L’annonce conjointe de la Chine et de la Russie en avril 2025 de construire une centrale nucléaire automatisée sur la Lune d’ici 2035 relance la course à la souveraineté énergétique extraterrestre. Cet article examine et compare les projets portés par la Chine-Russie, les États-Unis, l’Inde et l’Europe dans cette nouvelle compétition stratégique et technologique.
Chine et Russie : vers une autonomie énergétique lunaire
La Chine et la Russie, via l’International Lunar Research Station (ILRS), ont annoncé la construction d’un réacteur nucléaire entièrement robotisé sur la Lune d’ici 2035. Celui-ci alimentera une base scientifique au pôle sud lunaire, avec pour objectif une occupation humaine à l’horizon 2040.
Les caractéristiques techniques précises restent confidentielles, mais il s’agirait d’un petit réacteur modulaire à fission (SMR), conçu pour fonctionner en autonomie pendant dix ans dans des conditions extrêmes.
États-Unis : leadership technologique et approche privée
La NASA, en partenariat avec le Département de l’Énergie, développe le programme Fission Surface Power visant l’implantation d’un réacteur de 40 kW dès 2030. Trois entreprises ont été retenues : Lockheed Martin, Westinghouse et Intuitive Machines/X-Energy.
Les réacteurs seront préassemblés sur Terre, puis déployés sur la Lune dans le cadre du programme Artemis. Cette solution vise à soutenir une base habitée durable (Artemis Base Camp).
Inde : potentiel nucléaire, ambitions encore théoriques
Bien que l’ISRO affiche des ambitions lunaires croissantes, aucun programme concret de centrale nucléaire n’est encore lancé. L’Inde possède une expertise avérée en mini-réacteurs civils et militaires, mais en est encore au stade exploratoire en matière d’énergie spatiale.
Europe : innovation en soutien, pas de calendrier ferme
L’Agence spatiale européenne (ESA) explore la faisabilité de micro-réacteurs lunaires, notamment via Rolls-Royce. Toutefois, l’Europe reste partenaire du programme Artemis et ne prévoit pas, pour l’heure, de centrale autonome. Le projet EL3 pourrait évoluer en ce sens après 2035.
Comparatif international
Pays/Bloc | Type de réacteur | Déploiement | Autonomie | Gouvernance |
---|---|---|---|---|
Chine-Russie | SMR automatisé | 2035 | Élevée | Bilatérale (ILRS) |
États-Unis | FSP 40 kW | 2030 | Moyenne | Public/privé (NASA/DOE) |
Inde | En étude | après 2035 ? | Faible | Étatique (ISRO) |
Europe | Micro-réacteur | après 2035 ? | Faible | ESA/industrie |
Devant les incertitudes solaires et aux besoins croissants des missions longues, l’énergie nucléaire s’impose comme une condition sine qua non à l’occupation lunaire permanente. Le projet sino-russe ambitionne l’autonomie totale, tandis que les États-Unis privilégient un déploiement plus rapide et collaboratif. L’Europe et l’Inde restent des acteurs potentiellement clés, mais à moyen terme.
Sources et références
- Reuters – China and Russia plan nuclear reactor for lunar base by 2035
- American Nuclear Society – Nations envision nuclear reactors on the moon
- BBC Future – Nuclear reactors on the Moon
- NASA – Fission Surface Power projects
- ESA – European Large Logistic Lander (EL3)
- The Independent – China plans nuclear power plant on the Moon
- Times of India – ISRO ambitions post-Chandrayaan