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FRÈRE D’ÂME DE DAVID DIOP, UN TIRAILLEUR SÉNÉGALAIS DANS L’ENFER DES TRANCHÉES

Dans son roman Frère d’âme (Le Seuil), prix Goncourt des lycéens 2018, David Diop retrace un épisode sombre de la Grande Guerre, les déboires horrifiques des soldats africains au service de la France.

frère d'âme David Diop tirailleurs sénégalais
Troupes coloniales (regiment d’infanterie marocain, tirailleurs senegalais) prenant d’assaut, le 24 octobre 1916, le fort de Douaumont pres de Verdun, occupé par l’armee allemande. Illustration d’Achille Beltrame pour l’hebdomadaire italien «La Domenica del Corriere», 5 novembre 1916.

Le centenaire de la Première Guerre mondiale a fait naître beaucoup de romans sur la question. Frère d’âme en fait partie. Dans ce court et beau récit, celui qui parle se nomme Alfa Ndiaye, l’un des 135 000 tirailleurs sénégalais venus combattre en France, simple soldat arrivé d’Afrique et plongé dans les horreurs de la guerre aux côtés de Mademba, « son plus que frère, son ami d’enfance ».

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C’est par ces mots, comme une litanie, qu’Alfa ne cesse de désigner tout au long de ce poignant récit le malheureux Mademba, fauché par un « petit obus » tiré par ceux d’en face, « les yeux bleus ennemis ». Agonisant sous le regard en détresse d’Alfa, le pauvre Mademba, « les tripes à l’air, le dedans dehors comme un mouton dépecé par le boucher rituel après son sacrifice » supplie son « plus que frère » de l’achever. Mais, incapable d’avoir le courage de le tuer pour le délivrer de son supplice, paralysé par « des pensées commandées par le respect des lois humaines et les lois des ancêtres », Alfa laisse mourir Mademba, « les yeux pleins de larmes, la main tremblante, occupée à chercher dans la boue du champ de bataille ses entrailles pour les ramener à son ventre ouvert ».

Taraudé par le remords de n’avoir pas voulu, ou osé, donner la mort, « comme on demande un service à son ami d’enfance », le soldat Alfa Ndiaye, par désespoir, devient un homme ensauvagé. Après tout, c’est bien ce que les chefs militaires attendent de leurs troupes noires. « Vous les chocolats d’Afrique noire, vous êtes naturellement les plus courageux parmi les courageux. La France reconnaissante vous admire. Les journaux ne parlent que de vos exploits ! Et les ennemis ont peur des Nègres sauvages, des cannibales, des Zoulous […] » leur hurle en continu le capitaine Armand. Alors les Toucouleurs et les Sérères, les Bambaras et les Malinkés et tous les autres, entraînés par ce boniment de militaire, fiers et « contents que l’ennemi d’en face ait peur d’eux, contents d’oublier leur propre peur, quand ils surgissent de la tranchée leur fusil dans la main gauche et leur coupe-coupe dans la main droite, posent sur leur visage des yeux de fous ».

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Quand le soldat Ndiaye surgit de la tranchée au milieu des autres, ce n’est pas vraiment le baratin de son capitaine qui l’anime, mais bien plutôt une hargne vengeresse et féroce. Alfa fait la guerre pour venger la mort de l’ami irremplaçable, l’ami qu’il n’a pas achevé. L’âme d’Alfa est allée mourir dans le corps de son « plus que frère ».

Au péril de sa vie, la nuit tombée, il se glisse dans le camp adverse, sans bruit, enduit de boue. Il saute sur sa proie, la ligote, lui ouvre le ventre et l’égorge. Puis il regagne sa tranchée avec un trophée qui glace le sang : le fusil que tient encore la main ennemie découpée à la machette. Chaque main rapportée est comme une revanche prise sur la mort de Mademba. Il rapportera plusieurs mains, plusieurs fusils. Au début, ses copains, « Toubabs et Chocolats », saluent la bravoure d’Alfa.

TIRAILLEURS SENEGALAIS

Mais au quatrième ou cinquième trophée ramené dans la tranchée, l’inquiétude les gagne : « Les mains coupées, c’est la peur qui passe du dehors au-dedans de la tranchée ». Alors, les tirailleurs « l’éviteront comme la mort », persuadés d’avoir affaire à un sorcier, un « dévoreur du dedans des gens, un dëmm ». Et son capitaine, méfiant lui aussi, ne couvre plus ses agissements : « Je ne t’ai jamais donné l’ordre de couper des mains ennemies ! Ce n’est pas réglementaire ». Eh oui, l’horreur a ses codes ! « Sur le champ de bataille, on ne veut que la folie passagère. Des fous de rage, des fous de douleur, des fous furieux, mais temporaires. Pas de fous en continu. Dès que l’attaque est finie, on doit ranger sa rage, sa douleur et sa furie. La douleur, c’est toléré, on peut la rapporter à condition de la garder pour soi. Mais la rage et la folie, on ne doit pas les rapporter dans la tranchée. Avant d’y revenir, on doit se déshabiller de sa rage et de sa furie, on doit s’en dépouiller, sinon on ne joue plus le jeu de la guerre ».

Ndiaye va alors se faire soigner à l’arrière, injonction de son supérieur, le capitaine Armand, ce « petit homme aux yeux noirs jumeaux pleins de haine qui passe tous ses caprices à la guerre » comme celui d’envoyer à la mort, mains liées et désarmés devant l’ennemi, une poignée de soldats réfractaires à ses ordres.

MEDECIN TRANCHEES

Dans la seconde partie, le roman change de tonalité. Alfa Ndiaye s’ouvre au médecin militaire qui le soigne, l’apaise, l’écoute raconter la guerre, ce « champ de bataille balafré façonné pour des carnivores ». À la brutalité et aux ténèbres guerrières se mêle alors la lumière des souvenirs mélancoliques de son Afrique natale. Alfa lui raconte sa jeunesse au Sénégal, la chaleur de sa famille et de sa mère Peule, « belle de ses lourds pendentifs d’or torsadés aux oreilles », son amitié fusionnelle avec Mademba, son « plus que frère », son amour aussi pour la toute jeune Fary Thiam, la fille à « la voix douce comme les clapotis du fleuve sillonné par les pirogues les matins de pêche silencieuse », aux fesses « aussi rebondies que les dunes du désert de Lampoul, aux yeux de biche et de lion à la fois, tantôt tornade de terre, tantôt océan de tranquillité » et qui, pressentant le funeste sort de son amoureux et bravant les interdits paternels, s’était donnée à lui avant son départ au combat.

Avec son style oral et naïf, ses métaphores poétiques, ses leitmotivs stylistiques comme des antiennes incantatoires et envoûtantes, le livre de David Diop n’est pas loin d’avoir la forme et la force d’un conte africain. Ce roman, lourd de larmes et de sang, qui questionne l’inimaginable barbarie de la guerre et des hommes qui s’y anéantissent, est poignant d’humanité.

Frère d’âme de David Diop – Le Seuil – 176 pages. Parution : 2018. Prix : 17 €.

frère d'âme David Diop tirailleurs sénégalais

David Diop est maître de conférences en littérature du 18e siècle à l’université de Pau. Jusqu’à 1889, l’attraction universelle, son premier roman paru en 2012 aux éditions L’Harmattan, ses publications sont d’ordre universitaires : elles portent sur les représentations européennes de l’Afrique et des Africains au siècle des Lumières. C’est à ce titre qu’il dirige également un Groupe de Recherches sur les représentations européennes de l’Afrique aux 17e et 18e siècles. Frère d’âme est son second roman.

David Diop a remporté le prix Goncourt des Lycéens avec Frère d’âme en novembre 2018. Il a reçu en 2021 le Booker Prize, et il est premier français lauréat de ce prestigieux Prix. Une adaptation cinématographique est envisagée avec Omar Sy.

L’ÎLE AUX ENFANTS D’ARIANE BOIS, LES ENFANCES BAFOUÉES DES DÉPORTÉS DE LA CREUSE

Depuis plusieurs années, un nouveau roman d’Ariane Bois est devenu un événement, et L’Île aux enfants, à paraître ce 14 mars chez Belfond, n’échappe pas à la règle. Parce que cette auteure humaniste nous propose toujours un projet littéraire fortement associé à des thématiques qu’elle défend : le lien entre les générations, la défense du plus faible, le combat permanent contre les injustices et les exactions commises sur des innocents, notamment les enfants. Sans oublier le poids des non-dits…

île aux enfants ariane bois

 

Dans L’Île aux enfants, on fait la connaissance de Pauline et Clémence, deux petites filles qui, apparemment, vivent heureuses et insouciantes dans les montagnes de La Réunion. Tout semble aller au mieux dans le meilleur des mondes. Ce temps de l’enfance se déroule au rythme du soleil comme des averses tropicales, au rythme des jeux, des repas, des dodos…

Jusqu’au jour où… Jusqu’au jour où une femme vient les chercher pour qu’elles rejoignent d’autres enfants qui, comme elles, vont rejoindre la métropole pour des vacances en colonie. Mais ce ne sera pas un aller-retour, un aller simple seulement. En métropole, Pauline, six ans, séparée de Clémence, sa cadette, se retrouve placée chez des agriculteurs de la campagne creusoise. Si ses hôtes ne sont pas méchants avec elle, il en va tout autrement avec un autre gosse réunionnais déjà là, Gaëtan, de quelques années son aîné. Gaëtan, lui, vit dans la grange et est l’homme à tout faire de la ferme, travaillant toute la journée sous les coups du père, un Thénardier à peine dissimulé.

Michel Debré
Michel Debré 1963, Saint-Denis de la Réunion

Puis Pauline est déplacée. Elle se retrouve dans une famille classique citadine des années 1960-1970, dans un appartement avec baignoire, télé, frigo. Elle devient Isabelle, puisque ses parents adoptifs, les Gervais, en ont décidé ainsi. Et puis elle doit côtoyer Aymeric, le fiston déjà ado, plutôt malsain et vicieux. (Pauline-Isabelle s’en méfie et elle a bien raison)

deportes reunion creuse
Les enfants déportés de La Réunion

Et la jeune fille grandit, devient une belle adolescente et cherche à savoir d’où elle vient, qui elle est, quand elle découvre que ses parents ne sont pas ses parents, que sa peau bistre ne correspond pas à celle des autres, que ses cheveux blonds crépus n’ont rien de commun avec ceux de sa mère, de son père adoptif. Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Pourquoi lui a-t-on menti sur ses origines ? Dès lors, elle se métamorphose, se bat pour s’affranchir de ces chaînes-là. Elle devient femme, puis épouse, puis mère…

DEPORTES REUNION
1965. Photo de classe à Queyzac dans le Cantal. Collection Jean-Charles Pitou.

Quelques années plus tard, c’est sa fille, Caroline, qui tente de faire la lumière sur l’histoire, les origines de sa mère… Dans l’urgence de savoir, dans une quête passionnée de la vérité, dans la douleur de certaines découvertes. Mais c’est nécessaire. C’est presque vital… Elle s’envole à La Réunion pour retrouver (retrouvera-t-elle ?) les éventuels membres la famille de sa mère, de sa propre famille.

LES ENFANTS DE LA CREUSE

Dans ce roman, Ariane Bois revient avec une acuité qui nous laisse sans voix, sur un scandale humanitaire qui a duré plusieurs décennies : l’exil forcé d’enfants réunionnais pour, soi disant, repeupler les campagnes limousines, ces gosses qu’on a baptisés les déportés de la Creuse, ces « oubliés » que l’auteure — qui n’écrit jamais rien de léger —, a décidé de réhabiliter. D’aucuns objecteront qu’il s’agit d’une autre époque, que Michel Debré, député de La Réunion à l’époque, avait ses raisons pour organiser cette déportation d’enfants, que ces gamins étaient mieux en métropole à combler des familles, à suivre des études, à s’élever dans la société métropolitaine. Il n’empêche, on a arraché des filles et des garçons à leurs racines, à leurs origines, à leurs familles, au nom de la République. Innommable, inenvisageable, pourtant cyniquement vrai. Il a fallu attendre les années 1980 pour que cela cesse — ce n’est pas si loin. Il a fallu attendre les années 2010 pour que la responsabilité de la France soit reconnue, cette France des années 1960 qui, à l’ère de la décolonisation, demeurait profondément colonialiste.

L’Île aux enfants est un roman bouleversant, remarquablement écrit. C’est un plaidoyer pour la liberté, le respect d’autrui, la défense et la protection des enfants. La plume précise et aisée d’Ariane Bois nous tient en haleine de bout en bout. Un récit en ce début de printemps, foudroyant, à lire comme une urgence… Comme une nécessité. Au nom de la liberté, au nom de la vie. Au nom de l’amour de l’humanité.

L’Île aux enfants de Ariane Bois – Éditions Belfond – 240 pages. Parution : mars 2019. Prix : 21,00 €.

L’île aux enfants Ariane BoisAriane Bois est romancière, grand reporter et critique littéraire. Elle est l’auteure récompensée par sept prix littéraires de : Et le jour pour eux sera comme la nuit (Ramsay, 2009), Le Monde d’Hannah (Robert Laffont, 2011), Sans oublier (Belfond, 2014), Le Gardien de nos frères (Belfond, 2015). Après Dakota Song (Belfond, 2017), L’Île aux enfants est son sixième roman.

Rappel historique : Entre 1963 et 1982, plusieurs milliers d’enfants réunionnais ont été expédiés dans des départements vieillissants par la DDASS (La Creuse, Le Tarn, Le Cantal …) suite à la décision de Michel Debré, alors député d’outre-mer, au début des années 60. La démographie galopante de La Réunion pouvait pallier la dénatalité dans certains départements de l’Hexagone. Placés dans des familles paysannes, certains vivent heureux. D’autres font face à la solitude, au déracinement et au racisme ordinaire. L’expérience se solde par des suicides et des troubles psychiques.

Jean-Jacques Martial
Photo Jean-Claude François

C’est un dépôt de plainte, en 2002, qui va permettre de faire émerger l’affaire des « enfants de la Creuse » (expression impropre puisque 64 départements sont concernés). Devenu adulte, l’un de ces « pupilles », Jean-Jacques Martial, poursuit l’Etat pour « enlèvement et séquestration de mineurs, rafle et déportation ».

Les actions en justice n’aboutiront jamais, en raison de la prescription des faits, mais les médias recueillent les témoignages de ces Réunionnais exilés.

L’historien Ivan Jablonka  :

Ce que fait Michel Debré est conforme à la pensée républicaine. Et c’est cela le plus troublant. Lorsqu’il envoie les gosses en métropole, c’est pour les intégrer à la République française : il veut donner une deuxième chance à ces enfants. C’est à la fois républicain et illégitime sur le plan moral.

LES REVENANTS D’UNE SALE GUERRE AU PÉROU, LA PASSAGÈRE DU VENT

La passagère du vent : la guérilla entre le mouvement communiste du Sentier lumineux (El sendero luminoso) et l’armée régulière péruvienne déchira le Pérou dans les années 1980 et 1990. La pugnacité et la barbarie sans limites des deux camps firent 70 000 victimes dans la population du pays…

ALONSO CUETO

La paix, relative, est revenue à présent, mais la douleur de ces années de feu et de sang, de tortures et d’assassinats commis de part et d’autre, reste vive dans la mémoire collective, une douleur vécue autant par les militaires que par les populations civiles aisées des grandes villes, à Lima en particulier, et les populations paysannes, pauvres et éloignées, des montagnes andines. Alonso Cueto, romancier péruvien, ami du grand Mario Vargas Llosa, s’est attaché à nous montrer la réalité de cette « après-guérilla » à travers une trilogie intitulée Rédemption dont deux volumes ont été déjà traduits en français : Avant l’aube (en 2007), et La passagère du vent (en 2018). Un troisième volume, La pasajera, attend encore d’être accessible aux lecteurs francophones.

SENTIER LUMINEUX PEROU

La passagère du vent met en scène un simple soldat de l’armée régulière péruvienne, hanté par le souvenir d’un viol, dont il a été le témoin – acteur ou complice, l’incertitude demeure – d’une femme capturée dans un village de la sierra andine. Ángel Serpa, c’est son nom, porte cet acte de la « guerre sale » contre le Sentier lumineux comme le fardeau de sa vie civile retrouvée, mais jamais apaisée. Un cauchemar ravivé par la rencontre fortuite, pense-t-il, d’une femme dont il finira par retrouver l’identité et le domicile, Eliana Cauti. Il reconnaîtra en elle la malheureuse paysanne indienne victime d’un viol puis d’une tuerie collective commanditée par ses supérieurs et opérée dans le village de la région d’Ayacucho, cœur de la rébellion sendériste, à laquelle il s’est trouvé mêlé.

ALONSO CUETO

Eliana échappera à la mort malgré le geste d’Ángel, sommé sur ordre de son chef d’achever les survivants. La conscience de l’absurdité et de l’atrocité de son acte contre cette femme, alourdie par un sentiment ambigu et trouble d’attirance amoureuse – Alonso Cueto le dit presque quand Ángel imagine « courir et sentir la main d’Eliana dans la sienne » -, le hantera pour longtemps et mettra à terre un fragile équilibre psychologique jusqu’alors reconstruit à grand-peine.

ALONSO CUETO
Un jour où il repérera la maison – refuge ou prison ? – où vit Eliana, enfermée là par un sombre et brutal personnage qui dit être son père et fait barrage à toute velléité d’intrusion, Ángel s’empoignera avec lui brutalement et bruyamment sur le trottoir. Eliana sortira alors de la maison, armée d’un pistolet, fera feu sur le sinistre bonhomme et lancera l’arme dans les pieds d’Ángel qui s’en emparera. Geste qui l’enverra en prison, accusé trop vite par un tribunal peu scrupuleux. Ángel ne se défendra pas, voyant dans cette condamnation la voie d’une forme de rédemption en endossant un crime dont il est innocent pour sauver Eliana. La prison offrira à Ángel une manière de rachat et de reconquête de sa vie et, parallèlement, une redécouverte, en prison, de ce qu’est la fraternité entre les hommes.

SENTIER LUMINEUX PEROU
Entre 1980 et 2000, la guerilla entre le Sentier Lumineux et l’armée régulière a fait au moins 70 000 victimes.

L’ultime chapitre, dernier des actes de cette tragédie de l’Histoire contemporaine du Pérou développée dans ce livre, remettra en présence Ángel et Eliana, tous les deux pauvres victimes de la guérilla. Mais à la différence d’Ángel, acteur d’une vie familiale et sociale reconquise, Eliana, jusqu’au bout, n’aura vécu qu’une existence de misère, comme ses frères et sœurs de ces villages perdus dans les hauteurs des Andes. « C’était la vie telle qu’elle s’était présentée à elle, la faisant naître dans cette zone oubliée du monde, dans une maison à peine fermée, dans le froid de la colline qui béait sur l’enfer. […] Eliana avait toujours été orpheline. L’enfance dans une hutte de hameau, abandonnée à la pauvreté, où elle avait découvert comment se protéger en se couvrant de cartons et de tissus troués. Les matins glacés où la faim les réveillait, sachant qu’ils n’auraient rien à manger ce jour-là. Les sols et les murs en terre et le visage de ses frères et sœurs à côté du sien. La mort sur le seuil le jour de sa naissance, la traquant au coin de son berceau, la destinant à ce petit matin où elle s’était jetée dans l’herbe avec ses enfants et son mari depuis disparus. Elle s’était réveillée sous un flot d’eau dans le fossé, avait marché à la recherche d’une maison, était venue à Lima, avait vécu comme elle avait pu dans cette ville […] où elle errait sans fin, à la recherche de ses petits, sachant qu’ils pouvaient se trouver dans un de ces recoins. Ce chemin n’avait pas de ligne d’arrivée. Elle avait toujours été emportée par un vent qui devait continuer de souffler, vers un destin sans aucun point commun avec elle, en direction d’un lieu où elle ne pouvait tourner son regard vers l’avant ».

SENTIER LUMINEUX PEROU
Et en ce jour tragique où l’armée avait fondu sur son village […] pourquoi personne n’avait empêché les soldats d’entrer chez elle et de l’emmener ? Pourquoi personne ne les avait empêchés de la torturer en riant cette nuit-là et de la violer et de la laisser pour morte ? Pourquoi n’avait-on pu éviter que ses enfants et son mari soient assassinés par les terroristes ? […]. Quelqu’un aurait pu leur éviter à tous de naître au cœur de la misère, ignorés par le reste du monde, par le gouvernement et les autorités qui faisaient passer tout l’argent dans leurs poches, tandis que, non loin de là, leur peuple naissait avec la mort comme seul horizon. Oui. Quelqu’un aurait pu éviter tout cela, mais elle ignorait qui. Il n’y avait pas de bureau des réclamations où demander à récupérer sa vie ».

CERCAS

Comme Javier Cercas dans Le monarque des ombres qui nous fait revivre la mémoire douloureuse d’une famille et d’un pays quatre-vingts ans après la guerre d’Espagne, Alonso Cueto révèle les blessures intimes de ces Péruviens, paysans ou citadins, cruellement marqués au fer rouge de la mémoire de cette guérilla qui déchira le pays tout entier pendant plus de dix ans.
Un livre bouleversant.

La Passagère du vent d’Alonso Cueto, Collection Du monde entier, Gallimard. parution : 11-10-2018. 22 €.

Titre original : La Viajera del viento. trad. de l’espagnol (Pérou) par Aurore Touya.

Feuilletez le livre ici.

Alonso Cueto Caballero est un écrivain péruvien né à Lima en 1954 qui a cultivé différents sous-genres du roman, allant de la police aux sentiments, et dont le travail peut être classé dans le courant réaliste de son pays.

Récompensée par de nombreux prix (Prix Wiracocha 1985 pour Le tigre blanc, Prix ​​Herralde 2005 pour L’Heure Bleue, Prix ​​de la Maison d’édition de la République de Chine pour le meilleur roman écrit en espagnol de l’exercice biennal 2004-2005…), son travail a été salué par des écrivains tels que Javier Cercas , Rosa Montero , Alfredo Bryce , Juan Jesus Armas Marcelo et Mario Vargas Llosa , entre autres, et traduit en plusieurs langues.

Bruz. Le Festival Les Élégantes Courbes célèbre les corps des femmes

Marre d’être « trop » grosse, « trop » maigre, « trop » petite, « trop » grande ? Marre d’être complexée et de ne pas ou plus oser porter les vêtements que vous aimez ou simplement aller à la piscine ? L’association rennaise Les Élégantes Courbes aide à dépasser tous les stéréotypes qui se sont insidieusement ancrés dans l’esprit de toutes les femmes qui ne voient, sur les affiches et les magazines, que des femmes calibrées et photoshopées.

Dans les sociétés occidentales, les médias nous renvoie une image de la femme calibrée et stéréotypée. Ce qui engendre toutes sortes de complexes. Le regard des autres, qu’on imagine dévalorisant (et qui l’est parfois), n’aide ni les femmes ni les hommes à se sentir bien tels qu’elles/ils sont. Et c’est naturellement la course aux régimes qui font maigrir ou qui font grossir, mais qui ne résolvent en rien le problème de fond : se sentir bien, belle et beau, désirable tel qu’on est.

Si certaines femmes ont pris le parti d’en rire, telle Celeste Barber, actrice et écrivaine australienne, qui parodie les publicités en montrant son corps sans retouche, d’autres ont choisi une autre voie comme Elisa Tual, fondatrice de l’association Les Belles Courbes.

Celeste Barber
Celeste Barber sur son compte Instagram

Été 2016 : Elisa Tual, elle-même toute en courbes, voit passer sur internet une élection de miss « plussize ». Voilà l’occasion de se lancer un défi, de surmonter ses complexes sournois, de rencontrer d’autres femmes rondes et d’enfin s’accepter tel qu’elle est, sans plus martyriser son corps avec des régimes plus ou moins efficaces.

De défilés en événements, de shootings en concours, Elisa Tual prend confiance en elle, mais les rencontres ne sont pas toujours teintées de bienveillance. Ce qu’elle recherche : la valorisation des femmes, de toutes les femmes.

Elisa Tual postule pour de petits salons de mariage, des festivals indépendants afin de défiler en tant que modèle grande taille amateur. Elle observe le monde de la mode inadaptée au monde réel : une mode présentée par des femmes filiformes qui enfilent allègrement des vêtements taille 34 ou 36… Impossible pour beaucoup de s’imaginer dans de tels vêtements… Avec Elisa le public voit enfin un modèle plus représentatif !

ELEGANTES COURBES RENNES

Au fil des défilés, Elisa Tual prend confiance en elle et assume son corps : mais pourquoi n’y a-t-il pas plus de femmes rondes ? Pourquoi la société renvoie-t-elle toujours cette image de femme-enfant ? Elise Tual aménage en Bretagne et devient modèle bénévole « plussize » et fait toujours le même constat : très peu de femmes rondes dans les défilés, serait-elle la seule femme à assumer ses rondeurs ?

L’idée d’une association commence à germer dans son esprit et en mars 2018 naît l’association des Belles Courbes avec un premier défilé de mode avec des femmes, et des hommes, tous bénévoles. L’objectif étant de montrer tous les corps dans leur diversité et à les valoriser.

Valoriser toutes les femmes, mais plus particulièrement les femmes rondes en organisant des défilés de mode sans critères de poids dans la région.

Trois ans d’existence et déjà des défilés, des événements, des shootings pour que toutes les femmes s’acceptent telles qu’elles sont. Divers partenaires se joignent à ce désir d’épanouissement, qu’ils soient photographes, stylistes, maquilleurs ou coiffeurs.

Les élégantes courbes. 4 allée François Jouannet 35000 Rennes.

