical américain. Pourtant, elle peine encore à s’imposer en Europe. Repérée dans l’émission « America’s got talent » (l’original du français Incroyable talent), relayée largement sur Youtube, cette violoniste surdouée voit son premier album réédité pour un nouveau lancement après une tournée.

Si l’Allemagne et la Suisse ont déjà craqué pour elle, il lui reste bien du chemin à parcourir pour rejoindre les violonistes ayant réussi à sortir du carcan du classique. On pense à la Canadienne Catherine Lara qui chantait également, à l’anglais Nigel Kennedy, disciple du grand Yehudi Menuhin, ou encore aux violonistes jazz Didier Lockwood, Stéphane Grapelli ou même à Vanessa Mae. Mais Lindsey Stirling n’emprunte pas les mêmes chemins que ces illustres musiciens.

En effet, elle s’inscrit dans un mélange de dance, electro avec des inspirations celtiques renforcées par la sonorité du violon. Le tout est fait avec un grand sens de la mélodie qui n’est gâchée que par un accompagnement trop minimaliste : Un beat simpliste, quelques chœurs synthétiques et claps  et voilà le tout. Pour un peu on croirait une rencontre entre l’Eurodance des années 90 et le violon, ce qui n’a rien d’étonnant tant le genre eurodance a investi la musique US depuis deux ans sans en dire le nom. La mélodie est bien présente avec des breaks marqués connotés hip-hop (comme dans Clio’s journey), les refrains sont très travaillés pour être facilement « chantés ». Pas étonnant que l’Allemagne ait craqué sur cette artiste, puisque le genre y reste très populaire. Cela nous fait tout de même furieusement penser à ces albums de remix de musique celtique ou de chants grégoriens qui eurent leur mode il y a une dizaine d’années, comme Era par exemple.

Mais au-delà de cet aspect limitatif de la production, il y a un réel talent de composition (comme dans Crystalize ou le refrain du hit Moon Trance) et d’interprétation qui peut très bien se muer peu à peu avec d’autres arrangements à l’avenir. Il y a pourtant de grandes chances que cela reste un « One Shot », un effet de mode éphémère comme il y en a tant sur le web et dans la musique populaire de la dernière décennie. Unidivers n’oubliera de s’intéresser à cette violoniste, une fois le « buzz » passé.

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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