Deuxième nuit du Festival 2013 des Tombées de la nuit. Elle fut plus fraîche. Le prometteur Olli Goes to Bollywwod n’aura pas su vraiment réchauffer les cœurs et les corps. Les mélanges épicés ne sont pas toujours réussis…
Ollivier Leroy est un compositeur et pianiste rennais. Initié au chant classique et populaire indien, ainsi qu’au sanskrit et à l’hindi, c’est en 2002 qu’il découvre la richesse et le faste de l’univers bollywoodien. Ce sera la base d’un premier spectacle, Olli & the Bollywood Orchestra et de deux albums. Olli goes to Bollywood perpétue cette aventure en l’augmentant d’un système de projection. Ce dernier allie un grand écran, la projection d’un film imaginaire et deux écrans translucides par lesquels certains personnages du film apparaissent sur scène…
Passons sur l’aspect un peu cacophonique de l’entrée des spectateurs qui, massés, devant la petite entrée du parc du Thabor, rue de la Palestine, ont dû attendre plus de vingt minutes avant de pouvoir accéder au site. Ces petits désagréments sont vite oubliés quand le spectacle en vaut la peine.
Ciné-concert au cœur du théâtre de verdure de notre agréable parc rennais, le concept est pertinent. Les échos d’une musique indienne colorée revue par un compositeur français au milieu du vol audacieux des chauves-souris et autres oiseaux nocturnes – voilà qui promettait de pouvoir nous faire un peu oublier le frais saisissant de la nuit.
Le film projeté, voyage initiatique et amoureux d’un chanteur breton (Ollivier Leroy, lui-même) au cœur de la mosaïque culturelle et sociale indienne est très agréable. Bien réalisé, malgré des effets un peu superficiels et inutiles, il propose une succession de scènes (muettes, évidemment), de visages et de paysage loin des clichés touristiques ou même ethnosociologiques. Mais, là où sur scène nous nous attendions à des danses tourbillonnantes et chamarrées, un groupe assez statique s’est adonné à des compositions qui ne décollaient guère. Les sons hypnotiques et les mélopées serpentines de la musique traditionnelle de l’Inde (sitar, violons, tablas, dholak, thavil…) sont noyés par des arrangements à l’Occidental. Au lieu d’exhausser leur charme et leur profondeur, ces derniers les tirent vers une espèce de variété pas très variée, peu originale ni même simplement entraînante…
À mille lieues des délires kitsch mais envoûtant de Bollywood, Olli goes To Bollywood évolue au mieux dans une world music un peu plate. À vouloir faire consensuel, sans doute perd-on de vue la sensualité épicée de l’audace. Et c’est fort dommage, car Ollivier Leroy avait en sa possession tous les ingrédients pour faire frétiller d’enthousiasme un public demandeur. Mais non, dans la nuit fraîche du Thabor, la chaleur orientale ne s’est pas diffusée.
Thierry Jolif
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