06 62 44 26 70

eliony@hotmail.fr

Site internet: https://www.leselegantescourbes.fr/

Facebook: https://www.facebook.com/leselegantes

Instagram: https://www.instagram.com/leselegante

You tube : https://www.youtube.com/watch?v=NEvzO0fJntU

Crédit photo : Julien Cordeille Photographie
Robes : Robes de mariée Vincent Guillard
Organisation : Les Elégantes Courbes
Modèles : Cécile, Morgane, Ingrid et Elisa
Lieu : Château des Pères

HELLO SUNSHINE, UNE RÉPUTATION À L’ÈRE DU NUMÉRIQUE…

Au cœur de l’hiver, quand il fait froid et qu’il grêle au-dehors, il n’est pas rare que l’on aspire à prendre un bon livre, se caler sous un plaid devant un feu de cheminée et passer un excellent moment. C’est ce que proposent les Éditions Belfond avec ce roman de Laura Dave, Hello, Sunshine, une comédie romantique qui ne manque ni d’humour, ni de profondeur, et tellement en adéquation avec notre époque. #Hellosunshine.

HELLO SUNSHINE

 

« À trente-cinq ans, Sunshine Mackenzie est à la tête de la chaîne YouTube la plus trendy du moment. Entre sa célèbre émission de cuisine “A little Sunshine”, ses millions de followers, son loft à Tribeca et son amoureux parfait, la vie de la jeune femme a tout d’un conte de fées. Jusqu’au jour où la chantilly retombe : un troll révèle que la belle est une usurpatrice, une “chef” tout juste capable de faire cuire un œuf. Pire encore : des photos d’elle occupée à tromper son époux enflamment la toile… »

HELLO SUNSHINE LAURA DAVE

Au-delà de l’histoire, en apparence légère, de la jeune Sunshine, l’auteur nous révèle tant les coulisses du Net avec tous ses débordements, tous ses coups bas, toute sa puissance à retourner les gens, surtout dès qu’ils connaissent un petit succès, en mettant l’accent sur la vitesse foudroyante d’une ascension tant que d’une descente aux enfers par les voies parfois douteuses du numérique. Les réputations se font autant qu’elles se défont à la vitesse d’un tweet, d’une publication de contenu en images, d’un détournement de déclarations, de situations.

E-REPUTATION BAD BUZZ
Source : bolero.fr

C’est aussi un remarquable tableau de la compétition en général : ici c’est la cuisine qui sert de prétexte pour dénoncer de manière aussi explicite qu’implicite les rivalités qui règnent dans le monde des médias, la force tellurique des ego capables de tout détruire en l’espace de quelques instants. On décrit souvent le monde du travail comme impitoyable, cynique, où les uns écrasent les autres… Hello Sunshine est un tableau apocalyptique de l’horreur qui est de mise dès lors que quelques-uns détiennent un peu de pouvoir sur les masses et les manipulent à leur avantage (ou pensent les contrôler)…

E-REPUTATION BAD BUZZ
Source : bolero.fr

Mais ce roman est également une question posée à ses personnages autant qu’à ses lecteurs : qu’est-ce qui prime dans l’existence ? L’image que l’on donne de soi ou l’importance de son « moi » profond ? Vaut-il mieux « être » que « paraître » ? Vaste réflexion… Vaut-il mieux réussir dans la vie ou réussir sa vie ? Vaste réflexion là encore à laquelle Sunshine, comme nous autres lectrices et lecteurs, est confrontée quand les lumières s’éteignent : quand on lève les yeux sur nous-mêmes dans un miroir qui renvoie parfois le côté sombre que nous aimerions tant dissimuler aux autres.

E-REPUTATION BAD BUZZ
Source : bolero.fr

Et si Sunshine a manqué d’honnêteté envers son mari comme envers ses fans, ne peut-elle changer ? Ne peut-elle avoir droit à une seconde chance ? Pour le savoir, il faut se plonger dans cette comédie fort épicée.

Hello, SunshineLaura Dave – Éditions Belfond – 368 pages. Parution : janvier 2019. Prix : 20,00 €. Traduit de l’américain par Ambre Samba.

Couverture : Dina Belenko / Arcangel Images – Photo auteur Laura DAVE © DR.

HELLO SUNSHINE

Née en 1977, Laura Dave est une romancière américaine, traduite dans quinze pays. Après Dernières vendanges (2016), Hello, Sunshine est son deuxième roman publié en France. Elle vit à Santa Monica, en Californie.

BZH MOTEUR À EAU FINISTÉRIEN, TRÈS ECO L’EAU

Une technologie au service du portefeuille et de la planète ? C’est ce que propose la société BZH Moteur, créée par Laurent Baltazar à Huelgoat (Finistère). Elle a développé son « moteur à eau » qui permettrait une réduction significative de la consommation de carburant, par un système proche de celui de la machine à vapeur. Kit applicable sur tout type de moteur, la technologie ECO l’eau connaît déjà 5000 utilisateurs en France et est en pleine expansion…

Sur la base des recherches de Laurent LAVOISIER, HUGON, Dion & Bouton & Paul Pantone et d’Antoine Gillier, Laurent est parvenu à créer un moteur hybride à vapeur d’eau capable de transformer n’importe quel véhicule en véhicule hybride.


Eco l'eau
Depuis 40 ans le prix du carburant grimpe, mais le Français, lui, ne roule pas moins. La mobilité serait même jugée de plus en plus essentielle, comme en zones périurbaines ou en campagne, pour des trajets professionnels notamment. Une situation qui se pérennise aux dépens des comptes en banque et de l’environnement. Comment faire face au double défi de l’écologie globale et du budget familial ?

Laurent Baltazar, ingénieur autodidacte, a mis au point un système astucieux qui permettrait de « réduire la consommation de carburant d’un véhicule de 10 à 50 % ». Les témoignages des premiers adeptes du « kit ECO l’eau » parlent en général de 20 à 30 % d’économies sur le carburant, grâce à un meilleur rendement de celui-ci. Cela représente des centaines d’euros par an pour les usagers réguliers. Surtout, ce sont autant de rejets de substances polluantes évités. Le point sur une technologie venue… du passé.

Eco l'eau
« 20 à 50 CL d’eau de pluie ou déminéralisée pour 1000kms »

« Le prix est de 350 € : le kit EST à installer soi-même (…), qui permet ensuite 20 à 30 % d’économies sur chaque plein de carburant »

La technologie ECO l’eau

Dans un moteur de voiture lambda, seuls 30 % de l’énergie contenue dans le carburant sert à faire avancer la voiture, les 2/3 restants se perdent sous forme de chaleur. Partant de ce constat aberrant, Laurent Baltazar imagina un moyen de récupérer une partie de cette énergie envolée pour la réinjecter dans le fonctionnement de la voiture. Son idée : transformer en moteur hybride — à essence et à eau — n’importe quel moteur traditionnel. Il ne s’agit pas d’installer un « moteur à eau » à proprement parler — le moteur de votre voiture reste tel quel — mais d’un « dopage à l’eau » afin d’améliorer le rendement de ce dernier.

Le défi était avant tout technique, mais Laurent Baltazar en est venu à bout : « La chaleur va transformer l’eau en vapeur, en plaçant un échangeur sur la ligne d’échappement. La vapeur va augmenter la densité de l’air en la refroidissant et donc améliorer le couple. Du coup, on appuie moins sur la pédale et on économise du carburant ». Ce serait 20 à 30 % d’économies de carburant et de rejets de gaz polluants en moins d’après les premiers utilisateurs. Ces derniers parlent également d’un décrassement de leur moteur et d’une réduction du bruit émis par leur voiture.

Une technologie inspirée par le cycle Rankine (encore employé sur certaines machines à vapeur), inventé en 1865 ! Encore fallait-il trouver un moyen de l’appliquer à la voiture moderne.

Eco l'eau
Aperçu du kit ECO l’eau

« L’ensemble est entièrement autonome, ne nécessite aucun branchement électrique et ne fonctionne qu’en corrélation avec l’activité du moteur en n’utilisant que la dépression moteur à l’admission pour le faire fonctionner »

Eco l'eau
Le kit ECO à installer soi-même ou à faire installer à domicile.

Pour son innovation, Laurent Baltazar a reçu deux médailles au concours Léonard de Vinci de la Fédération Française des Inventeurs. Il crée sa société BZH Moteur à Huelgoat, en Bretagne, où sa technologie fait tout de suite des centaines d’adeptes. Ils sont plus de 5000 conducteurs à l’utiliser aujourd’hui en France et de nouvelles demandes affluent chaque jour, notamment lorsque le prix de l’essence augmente…

Nos questions à Laurent Baltazar (BZH Moteur), créateur de « ECO l’eau » :

eco leau
Laurent Baltazar, inventeur du kit ECO l’eau

Unidivers : Parlez-nous de votre invention…
Laurent Baltazar : « En réalité ce n’est pas une invention à proprement parler, c’est une innovation majeure. Nous avons réussi à sortir un kit permettant de démocratiser l’injection d’eau dans les moteurs. C’est la caractéristique technique majeure d’ECO l’eau. »

Quels sont les bienfaits du kit ECO l’eau ?
« Les avantages majeurs de cette technologie sont l’économie de carburant, bien sûr, mais aussi le moindre encrassement — voire le décrassement — des pièces moteur et la diminution des rejets de pollution : 20 à 30 % en moyenne de gaz polluants en moins. On note également une réduction du bruit, donc un gain de confort. De manière générale, on obtient un meilleur couple, le moteur respire mieux : on appuie donc moins sur la pédale d’accélération. D’où les économies de carburant. »

Ses inconvénients ?
« Le seul inconvénient aujourd’hui c’est de devoir remettre de l’eau tous les 1000 kilomètres. Si on oublie de mettre de l’eau, le système aquatique ne fonctionne plus — mais la voiture marche normalement — jusqu’à ce qu’on en remette. Rien de bien méchant donc… »

Eco l'eau

Quelle quantité d’eau requiert votre système ?
« Entre 20 cl et 50 cl tous les 1000 kilomètres. C’est très peu. Parfois je me fâche un peu avec les commentaires sur Facebook, qui clament qu’avec un système comme celui-ci on aura vite affaire à une pénurie d’eau dans le monde. C’est tout à fait faux. L’eau sur Terre est intarissable. Le problème qu’on a dans le monde c’est que l’eau potable est polluée ; on manque d’eau potable. Or, pour alimenter sa voiture avec ECO l’eau, on prendra de l’eau de pluie ou de l’eau déminéralisée, voire l’eau de la machine à laver. Quand elle ressortira de la voiture, l’eau sera de nouveau sous sa forme moléculaire H²O, son état d’origine, donc on ne gaspille pas d’eau. On prohibe tout ce qui est eau du robinet, eau calcaire, eau chlorée, etc. qui ne sont pas pas bonnes pour la voiture non plus. »

En 2016, le transport représentait en moyenne 10 % du budget des ménages français. (chiffres Insee)

Sur quels moteurs votre technologie est-elle applicable ?
« Elle est vraiment applicable sur n’importe quel moteur thermique (essence, diesel, GPN, bioéthanol), même les véhicules hybrides. Si vous jetez de l’eau sur un feu d’huile, vous l’alimenterez et le rendrez plus intense. C’est pareil avec les moteurs thermiques, si on injecte de la vapeur d’eau dedans, on provoque une “explosion” d’une plus grande intensité. La vapeur d’eau générée par ECO l’eau va enrichir l’air, le rendre plus dense et le refroidir. Quand l’air est plus frais au sein du moteur, il engendre un meilleur remplissage au niveau du cylindre, donc un meilleur couple. »

Comment se fait connaître votre société ?
« La plupart du temps c’est du bouche-à-oreille ou de la communication via internet, sur les réseaux sociaux ou par e-mail.
Mais ce qui influence le plus les demandes que l’on reçoit, c’est l’actualité. Comme récemment avec la taxe carbone (celle qui a entraîné le mouvement des Gilets jaunes) ou à chaque fois que le prix de l’essence repart à la hausse, la demande réémerge chez nous. La clientèle est diverse et variée, mais essentiellement due aux augmentations du prix du pétrole. »

« Il faut favoriser l’économie locale »

Qui sont vos clients ?
« Pour l’instant on est très localisé en Bretagne. J’ai ouvert l’agence en Bretagne afin d’y centraliser mon activité, c’est pourquoi on y a 70 % voire 80 % de notre clientèle. Le reste des clients vient d’ailleurs en France. On aimerait se développer plus largement, mais le problème est surtout logistique. Aujourd’hui nous n’avons qu’une quinzaine de partenaires installateurs, indépendants, formés par nos soins à l’installation de notre kit. C’est la structuration de la société qui est à revoir, mais les moyens ne sont pas là : moyens logistiques et financiers. C’est quelque chose qui, je l’espère, va pouvoir se faire dans le temps. J’ai eu des propositions dans ce sens-là… »

Avez-vous reçu des propositions de rachat de votre activité ?
« Non, on ne me propose pas de racheter ma société. Parce que le principe de l’injection d’eau c’est quelque chose qui est à la portée de n’importe qui qui a des connaissances en ingénierie : Bosch l’a fait avec BMW et Renault a aussi déposé un brevet. »

Si c’est si facile, pourquoi personne ne le fait ?
« C’est un problème de lobbying. Enfin, c’était un problème de lobbying et c’est devenu un problème de l’État. Si vous engendrez une baisse de 25 % de la consommation nationale de carburant en standardisant un kit comme le nôtre, les particuliers feront des économies énormes, mais le gouvernement fera moins de rentrées d’argent grâce au pétrole. C’est vraiment l’État qui souhaite conserver forte la consommation de pétrole en France, quoiqu’il en dise, parce que c’est une manne financière pour eux. Alors ils n’encouragent pas les constructeurs à avancer sur ce terrain-là. »

À l’échelle nationale, y’a-t-il une volonté d’aider une société comme la vôtre ?
« Aucune. D’autres technologies ont connu des tentatives. Comme “l’Hybrid-Air” qui fonctionnait grâce à de l’air comprimé. Peugeot avait repris cette idée et était prête à mettre une voiture “à air” sur le marché, qui permettait de grandes économies de carburant. Leur condition était que l’État les soutienne et leur offre un coup de pouce pour le lancement — comme il le fait souvent avec les primes à la conversion par exemple — car PSA ne pouvait pas assumer seul le risque financier d’un tel lancement. Mais l’État n’a pas voulu faire ce geste et aujourd’hui c’est un projet intéressant écologiquement et économiquement qui est tombé à l’eau à cause de ça. Pour beaucoup d’éléments qui pourraient apparaître sur le marché et favorablement profiter au consommateur, la situation est bloquée. Comme les alternatives au glyphosate ou comme tout un tas de choses qui existent, qui sont des alternatives individuelles, utilisables, mais qu’on n’arrivera jamais à produire à grande échelle parce que ça ne nourrirait pas les entreprises derrière les lobbys, ça ne nourrirait pas assez l’État…

eco leau

Tout serait une question d’argent selon vous ?
“Je pense que oui. Ces choses-là sont des questions d’argent et d’influence. Maintenant c’est aux gens de se prendre par la main, de le comprendre. On a des mouvements et des gens qui se réveillent à tous les niveaux à propos de cela. Il faut favoriser l’économie locale et arrêter d’enrichir ces grandes productions mondiales.”

Comment pensez-vous pouvoir vous développer à plus grande échelle ?
“Le problème pour les ‘petits’ comme nous, c’est que le bouche-à-oreille ne marche qu’à petite échelle ; et que la communication coûte cher. Il y a aussi le problème des garanties. On est dans un vide juridique. C’est-à-dire que quand vous mettez un système en place sur votre véhicule (comme notre kit Eco l’eau), c’est considéré comme un simple accessoire, mais pour la plupart des gens, c’est une frayeur. Frayeur que le constructeur, en cas de panne, responsabilise le particulier à cause du système qu’il a mis en place sur son véhicule et refuse de prendre en charge les réparations. C’est le gros point noir. Moi je ne peux pas assurer que la personne avec un kit ECO l’eau sera prise en charge, car le vide juridique est là. Mais j’assure une chose, c’est qu’aujourd’hui on n’a jamais eu de retours négatifs, ni sur le kit d’une part, ni d’autre part sur des constructeurs ou garagistes qui détourneraient leurs garanties en disant : ‘vous avez mis ce système-là en place donc je ne peux pas garantir le véhicule.’. C’est une frayeur compréhensible, car les assureurs ont tendance à jouer sur les clauses… mais ça n’est encore jamais arrivé chez nous.”

Quel est le prix d’installation d’un kit ? Est-ce simple à installer ?
“Aujourd’hui le système lambda coûte 350 €, avec notice d’installation. 450 € si c’est un véhicule utilitaire. 850 € pour une installation à domicile (on n’installe pas au garage).
Le kit est prêt à l’emploi, livré avec notice de montage. Il faut une ou deux heures maximum pour l’installer. S’il est mal installé, le système ne marchera pas et c’est le seul risque. Auquel cas il suffira de nous appeler pour que l’on répare ça ensemble, au téléphone.”

Eco l'eau

Site internet ECO l’eau
Page Facebook ECO l’eau

contact[@]eco-leau.com

Le système a été double médaillé du concours Léonard de VINCI de La Fédération Française des Inventeurs. Concours des meilleures inventions françaises.

DEVOUCHKI DE REMIZOV, LOIN DES LUMIÈRES DE MOSCOU …

Connaissez-vous Beloretchensk ? Non ? C’est en Sibérie, tout là-bas dans les steppes de la Russie. Ça ne vous dit toujours rien ? Normal, il ne s’y passe quasiment rien en dehors de la neige, de ciels laiteux, de la pauvreté quotidienne, la pêche et le bois qu’on ramasse pour pouvoir se chauffer un peu. Tableau misérabiliste, ironiseraient certains. Et pourtant, à Beloretchensk, il y a aussi des personnes intéressantes comme partout ailleurs dans le monde, un truisme. Ainsi, on pourrait vivre heureux au cœur même de la Sibérie. Possible.

Livrées à elles-mêmes dans une jungle urbaine d’une brutalité inouïe, les deux devouchki se verront contraintes de garder la tête froide pour éviter d’avoir à commettre le pire et de sacrifier ce qu’elles ont de plus cher : l’espoir.

DEVOUCHKI REMIZOV

Ce n’est pas ce que pensent nos deux jeunes héroïnes, Katia et Nastia, vingt ans, qui s’ennuient à mourir, pauvres, enchaînant petits boulots pour venir en aide à la famille, parents, grands-parents, frères et sœurs… Alors quand on ne voit pas d’avenir possible là même où on est né, on est fortement tenté de fuir… Fuir, mais pour où ? Moscou bien entendu, la capitale, là où tout semble possible.

Belorechensk
Beloretchensk

Arrivées à Moscou, après quelques visites, après les grands magasins, les tentations de consommation, les belles voitures réservées aux oligarques, une fois épuisées les petites économies, Nastia et Katia prennent rapidement conscience qu’il y a peu de chances qu’elles puissent sortir de leur condition de pauvres. À moins que… À moins que quoi ? Qu’elles travaillent pour bien peu et faire face à une vie hors de prix (logement, nourriture, vêtements, sorties). À moins qu’elles acceptent d’entrer dans la spirale infernale de la prostitution ou qu’elles s’installent dans une vie sous les diktats d’un riche protecteur… Mais si Nastia ne redoute pas une éventuelle vie légère, Katia, beauté remarquée rapidement, n’entend pas faire n’importe quoi de son existence. Elle ne rechigne pas à travailler (pour aider son père à se faire opérer après un grave accident de la colonne vertébrale) et aspire à faire des études ; elle veut trouver sa place dans la société.

REMIZOV

 

À travers ce grand roman, Victor Remizov, nous propose un tableau de la Russie actuelle, où les classes populaires vivotent, où les protégés d’un pouvoir dictatorial profitent des richesses, où les mafieux règnent en rois (mais peuvent s’écrouler du jour au lendemain dans une nation communiste à l’économie ultralibérale et agressive). Ce sont aussi les trajectoires de deux cousines aussi proches que différentes. Elles iront d’illusions en désillusions. Elles rencontreront l’amour ou croiront le rencontrer. Écriture très visuelle, mais aussi très dure qui reflète avec force et talent le quotidien des Russes d’aujourd’hui sous l’œil du tsar de ce début du XXIe siècle.

Et si finalement, l’herbe, sous les neiges, était plus verte et plus salvatrice dans la steppe ?

Devouchki de Victor Remizov. Éditions Belfond – 400 pages. Parution : février 2019. 21,00 €. Traduit du russe par Jean-Baptiste Godon.

Couverture : – Photo auteur Victor REMIZOV © L’Humanité.

Victor Remizov est né à Saratov, en Russie, en 1958. Étudiant en géologie, il s’est ensuite tourné vers les langues à l’université d’État de Moscou. Il a travaillé en tant que géomètre-expert dans la taïga, puis comme journaliste et professeur de littérature russe. Il écrit pour la revue littéraire Novy Mir et publie un premier recueil de nouvelles en 2008. Après Volia Volnaïa (Belfond 2017, 10/18, janvier 2019) – nommé pour le Book Award et pour le Russian Booker -, Devouchki est son deuxième roman. Victor Remizov vit à Moscou.

RENNES AU HANGAR AVEC THE ONLY ONE JAMES ELEGANZ

Culture Club pose ses caméras au café le Hangar en bas de la place des Lices à Rennes. L’émission Culture Club animée par Thibaut Boulais en compagnie de Nicolas Roberti est tournée chaque mois dans un lieu emblématique de la Métropole de Rennes.

TVR, Unidivers et James Eleganz – 3 regards culturels en 1 pour le même prix (gratuit). Culture Club, l’essayer c’est l’adopter !

Trois invités : James Eleganz à l’occasion de la sortie de son album solo The Only One, la lauréate 2019 des plaidoiries étudiantes Valérie Tete et Elly Oldman pour son dessin sans fin. Recommandations : Lady like Lily pour son album Echoes ; l’expo Tal Coat à Pont-Aven ; le colloque et l’expo dédiée aux super-héros français

https://www.tvr.bzh/emission/culture-club

james eleganz

BREXIT, QUELLES RÉPERCUSSIONS ÉCONOMIQUES POUR LA BRETAGNE ?

Une récente étude* rapporte que le Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, entraînerait de graves perturbations au sein de différents secteurs, notamment celui du tourisme, de la pêche, et de l’exportation agroalimentaire. La région Bretagne doit-elle s’inquiéter ?

Un Brexit sans accord préalable avec l’Union européenne risquerait d’avoir de lourdes conséquences, non seulement pour l’économie britannique, mais aussi pour celle des régions françaises qui lui sont voisines telle que la Bretagne. Le Cac 40 a d’ailleurs exprimé sa défiance vis-à-vis du Brexit et indique clairement qu’il n’est pas seulement une affaire britannique.

mont saint-michel

Le 30 mars 2019, le Royaume-Uni se retirera définitivement de l’Union européenne. Afin d’anticiper et d’appréhender au mieux les conséquences sur son économie, le Conseil régional de Bretagne a consulté le Conseil Économique Social et Environnemental Régional (CESER). Ce dernier a identifié plusieurs secteurs et industries de l’économie bretonne qui pourraient être fortement impactés.

brexit

Tout d’abord, l’industrie du tourisme et le transport transmanche, dont le CESER rappelle que 80 % du chiffre d’affaires représente le transport de passagers. Les Britanniques constituent effectivement la première clientèle étrangère de l’hôtellerie en Bretagne, notamment dans la région du Finistère et de la baie du mont Saint-Michel.

Or, la parité monétaire, avec la chute de la livre, pourrait provoquer non seulement une diminution de la fréquentation touristique, mais aussi une baisse importante du pouvoir d’achat des Britanniques sur place.

livre euro

D’autre part, la compagnie maritime Brittany Ferries indique que les vacanciers britanniques, dont le chiffre représente plus de 80 % des voyageurs, retardent déjà leurs réservations de traversées pour l’été prochain, en raison des inquiétudes concernant les conséquences du Brexit. Parmi celles-ci, on retrouve une incertitude générale de l’impact de ce dernier sur les voyages pour les animaux de compagnie, sur l’assurance maladie, mais aussi sur les permis de conduire.

brexit

Le cas d’un Brexit sans accord avec l’Union européenne pourrait également être catastrophique pour l’industrie de la pêche. Le Royaume-Uni aurait en effet la possibilité de renationaliser ses eaux territoriales, entraînant une restriction d’accès à certaines zones pour les pêcheurs bretons. En cas d’interdiction de pêche dans les eaux britanniques, les bateaux devraient alors se reporter ensemble sur d’autres zones, provoquant la pêche massive d’une seule et même espèce de poisson.

brexit brexit

Le Premier ministre français Édouard Philippe travaille dès à présent sur la négociation d’un accord de pêche entre le Royaume-Uni et l’Union européenne afin d’éviter ce cas de figure qui s’avérerait désastreux, pour l’environnement comme pour l’économie.

Edouard Philippe
Édouard Philippe

Enfin, le secteur de l’exportation agroalimentaire se verrait lui aussi fortement altéré, le Royaume-Uni étant le septième fournisseur de la Bretagne et son cinquième client à l’exportation. De nombreuses craintes se rassemblent autour de la dépréciation de la livre sterling, du rétablissement des formalités douanières et des contrôles, ainsi que la fin du traitement simplifié de la TVA et des contrôles sanitaires. Les entreprises bretonnes entreprenant des rapports commerciaux avec la Grande-Bretagne doivent donc indéniablement se préparer aux effets du Brexit et anticiper les changements inévitables à venir.

made in breizh

Les conséquences économiques, sociales, environnementales et territoriales du Brexit s’avèrent donc considérables pour la Bretagne, qui est un partenaire important du Royaume-Uni et dont les échanges commerciaux sont ancrés historiquement. L’industrie touristique, de la pêche, et de l’exportation agroalimentaire seront les premières à devoir s’adapter aux nouveaux enjeux induits par le Brexit. Néanmoins, un accord juste et équitable est toujours possible par le dialogue et la négociation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Publication du CESER

RENNES. FESTIVAL SERIAL CULTURES, LE SUPER HÉROS AU CARREFOUR DES ARTS

Serial Cultures est un festival rennais organisé par l’association étudiante Saute-Requin. La première édition, dédiée à l’univers des super héros, se tiendra du 18 février au 21 mars. Rencontre avec Quentin Fischer, secrétaire de l’association et étudiant en master d’études cinématographiques.

festival serial cultures rennes

UNIDIVERS : Le festival Serial Cultures est porté par l’association Saute-Requin, pourriez-vous présenter la genèse de ce projet associatif et ses objectifs ?

QUENTIN FISCHER : Saute-Requin est une association étudiante créée en 2016 avec pour envie d’organiser des événements autour des cultures en série. Notre intérêt de départ porte sur les séries télévisées, mais s’étend à la bande dessinée, au cinéma, au jeu vidéo et, plus globalement, à tout ce qui relève de la production sérielle dans le champ culturel. La question de la série, ce qu’on nomme sérialité, permet d’envisager celle du transmédia, la tendance des industries culturelles à décliner un produit qui fonctionne sur différents supports. En l’étudiant, on constate que certains phénomènes ne sont pas exclusifs aux séries TV et correspondent à des pratiques plus anciennes et largement ancrées dans notre culture. L’objectif de l’association est d’étudier et de valoriser ces formes issues des cultures populaires et de créer du lien social autour.

saute requin serial cultures

UNIDIVERS : Pourquoi ce nom ?

QUENTIN FISCHER : Cela vient de l’expression anglaise, « jump the shark », littéralement « sauter le requin ». Chez les sériephiles, elle renvoie à Happy Days, une série TV américaine des années 1970, connue pour le personnage de Fonzie. Dans un épisode, le fameux Fonzie saute par-dessus un requin en ski nautique. L’expression est restée pour désigner le moment où une série va trop loin sur le plan scénaristique, au point d’en perdre sa crédibilité.

UNIDIVERS : Quelles activités proposez-vous ?

QUENTIN FISCHER : Différents événements culturels, du ciné-concert, des projections, des conférences de chercheurs. Par exemple, cela fait trois ans que nous organisons une table ronde au festival du film britannique de Dinard. On met en place des moments de discussion sur les séries TV, à la médiathèque de l’Université Rennes 2 d’abord, puis dans des bars et au Triangle. Tous nos précédents événements sont consultables sur notre site.

UNIDIVERS : Votre association est domiciliée à l’Université Rennes 2, quel lien vos activités ont-elles avec le monde universitaire ?

QUENTIN FISCHER : L’association a été lancée par des universitaires, essentiellement des professeurs en études cinématographiques, avec l’aide du Service culturel, mais nous souhaitions que les étudiants s’y impliquent. L’expérience associative responsabilise les étudiants, leur fait acquérir des compétences, c’est un moyen d’apprendre qui peut être valorisé dans le cursus universitaire (Valorisation des Engagements Étudiants).

De plus, une part de notre activité ressort du domaine de la recherche. En plus de certaines conférences données par des enseignants-chercheurs, nous avons rédigé un article en cours de publication pour la revue spécialisée TV/Series. Nous oscillons entre la dimension mainstream des séries et l’approche universitaire, qui prend du recul pour envisager les phénomènes de manière plus large. Ce sont des objets qui intéressent de plus en plus les chercheurs. Il y a notamment le GUEST Normandie qui centralise les travaux actuels sur les séries télévisées, et qui regroupe des chercheurs en cinéma, littérature comparée, études anglophones, ou même en philosophie et sociologie. En arts plastiques, il y a aussi beaucoup de travaux sur la bande dessinée. Ce sont des objets qui marquent tellement le paysage culturel qu’ils ont tendance à brasser un public universitaire très large et transdisciplinaire, d’où l’intérêt de travailler sur ces objets.

GUEST Normandie

UNIDIVERS : Vous lancez ce mois-ci le festival Serial Cultures, qui aura lieu du 18 février au 21 mars. Cette première édition se consacre au super héros, en quoi ce choix correspond-il aux intérêts de votre association ?

QUENTIN FISCHER : Le super héros est une figure très en vogue actuellement. Mais nous voulions le prendre sous un angle nouveau, le super héros français. Il y a dans cette précision des raisons pratiques : pour obtenir les droits d’exposition, c’était plus facile de s’adresser à des artistes français. Cela nous permet aussi de valoriser des productions françaises, moins connues que les productions américaines, mais qui sont pourtant nombreuses et loin d’être standardisées. Et puis le super héros est présent dans une variété de modes d’expression, dans la BD, au cinéma, en littérature, dans le jeu vidéo, les séries télévisées. Il est transmédiatique.

UNIDIVERS : Cette figure du super héros à la française n’est-elle pas une confirmation de l’américanisation de la culture ?

QUENTIN FISCHER : En un sens, oui. Les productions qui rapportent le plus sont les plus standardisées. Mais la figure attire bon nombre d’auteurs très éclectiques qui s’emparent de cette figure à leur façon. Dans l’exposition, on pourra voir comment certains auteurs français travaillent la figure par le décalage. L’exemple de la BD Imbattable de Pascal Jousselin, auteur rennais également, est intéressant : son héros a le pouvoir de passer d’une case à l’autre, et le méchant, celui de passer d’une page à l’autre. Il y a donc là un véritable travail sur les codes de la BD franco-belge. La figure super-héroïque permet de réfléchir à des éléments de la culture européenne.

UNIDIVERS : Comment le programme du festival s’est-il construit ?

QUENTIN FISCHER : L’objectif était d’explorer les déclinaisons du super héros dans différents champs d’expression. Par rapport à nos précédents événements, nous avons volontairement laissé de côté les séries télévisées pour nous concentrer principalement sur la bande dessinée. Mais nous cherchions tout de même à réunir des personnes de différents milieux pour parler d’un même objet, afin de croiser les points de vue. D’où les projections de films et de courts-métrages, la présence d’artistes, de réalisateurs, d’universitaires ou encore d’un journaliste spécialisé comme Xavier Fournier.

UNIDIVERS : L’un des invités du festival, Laurent Lefeuvre, sera particulièrement mis en avant, pouvez-vous présenter cet artiste et sa participation au festival ?

QUENTIN FISCHER : C’est un dessinateur rennais de bande dessinée qui travaille sur le super héros. Il est l’auteur des aventures de Fox Boy, publiées d’abord sous la forme d’un comics, dans un périodique breton, puis en albums chez Delcourt et le dernier chez Komics Initiative. Sa pratique recoupe la tradition du comics américain : non seulement il travaille à la commande pour des publications périodiques, mais il joue aussi beaucoup sur le clin d’œil et l’idée de multivers, les univers connectés.

Il a été un élément moteur dans l’organisation du festival. Il a conçu le visuel du festival et il nous confie des planches originales pour l’exposition à la Bibliothèque universitaire. Il donnera également une conférence dessinée pendant laquelle il parlera de son processus, en interaction avec le public, en même temps qu’il dessinera pour illustrer son propos. Le dessin en cours de réalisation sera projeté simultanément sur grand écran. C’est quelqu’un de très polyvalent et qui a la parole facile sur son travail. Par ailleurs, Fox Boy va être adapté en court-métrage et il en sera question lors de la table ronde du samedi 2 mars.

Laurent Lefeuvre
Laurent Lefeuvre

(On vous parlait de Laurent Lefeuvre sur Unidivers.fr à la sortie du premier tome de Fox Boy en 2012, retrouvez l’article en cliquant ici)

UNIDIVERS : Pouvez-vous nous en dire plus sur le déroulé du festival ?

QUENTIN FISCHER : Le festival débute par le lancement de l’exposition de planches de bandes dessinées à la bibliothèque universitaire de Rennes 2 le 18 février. Le vendredi 1er mars, deux événements sont proposés à l’Université Rennes 2, la conférence dessinée de Laurent Lefeuvre, et une conférence sur l’histoire du super héros français depuis le XIXe siècle donnée par Xavier Fournier. Les deux conférences seront suivies d’une séance de dédicace en partenariat avec la librairie Critic.

Le 2 mars, nous nous relocalisons à la Maison des associations. Deux jeunes doctorants mèneront une réflexion sur les enjeux politiques et esthétiques des super héros français. Même s’il s’agit d’une approche universitaire, nous souhaitions sortir de l’université et nous adresser à un grand public. Nous avons donc demandé aux intervenants de vulgariser leur propos afin d’être accessible au plus grand nombre et que le public puisse comprendre l’intérêt de travaux universitaires sur ces objets. Il y aura ensuite des projections de court-métrage et une table ronde sur le super héros français. Il y a en France beaucoup de court-métrage sur la figure du super héros. Des fans s’emparent de ces figures dans une démarche bien souvent expérimentale, alors que les super héros américains sont plus souvent issus des industries culturelles, de grosses franchises comme DC Comics ou Marvel. La table ronde sera l’occasion de discuter de ces différences de traitement.

Le mardi 5 mars, nous proposerons une projection du film 20 000 lieues sous les mers de Richard Fleischer (1954) au cinéma l’Arvor. C’est un film américain, mais qui reprend le roman de Jules Verne, dont la première publication date d’il y a tout juste 150 ans. Nous avons cherché dans la tradition française une figure proche du super héros, celle du justicier masqué, qu’incarne le capitaine Nemo. Par rapport à l’américanisation de la culture qu’on a évoquée, c’est un moyen de souligner que le super héros est d’abord une américanisation de la figure européenne du héros et donc de mettre en lumière que les échanges se font dans les deux sens.

https://www.youtube.com/watch?v=PFmN_g-uBGA

Il y aura aussi des événements plus festifs. Le 2 mars, le Since 42 nous accueille pour une soirée déguisée, l’occasion pour les participants du festival de se retrouver dans une atmosphère conviviale. Enfin le dernier événement, le 7 mars au Quai 13, sera un cabaret d’improvisation organisé par l’association les Freepoules sur le thème du super héros : un spectacle interactif entre dessins et improvisation.

UNIDIVERS : C’est la première édition du festival Serial Cultures, quelles sont vos aspirations pour la suite ?

QUENTIN FISCHER : Nous voudrions pouvoir continuer et organiser de futures éditions. Nous avons déjà quelques pistes de réflexion, mais cela dépendra surtout de la disponibilité de nos bénévoles et de l’arrivée de nouveaux membres, toujours bienvenue, dans l’association. On a toujours besoin de forces vives et de nouvelles idées. Il nous faudra trouver des thèmes permettant de réunir nos intérêts pour les différents champs d’expression et la notion de série.

affiche serial cultures saute-requin
© Laurent Lefeuvre / Sophie Barel

L’ensemble du programme est à consulter ICI.

RENNES OPÉRA, LE CHŒUR MÉLISMES ET L’ENSEMBLE A VENTI LAISSENT LE PUBLIC BOUCHE BÉE

Grande messe en ut mineur : pari réussi pour Gildas Pungier, chef des chœurs de l’opéra de Rennes, qui a pu s’appuyer sur deux formations solides, le chœur Mélismes et l’ensemble A Venti. Il fallait, à n’en pas douter, faire preuve de pas mal d’audace et aussi d’un beau savoir-faire pour oser transcrire en octuor à vents des œuvres de Mozart, en elles-mêmes déjà si parfaites.

Gildas Pungier
Gildas Pungier

C’est par le Kyrie K 341 pour chœur et orchestre que commence notre promenade viennoise. Cette œuvre, fragment d’une messe entamée en 1791, fut une leçon un peu cuisante pour Mozart. À l’époque, Le Kapellmeister Léopold Hofmann, en charge de la musique pour la cathédrale Saint-Étienne de Vienne, commençait à montrer de réels signes de faiblesse. Et Mozart, qui se débattait comme à l’habitude dans des problèmes financiers, considéra avec intérêt l’opportunité qui se présentait à lui. Les 2000 florins annuels de revenus s’avéraient une puissante motivation. Aussi fit-il acte de candidature. Le Kyrie devait figurer dans la messe qui célébrerait son avènement en tant que nouveau Kapellmeister. Léopold Hofmann recouvra la santé et Mozart en fut pour ses frais.

Wolfgang Amadeus Mozart, 1756-1791
Wolfgang Amadeus Mozart, 1756-1791.

L’andante maestoso qui entame l’œuvre cause pourtant une sorte de malaise partagé. À mieux y réfléchir, ce ne sont ni les musiciens de l’excellent ensemble A Venti, ni le chœur Mélismes qui sont en cause. Deux phénomènes concomitants expliquent cette situation. D’abord, nos oreilles sont accoutumées à entendre la musique de Mozart accompagnée de cordes, et la transcription pour un ensemble à vent nous déstabilise clairement. Second élément, la sonorité particulière des instruments anciens contribue également à nous désarçonner. Il nous faudra donc quelques mesures pour nous acclimater et entrer complètement dans le concert.

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La transcription fonctionne parfaitement, la beauté formelle de cette œuvre nous transporte. Le miracle Mozart a lieu une fois de plus. La Grabmusik K 42 pour soprano basse et orchestre qui suit sera l’occasion pour le baryton Jean-Christophe Lanièce de mettre en valeur de remarquables qualités vocales, bien soutenues par une diction sans faille. Cette remarque de satisfaction s’applique également à la soprano Harmonie Deschamps qui soutient crânement le dialogue. Cette première partie sera conclue par le Laudate dominum K 339, extrait des vêpres d’un confesseur pour soprano chœur et orchestre. C’est la cinquième partie d’une œuvre qui en compte six. La musique nous en est familière, elle sera l’occasion pour la soprano Violaine Le Chénadec de nous en offrir une interprétation pleine de nuances et d’intériorité. Le chœur Mélismes lui apporte un soutien de qualité et démontre, s’il en était besoin, ce qu’est l’excellence dans la continuité.

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Violaine Le Chénadec

Après quelques minutes d’entracte, tout le public regagne baignoires et loges pour ce qui sera sans nul doute le grand moment de la soirée, la grande messe en ut mineur K 427. Les premières notes sublimes et solennelles du Kyrie mettent tout le monde d’accord. C’est absolument beau et profondément émouvant. La voix de Violaine Le Chénadec, un peu discrète au moment de l’attaque de l’air pour soprano, prend une belle ampleur et ses aigus sont plaisants et bien dominés. Pour la suite de l’œuvre, chaque personne présente entame un cheminement personnel et spirituel. Certains moments atteignent au sublime et nous font vivre ces instants extatiques où tout semble s’abolir, nous laissant en parfaite communion avec Dieu et Wolfgang. On aimerait que cela ne s’arrête jamais.

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Tout aurait été parfait sans la présence de quelques olibrius iconoclastes, se sentant obligés d’applaudir à contre temps et à tout moment. Avec le métier qu’on lui connaît et l’autorité d’un chef, Gildas Pungier saura dompter ces quelques trublions, les tenant dans un silence respectueux près de quinze secondes après la fin de l’œuvre.

Notre concert n’était pourtant pas achevé et une ultime surprise nous attendait : la première mondiale de l’Agnus Dei d’Éric Tanguy pour soprano solo et chœur a cappella. Ce musicien, né à Caen en 1968, n’est pas inconnu de l’opéra de Rennes, qui l’avait accueilli en résidence de 2001 à 2003. Cette œuvre contemporaine (et ce mot, en l’occurrence, ne doit pas faire peur) est absolument superbe. Tout en douceur et en nuances, elle nous surprend dans le meilleur sens du terme. C’est une fois encore l’occasion de se laisser complètement aller à une délicate méditation intérieure. Complètement subjugué, le public attendra cette fois un imperceptible geste de Gildas Pungier, pour applaudir avec frénésie cette création aussi belle qu’émouvante. Des plus âgés, habitués des lieux, jusqu’aux trente membres de l’école de musique de Bain de Bretagne, dont la plus jeune affichait sans complexes l’âge de six ans, tous sont repartis avec le sentiment d’avoir eu la chance d’assister à un tel concert. C’est un avis que nous partageons sans restrictions.

GRANDE MESSE EN UT MINEUR concert donné le 6 février 2019
MOZART

W. A. Mozart
Grande Messe en Ut mineur, K 427
nouvelle version transcrite par Gildas Pungier pour octuors à vents.
Agnus Dei d’Éric Tanguy — création mondiale

Kyrie K341
pour chœur et orchestre

Laudate Dominum K339 (extraits des Vêpres solennelles d’un confesseur)
pour soprano, chœur et orchestre

Grabmusik KV 42
pour soprano, basse, chœur et orchestre

Chœur de chambre Mélisme(s)

Ensemble A Venti (Direction musicale, Jean-Marc Philippe)

Direction Gildas Pungier

Violaine Le Chenadec soprano
Harmonie Deschamps soprano
Matthieu Chapuis ténor
Jean-Christophe Lanièce baryton

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Éric Tanguy

RENNES. INSALAN XIV, UNE GRANDE VITRINE POUR DÉCOUVRIR L’E-SPORT

Pour sa 14e édition, l’InsaLan ne fait pas dans la demi-mesure. Quatre tournois se disputeront à la halle Francis Querné de l’INSA de Rennes, réunissant une trentaine de joueurs sur les jeux Counter Strike, League Of Legends, Hearthstone et Fortnite. Une aubaine pour faire découvrir l’e-sport au grand public. D’autres nombreuses animations sont également prévues ce 16 et 17 février.

Les claviers vont s’agiter ce week-end. À la halle Francis Querné au campus de Beaulieu, une centaine de joueurs au total sont attendus pour une des plus grandes LAN de Bretagne. Une LAN, kézako ? C’est un rassemblement de joueurs dans un tournoi de jeux vidéo. Cette année, quatre jeux emblématiques sur PC se disputeront : Counter Strike, League Of Legends, Hearthstone et pour la première fois, Fortnite, le petit nouveau des jeux vidéo en compétition.

InsaLan 2019

 

Les prix sont nombreux et élevés. Un tournoi de CS ou LoL, par exemple, compte jusqu’à 1700 € de prix et l’équipe gagnante pourra se partager 950 €. « Les tournois sont en configuration professionnelle. Beaucoup de joueurs viennent de la région parisienne et sont parfois semi-pros », explique Vincent Etien, responsable de la communication de l’InsaLan. « Avec l’arrivée de Fortnite, ce sera l’occasion de voir de futurs joueurs reconnus ». Trois autres tournois de jeu de combat se disputeront au foyer. « Ces tournois sont organisés par l’association 3Hit Combo et se dérouleront sur les dernières sorties comme Super Smash Ultimate et Soulcalibur VI. Il y en aura un aussi sur Street Fighter V », explique Vincent Etien.

La salle de sport de l’INSA est ainsi divisée en deux parties. « l’une réservée aux joueurs, où se situeront les tournois, l’autre en accès libre, avec des bornes d’arcade et des animations ». Avec en plus, plein de découvertes dans le monde du jeu vidéo. « Virtual Room présentera la réalité virtuelle au travers de nombreux jeux encore peu testés », détaille Vincent Etien. Plusieurs créateurs donneront aussi une conférence sur les studios indépendants et leur processus de création dans le week-end.

InsaLan
À l’inverse des qualifications, les finalistes s’affrontent sur la grande scène.

Régulièrement, des minis-tournois seront organisés pour le public à côté de l’immense salle de LAN. De plus, une salle musique sera aussi ouverte pour permettre de danser sur des jeux comme Guitar Hero ou les jeux de rythmes japonais, toujours très physiques. Enfin, la journée du samedi aura notamment en point d’orgue le 3e concours de cosplay, dans lequel les participants se déguisent en personnages de jeu vidéo. « Lancé en 2015, c’était au départ une idée qui plaisait bien au staff. Et puis on s’est rendu compte que le public aimait ça également ». Le jury est composé du Grenier d’Illiane, Shekil Cosplay et Izaly Cosplay. Les participants peuvent défiler seuls ou en groupe. L’objectif de l’InsaLan : s’amuser et découvrir l’e-sport.

InsaLan
Le Grenier d’Iliane sera parmi les jurés du concours de cosplay.

InsaLan à la Halle Francis Querné le 16 et 17 février au campus Beaulieu, 20 avenue des Buttes de Coësmes.

Gratuit pour le public, tournois principaux déjà complets.

 

RENNES. LE TRIANGLE VIBRE AU SON DU SUBPAC

Le SUBPAC fait son entrée au Triangle… pour vivre le spectacle autrement ! Le SUBPAC, c’est quoi ? Un sac à dos… mais pas seulement !

subpac

Le Triangle investit pour la première fois dans l’achat de quatre Subpac ! Un système innovant de basses tactiles proposé par Timmpi qui permet de reproduire toute source sonore par vibrations à travers le corps…pour ressentir la musique autrement que par les sons. Dès à présent, quatre SUBPAC seront disponibles gratuitement sur chaque représentation de spectacles proposés par et au Triangle.

Pourquoi au Triangle ?

Notamment pour l’accès à la culture des personnes en situation de handicap. Depuis 3 ans déjà, la Block Party Battle annuelle du Triangle est interprétée en LSF (Langue des Signes Française) par 2 interprètes retransmis sur écran géant… Par ailleurs, depuis plus de deux ans Marie Minne, en charge de l’accueil au Triangle, est formée à l’accueil en LSF.

La déclinaison du programme en FALC (Facile à Lire et à Comprendre) il y a deux ans était un pas de plus vers l’accessibilité ; l’arrivée des SUPBAC en est un nouveau. Les SUPBAC représentent une autre manière de vivre un spectacle, c’est pourquoi ils seront accessibles à tous, bien qu’en priorité aux personnes sourdes ou malentendantes.

Comment ça se passe pour les utilisateurs ?

Pour bénéficier d’un SUPBAC sur une représentation, les personnes sourdes, malentendantes ou entendantes n’auront qu’à :

  • réserver auprès de l’accueil du Triangle, au plus tard 48 heures à l’avance par mail à infos@letriangle.org ou par SMS auprès de Marion Deniaud au 07.71.91.43.11
  • se présenter à l’accueil du Triangle au moins 30 minutes avant le spectacle le soir de la représentation, et déposer leur carte d’identité en consigne à l’accueil
  • un technicien viendra alors pour les aider à la mise en place et leur donner les conseils d’utilisation
  • après le spectacle, elles pourront rendre le SUBPAC à l’accueil afin de récupérer leur carte d’identité. Les personnes entendantes devront signaler qu’elles sont entendantes lors de leur réservation, et ne seront pas prioritaires sur la réservation. Le soir du spectacle, elles pourront bénéficier d’un SUBPAC en fonction des disponibilités… et c’est gratuit !

C’EST AUJOURD’HUI QUE JE VOUS AIME, LES PREMIERS ÉMOIS AMOUREUX DE FRANÇOIS MOREL

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Une adaptation BD par Rabaté d’un récit de François Morel, c’est forcément un évènement. Même si, et surtout messieurs, Ce n’est pas d’aujourd’hui que je vous aime.

FRANçOIS MOREL AMOUREUX

 

Ces deux là étaient faits pour se rencontrer. François Morel, ancien Deschiens, chroniqueur sur France Inter et surtout Pierrot lunaire sur scène. Pascal Rabaté, auteur de BD et notamment de l’inoubliable album Les Petits Ruisseaux, qui dessine dans tous ses ouvrages des voitures en forme de caisse à savon, des petits cyclos qui serpentent dans la campagne et qui donne aux enseignes commerçantes des noms originaux.

FRANçOIS MOREL AMOUREUX

Tous les deux ont en commun, cette légèreté, cet amour des mots et des jeux de mots. On les imagine facilement le soir, assis sur un banc de Touraine ou de l’Orne, devisant comme des anciens, le nez dans le firmament et se racontant des mots, des phrases, des images. Des étoiles. Cette BD est le fruit de cette rencontre et l’album ne pouvait être autrement : tendre et poétique, doux et mélancolique.

FRANçOIS MOREL AMOUREUX

Si vous êtes connaisseur de François Morel (et même diplômé de François Morel), ces noms vous sont obligatoirement familiers : Isabelle Samain, un patronyme qu’il a prononcé partout à la radio, sur scène comme une ritournelle sans fin. Isabelle Samain. Elle devait être belle Isabelle Samain, à quatorze ans, puisque le jeune François en tombe éperdument amoureux, au point de devenir, pour elle, tennisman, nageur ou collectionneur d’ongles. C’est beau et bête les premiers émois amoureux. C’est beau et bête le cœur qui s’emballe, le pantalon qui se redresse, la main qui tremble. C’est beau et bête comme l’histoire du monde même si ce n’est que l’époque de Giscard et de Salut les Copains.

FRANçOIS MOREL AMOUREUX

Ce passage obligé, François Morel l’a décrit dans son ouvrage C’est aujourd’hui que je vous aime (1) où il raconte les premiers émois et les impulsions du corps (souvent visibles !). Isabelle Samain. Isabelle Samain. C’est une véritable chanson de Geste qu’il nous propose, une chanson d’amour comme du temps des preux chevaliers, mais sans armure ni trompette. Avec plutôt humour et dérision. Et cette litanie de verbes à la Prévert pour conjuguer niquer, chevaucher, tirer, culbuter à la manière du verbe aimer.

FRANçOIS MOREL AMOUREUX
Sur ces mots Rabaté ne pouvait y glisser que des traits légers et colorés. Il prend sa place, toute sa place, profitant d’une pagination généreuse pour étaler ses dessins libres comme l’air, où il réussit à animer le texte en démultipliant le « pauvre » adolescent qu’est François en autant d’observateurs de ses émois amoureux vains. Ils sont beaux les traits de Rabaté et ont une douceur, un provincialisme qui fait penser à Jacques Tati. On est à la campagne quand les lapins lapinent et se multiplient sans les états d’âme du « pauvre » François. Les couleurs explosent comme un feu d’artifice ou une pollution nocturne (même à 15 heures !).

FRANçOIS MOREL AMOUREUX

Dans sa préface, François Morel écrit que son récit était « parfaitement inadaptable en bande dessinée ». Il était donc naturel que Rabaté la fasse, cette adaptation. Et la réussisse. Sans prétention, C’est aujourd’hui que je vous aime, vous offre un peu de légèreté et de tendresse. Même s’il manque un peu de cycles sur les routes. Et de voitures en forme de caisses de savon. Mais par contre, il y a bien Isabelle Samain, Isabelle Samain, Isabelle Samain… On découvre sa queue de cheval. Et son sourire, si vous saviez son sourire…

FRANçOIS MOREL AMOUREUX

C’est aujourd’hui que je vous aime. Scénario : François Morel et Pascal Rabaté. Dessin et couleur : Pascal Rabaté. Éditions Les Arènes BD. Janvier 2019. 72 pages. 18 €.

(1). Éditions du Sonneur.

François Morel est homme de scène et homme de lettres. Tour à tour acteur, chroniqueur, chanteur avec, en point commun à ces diverses activités, une certaine poésie. Une poésie qui sonne comme un refrain dans C’est aujourd’hui que je vous aime, publié aux éditions du Sonneur. Un récit touchant sur les amours de jeunesse. (Publié en mars 2018)

ENFANTS-SORCIERS, LA RENNAISE VALÉRIE TETE PORTE LEUR PAROLE

Valérie Tete, élève au lycée Chateaubriand de Rennes, a remporté le concours national de plaidoiries des lycéens le vendredi 25 janvier au mémorial de Caen, prix du jury et des lycéens. Du haut de ses 17 ans, la Franco-Togolaise a porté la parole des enfants-sorciers en Afrique et plus particulièrement dans son pays natal. Ces enfants condamnés à la torture ou à mort après être nés généralement avec un handicap. Elle va désormais pouvoir transmettre son message à l’ONU à New York. Unidivers la rencontre.

UNIDIVERS : Pourquoi ce choix de parler des enfants-sorciers au Togo ?

VALÉRIE TETE : J’ai eu plusieurs idées. Étant née au Togo, j’ai finalement choisi les enfants-sorciers grâce à un reportage de France 24 sur ce sujet. J’en avais déjà entendu parler auparavant. C’était très facile de tomber dans un fatalisme, alors il a fallu proposer des solutions en fin de discours. En plus, c’était plus simple d’expliquer ce sujet d’enfant à enfants.


UNIDIVERS :
Quelle aide as-tu reçue du lycée ?

VALÉRIE TETE : Très peu au début, car j’ai décidé au dernier moment de participer au concours sans en parler à personne. J’ai mis beaucoup de temps à m’y mettre ! J’avais même jeté les flyers de présentation. J’ai ensuite posté ma vidéo de candidature d’environ une minute. Lorsque mon lycée et moi avons appris que j’étais retenue en demi-finale parmi les 140 candidats sur Rennes, j’ai eu l’aide de ma professeure d’histoire. Je me suis alors dit « mince j’aurai du boulot en plus » (rires). Mais ce qui a marché, je pense, c’est que j’ai mis toute ma personnalité dans ma plaidoirie.

« Quand une famille est pauvre et a du mal à nourrir deux ou trois enfants, en accuser un d’être sorcier est un excellent moyen pour s’en débarrasser. Et ce qui est bien c’est qu’il sera trop jeune pour se défendre… »

UNIDIVERS : Tu utilises beaucoup l’ironie dans ce sujet très délicat. C’est la raison de ton succès ?

VALÉRIE TETE : Ma professeure d’histoire m’a dit que les jurés du concours cherchaient des profils différents. Et l’ironie, ça marche très bien. Je voulais interpeller les gens. C’est pour ça aussi que je parle d’histoire vraie. Ce ne sont pas des prénoms inventés, c’est vraiment arrivé d’après l’association Creuset Togo. Je mets tellement de cœur que j’ai donné un coup de pied sur scène. On m’a dit de faire attention de ne pas trop en faire, mais ça a bien servi en demi-finale (rires). Après pourquoi ça a marché ? Aujourd’hui, je ne sais toujours pas (rires). C’était pas mal, mais ce n’était pas fou. Maintenant, il faut pouvoir rentabiliser ça pour que le message ait de l’intérêt.

UNIDIVERS : Quelle suite vas-tu donner à cette plaidoirie ?

VALÉRIE TETE : On va aller prononcer ce discours devant l’ONU. J’espère que je ne serai pas obligée de parler en anglais ! (rires) Plus sérieusement, c’est une super opportunité pour évoquer cette situation grave au Togo et plus généralement en Afrique. Je vais retourner au Togo cet été et nous avons lancé une cagnotte pour soutenir l’association Creuset Togo. Les enfants-sorciers font partie de la croyance dans ce pays et il est très difficile de lutter contre ces accusations. Ce sont des facteurs socio-culturels très ancré et difficile à changer. Pour certaines personnes, ma plaidoirie c’était une critique du gouvernement. Alors que justement le but est de montrer que ça n’est pas politique.

« Si ce soir, ne serait-ce que l’un d’entre vous s’intéresse à ces enfants, là aura été notre réelle victoire. »

UNIDIVERS : Quels retours as-tu reçus ?

VALÉRIE TETE : J’ai notamment reçu des messages très positifs de l’association. Depuis le concours, j’ai pu parler à de nombreux médias, ce qui offre un bon coup de publicité à Creuset Togo. Je reçois aussi plein d’histoires tous les jours ainsi que des photos. Tout ça me durcit, j’en ai besoin pour comprendre l’importance de mon action. C’est important qu’il y ait une communauté internationale qui soutienne et encourage les actions de l’ONG car c’est comme ça qu’elle pourra être encore plus efficace. C’est peut-être un peu naïf, mais c’est ce que j’espère.

Enfant Sorcier

UNIDIVERS : Comment as-tu contenu ton stress ?

VALÉRIE TETE : Sur scène, je ne voyais personne. Je balayais la foule du regard, mais sans vraiment me préoccuper du public. Ce qui comptait c’était le message. En sortant, j’ai pleuré sous l’émotion, mais j’étais contente de ce que j’ai fait.

UNIDIVERS : Il devait y avoir une bonne ambiance avec les autres participants, non ?

VALÉRIE TETE : Oui, c’était une chouette expérience. On était tous des jeunes avec des ambitions différentes qui ont tous de l’espoir pour changer le monde.

UNIDIVERS : Comment cette plaidoirie et ce concours vont-ils t’aider pour la suite de tes études ?

VALÉRIE TETE : Euh… à vrai dire, je ne sais toujours pas ce que je vais faire après. Je suis attirée par plein de choses. Je prend des cours de cinéma et je gère un club d’art. J’aime me questionner. J’aime aussi les rencontres. Je ne me vois pas dans un bureau. Avec mes bonnes notes, mes professeurs m’encouragent à m’inscrire en classes préparatoires. Mais je ne sais pas si j’en ai envie. Je veux bien réfléchir à ce que je souhaite faire et ne pas me limiter. Mais c’est compliqué, car ça n’existe pas vraiment, on finit par devoir choisir.

Enfant sorcier
1400 participants dans toute la France, mais une gagnante dans le concours national de plaidoiries pour lycéens : Valérie Tete.

Cinq prix ont été remis à ce concours de plaidoiries des lycéens :
Prix de la Région Normandie et du Mémorial de Caen, et prix du jury lycéen
Valérie Tete, Lycée Chateaubriand, Rennes : « Nos enfants ne sont pas des sorciers ! »

Prix Amnesty International
Amélie Cassagne, Lycée Saint-Joseph, Avignon : « L’art d’être censuré »

Prix MGEN (et coup de cœur d’Unidivers.fr)
Abdallah Charki, Lycée Duhamel du Monceau, Pithiviers : « Pleure en silence »

Pour en savoir plus sur la question des enfants-sorciers ici.

LE SPORT DES ROIS DE C.E MORGAN, UN ROMAN A BRIDE ABATTUE

Le sport des rois : un roman gigantesque qui parle de chevaux, d’équitation. Mais pas que. Un roman gigantesque qui parle du racisme et de misogynie, d’encolure et de cou, de poitrine et de poitrail. Un roman américain qui à travers trois générations de fermier du Kentucky raconte le Noir et le Blanc. Un deuxième roman magistral et déboussolant de Catherine Elaine Morgan.

LE SPORT DES ROIS MORGAN

C’est comme un film en cinémascope avec les couleurs des projections des années soixante. Un panorama infini qui s’étend sur de multiples taches vertes où s’entremêle le noir des forêts. L’image est fixe mais l’ondulement des plantations de maïs ou de tabac suffit à animer ce que l’on prendrait au prime abord pour une photo. C’est un paysage paradisiaque qui semble figé depuis des millénaires : Paris, Paris dans le Kentucky,

cet endroit qui se glorifie de fournir un esclave à chaque homme blanc.

KU KLUX KLAN

La véritable immobilité c’est celle des petits points noirs que l’on distingue, disséminés dans le paysage. Ce sont des femmes et des hommes qui sont là depuis la fin du 18e siècle, qui ne bougent pas, qui prolongent la vie de leurs ancêtres car la génétique et l’expérience doivent mener l’existence vers la perfection. Une expérience qui dit que les blancs sont supérieurs aux « Négros », que le Klan d’une certaine manière aide à la justice.

PARIS KENTUCKY

Si l’on regarde longuement l’image, on s’aperçoit qu’elle constitue une fresque, une fresque ininterrompue qui s’étale dans le temps, de la fin du 18e siècle jusqu’en 2006, elle raconte une histoire, celle de trois générations de propriétaires blancs, racistes, misogynes, certains de leur supériorité. John Henry Forge, issu d’illustres pionniers précède Henry Forge qui, même s’il transforme la propriété de cultures en immense haras, poursuit l’immobilisme exigé de son père. CE Morgan, avec des images écrites qui rappellent souvent les Moissons du Ciel de Terrence Malick, raconte avec une force d’écriture rarement rencontrée cet enfermement mental qui fait de l’excellence souhaitée une prison plus terrifiante que les barreaux d’une véritable geôle. Parfois imposé à coups de ceinture, cette absence de réflexion privilégie les certitudes au doute. Rien ne semble pouvoir changer dans ce Kentucky aux paysages magnifiques et aux hommes médiocres dont les « vies n’existent que parce qu’elles se déroulent sous les yeux des autres ».

CHEVAUX

 

Alors pour animer cette fresque, faire bouger les choses, il faudra une femme. Henrietta, fille de Henry. Une Forge bien entendu. À la moitié de cet énorme roman, un jeune homme noir, Allmon Shaughnessy, jeune garçon d’écurie, va bouleverser l’ordre des choses. Dans un monde d’équitation et de cheval, qui s’entrecroise avec l’histoire de l’esclavage, des boxes vont s’ouvrir, des perspectives nouvelles se proposer. La fresque peinte va devenir film, animée par la passion. Les certitudes vont se craqueler dans ce haras fait pour créer des chevaux génétiquement parfaits. Un jour naît chez les Forge la plus belle des pouliches que la Terre ait porté. Elle est noire. Comme un symbole. Elle est belle, magnifique. Comme le corps de Allmon que Henrietta désire au plus profond d’elle même. Des corps que Catherine Elaine Morgan décrit magnifiquement, des muscles qui vivent et respirent lors d’un débourrage ou lorsque Henrietta exige d’Allmon son amour. Des corps en mouvement et sans mensonge, annonciateurs d’une rébellion brusquement nécessaire.

OHIO

Cet énorme roman fleuve, à la lecture nécessairement attentive, est large, ample, liquide, dévalant la pente comme l’Ohio, cette rivière qui sépare les pays d’esclavage des états de liberté. C.E Morgan nous fait traverser ce torrent d’eau, nous faisant flotter, suffoquer parfois, mais parvient finalement à nous faire traverser ces trois cent soixante seize mètres d’une frontière, pour atteindre le sol ferme. Alors on s’ébat, on se sèche après tant d’impétuosité. On reste plein de questions et on se demande si le monde a vraiment changé au cours de ces décennies sous les coups de violentes ruades alors qu’un fermier accoudé au comptoir se demande à haute voix:

Je crois que le pardon et l’amour c’est la même chose. Pas vous ?

Le sport des Rois de C.E Morgan. Traduit de l’anglais par Mathilde Bach-Duverne. Éditions Gallimard. Collection Du Monde Entier. 656 pages. 24€. Titre original : The Sport of Kings.

Feuilletez le livre ici.

 

DRESS UP ET DRESS CODE RENNES, SHOPPING FAÇON SHOWROOM !

Connaissez-vous la boutique Dress.Up ? Dress.Code peut-être ? Deux noms qui se ressemblent et pour cause, Laeticia, une patronne dynamique à la pointe de la mode, en est la propriétaire. La première se trouve au 21 rue du Champ Jacquet, la seconde au 17 de la même rue. (Re)découverte de deux commerces du paysage rennais.

Dress Code Dress Up Rennes
Dress.Code, 21 rue Champ Jacquet, Rennes

Parmi toutes les possibilités de shopping présentes dans le centre-ville, difficile de choisir. Les devantures et les collections se ressemblent tant, alors comment se décider ?

Depuis août 2018, une nouvelle venue aux couleurs poudrées façon showroom a ouvert ses portes aux côtés des cafés et brasseries de la place du Champ-Jacquet. Son nom : Dress.Up. Laeticia, la propriétaire des lieux, n’en est pas à son premier essai. Un peu plus loin, en remontant la rue, se trouve déjà Dress.Code, une petite boutique de prêt-à-porter pour femmes, bien implantée dans le quartier, dans laquelle elle a fait son nid depuis 2010.

Dress Code Dress Up Rennes
Dress.Up, 17 rue Champs Jacquet, Rennes.

« Avec Dress.Code, j’ai voulu créer une atmosphère intimiste et, malgré la taille réduite du lieu, les clientes s’y sentent bien ». Laeticia a su composer un environnement cocooning peuplé de petits bijoux fashion colorés qui raviront tous les âges. « J’habille toutes les générations, de la jeune fille à la mamie en passant par la mère ! — explique-t-elle. Elles se retrouvent toutes dans le choix proposé et ce dernier est souvent renouvelé. Malgré le nombre limité de produits, les tailles sont nombreuses ».

Dress Code Dress Up Rennes
Dress.Code, 21 rue Champ Jacquet, Rennes

Après plusieurs magasins à la Baule (Loire-Atlantique), ce pétillant bout de femme est revenu sur ses terres natales et a ajouté à l’hypercentre de Rennes son goût de la mode. « Dress.Code est une boutique de prêt-à-porter féminin, multimarque. Il est possible de trouver des pièces de la marque See you Soon, Reiko ou bien La petite Française qui sont connues ».

Dress Code Dress Up Rennes
Dress.Code, 21 rue Champ Jacquet, Rennes

Déjà neuf ans qu’elle conseille en toute honnêteté une clientèle qui s’est révélée fidèle avec les années. Peut-être est-ce dû à la qualité des produits proposés. Mais également à la simplicité de l’hôtesse qui change des autres enseignes où les vendeuses doivent respecter des codes de bienséance, au détriment de la spontanéité et du naturel. Cette attitude souvent oppressante donne (il faut l’avouer) envie de prendre ses jambes à son cou …

Dress Code Dress Up Rennes
Dress.Code, 21 rue Champ Jacquet, Rennes

Sa devanture chatoyante change au gré des collections et des livraisons fréquentes. « Je reçois des nouveautés toutes les semaines ». Ce renouvellement hebdomadaire est bien accueilli par les clientes et permet un turn over régulier, une façon de ne pas se lasser. Alors que la saison hivernale bat son plein en ce début d’année et que la majorité rêve de mettre ses manteaux aux placards, les gilets bigarrés de la marque #OOTD ont déjà fait parler d’eux. Leurs couleurs peps (dont Laeticia portait la variante rose durant notre rencontre) réchauffera votre dressing, et vous-même par la même occasion.

Dress Code Dress Up Rennes
Dress.Code, 21 rue Champ Jacquet, Rennes

Avec les motifs animaliers, les rayures et les petits hauts en dentelles, les collections printemps-été commencent déjà à pointer le bout de leur manche malgré la fraîcheur extérieure. Parmi la sélection, des exclusivités lui permettent de recevoir des pièces six mois à l’avance. « Je tiens la seule boutique à Rennes où on peut trouver la marque MQG, par exemple. Leurs t-shirts sont tamponnés “Rennes mon amour” et selon le point de vente l’inscription change. J’essaye de me distinguer des autres commerces sur le choix proposé aux clients, c’est plus attrayant ».

Dress Code Dress Up Rennes
Dress.Up, 17 rue Champ Jacquet, Rennes.

Avec autant de succès, pourquoi ouvrir une autre boutique ? « Dress.Up m’a permis de proposer des produits différents et de mieux exploiter des marques disponibles chez Dress.Code ». Ce nouvel espace, géré par deux employées qui ont toute la confiance de Laeticia, accueille la clientèle dans la continuité de Dress.Code avec des marques comme Grace Mila, Iycoo et Nais. La boutique a fait l’unanimité auprès de son public. « Mes clientes extrêmement fidèles ont tout de suite adhéré au projet. Elles viennent d’ailleurs souvent me présenter leurs achats pour que je les aide à compléter la tenue qu’elles ont en partie sélectionnée là-bas ». Un rapport privilégié que l’on ne retrouve pas dans toutes les enseignes du centre-ville.

Dress Code Dress Up Rennes
Dress.Up, 17 rue Champ Jacquet, Rennes.

Un dernier conseil qui paraît simple, mais qu’il est important de rappeler ! « Avant tout se sentir bien ! L’achat d’un vêtement ne doit se faire que si la personne est à l’aise avec, si son corps lui plaît ainsi ».

Dress Code Dress Up Rennes
Dress.Up, 17 rue Champs Jacquet, Rennes.

Dress.Code
21 rue Champ Jacquet
35 000 Rennes

Dress.Up
17 rue Champ Jacquet
35 000 Rennes

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WOMEN’S LEGACY, L’HOMMAGE DE SARAH LENKA

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Voilà plus de dix ans que la chanteuse Sarah Lenka met à l’honneur le répertoire des grandes interprètes jazz telles que Billie Holiday et Bessie Smith. Son quatrième album, Women’s Legacy, à paraître le 22 février prochain, est un hommage aux femmes esclaves afro-américaines.

sarah lenka, womens legacy
Photo: Benoît Poix

Depuis maintenant une douzaine d’années, la chanteuse parisienne Sarah Lenka fait son chemin avec succès dans le champ du jazz. Après avoir initialement envisagé des études aux Beaux Arts, elle se décide finalement pour une carrière musicale et quitte alors Paris pour s’installer provisoirement à Londres. Dans la capitale anglaise, elle suit une formation en école de musique et intègre plusieurs groupes de folk et de trip-hop. Mais c’est sa rencontre avec un contrebassiste américain de jazz puis sa découverte du répertoire de la grande Billie Holiday qui l’amènent plus tard à se réorienter vers ce style.

De retour à Paris, elle entame sa nouvelle carrière jazzistique sur les planches du Sunset-Sunside Jazz Club de Paris. À la suite à son succès au festival d’Enghien en 2007, elle reçoit de la SACEM le prix de la meilleure révélation vocale. S’ensuit, en 2008, la sortie de son premier album Am I Blue, paru chez E-Motive Records.

Dès le début de cette aventure musicale, elle a tenu à rendre hommage aux grandes artistes qu’elle admire et dont les histoires personnelles, pleines de vie comme de tourments, sont pour elle une formidable source d’inspiration. Après s’être intéressée à Billie Holiday, elle remet en lumière le répertoire de la célèbre chanteuse blues Bessie Smith dans son troisième album, I Don’t Dress Fine, sorti en 2016 chez Jazz&People. Fidèle à sa démarche, elle sort le 22 février prochain, chez Musique Sauvage, son quatrième album, Women’s Legacy, un hommage explicite aux femmes afro-américaines ayant subi l’esclavage jusqu’au milieu du XIXe siècle.

sarah lenka, womens legacy
Photo: Hugues Ahnes

La chanson « Ain’t Gonna Let Nobody Turn » ouvre l’album et plante immédiatement son décor. Connu comme l’un des hymnes du mouvement Civil Rights des années 1960, ce chant donne directement le ton de résistance que les Afro-Américains, jadis réduits à l’esclavage, puis soumis à la ségrégation, ont voulu, d’une façon ou d’une autre, opposer à leur asservissement. Parallèlement à une mélodie vocale et des parties de chœurs assurées par Sarah Lenka, cette chanson se construit autour d’une rythmique de syncope swing, ainsi que des accords plaqués à la guitare sèche et un claquement de mains qui marquent le backbeat, l’accentuation du 2e et 4e temps de la mesure binaire, un procédé récurrent dans les musiques populaires afro-américaines. Les représentations sonores de l’esclavage sont immédiatement convoquées et hantent d’ailleurs la plupart des titres. Tout l’album est traversé par un bruit métallique et parfois percussif, qui n’est pas sans rappeler celui des chaînes qui entravaient les anciens esclaves, ou les coups de pioches assénés par les forçats des chain gangs dans les pénitenciers pour Afro-Américains. C’est notamment ce que l’on peut entendre dans « Diamond Joe » ou encore dans « It Happened », dont les paroles font explicitement référence à ces mêmes chaînes.

En premier lieu, c’est la voix de Sarah Lenka qui retient l’attention. Généralement nasillarde et éraillée, elle pourrait rappeler, dans un autre registre, le timbre de chanteuses comme Duffy ou encore Selah Sue. Mais sur d’autres titres, comme « O Lord » et « No More My Lawd », elle se fait plus douce et claire, laissant même entendre un léger et charmant vibrato. Elle peut traduire aussi une expression très intense, par exemple dans « Trouble So Hard » ou sur « Oh Death ». La chanteuse y révèle une réelle portée émotionnelle et une sensibilité particulière qui permet de donner un second souffle à ces chansons. Elles qui exprimaient les souffrances subies par les femmes esclaves et une forme d’évasion et de résistance à la dureté de leur condition. Elles menaient parfois même une lutte contre la mort comme en témoigne « Oh Death », dont les paroles résonnent comme un affront à la grande faucheuse.

La plupart de ces chansons nous sont parvenues sous la forme d’enregistrements a capella, réalisés pendant les années 1930 par les musicologues américains John et Alan Lomax. Même si l’histoire a surtout retenu des noms d’interprètes masculins comme Leadbelly, il n’en reste pas moins que les femmes ont occupé une place très importante parmi les descendants d’esclaves ayant popularisé ces mélodies. Les titres « Riding In A Buggy » et « Another Man Done Gone », par exemple, furent mis en lumière par la voix de Vera Hall, sans doute l’une des interprètes les plus célèbres des enregistrements des Lomax.

Par ailleurs, la nature a capella et souvent monodique de ces chants de tradition orale donne le champ libre à des instrumentations diverses et variées dans plusieurs versions, au fil des époques. Ainsi dans Women’s Legacy, leurs arrangements retranscrivent des ambiances différentes et parfois contrastées. Parmi eux figure le fameux « Black Betty », qui avait fait l’objet de plusieurs versions, dont une interprétation guitare/voix d’Odetta sur son album Odetta Sings of Many Things de 1964, avant sa reprise la plus célèbre et controversée en 1977 par le groupe Ram Jam. Dans l’album de Sarah Lenka, ce chant de travail est revisité sous un accompagnement instrumental aux contours presque expérimentaux au niveau du timbre, ainsi qu’à l’harmonie parfois dissonante et tendue lors des interventions du pianiste Công Minh Pham. Dans le même temps, sa dimension répétitive accentuée par la contrebasse de Manuel Marchès et le jeu de percussions lui confère également un aspect quasi tribal. On retrouve d’ailleurs une tension similaire dans « Trouble So Hard », autre chant immortalisé par Vera Hall au début du XXe siècle.

Si l’esthétique musicale de Sarah Lenka et ses musiciens est souvent désignée comme appartenant au jazz, elle dévoile cependant d’autres influences extérieures. Dans les entraînants « Prettiest Train » et « Oh Death », le jeu subtil du guitariste Taofik Fara a notamment recours à des décalages rythmiques communs avec la bossa nova brésilienne. Dans « Wave The Ocean, Wave The Sea », son fingerpicking et son jeu en arpèges évoquent plutôt les musiques folk dont l’histoire rejoint celle des chants mis à l’honneur dans cet album. De plus, on peut également entendre au milieu de la chanson « Trouble So Hard » des glissandi sur des sons électroniques joués au synthétiseur. Quant aux structures des mélodies vocales de Sarah Lenka dans des chansons comme « The Story of Barbara Allen », elles rappellent que certains de ces titres sont des chansons traditionnelles irlandaises qui furent l’objet d’interprétations personnalisées et inspirées de certains esclaves afro-Américains.

C’est donc cet héritage complexe et douloureux que Sarah Lenka célèbre à sa façon, honorant la mémoire de ces femmes esclaves, à l’instar de Joan Baez ou plus récemment de Rhiannon Giddens. Sa voix singulière et le soutien instrumental de ses musiciens semblent respecter la fonction première de ces chants. Ces derniers parviennent tantôt à animer l’âme, tantôt l’apaiser pendant un temps. Et si la période de l’esclavage est désormais révolue, il est certain que les histoires décrites dans ces chansons continuent de résonner avec beaucoup d’intensité. Une mémoire qui n’est pas prête de s’éteindre…

sarah lenka, womens legacy
Photo: Benoît Poix

sarah lenka, womens legacy
Visuel: Peggy Nille

L’album Women’s Legacy de Sarah Lenka sortira le 22 février prochain chez Musique Sauvage.

SECONDE GUERRE MONDIALE, LA CONFÉRENCE DE LA HONTE À ÉVIAN EN 1938

La Conférence de la honte : Évian, juillet 1938 est le titre d’un récit de Raphaël Delpard, paru en mai 2015, qui dévoile par le menu un sombre épisode de géopolitique, triste préambule au second conflit mondial.

EVIAN 1938 CONFERENCE DE LA HONTE

Fidèle à ses discours et ses engagements, Hitler, en 1933, à peine installé dans le fauteuil de chancelier, balaie la démocratie en liquidant la République de Weimar. Et avec elle les francs-maçons, les sociodémocrates, les partis de gauche, les syndicats. En matière de géopolitique, l’Allemagne ne s’encombre guère non plus de principes et reprend la Rhénanie, La Sarre occupée par la France, annexe l’Autriche et s’empare des Sudètes.

HITLER OCCUPATION

Étrangement, les gouvernements européens et américains affichent ensemble le même silence. En 1935, les premières lois raciales qui visent la communauté juive apparaissent, pourtant une population ancrée de longue date en Allemagne, exclue désormais de l’administration, du barreau, de la médecine et de la vie économique. Sans que la SDN, ancêtre de l’ONU, les principaux gouvernements occidentaux, États-Unis, Grande-Bretagne, France entre autres, ainsi que la Pologne, ne réagissent fermement une fois encore. Le Président Franklin D. Roosevelt dira : « Certes les autorités allemandes traitent les juifs d’une manière scandaleuse, mais cela n’est pas du ressort du gouvernement des États-Unis ». La Suisse, frileuse voisine, imposera même aux juifs de la Confédération, une carte d’identité portant l’infamante lettre « J », à l’image de ce que fait déjà l’Allemagne et que fera la France.

lois de Nuremberg
Les lois de Nuremberg déterminant Aryen vs Juif

Sous la pression des associations juives, effrayées par le nombre impressionnant de juifs boutés hors des frontières, Franklin D. Roosevelt se résout à convoquer une réunion internationale théoriquement destinée à répartir l’accueil des juifs chassés des terres germanophones. Elle se tiendra à Évian, en juillet 1938, sous l’autorité de la SDN et de son secrétaire général, le Français Joseph Avenol, haut fonctionnaire sans relief, peu sensible au sort des juifs. 33 pays se réuniront pour décider des quotas de réfugiés que chacun d’eux acceptera sur son sol. Le sort de 650 000 individus est en jeu.

EVIAN 1938 CONFERENCE DE LA HONTE

Les associations juives, mais aussi catholiques et protestantes, seront, pour la forme, invitées à s’exprimer dans les commissions, quelques minutes seulement pour chacune d’entre elles. Le mot « juif » ne devra jamais être prononcé, ordre du secrétaire général ! Les représentants des pays invités recevront la consigne de leurs gouvernements respectifs d’insister sur leurs faibles capacités d’accueil et les risques de déséquilibre démographique et désordre politique induits par l’arrivée de ces migrants. Comble de l’isolationnisme, l’Uruguay ira jusqu’à interdire l’entrée de leur territoire aux « immigrants atteints de défauts physiques, mentaux et moraux qui peuvent porter préjudice à la société ».

EVIAN 1938 CONFERENCE DE LA HONTE

À ce compte, la Conférence fut totalement infructueuse, sauf pour certaines délégations venues indignement se distraire sur les rives du Lac Léman. À Berlin, on exulte : « Juifs à vendre, même à bas prix, personne n’en veut ! » titra la presse d’outre-Rhin. Quant aux États-Unis, historiquement terre d’accueil, ils trahissaient là leurs propres principes. « Un geste du Président Roosevelt et les frontières des pays se seraient ouvertes et ceux qui auraient pu y entrer et quitter l’enfer allemand auraient eu la vie sauve » (Raphaël Delpard). Le Vice-Président américain Walter Mondale commenta ainsi cet épisode à Genève le 21 juillet 1979 :

Si chaque Nation présente à la Conférence avait accepté d’accueillir 17 000 réfugiés juifs, chaque juif du Reich en péril aurait été sauvé.

L’engrenage des abandons et des lâchetés trouvera son apogée le 30 septembre 1938 avec les accords de Munich, conclut l’auteur de ce récit aussi édifiant que terrifiant.

La conférence de la honte : Évian 1938 par Raphaël Delpard. Éditions Michalon. 15 mai 2015. 256 pages. 19 €.

J’approuve la classification raciale réalisée par les lois de Nuremberg. J’approuve (…) que le Juif ne soit plus un citoyen du Reich, qu’il soit rejeté dans l’isolation dont il s’était sorti pour dominer le peuple germanique avec impertinence et impudence, qu’il soit repoussé dans son ghetto. C’est entièrement juste et justifiable. (…) Le problème racial sera résolu par les lois de Nuremberg et en écartant les Juifs de l’administration, des théâtres, etc. ”.

Hjalmar Schacht, (1877-1970), est un financier allemand, créateur du Rentenmark, président de la Reichsbank et ministre de l’Économie du Troisième Reich.

GORAN BREGOVIC ET L’OSB ONT FAIT VIBRER LE LIBERTÉ

Ce vendredi premier février 2019 à la salle de concert Le liberté, il fallait vraiment avoir des semelles de plomb pour ne pas taper des pieds, battre des mains et marquer le rythme trépidant imposé par Goran Bregovic et son orchestre des mariages et des enterrements. Foi de Rennais, on n’avait jamais vu un tel déferlement sonore. Pour les deux mille cinq cents personnes présentes, la soirée fut jubilatoire, truculente, elle fut surtout une invitation à la tolérance et au savoir-vivre ensemble. Une leçon de vie qui a pris pour l’occasion la forme de trois lettres.

GORAN BREGOVIC

Trois lettres de Sarajevo, c’est le titre du concert et il mérite quelques explications. Goran Brégovic est Serbe, et il est originaire de la capitale, Sarajevo. De cette ville il garde le souvenir d’un étrange melting-pot sonore, quand, à midi, les cloches de la cathédrale se mêlaient au chant du muezzin appelant les fidèles de confession musulmane à la prière. Le vendredi, jour de shabbat, c’était au tour des rabbins dans les synagogues de mêler leurs chants à la cacophonie ambiante. Cacophonie..? C’est plutôt injuste, si l’on considère que ce mélange bruyant n’est rien d’autre que la manifestation de l’unité d’un peuple se souciant peu de la religion de ses voisins et surtout, la respectant. Malgré l’incroyable débauche d’énergie proposée par l’orchestre symphonique de Bretagne et ses invités balkaniques, ces trois lettres, adressées aux trois communautés restent empruntes d’une mélancolie sous-tendue, celle que suggère la perte d’un paradis perdu.

GORAN BREGOVIC

La première lettre écrite par la communauté juive, est illustrée par des mélodies, majoritairement d’Europe de l’Est dans toutes ses composantes, mais aussi d’Israël. La musique Klezmer y trouve toute sa place, mais pas seulement. Le violoniste, Gershon Leizerson, venu de Tel-Aviv déchire le cœur de l’assistance avec un toucher sensible et charnel à la fois, la force qui émane de son expression musicale en fera indiscutablement notre petit coup de cœur de la soirée.

GORAN BREGOVIC

Pour la seconde lettre, celle des musulmans, c’est la jeunesse et l’énergie qui seront mises en avant. C’est au jeune et talentueux violoniste tunisien Zied Zouari que reviendra le périlleux honneur de nous initier aux étranges et sinueuses mélodies orientales. Il s’en tire à la perfection et fait flotter dans l’immense salle comme un parfum d’Arabie et de mille et une nuits.

GORAN BREGOVIC

La lettre des chrétiens sera écrite par la remarquable Mirjana Neskovic et cette jeune femme, premier violon de l’orchestre symphonique de Belgrade ne déméritera en rien face à ses collègues masculins. Elle fait preuve d’une fougue et d’une passion que nous aimons retrouver dans cette musique que l’on dit classique. Dirigé par le chef Aurélien Azan Zielinski, l’orchestre symphonique de Bretagne est mis à rude épreuve. Les mélodies de Goran Brégovic sont puissantes, pleines de changements de rythmes, entrecoupées de chants et d’onomatopées intervenant de façon inattendue à ne pas dire discordante. Un groupe de sept chanteurs dignes de figurer dans une chorale orthodoxe ponctue de sa sonorité pleine et vraiment splendide, des mélodies qui oscillent entre la musique savante et la Bossa nova. On est souvent perdu. À gauche de la scène, deux chanteuses en costume traditionnel nous font voyager dans toute l’Europe de l’Est, de la Bulgarie à la Roumanie, sans oublier, bien sûr, la Serbie. Au beau milieu des violons le chanteur de l’orchestre s’acharne sans fatigue apparente sur une grosse caisse surmontée d’une cymbale, il paraît capable de chanter dans toutes les langues de la terre et il ne s’en prive pas.

GORAN BREGOVIC

Au début du concert, alors que l’OSB nous mettait en condition en interprétant une très évocatrice ouverture, voilà qu’il est interrompu bruyamment par des flons-flons intempestifs, ceux d’une fanfare de cuivres, arrivée du fond de la salle, se livrant à un véritable crime de lèse-majesté joyeusement iconoclaste. Le chef d’orchestre en perdra sa baguette ! Le ton est donné et c’est une vraie lueur d’espoir qui est allumée, à aucun moment elle ne s’éteindra. Après deux heures d’un incroyable concert et pour ne pas se quitter sans un bis des plus sympathiques, musiciens et choristes nous inviteront à les accompagner en chantant tous ensembles, Bella ciao et Kalashnijkov, le public ne s’est pas fait prier. Les représentants des différentes communautés présentes ne s’y sont pas trompés et tous se sont levés d’un seul homme pour applaudir chaleureusement un autre homme, Goran Bregovic, un Serbe qui s’est juré de retrouver le paradis perdu.

GORAN BREGOVIC

GORAN BREGOVIC ET L’OSB : TROIS LETTRES DE SARAJEVO.

LE LIBERTÉ – Musique du monde
Vendredi 01 Février 2019 à 20h00
Orchestre Symphonique de Bretagne
Direction : Aurélien Azan Zielinski
Avec Goran Bregovic et l’Orchestre des Mariages et Enterrements
Violon : Mirjana Neskovic, Zied Zouari, Gershon Leizerson

TÊTE DE TAMBOUR, ATTENTION, ACCROCHEZ-VOUS ! ÇA SECOUE !

Manuel est fragile, très fragile, autant qu’Anaël, plus jeune, mais tout aussi fragile. Et si ces deux prénoms n’identifiaient en fait qu’un seul et même homme ? À différentes périodes de sa vie… Notre héros anti-héros est un deux en un, celui que nous allons suivre :Tête de tambour, un roman inspiré de faits réels.

On n’avait rien trouvé pour l’aider à aimer, à se faire aimer, pour construire la vie. Le schizophrène n’a pas de projets d’avenir. Il ne peut pas. Pas d’avenir. Il n’a que le présent dégueulasse qui lui colle aux basques, pareil à un coureur qui voudrait faire un cent mètres avec deux boulets au pied – les calmants.

SOL ELIAS
Fragile, mais fragile jusqu’où ? Jusqu’à la limite de la folie autrement dénommée par les poseurs de diagnostics comme étant la schizophrénie (si l’on veut bien admettre qu’il doit exister de multiples formes de schizophrénie). Anaël n’a qu’une seule chose en tête, tout foutre en l’air, lui comme les autres, lui et surtout les autres. Ceux qu’ils apprécient, surtout ceux qui le déprécient comme ses parents, sa famille, ses « amis » qui souvent le moquent et profitent de lui. Tout comme lui qui profite largement de tous. Ainsi la raison de vivre chaque jour du jeune homme comme de son double quadragénaire sera tout simplement la vengeance. La vengeance permanente, celle qui le nourrit autant qu’elle le détruit comme elle détruit tous ceux qui l’entourent ou pire, l’approchent. Mais n’est-ce pas non plus une façon de rester debout que de nourrir des sentiments aussi sombres ? Certains s’écroulent parce qu’ils ne trouvent plus de force ; d’autres vont de l’avant parce qu’ils trouvent cette forme d’énergie. La vengeance, la violence ce sont des raisons d’exister. Étrange ? Encore que ! Quand la machine humaine est en proie à des comportements psychotiques, à des formes de paranoïa, les individus connaissent tant des périodes maniaques que des périodes d’abattement.

Nous portons tous nos fantômes, la vraie question est de savoir jusqu’où nous pouvons coexister avec eux sans qu’ils nous dévorent.

Au fil du temps, d’aucuns pourraient penser que la psychiatrie, voire la psychanalyse, a progressé. C’est peu vrai. La chose évidente c’est l’abondance de substances chimiques (d’antipsychotiques) que l’on administre à des hommes et des femmes en proie à des délires, à des pertes de repères, à des phases de dépression profondes. Et quand il reste de la place, on les enferme pour des séjours, les relâchant souvent très rapidement faute de structures suffisantes pour les accompagner au quotidien. Et force est de constater combien la psychiatrie est un des parents pauvres de notre médecine.

Je leur faisais payer le prix pour m’avoir impunément mis au monde. Je serais la croix à porter sur leurs épaules d’hommes pour toute une vie d’homme.

Manuel-Anaël fait donc vivre un enfer à sa famille, ses parents, sa sœur et ces « amis »… Les parents, ils font ce qu’ils peuvent et non ce qu’ils veulent. Assez peu évident cette gestion difficile. Si souvent l’on se bat, on est parfois tenté de baisser les bras, d’envoyer tout paître ou de faire l’autruche. Surtout quand, comme la mère, on est animé par un sentiment profond de culpabilité (car les dysfonctionnements psychologiques ne sont pas étrangers au capital génétique transmis) et que l’on tente le tout pour le tout pour sauver son gosse, même au risque de feindre de croire que tout peu s’arranger. Difficile quand on est la sœur et que l’on est brillante, que l’on aime son frère et que l’on souhaiterait vivre une existence « normale » (oui au fait, c’est quoi la normalité ?). Difficile quand on est un père qui se range du côté pleutre des choses, persuadé que les « tares » ne viennent pas de lui et que ces êtres « un peu dérangés » sont simplement néfastes.

Dans ce roman coup de poing (pas d’autre ressenti aussi idoine), Sol Elias nous propose aussi de réfléchir sur ces pathologies. Est que la schizophrénie est aussi évidente à percevoir, à comprendre ? Est-ce que nous ne serions pas tous finalement « borderline », des êtres aussi forts que fragiles ? Est-ce que la bascule vers la « folie » ne guette pas chacune et chacun d’entre nous ? Est-ce que nous sommes un ou plusieurs ? Vaste réflexion, mais tellement pertinente qu’elle nous apeure, nous terrifie, nous transforme souvent en statue de marbre. C’est inouï, mais glaçant d’évidence.

Tête de tambour renvoie également au quotidien de ce jeune homme Anaël devenu avec les années Manuel, l’oncle quarantenaire, attentionné devant sa nièce Soledad. Au-delà des aventures folles qu’il vit et inflige aux autres, il est attachant. L’auteur n’appelle aucune pitié, juste un peu d’empathie, d’humanité et de compassion. Tout un programme ! Passionnant !

Tête de tambourSol Elias – Éditions Rivages – 200 pages  – Parution : janvier 2019. Prix : 18,00 €.

Couverture : Stéphanie Roujol – Photo auteur Sol ELIAS © DR

RENNES. CHRISTINA KUBISCH EXPOSE SES ÉCHOS MAGNÉTIQUES AU MUSÉE

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Le musée des Beaux-arts de Rennes accueille Christina Kubisch pour une exposition intitulée Échos magnétiques qui se déroule du 16 février au 14 avril 2019.

christina kubish

La trajectoire de l’artiste allemande Christina Kubisch, née en 1948, se déploie dans cette exposition en plusieurs constellations qui sont autant d’aperçus documentés sur des moments ou des aspects de son travail. Suite à des études d’art axées sur la peinture, puis de musique dans les années 1960 et au début des années 1970 en Allemagne et en Suisse, Kubisch s’inscrit dans des cours de composition et musique électronique à Milan. Dans les années 1970, son approche se nourrit de la musique expérimentale, de la performance, de la vidéo, des féminismes. Elle développe une série de pièces performatives qui troublent les rapports entre corps et instruments de musique, emboîtant embouchure et masques à gaz ou dés à coudre et doigtés.

christina kubish

Ces concerts ou actions prennent aussi la forme de protocoles détaillés, documentés par le moyen de dessins, de scripts et de partitions. Déjà à cette époque, mais surtout lors de la décennie suivante, son intérêt se porte sur la traduction de phénomènes imperceptibles par des expériences perceptuelles sonores. L’artiste développe des installations et investit de manière privilégiée des espaces en marge ou marqués, mais également des galeries et musées. Grâce à des cubes ou casques récepteurs, elle rend audibles des champs électriques et électromagnétiques, notamment dans une série de projets intitulée Écouter les murs (1982).

christina kubish

Depuis, son travail n’a cessé d’explorer les seuils de ce qui est perceptible. C’est également le rapport entre son et lumière, et en particulier l’ultraviolet, qui est le sujet de différents projets des années 1980 aux années 2000. Kubisch génère des transformations subtiles de la perception de lieux intérieurs et extérieurs par des réseaux de fils, des espaces labyrinthiques, des formes végétales. Des rencontres dans les années 1970 avec John Cage et Mauricio Kagel, aux échanges artistiques et amicaux avec Rolf Julius et Terry Fox à Berlin dans les années 1980 et 90, son parcours manifeste les transferts réciproques qui ont pu émerger de la confrontation des pratiques.

christina kubish

Expositions communes, promenades sonores et « concerts sur table », ces inspirations sont retracées à travers la multiplicité des supports exposés. L’exposition s’organise autour de l’œuvre Cloud (work in progress depuis 2011), proposant l’écoute d’ondes imperceptibles à l’oreille nue et questionnant le rapport entre le visible et l’audible. Présentée pour la première fois en France, cette installation est accompagnée des constellations de documents – partitions, photographies, dessins, vinyles, cassettes – issus du travail de Christina Kubisch et d’artistes qui lui sont lié.e.s, ainsi que des collections de l’INHA-Archives de la critique d’art.

christina kubish

EXPOSITION CHRISTINA KUBISCH ÉCHOS MAGNÉTIQUES Du 16 février au 14 avril 2019
Vernissage : vendredi 15 février 2019, 18h30
Commissariat : Damien Simon, Anne Zeitz, en collaboration avec Clélia Barbut Exposition coproduite avec le Bon accueil-Lieu d’arts sonores

CINÉMA. UN (TRÈS) GRAND FILM SUR L’ÉVASION FISCALE ?

100 milliards d’euros : c’est le montant annuel estimé de l’évasion fiscale en France. Yannick Kergoat (documentariste, Les Nouveaux Chiens de Garde), Denis Robert (journaliste d’investigation) et Bertrand Faivre (producteur) ont décidé d’en faire le sujet d’un documentaire intitulé La (très) grande évasion, malgré les murs qui s’érigent face à leur projet…

La très grande évasion

Sous la plage, les pavés. Yannick Kergoat et Denis Robert vont enquêter sur ces « paradis » qui ressemblent davantage à des « enfers » pour l’égalité… Un « pognon de dingue » qui s’envole vers des paradis fiscaux pour esquiver les impôts. Sujet éludé par la majorité politique, il l’est de moins en moins par les citoyens français qui, plus que jamais, réclament la justice fiscale.

En 2012, Yannick Kergoat (avec Gilles Balbastre) exhibait déjà, avec son documentaire Les nouveaux chiens de garde, les étonnantes connivences entre monde médiatique et pouvoir politique français. Malgré une distribution hors des « grands circuits » (UGC, Gaumont, MK2, etc.) ce documentaire a totalisé 250 000 entrées en salles : un véritable succès et la preuve qu’un cinéma alternatif et engagé peut marcher en France.

Rebelote en 2019, cette fois-ci accompagné par Denis Robert, journaliste d’investigation. Le projet intitulé La (très) grande évasion est ambitieux : « traquer les circuits de l’évasion fiscale et décrypter les mécanismes de la fraude XXL ». « Notre projet est de montrer comment ces affaires — présentées comme des cas isolés — sont d’abord le produit d’une organisation de l’économie, de la société et de la vie politique ». Ce documentaire se veut un « film de combat », non pas un film de plus, mais « LE film sur le sujet ».

« C’est la mère de toutes les batailles pour l’égalité » Bertrand Faivre, producteur.

À leurs côtés dans cette aventure plus que cinématographique, le producteur Bertrand Faivre (société The Bureau : Ni juge ni soumise ; Une vie ailleurs ; Sky,.) hérite d’une tâche ardue : celle de trouver l’argent pour financer un film que certaines personnes préféreraient ne pas voir sortir…

la très grande évasion
Yannick Kergoat. Co-réalisateur de La (très) grande évasion.

« Si la télévision refuse de faire ce travail et qu’Internet éparpille l’information, la salle de cinéma, elle, est un espace d’échanges et de débats. » La (très) grande évasion.

Et pour cause, La (très) grande évasion a tôt connu de sérieux revers dans sa quête de financement ; ce que Yannick K. et Denis R. commentent ironiquement : « Nous n’avons jamais reçu réponse plus rapide des groupes de médias (privés et publics) : ça a été “non” tout de suite. Pas tellement étonnant quand on sait à qui ils appartiennent – ou qui les dirige », à savoir des patrons du CAC 40, pour la plupart d’entre eux. Le sujet serait-il sensible ? La volonté de l’équipe en est décuplée.

La porte d’entrée étant fermée, les trois comparses décident de passer par la cheminée. Ils créent début janvier 2019 une campagne de crowdfunding sur la plateforme KissKissBankBank, espérant récolter au moins 100 000 € de dons en cinq semaines. « C’est la somme minimale pour lancer le tournage », affirme Bertrand Faivre, qui a financé l’écriture et la conception du film. La production du film devrait coûter au total 700 000 € — somme ordinaire pour une production de ce genre.

La très grande évasion
Bertrand Faivre (producteur) et Denis Robert (co-réalisateur), lors du lancement du financement participatif.

Le crowdfunding doit servir à financer une partie du film (tournage, montage, équipes…), mais aussi à démontrer aux éventuels investisseurs que le film suscite l’intérêt d’un public, garantissant un minimum de retour sur investissement une fois le film distribué. Objectif atteint : à quelques jours de la fin du projet de financement participatif, le projet KissKissBankBank totalisait déjà 135 000 € de dons, effectués par plus de 4000 contributeurs particuliers. L’équipe du film commente sur la plateforme : « Votre soutien est un formidable encouragement et montre que nous partageons cette volonté de mettre la question de la justice fiscale au cœur du débat public ». Ils engagent toutefois leurs soutiens à poursuivre l’effort de financement participatif, soulignant « qu’avec plus d’argent, on fait mieux et plus ». Ils espèrent atteindre les 200 000 € avant le 15 février, date de début du tournage. Pour le reste du budget, les recherches continuent…

la très grande évasion
Après 15 jours de financement participatif, le projet de film atteignait déjà les 100 000€.

la très grande évasion
Yannick Kergoat et Denis Robert, les co-réalisateurs de La (très) grande évasion.

Notre entretien avec Bertrand Faivre, producteur de La (très) grande évasion.

la très grande évasion
Bertrand Faivre, producteur de « La très grande évasion » (festival de Dinard)

Unidivers : Pourquoi vouloir produire ce film ?

Bertrand Faivre :
 C’est un problème auquel je m’intéresse depuis longtemps. J’ai été un des premiers à prendre ma carte chez ATTAC (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne). Quand on discute avec Yannick et Denis des différents problèmes dans le monde, on en revient toujours à ce sujet, central selon nous, qu’est l’évasion fiscale. C’est la mère de toutes les batailles autour de l’égalité.

Unidivers : Quelle peut être l’utilité d’une telle œuvre ?

Bertrand Faivre : On ne le fait pas pour révéler des faits. Les journalistes d’investigation le font très bien (Panama Papers, LuxLeaks, etc.). On ne le fait pas non plus pour dire « l’évasion fiscale c’est mal », c’est évident. Mais un film, davantage qu’une émission ou un livre peut faire bouger les lignes, car il est promu dans des conditions telles qu’il entre vite dans le débat de société. On peut organiser des projections partout, des ciné-débats peuvent s’organiser, et après ça les gens en discutent entre eux. C’est un formidable outil de réflexion collective.

Unidivers : Imaginez-vous votre film capable de faire bouger les lignes ?

Bertrand Faivre : Il y a des exemples de fictions qui ont impacté le réel. En 2006, le film Indigènes a contribué à revaloriser les pensions des anciens combattants étrangers. En 2009, le film Welcome, que j’ai co-produit, a relancé le débat concernant le délit de solidarité et a permis l’adoucissement de la loi… Le film est un outil démocratique.
Concernant l’évasion fiscale, qui est un problème international, on veut surtout proposer des pistes de réflexion au public. Lui donner la possibilité de s’emparer du film, d’organiser des débats. D’un côté, on a envie de permettre à des gens qui ne savent pas trop de quoi il retourne de s’informer sur le sujet. Et de l’ autre, on veut faire un film agréable à regarder pour ceux qui sont déjà au courant du problème.

Unidivers : Comment se passe le financement du film jusqu’ici ?

Bertrand Faivre : Les chaînes de télévision publiques et privées (qui sont les principaux investisseurs du cinéma français) nous ont opposé un « non » radical. Ce n’est pas étonnant quand on sait qu’elles appartiennent presque toutes à des patrons du CAC 40. On a enfin obtenu l’avance sur recette du CNC… au bout du 4e coup ! On les a eus à l’usure. Wild Bunch (société de distribution indépendante) investit en privé dans le film, tout comme moi, via ma société de production The Bureau.

Unidivers : Et le financement participatif ?

Bertrand Faivre : On n’aurait pas fait un crowdfunding si ce n’était pas nécessaire. Au-delà de la somme cumulée (135 000€ déjà, et il reste quelques jours), c’est un argument que l’on peut faire valoir face à des investisseurs : « regardez, on a déjà 4000 personnes qui ont investi dans notre projet ». C’est la preuve d’un intérêt du public. Cela garantit que le film sera suivi. C’est aussi un moyen de créer une communauté active, qui va potentiellement communiquer autour du film.

Unidivers : Vous investissez, tout comme Yannick K. et Denis R., votre propre salaire dans le budget du film… pourquoi ce geste ?

Bertrand Faivre : Le budget du film, j’y investirai forcément mon salaire, car on ne sera pas assez financé pour me rémunérer. Mais ce n’est pas grave, c’est un sacrifice très relatif, car j’ai d’autres moyens de subsistance. Le système a roulé pour moi, j’ai une société qui tourne bien. Alors je fais ce que je peux pour que ça roule pour d’autres. De toute manière, la peur n’est pas une bonne conseillère.

Unidivers : Pouvez-vous nous résumer le contenu du film ?

Bertrand Faivre : Le film sera constitué de trois parties. Une première partie sur l’évasion fiscale elle-même. On y fera le tour de ce qui se fait en matière d’évasion fiscale dans le monde, de l’optimisation immorale à la fraude illégale. Une seconde partie sur les scandales révélés ces dernières années ; et sur ce qui fait que, malgré toutes les alertes, rien ne change. Enfin, une troisième partie dédiée à ce que l’on pourrait proposer comme solutions ou comme pistes d’action pour contrer l’évasion des capitaux.

Nous allons rencontrer énormément de spécialistes, partout dans le monde, qui connaissent ce sujet bien mieux que nous. Le but n’est pas de délivrer des idées partisanes, mais d’explorer tous les moyens qui s’offrent à nous dans ce combat. Plus on aura de financements, plus longtemps nous pourrons prolonger notre investigation et plus profonde sera la réflexion que nous proposerons.

Projet KissKissBankBank 
Page Facebook
Samedi 9 février, de 12h à 13h, Yannick Kergoat organise un direct Facebook pour répondre à toutes vos questions sur le projet.

La (très) grande évasion
Réalisateurs : Yannick Kergoat & Denis Robert
Producteur : Bertrand Faivre (The Bureau)

GRAND ANGLE, ET SI ON ÉLARGISSAIT NOTRE CHAMP DE VISION ?

Grand Angle de Simone Somekh : probablement un des meilleurs romans de cette rentrée littéraire d’hiver… Une performance pour ce récit traduit remarquablement de l’italien !

SIMONE SOMEKH

Ezra a quinze ans et a grandi à Boston, dans une famille juive religieuse. Un jour, par jeu ou par provocation, il photographie une jeune fille de son lycée, introduite subrepticement à l’étage des garçons. Cela lui vaut un renvoi définitif.

Choqué par la décision dure et verticale de l’école juive où il suit ses cours, comme par la réaction de ses parents, Ezra va partir étudier ailleurs en quête d’un judaïsme tolérant et éclairé, prenant ses distances avec son milieu (sa tante Suzie demeurant toutefois son meilleur joker). C’est aussi la pleine période de l’apprentissage pour Ezra, celle qui le conduira vers une forme d’émancipation et la découverte du libre arbitre. Cela ne se passera pas dans la douceur et la sérénité quotidiennes. Le jeune homme se confronte à nombre d’épreuves. Crise de foi, mais aussi crise familiale et parfois crises amicales. Quand certains lui tournent le dos, car il peut remettre certains dogmes en cause, d’autres se montrent accueillants, doués du sens du partage et de la confiance.

SOMEKH

 

Car au fond, Ezra est un adolescent presque comme tous les autres. Certes, il est brillant, passionné, fidèle en amitié, mais rencontre aussi toutes les questions qui tourmentent les jeunes de son âge : l’identité, les premiers émois, l’amitié, le présent comme le futur, les envies, les tentations, et puis cette religion qu’il aborde et comprend autrement que ceux de sa proche communauté. Croire est une chose, douter est une force. Et son judaïsme personnel, il n’entend pas qu’on le lui dicte sans cesse, de manière triste et autoritaire ; il veut le vivre librement, dans la joie, même si pour cela il doit se battre, avec ses armes : la réflexion, la tolérance et l’acceptation des différences.

NEW YORK

Au fil de la narration, Ezra grandit, il devient photographe et part pour New York, la Grosse pomme qui l’attire tant, qui rebute tout autant ceux qui l’entourent. Non il n’abandonne personne, il aspire juste à trouver sa place dans une société du XXIe siècle en osmose avec les uns les autres, tout en vivant sa foi comme il le souhaite. Et même s’il doit laisser derrière lui des bagages trop lourds accumulés depuis l’enfance, c’est libre et léger, affranchi qu’il ira vers la Vie.

Ce premier roman de Simone Somekh est d’une puissance rare et d’une maturité à faire pâlir parfois. C’est aussi une remarquable démonstration sur la modernité et l’ouverture d’esprit nécessaire dans toutes les religions du monde. Grand angle sur la vie, l’existence, la foi. Grand angle sur l’esprit communautaire.

Grand angle de Simone SOMEKH – éditions Mercure de France – 216 pages – Parution : janvier 2019. Prix : 21,80 €. Traduit de l’italien par Léa Drouet.

Couverture : Getty Image © Gary S. Chapman – Photo auteur Simone SOMEKH © DR.
Premier roman.

 

SIMONE SOMEKH

Né à Turin en 1994, Simone Somekh est journaliste et vit aux États-Unis. Grand angle, en cours de traduction dans plusieurs pays, a remporté le très prestigieux Prix Viareggio du Premier roman 2018.

TRAVELLING A L’HÔPITAL, CINÉ-CONCERT AU CHU

Le festival « Travelling à l’hôpital » propose depuis 7 ans des rendez-vous cinématographiques aux enfants hospitalisés à Rennes (projections, ateliers, expositions, rencontres…). Ce mercredi 6 février, Ellie James, musicienne rennaise, a invité les enfants et les soignants du service pédiatrie de l’hôpital-sud de Rennes à une douce évasion sonore et visuelle avec son ciné-concert « Lumières »…

Ellie James est une musicienne rennaise. Après avoir été membre de différentes formations (Bumpkin Island, Mermonte, Mha), elle signe son premier projet solo : « Lumières », un ciné-concert qu’elle présente depuis 2017. Entourée de L’Armada Production, elle le joue le 6 février 2019 à l’hôpital sud de Rennes pour les enfants du service pédiatrie ainsi que pour le personnel présent. 4 courts-métrages muets [détails en fin d’article] sur la thématique de la lumière qu’Ellie James musicalise en live avec son clavier, ses drums et son harmonium. À la suite du spectacle, le public a pu échanger avec l’artiste et essayer les instruments qu’elle leur a présentés.

travelling à l'hopital
Suite au ciné-concert, rencontre entre l’artiste et son public.

« L’art sauvera le monde », affirmait Dostoïevski. En attendant qu’il le sauve, il peut déjà aider à le soigner. C’est en tout cas l’idée de Mickaël Christien, infirmier rennais. Depuis 2012, il propose avec le festival Travelling d’amener l’art, plus particulièrement le cinéma, à l’hôpital. Projections, ciné-concerts, ateliers de réalisation… Voici le portrait du projet Travelling à l’hôpital et de son fondateur Mickaël Christien.

Travelling à l'hopital
Mickael Christien, fondateur de Travelling à l’hôpital

Présentation

« Je m’appelle Mickaël Christien, j’ai 36 ans. Je suis infirmier depuis environ 10 ans et suis papa de 4 enfants. J’ai d’abord pratiqué mon métier chez les adultes pendant 6 ans, en cancérologie. Ensuite je suis parti en congé parental durant 3 ans, suite à la naissance de mon quatrième enfant. À mon retour, j’ai intégré la pédiatrie. Je l’ai pratiqué pendant 2 ans et maintenant je suis en train de me spécialiser en tant que puériculteur, à l’école de puériculture du CHU de Rennes. »

Sensibilité pour l’art 

« Mon chemin n’est pas forcément linéaire, car après mon bac j’ai fait des études d’Histoire de l’art à Rennes et à l’école du Louvre, avant de bifurquer et de passer les concours d’infirmier. J’avais et j’ai une sensibilité pour l’art. Mais l’idée n’était pas forcément d’en faire un métier, plutôt de m’enrichir culturellement. L’art en général, pas spécialement le cinéma. »

travelling à l'hopital
Hôpital Sud à Rennes

Le métier d’infirmier

« Pour moi, être infirmier c’est vraiment le “prendre soin” d’une personne dans sa globalité. D’un côté c’est une grosse part de gestes techniques, mais il y a aussi beaucoup de relationnel et moi c’est vraiment ça qui m’importe. Le soutien, l’aide, l’accompagnement pour essayer de dépasser la maladie ou les soucis de la vie. C’est la relation humaine, l’humanisme et l’importance du prendre soin, dans sa globalité. Ce n’est pas seulement faire une piqûre, c’est aussi essayer de comprendre les conditions psycho-sociales autour de la personne. Ces rôles de compréhension et d’accompagnement sont primordiaux pour moi.

Je vais au travail avec toujours envie et passion, parce que chaque journée est différente et que j’ai envie de la partager. Envie aussi d’être utile et d’apporter mon savoir, mes connaissances auprès de mon patient, mais aussi auprès de mes pairs, mes collègues. C’est comme ça que je vois mon métier. »

Le projet

« Le projet a démarré en 2012. À l’époque j’étais infirmier en cancérologie, avec des adultes qui étaient hospitalisés pour d’assez longues périodes (1 mois, 1 mois et demi) et donc vraiment coupés du monde extérieur durant cette période, parce qu’on était dans des situations d’isolement pour les protéger. De mon côté j’avais la chance de pouvoir faire des choses à l’extérieur, des festivals, des expos, etc. et je me suis demandé : qu’est-ce qu’on peut faire pour eux ? Et puis je me suis dit qu’étant donné qu’ils ne peuvent pas aller à l’art, à la culture, on aller amener tout ça à l’hôpital ! C’était le début de “Travelling à l’hôpital”. »

Travelling à l’hôpital

« J’allais au festival Travelling tous les ans et je regrettais que les personnes hospitalisées ratent ce rendez-vous. Alors j’ai contacté l’association Clair Obscur et je suis tombé sur Jacques Froger (responsable des actions culturelles du festival Travelling) qui a tout de suite répondu favorablement. Comme le festival intervenait déjà en prison, donc auprès de publics qu’on dirait “empêchés”, il a naturellement trouvé l’idée géniale et cohérente avec le festival. »

Les débuts

« En 2012, on a commencé tout petit avec simplement la projection de films pour les patients. Le principe c’est que des films qui passaient pendant le temps du festival à Rennes, en février donc, étaient diffusés en même temps à l’hôpital. Ça se passe à l’hôpital Sud de Rennes. Avec le matériel de l’hôpital, simplement une TV et un lecteur DVD, mais au moins on avait vraiment les mêmes films que les gens de l’extérieur; on ne loupait rien. »

La sieste musicale par Marc Blanchard

L’évolution

« Au fur et à mesure j’ai essayé d’étendre l’action. On est resté une année avec ce format DVD et puis on s’est demandé ce qu’on pourrait faire de plus… Il a fallu se poser, chercher des subventions. Les sous c’est vraiment le nerf de la guerre. On a répondu à des appels à projets et on a réussi à être financé à hauteur de 5000€ en 2013, par l’association Laurette Fugain. C’est l’association de la fille de Michel Fugain, qui lutte contre la leucémie et qui finance également des projets comme le nôtre. Grâce à cet argent, j’ai pu étendre les projections à la pédiatrie.

On a commencé à organiser ce temps pour les enfants, leurs parents, les fratries et le personnel. C’est un temps d’échange où l’on change de rythme. Le quotidien de l’hôpital est fait de prises de sang, de perfusions, de soins ; là ils sortent du service pour aller voir un film. Ce n’est pas toutes les personnes hospitalisées qui ont la chance de le faire. Pendant un temps on met un peu de côté la maladie et on s’ouvre sur autre chose, on participe à un festival.

travelling hopital

Et on a pu faire un ciné-concert ! Depuis 2013, on a souvent changé de mécène, mais on a un ciné-concert chaque année. Avec possibilité pour les enfants après le film d’essayer les objets, les instruments, d’aller discuter avec les musiciens, etc. »

Ciné-concert

« Lors des ciné-concerts, on diffuse un film ou un dessin animé, qu’on adapte à l’âge des enfants; et à côté du film il y a un ou plusieurs musiciens qui l’accompagnent d’une musique live. Par exemple une année on a eu droit à une performance d’Empreintes Vagabondes, qui mélange des images en noir et blanc de la Cinémathèque de Bretagne avec de la musique live. Il y avait un accordéon, une chanteuse, etc. En 2014, c’est Loup Barrow qui a accompagné le film Dr. Jekyll & Mr. Hyde avec de la musique expérimentale. On a aussi eu Les Gordon. Cette année ce sera Ellie James, qui va travailler sur le thème de la lumière, avec des petits courts-métrages en même temps… C’est le 6 février.
Il y a de beaux échanges à l’issue des projections, notamment avec les musiciens, car les enfants sont super intéressés. Pour certains, c’est tout nouveau. »

travelling à l'hopital
© Gilles Pensart #Travelling2018

Les enfants

« Ils ont de 6 à 16 ans, avec une moyenne entre 10 et 12 ans. Ce sont des enfants qui n’ont pas l’occasion de sortir de l’hôpital. D’autres associations œuvrent pour venir changer leur quotidien, mais autour du cinéma on est une des seules actions menées. Ils sont en isolement à cause de la maladie. Rien que pour les faire passer d’un service (hospitalier) à un autre, jusqu’à la salle de projection, c’est toute une organisation. Il faut que l’infirmière ait validé, que tous les soins soient faits et puis ils descendent avec le pied à perfusion, les seringues électriques, il faut les débrancher, les rebrancher, etc., mais ça se fait. »

Rencontrer le cinéma

« Donc il y a les ciné-concerts et il y a les projections en lien avec le festival Travelling. Pour celles-ci, puisqu’on ne peut pas diffuser l’intégralité des films du festival, on a créé notre propre comité de sélection, qui travaille en amont de l’événement. Dans ce comité, il y a des soignants, mais aussi des enfants (plutôt des ados) hospitalisés. Une présentation des films du festival est faite par l’association Clair-obscur, pour que le comité puisse effectuer un choix éclairé sur la sélection qu’on va proposer à l’ensemble des patients.

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© Gilles Pensart #Travelling2018

Il y a aussi des ateliers de découverte du monde du cinéma et de l’image : du light-painting, de la création de films d’animation – par exemple du stop motion avec des Playmobil -, etc. On a aussi fait des ateliers pocket film où les adolescents, qui ont tous un téléphone portable, ont pu filmer leur quotidien dans leur chambre. Certains enfants sont en isolement total, du fait de l’aplasie (chute des globules blancs empêchant leur système de se défendre de manière autonome), mais du coup ils ont pu filmer avec leur téléphone leur quotidien, dans leur chambre et devenir les réalisateurs de leur propre film.

Il y a aussi des rencontres avec les réalisateurs. On essaye de les préparer au mieux, car ça peut être déstabilisant de rencontrer des enfants malades. La maladie ou le traitement peuvent entraîner une chute des cheveux, un faciès un peu plus pâle, etc.  Il y a une petite appréhension chez les personnes qui n’ont jamais connu cela. Là aussi, mon regard d’infirmier est important pour accompagner au mieux les réalisateurs et les équipes des films, pour qu’ils puissent aller sereinement à la rencontre des enfants. J’ai un rôle de médiateur pour réunir les deux mondes, celui de la culture et celui des soignants. »

Travelling à l'hopital
« Light-painting »

L’Art du soin

« Pour moi, l’art fait partie du soin. On fait tout notre possible pour que l’hospitalisation se passe le mieux possible; pour eux, mais aussi pour moi et mes collègues. Ce qu’il va se passer souvent c’est que ces enfants vont participer au festival, mais ça va aussi être par la suite un moyen de les “attraper”. Car après le festival, ils vont parler, dire : “J’ai vu tel film. J’ai aimé, j’ai pas aimé…” alors que souvent ce ne sont pas de grands parleurs. Donc on va réussir à obtenir ça d’eux et tenter de les amener sur autre chose, de les faire verbaliser, etc.
C’est vraiment d’une grande aide pour les socialiser et changer le quotidien. À la sortie, quand ils vont retrouver leurs copains, ce ne sera pas juste “J’ai été à l’hôpital” qu’ils diront, mais aussi “j’ai pu voir des films, participer au festival Travelling et puis rencontrer des réalisateurs”. Ça peut même éventuellement déclencher des passions. »

Fenêtre sur l’extérieur

« Lors du festival Travelling, il y a chaque année une ville qui est mise à l’honneur. C’est l’occasion de découvrir le cinéma de cette ville-là et du pays entier. Pour pousser l’idée plus loin, de notre côté, nous avons créé des ateliers culinaires. Une année, c’est la ville de Séoul qui était à l’honneur. Alors on a fait venir un cuistot coréen et on a pu faire un repas typiquement de là-bas.

Voilà, on essaye de ne pas s’arrêter au seul monde du cinéma, mais de brasser un peu plus large. Que le cinéma soit un prétexte pour s’ouvrir au monde, à la littérature, au voyage. La fameuse fenêtre sur l’extérieur. »

Copyright photographies des événements : Gilles Pensart et Gwenael Saliou

« Lumières » de Ellie James, composé de 4 films :
– Lunette (2016 / 3.30 min.) de Phoebe Warries (Royaume-Uni)
– Luminaris (2011 / 6.20 min.) de Juan Pablo Zaramella (Argentine)
– Tôt ou tard (2007 / 5 min.) de Jadwiga Kowalska (Suisse)
– Le trop petit prince (2002 / 7 min.) de Zoia TROFIMOVA (France)

JACQUELINE RIPART, CHEVAUX ET MUSIQUE KIRGHIZES A RENNES

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Jacqueline Ripart est l’invitée du Carré VIP (VieillePie), l’émission de radio dédiée aux femmes de plus de 50 ans (mais pas exclusivement !). Codiffusée par RCF Radio Alpha et Unidivers.fr, retrouvez Marie-Christine Biet et ses invitées deux fois par mois à la radio et sur le web.

La VIP de février est Jacqueline Ripart. Née en 1956, Jacqueline Ripart s’est d’abord passionnée pour la musique. Prix de l’École nationale de musique d’Aix-en-Provence en 1974, licenciée en musicologie de la faculté des lettres d’Aix-en-Provence, elle enseigne le piano et joue en concert, puis devient ingénieur du son (pour des spectacles de théâtre et danse, films documentaires, magazines télévisés, etc.).

Sa fascination pour le cheval lui est venue à l’âge de 10 ans, alors que Jacqueline Ripart séjournait dans les Alpes. Après avoir pratiqué l’équitation en compétition jusqu’à 18 ans, elle se tourne vers le l’équitation d’extérieur et devient documentariste et journaliste spécialisée sur le monde du cheval.

Depuis lors, Jacqueline Ripart voyage aux quatre coins de la planète. Convaincue de l’importance de la biodiversité et de la diversité des cultures, elle fréquente les peuples cavaliers et travaille à la réhabilitation des chevaux de race ancestrale, de la Namibie au Kirghizstan en passant par la Colombie, la Mongolie, l’Afrique du Nord – travaux qui donnent lieu à de nombreux films, reportages et livres.

Depuis 2001, Jacqueline Ripart  consacre son énergie et son temps à la sauvegarde des traditions équestres et du cheval traditionnel des nomades kirghiz. Elle a pour cela créé la Fondation de droit jacqueline repart « Kyrgyz Ate » qu’elle dirige depuis lors. Ses activités se déroulent spécifiquement dans les montagnes et les grands espaces des Tian Shan et du Pamir en Asie Centrale.

Jacqueline Ripart fait sa déclaration à Servane Bourges, médecin (de campagne et au SAMU) passionnée d’équitation et grande voyageuse.

Son Coup de coeur va à Domie Lepinasse. Cette autre mordue de voyages lointains oeuvre à la communication  du festival normand Jazz sous les pommiers, basé à Coutances, qui prépare sa 38ème edition.

Choix musicaux de Jacqueline Ripart :

– Georges Brassens, Le petit cheval blanc, 1953, paroles tirées d’un poème de Paul Fort

– Musique kirghize : Mash botoï

– L’homme à l’harmonica, dans Il était une fois dans l’Ouest,film de Sergio Leone (1968), chef-d’œuvre du western spaghetti. Musique: Ennio Morricone

JACQUELINE RIPART

 

GRÉGOIRE ET LE VIEUX LIBRAIRE DE MARC ROGER, LES LIVRES NOUS LIENT

Grégoire et le vieux libraire (éd. Albin Michel), de Marc Roger, nous plonge dans un quotidien ordinaire… qui recèle pourtant la force de l’extraordinaire … Le luxe des petits riens… Véritable coup de cœur pour ce premier roman empreint de tendresse et de bienveillance, cette bienveillance mise à mal, car galvaudée de-ci de-là.

Grégoire est un jeune homme en rupture avec le milieu scolaire. Il n’en veut plus des études. Même son bachot, il l’a loupé. Oh, Grégoire n’est pas un mauvais bougre, mais les études, ce n’est pas franchement son truc.

Alors, il décroche un petit boulot, homme à tout faire dans un EPADH. Le vieux libraire qui y réside, M. Picquier, est un drôle de bonhomme. À la fois bougon, maniaque, dandy, il n’en a plus pour bien des années avec sa Parkinson qui l’affaiblit de saison en saison. Le jeune et le vieux se rencontrent dans cette maison de retraite, hors champ de nos vies si précipitées, souvent brutales, fondées avant tout sur le paraître et les faux-semblants. Ils apprennent à se connaître, à s’apprécier et même à s’aimer.

Si Grégoire a horreur de la lecture, c’est pourtant elle qui les rassemble. Le deal entre M. Picquier et le jeune Grégoire, c’est quelque temps de lecture chaque semaine, au-delà des corvées de cuisine ou de laverie imposées au jeune homme par sa responsable, Mme Masson.

Et le voyage des deux compères peut commencer. Un voyage au pays des mots, au pays des livres, des pages, ailleurs, bien ailleurs que dans cette chambre de quelques mètres carrés où M. Picquier s’approche de la mort. C’est qu’ils ne manquent pas de faire les quatre cents coups, redonnant élan et joie aux autres pensionnaires, ni de se moquer de certains personnages cruels qui voient d’un mauvais œil la relation entre ce vieux libraire homosexuel et ce damoiseau en demande d’attention, voire d’affection. Pourtant, rien de malsain entre ces deux-là, bien au contraire. Rien qu’une solide amitié, une confiance réciproque et une parole libre, parfois crue, entre deux caractères bien trempés.

À côté de cette relation singulière, une présence féminine, Dialika, la jeune infirmière trentenaire de l’EPADH, au dévouement à toute épreuve et dont Grégoire tombe amoureux. Elle sert de trait d’union entre les deux hommes. Ainsi, les jeunes accompagnent le vieux libraire jusqu’au dernier moment, y compris dans un voyage initiatique sur les traces d’Aliénor d’Aquitaine à l’abbaye de Fontevraud, en Anjou, touche historique et poétique subtile.

Si Grégoire se découvre et se réalise tout au long de ce roman, par les livres, la littérature, la force et la musicalité des mots, par l’attachement au vieil homme, il en va tout autant de M. Picquier qui redécouvre la force de l’amitié, du partage, mais aussi de cette passion de transmettre au fils qu’il n’a jamais eu, ses passions, sa passion pour l’écriture comme la lecture. C’est drôle, c’est parfois cocasse, c’est avant tout touchant jusqu’aux larmes parce que les belles histoires finissent un jour aussi…

Grégoire et le vieux libraire, c’est un roman fort, un roman qui fait du bien et qui réconcilie les générations.

Grégoire et le vieux libraire de Marc Roger – Éditions Albin Michel – 235 pages
Parution : 7 février 2019. Prix : 18,00 €. 

marc roger Marc Roger est lecteur public. Il organise des lectures partout en France et principalement dans des librairies. En 2014, il a été le Coup de Cœur du Jury du Grand Public livres Hebdo (présidé par Amélie Nothomb) pour son extraordinaire rôle de passeur entre les livres et le grand public. Grégoire et le vieux libraire est son premier roman.

EXPO TAL COAT AU MUSÉE DE PONT-AVEN, TAL COAT COMPTE ENCORE !

Du 1er février au 10 juin 2019, l’artiste breton Tal Coat retrouve la terre de ses origines dans le cadre de l’exposition Tal Coat (1905-1985) – En devenir au Musée de Pont-Aven. Une exposition en collaboration avec le domaine départemental de Kerguéhennec. Présentation.

expo tal coat musee de pont aven
Jeudi 31 janvier 2019, en présence de la fille de l’artiste, la directrice et conservatrice du Musée de Pont-Aven, Estelle Guille des Buttes-Fresneau et le directeur artistique du domaine départemental de Kerguéhennec et commissaire d’exposition Olivier Delavallade ont inauguré Tal Coat (1905-1985) – En devenir. On aperçoit derrière eux le Portrait de Gertrude Stein de Pierre Tal-Coat, 1935.

Tal Coat (1905-1985), En devenir. L’œuvre doit continuer d’exister, d’être activée et ne pas être enfermée dans un musée comme dans un mausolée. Elle ne doit pas être réduite à une toile sur un mur et rester figée… C’est dans cette optique que le Musée de Pont-Aven et le Domaine de Kerguéhennec se sont réunis autour d’une exposition pas comme les autres. Alors que le domaine de Bignan (56) ouvrira une aile dédiée à l’artiste l’été prochain, le musée de Pont-Aven embarque le public dans une traversée de 60 ans de création.

expo tal coat musee de pont aven
Trois autoportraits de Tal Coat présents dans l’exposition.

Tal Coat (1905-1985) – En devenir

Issu d’un milieu modeste et pupille de la Nation – son père étant mort sur le front d’Argonne en 1915 -, de son vrai nom Pierre, Louis, Corentin Jacob a développé et perfectionné son regard dans les musées. Olivier Delavallade le rappelle : « À l’image du Louvre, l’ouverture des musées était à l’origine destinée à l’apprentissage des artistes ».

L’ouverture colorée laisse présager une explosion de couleurs. Le Nu aux bas rouges (1934) à la facture expressionniste accueille le spectateur dans des teintes vertes, rouges et jaunes. Qui était Tal Coat ? Peintre encore trop méconnu en Bretagne et ailleurs, né à Clohars-Carnoët (Finistère), près de Pont-Aven, Tal Coat (« Front de bois » en breton) était semble-t-il un caméléon qui n’a eu de cesse d’interroger l’art. Des décennies de recherches plastiques qui l’ont conduit à considérer la peinture comme une expérience sensible.

exposition tal coat pont aven
Nu aux bas rouges, huile sur toile (1934) H.130 ; l.163 cm . S.D.b.d Collection de Bueil & Ract-Madoux Paris.

« Humble, sensible… ». Les adjectifs du commissaire d’exposition ne tarissent pas d’éloges au sujet de Tal Coat. Sans pouvoir précisément mettre le doigt dessus, une atmosphère émouvante plane au-dessus de cette œuvre protéiforme. Peut-être est-ce dû à l’indifférence du monde de l’Art face à la perte de centaines de tableaux dans un incendie en 2006… « Tal Coat a toujours fait partie de la vie du musée. Ce peintre a compté et compte encore, il est de notre devoir de présenter et défendre son travail » souligne Estelle Guille des Buttes-Fresneau, conservatrice du musée de Pont-Aven et initiatrice du projet.

Tal Coat, un peintre de l’espace et du temps

Peinture, fusain, bronze, sculpture, paysage ou portait… à chaque salle, des influences différentes. Tal Coat, en devenir, une pratique sans cesse renouvelée et une découverte artistique pour un grand nombre. Dans un parcours chronologique et pédagogique affirmé, celui qui se sentait plus proche des artistes de la grotte de Lascaux que de ses contemporains dévoile toutes les possibilités de la peinture. L’exposition se décline en cinq parties et prolonge l’œuvre de Tal Coat afin d’interroger le métier d’artiste. Qu’est-ce qu’être peintre au final ?

expo tal coat musee de pont aven

L’artiste a su puiser dans les relations avec ses plus proches amis et confrères des influences artistiques qui l’ont élevé au rang d’artiste libre. Ne se contentant pas d’un seul mouvement artistique, d’une simple figuration ou abstraction, sa peinture suit le prolongement de sa pensée et revient toujours aux sources afin de mieux les interroger.

Sa technique artistique évolue et s’enrichit au fil des rencontres et de ses déplacements en France, d’Aix-en-Provence à Vernon (où il a passé les dernières années de sa vie), du sculpteur italien Alberto Giacometti à l’écrivain Ernest Hemingway. De sa rencontre avec Pablo Picasso en 1936, Tal Coat gardera par exemple des formes simplifiées et géométriques.

tal coat pont aven
Massacres, huile sur contreplaqué (1936) H. 25 ; l. 35,5 cm S.d.b Collection particulière, Lyon (c) Pierre Aubert / ADAGP, Paris 2019.

La figuration de ses débuts – à l’image de la technique du portrait de Gertrude Stein (1935) – glisse ensuite vers une abstraction réfléchie. Des couleurs criardes de la série Massacres, réalisée en mémoire de la guerre d’Espagne et plus largement aux victimes de toutes les guerres, aux toiles abstraites résolument archéologiques comme Silex perdus (1959), la succession des couches de couleurs n’est destinée qu’à dévoiler les nuances de la lumière.

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Silex perdus, huile sur toile de jute (1959) H. 81 ; l. 100 cm M.b.d Fonds Tal Coat – Domaine de Kerguéhennec. Collection départementale du Morbihan (c) Illés Sarkantyu – département du Morbihan / ADAGP, Paris 2019.

Dans cette diversité plastique se lit néanmoins une constante : la nature et le vivant sous toutes ses formes.

expo tal coat musee de pont aven

Tal Coat, une peinture de la matière et du vivant

Dans les dernières années de sa vie, les petits formats de Tal Coat poursuivent cette réflexion pour une définition plus primaire de la peinture. « À l’âge de la retraite, Tal Coat n’a pas hésité à se remettre en question et à remettre en cause l’art. Il a continué son cheminement d’artiste au risque d’ébranler les plus fidèles…» souligne Olivier Delavallade.

expo tal coat musee de pont aven

Certains pourraient définir ses dernières toiles comme des monochromes, mais ce ne serait pas connaître le travail de l’artiste breton. Les couches se superposent tout en nuances et le relief matérialise une figure. Minérale, végétale, animale ou humaine ? Peut-être tout à la fois, c’est avant tout le vivant dans toute sa splendeur qui l’intéressait.

tal coat musee de pont aven

En apparence, l’œuvre de Tal Coat débouche sur une abstraction totale, il dira pourtant lui – même : « Je deviens de plus en plus figuratif. Ma démarche va toujours le plus possible vers le réel […] Le réel n’est pas l’idée. C’est le fait de vivre. Mais c’est toujours reporté et seul l’instant compte ». Il peint les colzas comme la nature les fabrique, passe du vert au jaune, couche par couche pour une teinte qui se rapproche de la couleur des champs de colzas dans l’idée de proposer une peinture de la matière, de l’espace et du temps, car après tout : « Chaque chose change perpétuellement comme un visage ».

expo tal coat musee de pont aven

[JOURS ET HORAIRES D’OUVERTURE EN 2019]

FERME LE LUNDI (sauf juillet et août)

VACANCES SCOLAIRES toutes zones
Du mardi au dimanche de 10h à 18h

HORS VACANCES SCOLAIRE
Février, mars, novembre, décembre du mardi au dimanche de 14h à 17h30 – fermé le lundi
Avril, mai, juin, septembre et octobre du mardi au dimanche de 10h à 18h – fermé le lundi
Juillet et août 7 / 7 jours de 10h à 19h

[TARIFS 2019]
Si l’exposition temporaire est présentée :
> Tarif plein : 8 € / réduit : 6 €
> Tarif groupe (+ 10 personnes, gratuit pour l’accompagnateur) : 5 €

Si l’exposition temporaire n’est pas présentée :
> Tarif plein : 5 € / réduit : 3 €
> Tarif groupe (+ 10 personnes, gratuit pour l’accompagnateur) : 3 €

TARIFS RÉDUITS
Sur présentation d’un justificatif : jeunes de 18-26 ans, étudiants, détenteurs du Passeport culturel
CD29, enseignants, personnels du Ministère de la Culture, CNAS, CEZAM, amis du musée d’Orsay, musée de l’Orangerie et musée du Louvre à Paris, et sur présentation d’un billet tarif plein de l’année en cours du Fonds Hélène et Edouard Leclerc pour la Culture
(Landerneau) et/ou du Musée de la Pêche à Concarneau.

GRATUITÉ
Sur présentation d’un justificatif : moins de 18 ans, demandeurs d’emplois (avec justificatifs de – 6 mois), journalistes, conservateurs du patrimoine, animateurs du patrimoine, guides-interprètes, guides-conférenciers, détenteurs des cartes «Bretagne musées» et ICOM
Conseil international des musées, adhérents aux Amis du Musée de Pont-Aven et/ou du Musée de la Pêche à Concarneau, personne en situation de handicap et son accompagnateur : sur présentation d’une carte d’invalidité.

OFFRE TARIFAIRE
Sur présentation du ticket, une entrée au Musée de Pont-Aven donne droit à une entrée à tarif réduit au Fonds Hélène & Edouard Leclerc, à Landerneau et au Musée de la Pêche, à Concarneau. Réduction valable durant l’année en cours.

LES SUPPLICIÉES DU RHÔNE DE COLINE GATEL, UN MYSTÈRE LYONNAIS

Après une parution en Ebook en septembre dernier, Les Suppliciées du Rhône (éd. Préludes), premier roman de Coline Gatel, paraît ce 6 février 2019. Alors que les équipes d’experts cartonnent dans les séries télévisées, l’auteure nous plonge ici dans les balbutiements de la police scientifique.

Lyon, 1897. À la veille du XXe siècle, la police scientifique se développe. On tente les prises d’empreintes ici et là, le travail des légistes fait des avancées… Bien sûr, on est encore bien loin de la découverte de l’ADN, qui a changé le travail des chercheurs mandatés par le ministère de l’Intérieur pour traquer les tueurs les plus sordides, mais on progresse.

 

Et nos personnages qui travaillent dans la capitale des Gaules ont fort à faire. Depuis plusieurs semaines, des corps exsangues de jeunes filles sont retrouvés dans la ville, disséminés dans tout Lyon, entre Fourvière et la Croix-Rousse

Fourvière, Lyon
Fourvière, Lyon.

Croix-rousse, Lyon
Croix-rousse, Lyon.

Après autopsie, il s’avère que les jeunes femmes, tout juste pubères, ont été torturées. Plus précisément, avortées, maltraitées, et qu’elles ont rendu l’âme suite à une hémorragie létale. Ont-elles été violées ? Peut-être. Pas si sûr, encore que. Qu’est-ce qui les relie ? Peu de choses, hormis le fait qu’elles étaient toutes enceintes. Il faudra creuser. A-t-on affaire à des actes gratuits, à un sadique, à un tueur en série… À un homme ou à une femme ? Les recherches nécessitent persévérance et logique.

Irina, journaliste d’origine polonaise, qui n’a pas froid aux yeux, Félicien, légiste venu de Montpellier, Bernard, médecin, sous la houlette du professeur Alexandre Lacassagne se voient confier le cas des Suppliciées du Rhône. Comme si ces jeunes femmes avaient été sacrifiées. Au nom de qui, de quoi ? Est-ce que ces morts participent de rituels ? L’Église serait-elle derrière cette bien sombre affaire ? Le suspens est savamment entretenu, on ne décroche pas une minute durant ces 440 pages.

Alexandre Lacassagne anthropologie criminelle
Alexandre Lacassagne, 1843-1924, fondateur de l’anthropologie criminelle

Coline Gatel réussit également à nous entraîner dans la cité des Lumières et ses ambiances fin XIXe siècle. On devine un quotidien dans une ville qui peine à organiser son territoire en termes de praticité, de sécurité et d’hygiène. On est fort loin de nos habitudes de précaution. On plonge aisément dans la vie des Lyonnais, les tisserands, les jacquardiers, les canuts.

On déambule dans les traboules, on se sustente comme les personnages dans les bouchons, célèbres gargotes où l’on pouvait faire ripaille pour quelques sous.

Mais l’auteure ne cache pas non plus la façon dont la gent féminine est traitée par les hommes : source de plaisirs, chargée d’assurer la descendance ainsi que la tenue du logis, souvent sous les viols, les coups, voire pire. Quant aux œuvres de charité — la fameuse Croix-Rouge venue de Suisse —, soutenues par les dames de la bonne société, elles révèlent des coulisses parfois bien peu reluisantes.

Et puis les relations entre protagonistes ne manquent pas non plus de sel… La confiance réciproque maintes fois remise en question… Des doutes grandissants… Des mœurs légères pratiquées malgré la condamnation de l’Église, encore plongée dans le royaume de l’unisexualité. En définitive, si le monde a quelque peu évolué, l’essentiel de la teneur de ce roman n’a pas pris une ride en à peine plus d’un siècle. Quant à la force des non-dits, elle est permanente.

Les Suppliciées du Rhône de Coline Gatel – Éditions Préludes – 448 pages. Parution : 6 février 2019. Prix : 16,90 €.

Coline Gatel
© Sido G.

RENAISSANCE DU PALAIS DU COMMERCE DE RENNES REPUBLIQUE EN 2022

Le Palais du Commerce situé place de la République va faire peau neuve. La Ville de Rennes et Poste Immo choisissent le projet Renaissance porté par le groupement Frey. Une vingtaine d’enseignes commerciales vont être installées, dont plusieurs cafés et restaurants, dans un lieu rénové. Un bâtiment annexe sera, en outre, édifié à la place des actuels abribus. Enfin, une (riquiqui) place piétonne sera dessinée derrière le nouveau bâtiment, côté rue du Pré Botté. Le début des travaux est annoncé en 2022, pour un coût avoisinant les 80 millions d’euros.

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Des gradins près d’une Vilaine ouverte ? « C’est une suggestion intéressante », remarque Nathalie Appéré.

Un grand chantier attend de nouveau le centre-ville de Rennes. Le Palais du Commerce, place de la République, a trouvé son projet de rénovation. Loin du projet de la compagnie de Phalsbourg qui mettait l’accent sur une tri-dimension commerciale, nocturne et artistique (avec une annexe du palais du Tokyo, rien que cela !), c’est l’option tout commerce qui a été retenue avec le groupement Frey et l’agence d’architecte MVRDV qui ont remporté l’appel à projet. Principale nouveauté : un bâtiment annexe flanquera l’aile est à la place des abribus. « Nous avons voulu ajouter une touche de modernité pour faire la jonction entre le sud et le quartier historique nord du centre-ville », a déclaré la maire Nathalie Appéré, mardi 5 février, pour justifier ce choix inattendu.

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La nouvelle place piétonne côté sud du Palais.

7000m² de nouveaux commerces

Retenu à l’unanimité par un jury composé de neuf personnes, dont La Poste, la ville et des architectes, le projet a aussi séduit par sa nouvelle zone piétonne à l’arrière du Palais. « On a désormais une vraie liaison nord-sud avec une vraie place des deux côtés », commente Nathalie Appéré. Ce projet a pour but de dynamiser le centre-ville avec un nouveau centre commercial de 7000m² ancré dans ce bâtiment historique. Quelques vingt grandes enseignes bien connues sont attendues pour remplir ce Palais du Commerce nouvelle génération.

Nathalie Appéré : « C’est une décision forte pour l’attraction du commerce en centre-ville… »

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Vue aérienne avec un nouvel escalier au centre et un atelier Lego à droite.

Parmi elles, Décathlon City, un espace Lego, Citadium, AM PM, ainsi que de l’hôtellerie de luxe avec le groupe Mariott et de la restauration. Une école de cuisine va aussi s’y implanter avec le « cuisine mode d’emploi du chef Thierry Marx« . Quant à la Poste, « le bureau reste et s’agrandira » se réjouit Rémi Feredj, directeur général de Poste Immo. Mais quid d’Orange, Easy Cash et le café de la paix, les commerces actuellement installés ? « Le café de la Paix sera réintégré et nous sommes en négociation avec Orange et Easy Cash », répond Nathalie Appéré. « Cette nouvelle annexe permettra d’accueillir des boutiques atypiques », explique Sébastien Semeril, adjoint à l’urbanisme. On attend de voir quelles seront ces boutiques atypiques, les commerces pour l’heure retenus relevant d’une grande distribution plutôt…typique…

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Vue aérienne du pont entre le palais et la nouvelle annexe.

Un nouveau tracé pour les bus

Va-t-on vers une fin de l’actuel irrationnel tracé de circulation des bus autour de République ? Les lignes de bus qui circulent autour du palais du Commerce vont être revues. « L’étude de 18 mois avant les travaux concernera entre autres les trafics de bus et les nouveaux plans de circulation. Avec la nouvelle ligne de métro, le schéma de circulation devrait être diminué », avance Nathalie Appéré. En revanche, pas de changements annoncés sur la place principale. « Le tronçon ouest-est demeure un axe essentiel pour le transport. Il est impossible qu’elle soit 100% piétonne », continue-t-elle. Mais rien ne dit que cette place restera telle quelle. « Une ouverture de la Vilaine est possible. Cela fait parti de la consultation pour Rennes 2030« , envisage Nathalie Appéré.

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Une autre vue du futur Palais du Commerce. On remarque les grandes vitres à gauche et l’atelier Lego au fond à droite.

Rémi Feredj : « En reprenant les formes initiales, le bâtiment écrit une nouvelle page de son histoire… »

Une touche de modernité au cœur du centre historique ?

Mais quelle est cette nouvelle annexe ? Tout en bois, composée de grandes ouvertures vitrées avec un espace végétalisé à l’intérieur, elle répond à une volonté de renforcer un urbanisme contemporain à Rennes. Mais est-elle cohérente avec le style du Palais du commerce construit entre 1837 et 1930 ? « L’annexe suit le même séquencement urbain. Le haut du bâtiment épouse les constructions initiales de Jean-Baptiste Martenot et Emmanuel Le Ray. Cela permet de continuer l’histoire », explique Rémi Feredj. Bien que régulièrement consulté, le projet n’a pas encore été validé par les Bâtiments de France. La fin des études et le lancement des travaux sont programmés pour 2022 et son achèvement pour 2025/2026. A suivre…

rennes république
« Ce projet propose une démarche environnementale intéressante en plus d’apporter une solidité commerciale », conclue en insistant Nathalie Appéré. Sans pour autant présenter à l’appui d’une telle démarche d’autres arguments que les visuels proposés.

Visuels : Groupe Frey

RENNES. LA PETITE OURSE FAIT BRILLER NOS PUPILLES ET ENCHANTE NOS PAPILLES

Puisqu’il n’est ouvert que depuis le 3 janvier 2019, nous avons laissé un peu de temps au restaurant La petite ourse, sis à Rennes au 48 boulevard de la liberté, pour prendre ses marques. Cet emplacement avait été occupé précédemment par une crêperie discrète et de très bonne réputation, tenue pendant de nombreuses années par Madame Bompays.

 

PETITE OURSE RESTAU RENNES

Les nouveaux occupants, Charlotte Brochard et Germain Caillet ont mûrement réfléchi à ce projet pendant plusieurs années. Germain, Vendéen de naissance, brevet professionnel en poche, a choisi L’Angleterre pour affûter ses premières armes. À 19 ans il traverse la manche et rejoint l’équipe du Phyllis court club, restaurant gastronomique situé à Henley on Thames près de Londres. Subissant l’appel de la Bretagne, et comme on le comprend, il arrive à Rennes à peu près un an plus tard et étoffe son expérience dans des lieux connus localement comme la Pampa, Popote et potins , Le puits des saveurs. Mais son désir de cuisine le pousse vers des tables parisiennes plus prestigieuses, Pierre au Palais-Royal ou le restaurant de L’Hôtel Vernet, au sein duquel pendant trois ans il explore tous les postes d’une cuisine de haut niveau. De son propre aveu, c’est aux côtés du chef Franck Baranger dans son restaurant, Au Pantruche, qu’il recevra la formation en adéquation avec son projet…

PETITE OURSE RESTAU RENNES

Charlotte Brochard, elle, est Mayennaise. Solidement pourvue de deux licences, l’une d’arabe, l’autre de sciences du langage, elle mène une carrière qui ne semble pas la prédestiner à la restauration, pourtant, après huit années passées aux Inrockuptibles, elle n’hésite pas à se remettre en question et pour accompagner Germain, s’impose deux formations consécutives, l’une en gestion et administration de restaurants, l’autre de service en salle. Voilà qui en dit long sur ce petit bout de femme rieuse, accueillante, mais aussi très professionnelle.

PETITE OURSE RESTAU RENNES
Pour cette première expérience, deux menus nous étaient proposés, l’un à 13,50 euros avec entrée + plat ou plat + dessert, le second à 16,50 euros avec les trois composants. Venus à deux, nous avons jeté notre dévolu respectivement sur une soupe de betteraves, crème au curry et sarrasin soufflé et de l’autre coté, du maquereau en escabèche, royale d’oignons et radis noirs.

PETITE OURSE RESTAU RENNES

Dans les deux cas, nous avons été surpris par la délicatesse des mélanges de saveurs. Germain Caillet s’avère un poète de la cuisine et jongle avec les nuances en artiste consommé. Les plats à suivre mettront en évidence une autre de ses qualités, les cuissons. Le merlu à la plancha, beurre citron et pois cassés est remarquable. Saveur, texture, pointe d’acidité délivrée par l’agrume, tout concourt à une expérience culinaire agréable. Que dire de l’aiguillette de poulet bio servie rosée et aussi goûteuse et parfumée qu’un gigot de pré-salé, une vraie fête !!

PETITE OURSE RESTAU RENNES

La note sucrée fut délivrée par des lamelles de citrouille pochées, formées en cornet, contenant une délicate crème d’épices accompagnée des pépites d’un excellent short bread. Très raisonnables, nous avons arrosé cette découverte à l’eau minérale, le restaurant bénéficie cependant d’une carte des vins aux tarifs très abordables. Voilà, vous savez presque tout de cette nouvelle table rennaise dont la découverte nous a coûtés à deux, 34,50 euros. Franchement, du gastro à ce prix, nous en voulons tous les jours.

PETITE OURSE RESTAU RENNES
Pourtant, manger à la Petite Ourse, cela se mérite. En effet, ayant fait des choix de vie très compréhensibles, Charlotte et Germain proposent une plage d’ouverture qui se limite à 5 jours par semaine, dont le lundi, et cela uniquement le midi. Il est donc plus que conseillé de réserver, puisque le restaurant, de très petite taille, ne peut accueillir que 24 convives en même temps. Nos restaurateurs envisagent bien sûr d’organiser des soirées privées le soir, à la demande d’entreprises ou de particuliers souhaitant, pour quelques heures, privatiser le restaurant.

PETITE OURSE RESTAU RENNES

Nous vous avons tout dit, il vous appartient donc maintenant de faire preuve d’abord de curiosité, ensuite d’organisation, mais croyez-nous, cela mérite le déplacement.

Restaurant La Petite Ourse
48, bd de la Liberté
Rennes (35 000)
TÉL : +33 9 52 84 33 61
restaurantlapetiteourse.com

Formule midi E+P+D 16,50 € et E+P ou P+D 13,50 €.

PRIX : De 16 à 35 €
HORAIRES : De midi à 14h. Fermé samedi et dimanche.

SILK, UN CHOEUR FÉMININ ORCHESTRÉ PAR FRANÇOISE TETTAMANTI

D’un côté, Françoise Tettamanti, enseignante, soprano et chef de chœur, de l’autre Gaétan Chapon – bassiste, pianiste et arrangeur. Ce beau mélange de compétences musicales s’est mis au service des douces voix de l’ensemble vocal féminin Silk depuis maintenant cinq ans. Qu’est-ce que Silk ? Un chœur de trente-six jeunes filles qui revisite les standards pop-rock. Rencontre avec Françoise Tettamanti pour un entretien hautement musical !

Unidivers : Pourquoi la musique ?

Françoise Tettamanti : Ma mère chantait donc la musique a toujours fait partie de ma vie. J’ai pris des cours de piano et de chant choral. Petite déjà, je chantais en duo avec elle et dans des chœurs. Ça a continué à l’adolescence, à l’âge adulte et par la suite en tant que professionnelle. J’ai toujours beaucoup pratiqué donc le choix de mes études s’est fait naturellement, une formation type de musicien classique (N.D.L.R. : formation au Conservatoire et à la faculté de musicologie de Metz).

« La musique est indissociable de ce que je suis. Je n’ai pas un seul souvenir sans chant »

Unidivers : Votre répertoire de compétences est très étendu. Vous êtes notamment co-fondatrice de Les abeilles aussi, un duo de chansons françaises avec Anne Pia et de Silk avec Gaétan Chapon, point sur lequel nous reviendrons plus tard. Quand vous ne chantez pas, vous enseignez et accompagnez les jeunes artistes…

Françoise Tettamanti : Il y a le parcours du musicien et le parcours de l’enseignement, de la transmission. J’ai commencé à enseigner quand j’étais étudiante, avec un public de musiciens et un public de non-musiciens, des enfants qui n’ont pas forcément accès aux instruments, aux structures ou au chant choral. C’est un moyen idéal pour transmettre et toucher autant les enfants que les adultes.

françoise tettamanti silk rennes

J’ai d’abord donné des cours de piano, de formation musicale et dirigé des chœurs dans le cadre de ma formation au Conservatoire. La transmission et la pédagogie me passionnent depuis toujours. L’enseignement au collège est fascinant : ouvrir des portes et transporter des enfants dans un univers musical, spécialement des enfants qui peuvent pratiquer parce qu’ils chantent, mais qui n’ont pas accès au conservatoire et aux écoles de musique.

françoise tettamanti silk rennes
Silk participait au TEDx Rennes de 2016.

Unidivers : Comment allie-t-on cet éventail d’activités ?

Françoise Tettamanti : Beaucoup d’organisation (rires). Il faut savoir compartimenter, on ne travaille pas de la même façon avec des pros, les enfants d’une école ou un chœur de jeunes filles. L’essentiel du travail est la voix. D’un côté, il y a l’école et de l’autre, ce qu’il se passe en dehors de l’école. Les abeilles aussi est un duo de compositions de chansons françaises dans lequel je chante tout en accompagnant au piano. Il y a aussi l’espace de la fabrication, de la création.

Je chante et j’accompagne également Jérémy Kerno, chanteur de musique traditionnelle bretonne. Certains moments de l’année sont dédiés à la pratique vocale collective de Silk, d’autres aux répétitions en duo, à l’école, etc. Il faut arriver à trouver un équilibre entre toutes ces activités et j’avoue que parfois, c’est chaud (rires) ! Surtout pendant les périodes de concerts ou les événements importants.

En ce qui concerne l’ensemble Silk, les répétitions sont hebdomadaires. Selon les concerts, les choses s’organisent et prennent leur place dans la vie musicale. C’est pareil pour tous les musiciens, il faut parfois faire des choix, on ne peut pas tout faire.

françoise tettamanti silk rennes

Unidivers : Arrêtons-nous un peu sur l’ensemble vocal Silk justement. Sa fondation découle de votre rencontre avec Gaétan Chapon en 2013. En quoi cette rencontre a été déterminante, autant dans votre parcours que dans la création de Silk ?

Françoise Tettamanti : Gaétan Chapon et moi avons la même formation et on travaillait déjà ensemble avant Silk. Notre travail est vraiment complémentaire à propos de ce que l’on veut et ce que l’on recherche dans le travail de la voix et du chœur. Gaétan est un arrangeur, un musicien de scène, et aussi un enseignant et un pédagogue. On a les mêmes attentes sur le son que l’on souhaite obtenir du chœur et on travaille dans le même sens. Je me charge de faire travailler les voix en fonction de son arrangement et de son accompagnement afin de travailler le son et l’interprétation sur des standards de pop-rock.

françoise tettamanti silk rennes

L’administrateur de la compagnie, Yannig Raffenel, a également beaucoup aidé dans la création de Silk. Il nous a donné les moyens et les clés afin de pouvoir réaliser notre rêve, c’est-à-dire faire chanter ces jeunes filles. Il nous a accompagnés et nous accompagne encore. C’est la personne importante dans la fondation de ce groupe vocal, il part de ce que l’on est pour réaliser et faire ce qu’on aime. On était aussi d’accord sur les valeurs humaines qu’on voulait partager et privilégier pour avancer dans cet ensemble-là. Sa participation nous a aidés à structurer le projet.

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Françoise Tettamanti et Gaétan Chapon.

Unidivers : Queen, Stevie Wonder, Metallica, Sting… pourquoi cette ligne musicale ?

Françoise Tettamanti : C’est avant tout un répertoire qu’on aime. L’idée était de reprendre ce répertoire en y ajoutant une couleur et une revisite particulière. Les jeunes filles travaillent leur voix avec la technique vocale du chant lyrique. Ce ne sont plus des voix d’enfants, mais pas encore des voix d’adultes ce qui donne une revisite musicale avec des voix singulières, des voix qui nous touchent particulièrement.

Le travail de Gaétan Chapon consiste en un réarrangement spécifique aux voix des filles, du sur-mesure pour les voix des chanteuses. Tous les arrangements sont originaux et fabriqués pour Silk avec une proposition qui peut être différente dans l’esprit ou le style. Ensuite vient le travail vocal dans le placement des voix et l’interprétation.

Unidivers : Pourquoi avoir fait le choix de constituer un ensemble exclusivement féminin ?

Françoise Tettamanti : C’est un choix esthétique dans le sens où les voix des jeunes filles ont un timbre singulier. Ça donne un résultat intéressant vocalement et émotionnellement. Dans la fraîcheur de la voix, on entend déjà la rondeur à venir qui donnera les futures voix d’adultes.

Les filles ont actuellement entre 11 et 24 ans, il s’agit donc d’adolescentes et de jeunes adultes. Les plus jeunes ont des voix toutes fraîches, pas encore travaillées, et les étudiantes ou jeunes actives ont une voix plus adulte qui amènera plus de rondeurs à l’ensemble. Avec ce mélange de voix cristallines et de voix plus rondes, Silk travaille à trois voix égales, soprano, mezzo soprano et alto, c’est-à-dire que l’ensemble se situe dans une hauteur particulière. Travailler à trois voix fait partie du choix que l’on a fait avec Gaétan Chapon lors de la création de Silk.

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Silk aux Champs libres à Rennes.

Unidivers : Avez-vous constaté une évolution depuis la création en 2013 ?

Françoise Tettamanti : Travailler avec cette tranche d’âge implique un turn over important. Les jeunes filles partent pour leurs études selon les aléas de la vie : elles quittent le collège, partent dans un autre lycée, etc. On arrive tout de même à avoir des jeunes chanteuses qui passent deux ou trois années au sein de Silk quand elles le peuvent. Plus d’une centaine de jeunes filles sont passées par Silk depuis 2013. Nous essayons d’anticiper le mouvement des jeunes filles et de la vie afin de toujours avoir un noyau. Le travail du répertoire s’adapte aussi en fonction des arrivées. C’est pour cette raison que le travail en immersion pendant les résidences que l’on organise chaque année est conséquent. Nous fabriquons le son de Silk durant ces six jours.

françoise tettamanti silk rennes

Unidivers : Mis à part l’entraînement vocal, en quoi consiste cette résidence ?

Françoise Tettamanti : Il y a évidemment la technique vocale pour tout le monde, qu’elle soit collective ou individuelle, le travail du chœur et l’apprentissage du répertoire des voix, le travail en pupitre voix par voix, mais également tous les moments de la vie qui forgent la complicité et l’essence de Silk. On fait la cuisine, on met la table, on joue, on fait des soirées… plus les moments sont bons, meilleures sont les choristes.

« Plus le groupe a une cohérence dans sa vie en collectivité, plus le rendu musical est cohérent »

Chanter ensemble passe aussi par savoir vivre ensemble. Si on partage des moments de vie, on partage le son, on est alors prêt à écouter le monde sonore et les gens qui chantent autour.

françoise tettamanti silk rennes

Unidivers : Quels sont les principaux retours lors d’un concert de Silk ?

Françoise Tettamanti : Les gens sont souvent touchés car il s’agit de jeunes filles. Voir des adolescentes et jeunes adultes donner du son, transmettre des émotions touche beaucoup. Elles sont jeunes et généreuses dans ce qu’elles donnent et proposent. Le public nous renvoie cette émotion, quelque chose de touchant.

Le choix du répertoire participe également beaucoup à la réception. Il s’agit de grands tubes, ce qui fait référence à un passé sonore propre à chacun, avec cependant une autre proposition. Beaucoup de personnes sont rassurées en voyant des adolescentes et jeunes adultes s’impliquer autant dans un collectif, donner de la voix et du temps. Ça correspond à des valeurs humaines qui sont les fondamentaux de Silk. La notion d’engagement est essentielle dans ce travail. Il ne s’agit pas seulement de chanter, mais aussi d’engager ce qu’on est dans un espace collectif.

« On fait de la musique, mais aussi du collectif. Les rapports humains sont fondamentaux, on essaie d’être généreux dans la musique que l’on propose »

Unidivers : Vous avez également tourné un clip vidéo « Past Time Paradise » de Stevie Wonder, réalisé par Bruno Leroux ?

Françoise Tettamanti : L’idée était de proposer un visuel qui définissait Silk sans pour autant montrer la version d’un chœur en concert, mais plutôt montrer ce qu’on vit et ce qu’on crée avec ces jeunes filles. Le clip a été tourné pendant une résidence à la mer à Douarnenez et à Saint-Jacut-de-la-Mer. On a demandé à Bruno Leroux de transmettre ce qu’était la musique pour nous, qu’elle soit associée à nos moments de vie. Chanter en chœur c’est vivre ensemble et apprendre à vivre ensemble. On était heureux d’entendre et de voir ce qu’on est.

« Le clip vidéo montre les filles en train de chanter et heureuses de chanter. Elles sourient, se donnent à fond et surtout, on voit qu’elles aiment ce qu’elles font »

C’est ce qu’on essaie de transmettre, un peu de bonheur l’espace d’un concert, un moment hors du temps, qu’on soit heureux d’être dans la musique et de partager cette passion.

françoise tettamanti silk rennes

Unidivers : Des actualité pour 2019 ?

Françoise Tettamanti : Pendant les vacances de février, nous allons en résidence pas loin de Plancoët, au milieu de nulle part dans la campagne, isolés pour chanter. On devrait proposer un concert rennais dans une église et une soirée au Magik Hall où l’on proposerait une partie de notre répertoire. Nous aimerions aussi embarquer les gens pour qu’ils participent et partagent un moment ensemble, une soirée conviviale et participative. C’est très important d’être intégré dans le paysage sonore Rennais et de prendre sa place dans les propositions locales. Il y a énormément de choses à Rennes et autour pour les voix et les chœurs et c’est vraiment sympa de pouvoir partager.

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BIOGRAPHIES

Françoise TETTAMANTI est soprano, elle s’est formée au Conservatoire et à la faculté de musicologie de Metz.

Parallèlement à ses cours de formation musicale, d’harmonie et d’analyse, elle y travaille le chant, le piano d’accompagnement, la musique ancienne. Élève de Gérard Friedman en chant, elle travaille la direction de chœur avec Homero Ribeiro de Magalhaes.
Encore aujourd’hui, elle se perfectionne grâce à l’enseignement d’Anne Finet et Oleg Afonine, à Rennes. Son répertoire puise aux sources de la musique ancienne et coure jusqu’aux créations les plus contemporaines. Quand elle ne chante pas, Françoise enseigne. Elle accompagne dans leur projet musical particulier de jeunes chanteurs, solistes, musiciens, et professionnels de la voix. Le rappeur Da Titcha lui confie son souffle pour parfaire son flow. Elle encadre de nombreux stages de direction de chœur et de technique vocale dans toute la Bretagne, pour les professeurs d’éducation musicale et de chant choral de l’éducation nationale.

Gaétan CHAPON est un musicien de scène , multi-instrumentiste, et un enseignant très investi dans les pratiques collectives vocales. Sa formation de trompettiste et de pianiste, classique et jazz, l’a amené à travailler sur de multiples scènes et dans nombre d’églises bretonnes. Il joue et compose pour ensembles de cuivres, monte avec plusieurs chœurs le Magnificat de Bach, fédère des voix autour de Starmania. La guitare basse a donné un nouvel élan à sa production artistique. Gaétan accompagne et donne du groove au sein d’ensembles où il harmonise, accompagne les voix. Quand il n’accompagne pas, Gaétan compose, textes et musiques, qu’il teinte délicatement  de groove, jazz et soul. Il ne saurait écrire sans puiser chez Stevie Wonder et Haëndel des couleurs qui le fascinent et donnent à son style une élégance certaine. Gaétan aime les frottements, les dissonances et les couleurs antagonistes, qui se résolvent toujours dans une unité et une précision vocale et rythmique : sa signature. Pianiste et arrangeur pour Silk, Gaétan explore et innove, en osmose totale avec Françoise qui donne un geste à son inspiration.

S’il jouait de la musique, Yannig RAFFENEL serait un homme-orchestre. Comme il ne fait pas de musique, il se fait plaisir à mettre son énergie et sa créativité pour faire s’épanouir les projets de ceux qu’il croise. À la fois directeur d’acteurs, chef de projet, patron d’entreprise de conseil, maître de conférences, il est rompu aux exercices de communication, d’innovation et d’organisation de projets complexes. En prenant la responsabilité de l’association Ensemble Vocal Silk, Yannig savait qu’il participait à une fabuleuse aventure collective, artistique, et d’abord humaine dans laquelle Françoise et Gaétan embarquent 30 jeunes filles merveilleuses, pour la plus grande joie des spectateurs.

JOURNÉE ÉLOQUENCE AU LYCÉE SAINT-VINCENT DE RENNES

L’éloquence est l’art de toucher, convaincre ou persuader par le discours. Lancée en 2018, la Journée Éloquence du lycée Saint-Vincent (Rennes) invite les élèves de première à se confronter à l’utilisation des mots sous le regard d’intervenants professionnels. À l’initiative de lycéens inspirés du documentaire à succès À voix haute (2017), cet événement propose aux lycéens, en prévision des oraux du bac, une plongée au cœur de la langue et de son maniement.

Le 28 janvier 2019, les élèves de première du lycée privé Saint-Vincent ont vu leurs cours banalisés au profit d’une « Journée Éloquence ». Deuxième édition de l’événement, elle a été organisée par deux élèves de premières, membres du BDE. L’objectif affiché : permettre aux élèves d’appréhender l’importance de la parole et de comprendre sa place dans tous les domaines professionnels. Dans une ambiance décontractée, les élèves comme les professionnels se sont franchement prêtés au jeu.

Notre reportage

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A voix haute

Si l’art de l’éloquence a actuellement le vent en poupe, c’est en partie grâce au documentaire À voix haute de Stéphane de Freitas. Sorti en salle en 2017, on y découvrait le concours « eloquentia » qui, à l’Université de Saint-Denis, vise à élire le « meilleur orateur du 93 ». En vue de ce concours, les étudiants participants se préparent toute l’année auprès de professionnels (avocats, slameurs, metteurs en scène…) afin de développer leurs capacités d’allocution. Le film a connu un succès notable pour un documentaire (191 000 entrées en cinéma et 560 000 téléspectateurs sur France 2) et un goût pour l’éloquence a depuis refleuri, ici et là. Comme au lycée Saint-Vincent.

film a voix haute

C’est après avoir vu ce film qu’Élise Torché, élève de première ES l’an passé, se propose d’organiser une Journée Éloquence pour ses camarades de première, au lycée Saint-Vincent. Malgré quelques réticences de l’administration, elle parvient en solitaire à réunir une quinzaine d’intervenants et à convaincre ainsi le lycée de s’intéresser à son projet, devenu réalité en janvier 2018.

Un an après, rebelote pour la seconde édition, avec deux nouveaux organisateurs : Aymé Proust et Marie-Cléophée Lebossée, tous deux élèves de première. La Journée Éloquence 2019 fût précédée d’une projection du documentaire À voix haute en présence de tous les élèves de première. Un film qui, selon les nouveaux porteurs du flambeau, « ne peut pas laisser insensible » et encouragerait les plus réticents de leurs camarades à donner de la voix. Cerise sur le gâteau lors de la projection : Loubaki Loussalat (slameur) et Eddy Moniot (comédien), deux éminents personnages du documentaire de Stéphane de Freitas, étaient présents, générant l’enthousiasme et les applaudissement des lycéens [voir notre reportage vidéo].

Premières paroles

Aymé et Marie-Cléophée soulignent l’importance que peut avoir l’enseignement de l’art oratoire pour des lycéens, en particulier pour les élèves de première : « C’est une année où on a tout particulièrement besoin d’apprendre à s’exprimer. On a les oraux de T.P.E et ceux de Français à la fin de l’année ». Pourtant décisifs pour l’obtention du baccalauréat, ces oraux ne font généralement pas l’objet d’un apprentissage pratique de l’allocution, laissant les élèves à la merci de leur propre timidité, leur vocabulaire ou leurs manières de s’exprimer parfois inadaptées à ce qui est attendu d’eux.

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Marie-Cléophée Lebossée, co-organisatrice de la Journée Éloquence 2019

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Aymé Proust, co-organisateur de la Journée Éloquence 2019

De plus, les lycéens organisateurs soulignent l’importance que revêt la maîtrise du langage dans des domaines extra-scolaires. Pour eux, il ne s’agit pas que d’un chemin vers la réussite scolaire mais d’un outil du quotidien : « C’est savoir adapter ses mots pour traduire sa pensée », énonce Elise, « Ça se joue tous les jours, dans la vie professionnelle mais aussi personnelle. Une pensée ça se formule ; les mots ont un sens. En face de nous on a des êtres humains qui ressentent les mots. On ne peut pas dire n’importe quoi à n’importe qui, il faut adapter son discours. »

En organisant une journée comme celle-ci, Aymé et Marie-Cléophée ont dû surpasser leur statut d’élève : « Ça m’a donné confiance en moi. Moi qui suis assez timide j’ai du faire face à l’imprévu, appeler des gens que je ne connaissais pas (…) et prendre des responsabilités », confie Marie-Cléophée. Aymé renchérit : « Ça a été 4 mois de travail. (…) On a dû gérer la présence d’une quinzaine d’intervenants et de 200 élèves… ça nous a demandé d’être éloquents, nous aussi ! »

Les pro’ de la parole

Aymé et Marie-Cléophée ont notamment dû batailler pour trouver 16 intervenants acceptant d’animer bénévolement des ateliers.

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Atelier d’Elodie Cohen-Morvant – « L’éloquence : l’art de séduire »

De tous horizons professionnels, les intervenants avaient la particularité commune d’avoir à user d’éloquence au quotidien dans le cadre de leur métier. Avocat, comédien, conseiller municipal, professeur (etc.), ils ont chacun dirigé deux ateliers (un le matin, l’autre l’après-midi) sur une thématique ayant trait à l’expression orale. Les élèves de première, réunis en groupes d’une quinzaine d’élèves ont donc pu s’initier au théâtre, à la plaidoirie, à la lecture oralisée, à la parole politique (etc.) et poser leurs questions aux professionnels venus partager leur expérience. Loubaki Loussalat, slameur, a par exemple mené un atelier intitulé « Poétiser son discours » tandis que Pascal Roignau, comédien, proposait de se pencher sur la tirade de Cyrano lors de son atelier « Du nez dans la voix ».

La fin de journée fût l’occasion d’une mise en commun improvisée, durant laquelle les élèves pouvaient, s’ils le souhaitaient, présenter le fruit de leurs travaux du jour devant leurs camarades réunis en amphithéâtre. Le tout s’est déroulé dans une ambiance bon enfant, appliquée et détendue. Réclamés par l’amphithéâtre, Eddy Moniot et Loubaki Loussalat ont conclu cette journée de prise de parole par des textes poétiques, inspirés du quotidien, qui ont visiblement touché les élèves (si l’on s’en tient à l’applaudimètre).

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Eddy Moniot, comédien et personnage du film A voix haute a dirigé un atelier sur l’improvisation.

« La parole est une arme, les accents tuent » (Eddy Moniot)

Du fait du succès de cette journée et de sa possible réédition l’an prochain, certains questionnements méritent d’être soulevés.

Si l’éloquence a des vertus intrinsèques évidentes que des élèves pourront réemployer lors de leurs examens oraux (clarté du discours, talent de convaincre, création d’émotions par le verbe), peut-elle vraiment être abordée de but en blanc, sans une part d’éclaircissement philosophique en rapport à son usage ? Cicéron par exemple, en fin orateur, disait à ce propos : « Un orateur ne vient pas à la tribune pour se servir d’une cause, mais pour la servir ». Si beaucoup d’ateliers sont parvenus à cette fin, d’autres semble ne s’être préoccupés que de faire dire quelque chose – qu’importe quoi – à chaque élève. Une parole, aussi stylisée soit elle, a-t-elle un sens si elle ne sert pas une valeur réelle, un point de vue argumenté ou encore la recherche d’une émotion justifiée par une cause ? Une journée de l’éloquence ne devrait pas devenir la journée de « l’expression à tout prix » mais s’affirmer en tant que première approche d’une discipline immensément large, profonde et engagée.  Car n’est-il pas vain d’enseigner à des lycéens la parole sans les mettre en même temps face aux responsabilités qui découlent de ce pouvoir de discourir ?

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Atelier de Pascal Roignau – « Du nez dans la voix »

« L’éloquence est quelque chose de plus grand qu’on ne le pense, qui demande une immense réunion d’études et de talents. » Cicéron

Aussi, faire rire n’est pas convaincre, émouvoir n’est pas persuader. En atelier ou lors de la mise en commun de fin de journée, il fut parfois difficile de différencier ce qui relevait de l’art oratoire de ce qui relevait du spectacle ou de la pure rhétorique. L’épreuve d’expression a parfois tourné à la démonstration d’excentricité, qui a davantage à voir avec la mise en scène de soi (propre à cet âge, bien sûr) qu’avec l’art du discours. Cette possible dérive de l’éloquence vers le show, déjà très présente dans notre société, aurait mérité d’être davantage remarquée et pointée par certains intervenants afin que la démarche oratoire ne se noie pas dans la vanité, celle de l’absence de chose à dire ; de véritable discours.

Buste de Cicéron

En cela, réunir des professionnels et des élèves uniquement a représenté à la fois la force et la faiblesse de cette Journée Éloquence. Des nuances qui pourraient être étudiées, lors de la (possible) troisième édition d’un événement qui n’a pas démérité !

« La vraie éloquence se moque de l’éloquence » Blaise Pascal

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Les lycéens organisateurs de la Journée Eloquence, avec Eddy Moniot et Loubaki Loussalat

ARO SAINZ DE LA MAZA, DEUX POLARS BARCELONAIS MAGNIFIQUES

Avec deux romans policiers Le Bourreau de Gaudi et Les Muselés qui vient de sortir en édition poche, Aro Sàinz de la Maza, est rentré dans le Gotha des écrivains espagnols. Son inspecteur Milo Malart est pour beaucoup dans son succès immense. Et Barcelone, une ville plus complexe qu’il n’y paraît.

LE BOURREAU DE GAUDI DE LA MAZA

Les amateurs de polars ont le choix. D’abord il y eut les romans d’Agatha Christie ou de Conan Doyle, ces intrigues diaboliques où il convient d’étudier chaque indice pour trouver le coupable. Il y eut le « Polar Français » de Manchette notamment. Et le polar social, celui de Daeninckx ou de Pouy. Et plus récemment celui des flics dont la personnalité prédomine. Ces policiers nous viennent fréquemment du nord de l’Europe : Harry Hole, Walander ou Erlendur ont des profils presque plus intéressants que les enquêtes qu’ils mènent. Du côté espagnol, Manuel Vasquez Montalban et son célèbre Pepe Carvalho firent figure de précurseurs. Il faut désormais ajouter un nouveau duo ibérique à cette liste : Aro Sàinz de la Maza et son inspecteur Milo Malart, un nouveau venu qui ne compte à son actif que deux enquêtes, mais des enquêtes qui suffisent à faire rentrer le flic et son créateur parmi les grands du roman policier.

LES MUSELES DE LA MAZA

Qui est-il ce Milo Malart pour mériter l’attention de milliers de lecteurs ? Comme nombre de ses collègues fictifs, c’est un personnage mal à l’aise avec la vie. Taciturne à tendance schizophrénique (!) il agit uniquement par intuition en faisant confiance à son « antenne parabolique » dont se moquent ses collègues. Invivable, asocial, soumis à des rêves intolérables, il se balade avec un mal-être qui le renvoie à son enfance douloureuse, marquée par la séparation d’avec ses parents, la violence de son père retrouvé. Et cette gêne de folie, que son frère perpétue et dont Milo craint l’héritage. Seul, il est obligé de composer avec une équipière, Rebeca, qui lui révèle les côtés noirs et sombres de sa personnalité. Une seule rédemption pour l’inspecteur : chaque matin à l’aube se baigner dans l’eau de la mer comme une manière de se laver des horreurs du jour à venir. Rituel accompagné de la lecture du journal, de l’horoscope et d’un repas éternellement identique. Il est LE sujet principal de ces deux polars. L’intérêt majeur des ouvrages, à la fois par sa personnalité et pas sa manière de résoudre l’enquête : prendre la place d’un morceau du puzzle, s’y infiltrer et raisonner comme si.

Sagrada Familia Barcelone
La construction de la Sagrada Familia a commencé en 1882. Deux ans après le début des travaux, le célèbre Gaudi a été appelé pour terminer l’ouvrage.

Mais Milo est aussi une pierre de cette ville qu’est Barcelone, partie prenante et envoûtante des deux enquêtes. Avec le fantastique Bourreau de Gaudi c’est l’envers des Remblas, des touristes que nous donne à voir Sàinz de la Maza. On se promène certes du Parc Güell à la Pedrera et l’on pénètre même dans la Sagrada Familia, mais on découvre surtout les 400 familles les plus riches de la ville, celles qui tirent leur richesse de leur pouvoir sans borne, sans contrôle.

Crise économique espagne

Avec Les muselés, c’est la Barcelone de la crise de 2008, qui laisse des milliers de personnes dans la misère, prêtes à tout pour survivre, mais obligées de se taire comme le dévoile le titre. Milo lui aussi serait prêt à renverser le monde pour vaincre ses terreurs et les enquêtes magnifiquement menées n’ont pas pour seul but de trouver un assassin, mais aussi de décrire une Espagne rangée au côté des nations en voix de déliquescence. Au fur et à mesure des pages, la noirceur se densifie même si les investigations et les intuitions progressent vers une petite lumière éclairante. Il y a un caractère politique aux images de Milo, celui des services publics abandonnés, des riches toujours plus riches, des pauvres toujours plus pauvres, mais ces constats, qui peuvent paraître banals sont mis en exergue par des intrigues que ne sauraient renier les meilleurs polars. Le plaisir de lecture est énorme et le suspense, indispensable dans ce type de littérature, tient vraiment jusqu’à la dernière page.

Le Bourreau de Gaudi est une balade terrifiante dans l’univers de l’architecte catalan, balade érudite et aux confins de la folie humaine. Les Muselés est une balade au sein des bannis de la société de consommation, chez ceux qui un jour ont basculé du mauvais côté. Les deux ouvrages réunis offrent une image désabusée d’une société espagnole aux abois. Mais les assassins seront quand même dévoilés au cours de longues enquêtes que le lecteur ne peut abandonner. On attend avec impatience un troisième tome.

Le Bourreau de Gaudi

Actes Sud Littérature
Actes noirs
Septembre, 2014 / 14,5 x 24,0 / 672 pages
traduit de l’espagnol par : Serge MESTRE

Les Muselés

Actes Sud Littérature
Actes noirs
Septembre, 2016 / 14,5 x 24,0 / 368 pages
traduit de l’espagnol par : Serge MESTRE

Le Bourreau de Gaudí (El asesino de la Pedrera, 2012) a valu à son auteur le Prix international RBA du roman noir.